Guide de gram­mai­re française pour étudiants fin­no­pho­nes
Le sub­jonc­tif
Contenu (cliquer pour ouvrir/fermer)

Le sub­jonc­tif dans les sub­or­don­nées cir­cons­tan­cielles

Le sub­jonc­tif dans les propositions com­plé­tives

Le sub­jonc­tif dans les propositions relatives

Le sub­jonc­tif à valeur d’impératif

Le sub­jonc­tif à valeur optative

Le sub­jonc­tif par attraction

Expressions avec le ver­be savoir au sub­jonc­tif

L’em­ploi du sub­jonc­tif est étudié dans différentes pages de ce Guide, notamment en liaison avec les propositions sub­or­don­nées où on l’utilise. Bien que le sub­jonc­tif soit fon­da­men­ta­le­ment le mode de la subordination, on l’uti­li­se éga­le­ment dans un certain nombre de cas dans des pro­po­si­tions in­dé­pen­dantes ou principales. Cette page présente une synthèse et un résumé (pour plus de détails, cliquer sur les liens), ainsi que des cas qui ne sont pas traités ailleurs.

Le sub­jonc­tif dans les sub­or­don­nées cir­cons­tan­cielles

Le sub­jonc­tif est utilisé dans pratiquement tous les types des propositions sub­or­don­nées cir­cons­tan­cielles (sauf les comparatives). Tantôt c’est le seul mode possible, tantôt il alterne avec l’in­di­ca­tif.

Tableau-résumé des conjonctions et cons­truc­tions suivies du sub­jonc­tif (sub­or­don­nées cir­cons­tan­cielles)
concessionbien que, quoique, encore que, quitte à ce que, quel­que … que, si … que, pour … que, qui que..., où que..., quoi que..., quel … que, quel­que … que, sans que
causenon que, soit que… soit que, ce n’est pas que
butpour que, afin que, de façon que, de manière (à ce) que, de sorte que, de peur que, de crainte que
conséquencetrop … pour que, assez pour que, à ce point … que, tel … que
tempsjusqu’à ce que, d’ici (à ce) que, du plus loin que, avant que, en attendant que
conditionà supposer que, en supposant que, en admettant que, pourvu que, pour peu que, si tant est que, pour autant que, soit que... soit que, à condi­tion que, à moins que
Subordonnées

a. Causales. Dans les propositions subordonnées causales, le mode normal est l’indicatif. Deux conjonctions, non que et soit que sont habituellement suivies du sub­jonc­tif, mais on uti­li­se aussi fré­quem­ment l’in­di­ca­tif aprè soit que :

J’évite généralement de les critiquer di­rec­te­ment, non que je me méprenne sur leurs intentions, mais ils ont toujours été si serviables. Plus d’exemples…

Soit qu’il ait mal compris nos instructions, soit qu’il l’ait fait exprès, il est arrivé avec une demi-journée de retard.

b. Finales. Le sub­jonc­tif est le mode normal dans les propositions finales, in­tro­duites par les conjonctions afin que, pour que, de peur que, de façon que, de (telle) sorte que… :

Comportez-vous de telle sorte que vos amis puissent prendre votre défense, mais sans jamais avoir à le faire. Plus d’exemples…

Afin que l’épreuve spécifique d’anglais des baccalauréats professionnels sec­tion européenne puisse se dérouler de façon identique dans tous les établissements, voici le rappel de quel­ques consignes qui doivent être appliquées par tous.

On uti­li­se aussi le sub­jonc­tif après la conjonc­tion que qui in­tro­duit une pro­po­si­tion ex­pri­mant le but après un impératif ou une injonction :

Viens donc là, que je te remette ton bonnet com­me il faut ! — Essayez de revenir une autre fois, qu’on puisse de nouveau passer une bonne soirée ensemble !

c. Consécutives. Le mode normal dans les subordonnées exprimant la conséquence est l’in­di­ca­tif, mais le sub­jonc­tif s’uti­li­se après assez ... pour que, trop … pour que :

Il pleut bien trop pour que nous puissions partir faire un pique-nique.  Plus d’exemples…

La commune a débloqué assez d’argent pour que les travaux de la nouvelle crèche puissent enfin com­mencer. — Le projet n’avait pas recueilli assez de soutien pour qu’il soit rationnel de le poursuivre.

