Le mot phonème est le terme technique qui sert à désigner les unités sonores du langage. Par exemple, dans le mot bar, il y a trois phonèmes, / b a ʁ /
. En français, il y actuellement 33 phonèmes productifs (dans certaines régions, on en utilise parfois encore d’autres).
On distingue habituellement la phonétique et la phonologie :
/ba/
bas et /pa/
pas).Par exemple, en français, il existe plusieurs phones qui sont assez différents, mais qui sont tous interprétés comme un seul phonème /ʁ/
:
/ʁ/
dit uvulaire, prononcé avec un léger frottement de la langue contre la luette [kitakieleke], comme dans rarement ; c'est la forme la plus fréquente de /ʁ/
en français ; /ʁ/
, sans vibration des plis vocaux, et très léger, transcrit /ʁ̥/
, prononcé parfois par exemple à la fin des mots : pire prononcé /piʁ/
ou /piʁ̥/
;/χ/
que dans l’allemand Achtung, Koch ;/ʀ/
(c'est le r utilisé dans le suédois de Scanie), et un r dental, dit « r roulé », celui qu’on utilise en finnois.Tous ces phones différents du français standard, /ʁ/
(rarement, perdre), /χ/
(tartre), /ʁ/
(rire), et leurs variantes régionales /ʀ/
et /r/
sont interprétés de la même façon, comme le phonème /ʁ/
. En japonais, /l/
et /r/
sont interprétés comme comme un seul et même phonème ; pour les finnophones, /p/
et /b/
sont généralement perçus comme un seul phonème. Mais en français ce sont deux phonèmes nettement différents : /du/
doux [pehmeä] ≠ /tu/
toux [yskä], /pa/
pas [askel] ≠ /ba/
bas [sukka].
Quand on parle de l’apprentissage de la prononciation d’une langue étrangère, on pense en général à l’apprentissage des différents phonèmes que contient cette langue et des caractéristiques générales comme l’accentuation, l’intonation etc. Pour bien prononcer une langue, il suffit donc en principe d’apprendre à prononcer les phonèmes de la langue et la manière de les enchainer, le rythme etc. Pour parvenir à cet objectif, il faut cependant respecter certaines conditions :
L’apprentissage de la prononciation dépend en grande partie de la motivation personnelle. Certaines personnes trouvent amusant ou stimulant d’essayer de reproduire parfaitement la prononciation de la langue qu’elles apprennent et s’entrainent beaucoup pour prononcer le mieux possible, afin d’imiter les locuteurs natifs. D’autres sont moins motivées ou intéressées par une prononciation parfaite ou perfectionniste.
Il faut être capable de reconnaitre les phonèmes quand on les entend. Ce n’est pas si évident : certaines personnes ont parfois des difficultés à identifier ou différencier (« discriminer ») les phonèmes. Elles déclarent qu’elles « n’entendent pas de différence ». Les francophones ont souvent du mal à reconnaitre les voyelles ou les consonnes longues dans d’autres langues, ou par exemple en anglais la différence entre th et f/z. Les finnophones ont du mal à distinguer /p~b/
, /k~g/
ou /s~ʃ/
etc. Mais en général, tout le monde arrive à acquérir petit à petit ces compétences auditives en apprenant à prononcer les phonèmes.
Apprendre une nouvelle langue étrangère, c'est adopter une nouvelle identité : il faut apprendre un peu à penser comme les locuteurs de cette langue, apprendre leur vocabulaire, leur vision du monde, leurs habitudes. C'est valable aussi pour la prononciation. Pour apprendre à prononcer une langue étrangère, il faut donc avoir des capacités mimétiques, c’est-à-dire être capable de reproduire les phonèmes, d’imiter la manière dont ils sont prononcés, la mélodie, la longueur etc. En quelque sorte, il faut avoir à la fois un peu l’oreille musicale [sävelkorva] et avoir des dons d’acteur [näyttelijä]. Ce sont des aptitudes [kyky] qui ne sont pas les mêmes chez tous les apprenants, et ceci peut influencer positivement ou négativement la motivation personnelle.
Mais ces aptitudes ne suffisent pas : la prononciation est avant tout une activité motrice, un exercice physique. Pour prononcer une langue étrangère, il faut exercer les organes de la phonation (langue, plis vocaux [äänihuulet], lèvres etc.) à faire des mouvements différents de ceux qu’on fait sans y penser quand on parle sa propre langue. Exactement comme pour toute autre activité qui nécessite des mouvements du corps : sport, danse, pratique d’un instrument de musique, il faut s’entrainer régulièrement à prononcer « autrement », et également s’entrainer pour que cela devienne automatique ou inconscient.
Comme dans le cas d’un sport ou d’un instrument de musique, si on ne s’entraine pas régulièrement, on perd rapidement les habitudes et les automatismes acquis. Si on veut conserver une bonne prononciation, il faudrait donc essayer de pratiquer [harjoitella] le plus souvent possible, au laboratoire de langues mais aussi dans la vie courante, pendant et aussi après le cursus scolaire ou universitaire.
Il faut donc faire attention à beaucoup d’aspects, mais grâce à cet entrainement, même les personnes qui, au départ, n’entendent pas très bien les différences entre les phonèmes ou n’arrivent pas à imiter la prononciation du français peuvent petit à petit acquérir les aptitudes nécessaires (identifier/imiter). L’expérience de plus de trente années d’enseignement de la prononciation au laboratoire de langues le prouve : acquérir une bonne prononciation (c’est l’objectif de ce guide) est possible pour tout le monde.