Guide de pro­non­cia­tion française pour apprenants finnophones
1. Pourquoi apprendre à bien pro­non­cer le français

Il n’y a pas de pro­non­cia­tion « parfaite » ou idéale.

La pro­non­cia­tion du français par les francophones n’est pas uniforme [yhtenäinen]. La France est un grand pays, il n’est donc pas étonnant qu’il y ait beaucoup de variation régionale, notam­ment en ce qui concerne les voyelles. Certains mots sont pro­non­cés différemment dans certaines régions (par exemple persil, avec ou sans /l/ final). C’est évidemment aussi le cas dans le français de Belgique, du Canada ou de Suisse.

La pro­non­cia­tion évolue (se transforme) sans arrêt, en France comme en Finlande, et elle évolue bien plus vite qu’on ne pense. Les jeunes nés en 2000 ne pro­non­cent pas comme prononçaient leurs grands-parents à leur âge. Il est facile de s’en rendre compte en regardant par exemple un film ou en écoutant une émission de radio des années 1940.

La pro­nonciation varie donc avec l’âge de la personne qui parle, mais aussi en fonction par exemple de l’opposition femme/homme, fille/garçon, de la situation (discours officiel/con­ver­sa­tion entre amis) etc. Les exercices de pro­non­cia­tion de ce guide sont lus par six voix différentes. Chacune de ces person­nes pro­non­ce le français de façon légèrement différente, mais tout à fait « française ». Il est donc difficile de dire qu’il y a une pro­non­cia­tion unique et idéale du français. Ce qui peut paraitre la norme pour certaines personnes est ressenti comme étrange par d’autres, et inver­sement.

Utilité d’une bonne pro­non­cia­tion

Même s’il n’y a pas de modèle de pro­non­cia­tion idéal et s’il n’est pas nécessaire de savoir pro­non­cer une langue parfaitement pour se faire comprendre, un niveau minimum de com­pé­ten­ces en pronon­cia­tion est évidemment nécessaire à la compréhension entre les personnes (l’inter­com­pré­hen­sion) quand elles parlent. En général, on n’apprend pas à pro­non­cer pour produire des sons, mais pour com­mu­ni­quer avec les autres. La pro­non­cia­tion est un outil de la communication, et une bonne pro­non­cia­tion est un élément es­sen­tiel de la communica­tion et des com­pé­tences com­mu­ni­ca­tion­nel­les en général.

Mais une bonne pro­non­cia­tion est aussi importante pour d’au­tres raisons que l’inter­com­pré­hen­sion :

a) la pro­non­cia­tion est un peu comme un vêtement, c’est la première chose qu’on re­mar­que quand une personne parle et la première impression qu’on a de ses compétences lan­ga­gières. Une mau­vaise pro­non­cia­tion peut donner une impression défavorable des con­nais­sances de la langue chez une personne, même si elles sont bonnes ;

b) une mauvaise pro­non­cia­tion peut déclencher une réaction de rejet chez la personne à qui on parle. Les études montrent que certains groupes linguistiques, les Français no­tam­ment, ont ten­dan­ce à avoir une attitude négative envers les compétences des personnes qui pro­non­cent mal le français et envers la personne elle-même. Les Français perdent vite patience quand une personne pro­non­ce de façon difficile à comprendre et ne font souvent aucun effort pour essayer de la com­pren­dre, même si leur niveau de tolérance face à la diversité linguistique a notablement augmenté ces 30 dernières années ;

c) même si la personne à qui on parle n’a pas une attitude négative envers un locuteur qui pro­non­ce mal, quand la pro­non­cia­tion de ce locuteur est très divergente ou difficile à comprendre, la personne à qui il parle peut com­men­cer involontairement à écouter sa pro­non­cia­tion, par exemple pour essayer de mieux comprendre. Ce que la personne écoute alors, c’est comment le locuteur parle et non pas ce qu’il dit ;

d) les personnes qui ont appris une langue comme langue étrangère, par exemple des finno­pho­nes qui parlent l’anglais, sont généralement capables de rectifier les erreurs de pro­non­cia­tion chez d’autres finnophones qui parlent anglais (par exemple fish pro­non­cé /fis/), et ces per­son­nes s’imagi­nent que tout le monde, même les non finnophones, peut le faire. Or, bien souvent, les non fin­no­pho­nes sont tout à fait incapables de rectifier ces er­reurs et de comprendre un mot mal pro­non­cé.

ISBN 978-951-39-7388-9 © Jean-Michel Kalmbach 2018-2022 |  Version 1.0 | Mod. 8.2.2021