Dans le style soutenu, on uti­li­se aussi le sub­jonc­tif dans la proposi­tion subordonnée quand elle dépend d’une proposi­tion principale dont le ver­be est à la for­me négative ou à la for­me inter­rogative avec inversion du sujet :

Avez-vous tant de soucis que vous en perdiez le sommeil ? Plus d’exemples…

Cette décision était-elle tellement im­por­tan­te qu’elle imposât la réunion de tout le conseil d’administration ? — Il n’avait pas montré une telle compétence qu’il faille d’office le nommer chef du personnel.

On uti­li­se éga­le­ment le sub­jonc­tif après les conjonctions de sorte que, de manière (à ce) que quand elles ont une valeur non pas de conséquence mais de but :

Vos avant-bras doivent for­mer un angle droit avec vos bras, le clavier doit être disposé de telle sorte qu’il soit au niveau de vos doigts. Plus d’exemples…

On conçoit l’instrument de manière qu’on puisse déduire le poids spécifique du liquide d’après la profondeur où il y plonge.

d. Concessives. Le ver­be se met au sub­jonc­tif dans les propositions in­tro­duites par bien que, quoique, encore que, quitte à ce que. Le sub­jonc­tif s’uti­li­se aussi régulièrement dans Les pro­po­si­tions relatives formant des ex­pres­sions con­ces­sives :

Vous savez mieux que moi, quels que soient nos efforts, / Que l’argent est la clef de tous les grands ressorts [Molière]. Plus d’exemples…

La vérité de ces deux analogies, quel­que compliquées qu’elles fussent, fut pleinement établie par les observations de Cassini. — Personne ne peut, quelles que soient ses convictions, uti­li­ser des arguments qui humilient des êtres humains. — Seulement voilà, tout spécialiste qu’il soit, l’expert parfois se trompe. — Bien qu’ils aient tous deux la qualité d’exploitant agricole, le propriétaire d’un domaine viticole et le métayer exploitant ce domaine ne peuvent être regardés com­me des associés.

Le sub­jonc­tif est aussi uti­li­sé com­me une sorte de « con­di­tion­nel présent 2e for­me » dans les ex­pres­sions à valeur concessive dussè-je, ne fût-ce.

e. Temporelles. Le mode habituel dans les propositions subordonnées temporelles est l’indicatif, mais le ver­be se met au sub­jonc­tif dans les propositions in­tro­duites par avant que, jusqu’à ce que, en atten­dant que, le temps que, d’ici que :

Mélangez le tout avec une cuillère en bois jusqu’à ce que vous obteniez une pâte homogène. Plus d’exemples…

Une personne désignée par un membre de la commission pour le représenter peut, en attendant que le Conseil ait confirmé sa désignation, participer aux travaux de la commission avec les mê­mes droits que les autres représentants. 

f. Conditionnelles. Le ver­be se met au sub­jonc­tif dans les propositions in­tro­duites par à condi­tion que, à moins que, à sup­poser que, en admettant que, si tant est que, pour peu que :

La réserva­tion est très rapide, à condi­tion que toutes les données aient été entrées en bonne et due for­me. Plus d’exemples…

Même à supposer que le juge de police eût commis une erreur dans l’évalua­tion des faits, il ne serait pas acceptable d’en faire supporter les conséquences par la requérante, en la condamnant deux fois pour les mê­mes évènements.

Quand une sub­or­don­née con­di­tion­nel­le est coordonnée à la précédente par et que, le ver­be se met au sub­jonc­tif, sauf s’il s’agit d’un éventuel (lire...) :

Si vous êtes malade [éventuel] et que vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à m’appeler. Plus d’exemples…

S’il venait à Paris et qu’il se sente un peu perdu, dites-lui de venir chez moi. — Si je te le disais et que tu ailles le raconter à d’autres, ce serait terrible.

Le sub­jonc­tif après la conjonc­tion que peut exprimer la condition:

Que l’un de ces adver­bes disparaisse, et la phrase n’a plus de sens. 

Le sub­jonc­tif dans les propositions com­plé­tives

Dans les propositions com­plé­tives, le sub­jonc­tif est le mode employé majoritairement, mê­me si l’in­di­ca­tif s’em­ploie assez fréquemment en concurrence avec celui-ci. Les règles, assez complexes, sont exposées dans les diverses pages consacrées aux subordonnées com­plé­tives, et elles sont résumées ci-dessous.

Com­plétive com­plé­ment du ver­be

Quand la com­plé­tive est com­plé­ment direct du ver­be de la proposi­tion principale, le ver­be de la com­plé­tive se met au sub­jonc­tif dans les cas suivants :

a. le ver­be de la principale exprime une volonté, un effort, une interdiction, une crain­te :

vouloir que, interdire que, approuver que, demander que, craindre que, recommander que etc.

b. le ver­be de la principale exprime un sentiment, un état d’esprit :

déplorer que, s’étonner que, se féliciter que, regretter que etc.

c. dans le cas de certains ver­bes, le ver­be de com­plé­tive peut se mettre au sub­jonc­tif ou non, en fonc­tion du sens du ver­be de la principale :

entendre que + in­di­ca­tif kuulla, entendre que + sub­jonc­tif edellyttää, vaatia

d. dans le style soutenu, quand la com­plé­tive est com­plé­ment de certains ver­bes d’opinion à la for­me négative, mais uniquement quand l’in­ter­ro­ga­tion se fait par inversion du sujet, pas avec la for­me est-ce que :

Nous ne pensons pas que ce soit réalisable. — Croyez-vous qu’il y ait des chances de retrouver des survivants ?

Com­plétive com­plé­ment d’ad­jec­tif

Quand la com­plé­tive est com­plé­ment d’un ad­jec­tif, le ver­be de celle-ci se met au sub­jonc­tif :

Je suis étonné que tu sois venu. — Nos amis sont très contents que nous venions leur rendre visite.

Com­plétive sujet du ver­be

Le ver­be d’une proposi­tion subordonnée com­plé­tive se met normalement au sub­jonc­tif quand la com­plé­tive est le sujet du ver­be de la proposi­tion prin­cipale . Il y a deux cas de figure principaux :

a) ordre des mots normal , quand la com­plé­tive est sujet du ver­be de la principale, devant le ver­be :

Qu’ils vous aient répondu de cette manière ne m’étonne guère.

b)  sujet inversé, quand la com­plé­tive est sujet réel du ver­be de la principale et postposée à ce ver­be (et on em­ploie habituellement le pro­nom de conjugaison il/ça/ce devant le ver­be), dans des cons­truc­tions de types variés :

Il faut que vous répondiez le plus vite possible. — Il est exclu que l’octroi de cette subven­tion soit remis en question.  Plus d’exemples…

C’est une grande chance qu’on ait découvert la fuite de gaz à temps. — Peu importe qu’ils ne soient pas d’accord, on le fera quand mê­me ! — Il n’est pas normal que cette demande n’ait pas encore été examinée.

Les cons­truc­tions où la com­plé­tive est sujet réel postposé sont très fréquentes en français et elles com­por­tent de nombreuses variantes, dans lesquelles l’in­di­ca­tif est parfois possible éga­le­ment. Mais dans l’en­sem­ble, on peut dire que quand la com­plé­tive est sujet du ver­be, le mode normal et majoritaire est le sub­jonc­tif.

Le sub­jonc­tif dans les propositions relatives

Nuance de but

Dans les propositions relatives, l’uti­li­sa­tion du sub­jonc­tif in­tro­duit une nuance de but. Il est uti­li­sé dans une relative dont l’an­té­cé­dent est dé­ter­mi­né par un dé­ter­mi­nant indéfini ou est un pro­nom indéfini (quelqu’un/quel­que chose/rien etc.). En finnois, on utilise des constructions très similaires, où la mê­me nuance de but est rendue par le konditionaali :

Il nous faut une voiture dans laquelle on puisse voyager confortablement à cinq. — Je voudrais un appartement qui me permette d’héberger des amis plus facilement. Plus d’exemples…

Je cherche un appartement, mais je n’ai encore rien trouvé qui me plaise. — Il n’y a personne qui soit capable de me l’expliquer ? — Je cherche quelqu’un qui veuille garder des enfants le mercredi.

S’il n’y a pas de nuance de but, on uti­li­se l’in­di­ca­tif :

Je connais quelqu’un qui veut garder des enfants le mercredi. — J’ai trouvé un appartement qui me permet de recevoir plus de monde. 

Il faut donc penser à uti­li­ser le mode approprié quand on passe du finnois au français : le kon­di­tio­naali dans une relative en finnois cor­res­pond très souvent à un sub­jonc­tif en français. Il y a évidemment aussi des relatives dans lesquelles le konditionaali corres­pond à un vrai con­di­tion­nel, qui exprime une hypothèse :

J’ai trouvé un arti­cle qui pourrait t’intéresser.

Com­plément de superlatif

Dans une relative com­plé­ment d’un superlatif, on uti­li­se en général le sub­jonc­tif dans les phrases dé­pen­dant des cons­truc­tions c’est le plus ad­jec­tif que/qui…. Les ad­jec­tifs seul, unique, premier et dernier sont assimilables à des superlatifs et entrainent aussi l’utilisa­tion du sub­jonc­tif dans la pro­posi­tion relative:

C’est le plus beau tableau que j’aie jamais vu.  — C’était la plus merveilleuse musique qu’il nous ait été donné d’entendre.  Plus d’exemples…

C’est le témoignage le plus sérieux que nous ayons recueilli. — C’est l’hôtel le moins cher que vous puissiez trouver ici. — C’est la seule solu­tion qu’on puisse envisager. — La première personne que nous ayons vue était un Finlandais !

Dans ces cas, l’in­di­ca­tif reste ce­pen­dant possible aussi.

Le sub­jonc­tif à valeur d’impératif

Bien que le sub­jonc­tif soit fondamentalement le mode de la subordination, on le trouve employé dans cer­tains cas dans des propositions indépendantes (ou des propositions principales suivies d’une sub­or­don­née). Certains de ces em­plois sont des survivances de cons­truc­tions anciennes qui ne sont plus pro­duc­tives.

Contrairement au finnois, l’impératif en français ne compte à proprement parler que trois for­mes, celles des personnes 2, 4 et 5. L’équi­va­lent de la personne 3/6 de l’impératif en finnois se for­me en français avec un sub­jonc­tif in­tro­duit par la conjonc­tion que (le chiffre indique la personne) :

1   —
2   Parle ! Réfléchis ! Pars !
3   Qu’il parle ! Qu’il réfléchisse ! Qu’il parte !
4   Parlons ! Réfléchissons ! Partons !
5   Parlez ! Réfléchissez ! Partez !
6   Qu’ils parlent ! Qu’ils Réfléchissent ! Qu’ils partent !

Exemples : Que chacun reste chez soi ! — Que vos enfants apprennent à se tenir ! — Qu’il aille au diable !  Painukoon suolle! — Qu’il attende jusqu’à ce que je lui téléphone.

Cet impératif s’est maintenu éga­le­ment dans des ex­pres­sions figées dans lesquelles le sujet (non animé) n’est pas exprimé et dont la structure de départ s’est obscurcie pour l’usager moyen :

coute que coute hinnalla millä hyvänsä — vaille que vaille jotenkuten

Le sub­jonc­tif à valeur optative

Que + sub­jonc­tif

L’impératif ne peut s’uti­li­ser que pour donner une injonc­tion (käsky, kehotus) à un être animé. Quand on « donne un ordre » à la per­sonne 3/6 en renvoyant à un sujet non animé, on parle d’un em­ploi optatif, mot qui signifie « à valeur de souhait ». Com­parer :

Qu’il vienne le plus vite possible ! [ordre auquel une personne doit obéir] — Que cette rencontre soit le signe du renouveau des relations entre nos deux pays ! [souhait : la rencontre n’est pas une personne et ne peut pas « exécuter un ordre »]

Formellement, l’optatif est construit sur le modèle de l’impératif à la personne 3/6, avec un ver­be au sub­jonctif in­tro­duit par que :

Que cela lui serve de leçon ! — Que cette visite soit le symbole des bonnes relations de nos deux pays ! — Que l’ouverture de ce musée permette aux habitants de la région de mieux découvrir le glorieux passé de celle-ci !

Optatif exprimé avec le ver­be pouvoir

On peut aussi exprimer l’optatif avec le sub­jonc­tif puis­se(nt) (du ver­be pouvoir) employé aux personnes 3/6 :

Puisse cette visite être le symbole des bonnes relations de nos deux pays. — Puisse cette nouvelle année t’apporter sagesse et modération ! Plus d’exemples…

Puisse le paysan en chanter quel­ques passages derrière sa charrue, puisse le tisserand en fredonner quel­que chose à son métier, puisse le voyageur s’alléger ! — Puissent mes vœux être exaucés ! — Puissent tes craintes, tes inquiétudes et tes tristesses s’effondrer !

Contrairement à l’optatif exprimé avec que, cette construc­tion avec pouvoir permet aussi d’exprimer un souhait concernant les personnes 2, 4, 5, et c’est possible même à la per­son­ne 1 (ce qui n’est pas le cas à l’impératif). En finnois, dans ce cas, on utilise la conjonc­tion kunpa :

Puisses-tu réussir ! Kunpa onnistuisit!  — Puissè-je au moins avoir un dernier entretien avec lui ! Kunpa voisin puhua vielä viimeisen kerran hänen kanssaan! Plus d’exemples…

Puissiez-vous les convaincre ! Kunpa saisitte heidät vakuuttuneiksi! — Puissent-ils changer d’avis ! Kunpa he muuttaisivat mielensä!

L’uti­li­sa­tion de puisse relève plutôt du style soutenu. Dans la langue cou­rante, on peut uti­li­ser par exem­ple l’ex­pres­sion si seulement + con­di­tion­nel (qui cor­res­pond assez exac­te­ment à kunpa en finnois) :

Puissent-ils changer d’avis ! = Si seulement ils changeaient d’avis ! — Puisses-tu réussir ! = Si seulement tu pouvais réussir !

Remarque : sur la forme puissè-je, voir Cas particuliers (l’inversion du pro­nom à la personne 1).

Optatif exprimé avec un simple sub­jonc­tif sans que

L’optatif peut aussi s’exprimer avec un sub­jonc­tif non in­tro­duit par que, dans un certain nombre de cas définis et limités :

Le ciel vous entende ! — Dieu vous entende ! — Le diable emporte ces imbéciles ! — La peste soit des astrologues ! — Fasse le ciel que cela réussisse ! [avec inversion du sujet]

C’est cette cons­truc­tion, avec sujet inversé, que l’on trouve dans l’ex­pres­sion vive…, qui est donc un em­ploi optatif du sub­jonc­tif de vivre (et cor­res­pond exactement au finnois eläköön) :

Vive le roi ! — Vive la République ! — Vivent les vacances ! / Vive les vacances ! — Vivent les sapeurs-pompiers ! — Vive le Québec libre !

Normalement, le ver­be vive s’accorde en nombre avec le sujet, puisque le mot qui le suit est en fait le sujet postposé : Vivent les vacances ! Cependant, le mot vive a connu un processus de gram­ma­ti­calisa­tion qui en fait une sorte de pré­po­si­­tion invariable (cf. l’évolu­tion de l’ad­jec­tif sauf devenu invariable quand il est employé com­me pré­po­si­tion) et il est fréquent de le rencontrer au singulier avec un sujet pluriel.

Expressions figées

Dans certains cas, le sujet impersonnel cela du ver­be au sub­jonc­tif employé avec valeur optative est sous-entendu. Ces ex­pres­sions sont plus ou moins figées :

Grand bien lui fasse ! [= que cela lui fasse grand bien] Kaiken mokomin! [mot à mot : paljon hyvää siitä hänelle koittakoon!] — Si tu ne veux pas partir avec nous à Bali, qu’à cela ne tienne, le voyage reviendra moins cher ! — Ce qu’à Dieu ne plaise / à Dieu ne plaise !

L’ex­pres­sion qu’à cela ne tienne ! (relativement fréquente dans la langue cou­rante éga­le­ment) s’in­ter­prè­te ainsi : le sujet impersonnel du ver­be est un pro­nom cela non exprimé ; le pro­nom cela exprimé (à cela) est le com­plé­ment in­di­rect du ver­be tenir à (olla kiinni jostakin, riippua jostakin) :

« que [cela] ne tienne pas à cela ». Mot à mot : se [asia] älköön olko kiinni siitä [seikasta] = se [seikka] ei haittaa, se [seikka] ei vaikuta asiaan.

Le sub­jonc­tif par attraction

Souvent, le sub­jonc­tif ne serait pas de règle dans la cons­truc­­tion où il est uti­li­sé, mais il est amené par attrac­tion [vetovoima, vaikutus] d’un ver­be antérieur au sub­jonc­tif, notamment après bien que ou il faut que :

Bien que Furetière prétende que l’année 1629 ait été l’année des longues perruques...  [for­me attendue : a été l’année] — Bien que moi je pense qu’il ait raison.... [for­me attendue : qu’il a raison]. Plus d’exemples…

Bien qu’il soit évident que le français moderne n’ait pas de déclinaisons...  [for­me attendue : n’a pas de déclinaison]. — Pensez-vous que je ne sache pas ce qu’il veuille dire ? [for­me attendue : ce qu’il veut dire].

Il règne un assez grand flottement chez les usagers quant à l’acceptabilité de ces sub­jonc­tifs par attraction. Ils devraient en principe être évités dans le code écrit soigné, mais dans bien des cas le sub­jonc­tif parait presque « inévitable » et n’est pas perçu com­me fautif.

En revanche, quand le ver­be être est au sub­jonc­tif dans les phrases clivées c’est … qui/que, il entraine quasi automatiquement un sub­jonc­tif par attrac­tion dans la proposi­tion in­tro­duite par le relatif, et dans ce cas le sub­jonc­tif par attrac­tion est considéré com­me normal: 

Il se peut que ce soit nous qui partions. — Il faut que ce soit vous qui le lui disiez.  — Nous ne sommes mê­me plus très sûrs que ce soit vous qui ayez com­mencé.

Parfois on trouve un sub­jonc­tif par attrac­tion dans les com­plé­tives. Le mode attendu est l’in­di­ca­tif, mais un élément de la phrase entraine un sub­jonc­tif par analogie avec des cons­truc­tions similaires :

J’aimerais faire part de ma satisfac­tion devant le fait que la proposi­tion ait été modifiée par la commission des transports [satisfaction = je suis satisfaite que, d’où le sub­jonc­tif]. Haluaisin lausua tyytyväisyyteni siitä, että ehdotus on muutettu liikennevaliokunnassa. Plus d’exemples…

Avez-vous quel­que chose contre le fait que nous procédions d’abord à certaines vérifications ? [avoir quel­que chose contre = être opposé à ce que, d’où le sub­jonc­tif]. Onko teillä jotakin sitä vastaan, että teemme ensin tiettyjä tarkistuksia?

Dans la phrase suivante [relevée dans un rapport parlementaire], le sub­jonc­tif est en principe à la limite de la gram­ma­ti­calité, mais l’usage est relativement flottant dans ce domaine :

Cela se voit notamment dans le fait que des sommes énormes soient restées inuti­li­sés [on attendrait plutôt l’in­di­ca­tif sont restées]. Se näkyy mm. siitä, että valtavia summia on jäänyt käyttämättä.

On trouve éga­le­ment de nombreux cas de sub­jonc­tif par attrac­tion (ou par analogie) dans les com­plé­tives dépendant d’un ver­be à la for­me négative ou de sens négatif.

Expressions avec le ver­be savoir au sub­jonc­tif

Je ne sache pas que

La cons­truc­­tion je ne sache pas que s’em­ploie souvent par litote (et ironiquement) à la place de autant que je sache / à ma connaissance, en finnois tietääkseni + négation :

Je ne sache pas qu’il ait jamais été en Espagne. — Je ne sache pas que la stratégie du parti face aux ravages du capitalisme ait donné des résultats significatifs.

Dans la langue mo­der­ne, cette construc­tion est limitée à la personne 1. De mê­me, dans la langue moderne, elle est toujours suivie de la conjonc­tion que (anciennement on pouvait aussi uti­li­ser un com­plé­ment de ver­be no­mi­nal). Cette cons­truc­­tion peut aussi peut s’insérer dans une relative explicative (style soutenu et assez peu fréquent) :

Une règle certaine, à laquelle je ne sache pas qu’un seul bon écrivain ait échappé [exem­ple tiré de : Le bon usage 2007 §895]

Que je sache

L’ex­pres­sion que je sache est une variante de la cons­truc­­tion précédente, qui s’uti­li­se après une phrase négative com­me com­mentaire sous for­me de phrase détachée ; elle est nettement plus fréquente et de style nettement moins soutenu que la cons­truc­­tion je ne sache pas que :

Il n’a jamais été en Espagne, que je sache. — La stratégie du parti face aux ravages du capitalisme n’a pas donné des résultats significatifs, que je sache. — Pourquoi ne fait-il plus de natation ? Il n’est pas malade, que je sache.

La cons­truc­­tion que je sache cor­res­pond par le sens exactement au finnois in­fi­ni­tifksi + suffixe per­sonnel : tietääkseni, muistaakseni, käsittääksemme etc. Cependant, contrairement au finnois, en français elle n’est possible qu’avec le ver­be savoir, alors qu’en espagnol, par exemple, on peut l’uti­li­ser avec des ver­bes divers saber (que yo sepa), recuerdar (que yo recuerde), veer (que yo aya visto). La cons­truc­­tion habituelle permettant de ren­dre l’idée de muistaakseni, tietääkseni etc. est (pour) autant que + sub­jonc­tif :

J’ai, pour autant que je m’en souvienne, toujours voulu être chercheur. — Pour autant que j’aie pu le découvrir sur Internet, le narcisse serait symbole d’égoïsme, mais aussi de « beauté triomphante et cruelle de la jeunesse ». Plus d’exemples…

La seule ques­tion est donc de savoir si ces principes de traduc­tion sont respectés ; pour autant que nous ayons pu le vérifier, ils le sont effectivement. — Pour autant que j’aie pu le comprendre de mes contacts à Washington, l’op­tion nucléaire a été résolument écartée par les Américains.

Ainsi on pourrait formulercertains des exem­ples ci-dessus de la manière suivante :

Pour autant que je sache, il n’a jamais été en Espagne. — Pourquoi ne fait-il plus de natation ? Pour autant que je sache, il n’est pas malade. Plus d’exemples…

Pour autant que je sache, la stratégie du parti face aux ravages du capitalisme n’a pas donné des résultats significatifs. 

Pas que je sache

Pas que je sache est une locu­tion figée qui s’uti­li­se dans la langue parlée en réponse à une question, com­me variante de l’ex­pres­sion pas à ma connaissance « ei tietääkseni ». Elle est d’un em­ploi tout à fait cou­rant, mais d’un registre très légèrement fa­mi­li­er :

Le courrier est déjà arrivé ? – Pas que je sache. — Est-ce que vous avez déjà eu des réactions allergiques à ce médicament ? – Pas que je sache.

Contenu de la pageISBN 978-951-39-8092-4 | V. 1.0 2020 © Jean-Michel Kalmbach 2020Contenu général