Guide de pro­non­cia­tion française pour apprenants finnophones
7. Niveaux de compétences phonatoires

On peut proposer aux apprenants différents niveaux de compétences phonatoires (qui con­cer­nent la manière de pro­non­cer), auxquels chacun peut adap­ter ses objectifs, ses besoins et/ou sa mo­ti­va­tion. On suggère ici quatre niveaux, qui ne sont pas des échelles précises, mais servent simplement à situer différentes com­pé­tences. Pour cette raison, les listes de critères ne con­tien­nent pas le détail de tous les aspects possibles d’un niveau de compétences. Chaque ap­pre­nant peut évaluer ses compé­ten­ces et moduler ses propres objectifs en s’aidant de ces in­di­cations.

Niveau 1 : pro­non­cia­tion acceptable ou fonctionnelle

Le locuteur ne sait pas reproduire entièrement ni parfaitement tous les traits du pho­né­tis­me du français, mais sa pro­non­cia­tion est suffisamment bonne pour garantir que, dans pratiquement tous les cas, le sens du message oral est compris sans ambigüité [tulkinnan­varaisuus] ni malentendu [väärinkäsitys]. Capacités minimales necéssaires :

Niveau 2 : bonne pro­non­cia­tion

Quand le locuteur parle, on remarque assez vite que sa pro­non­cia­tion n’est pas celle d’un natif, mais il n’y a pas de défauts marqués ou gênants, et la pro­non­cia­tion donne une im­pres­sion fa­vo­ra­ble et efficace. Les phonèmes considérés isolément sont presque tou­jours pro­duits de façon con­for­me. À ce niveau-là, la sonorité des consonnes sonores est un trait décisif pour la qualité de la pro­non­cia­tion et contribue pour près de 80% à don­ner une bonne impres­sion d’ensemble, même s’il y a des défauts concer­nant d’autres phonèmes. Caractéristiques (en plus de celles du niveau précédent) :

Niveau 3 : très bonne pro­non­cia­tion

On ne remarque pas, ou seulement après un certain temps, que le lo­cu­teur n’est pas un lo­cu­teur natif. Tous les phonèmes sont pro­non­cés sans défaut, l’élocution est rapide et na­tu­relle, le locuteur sait reproduire de façon na­tu­relle des groupes de phonèmes.

On peut dire en quelque sorte qu’à ce niveau-là le locuteur sait pro­non­cer pratiquement par­fai­te­ment le français écrit, et sait reproduire quelques caractéristiques du français oral, par ex­em­ple l’assimilation de sonorité dans des groupes simples : projeter pʁoʃte, je sais pas ʃsᴇpa, trop de travail tʁotːʁavaj, ça te dit quelque chose ? sadːikᴇkʃoz, je suis fati­guée ʃɥifatige.

Niveau 4 : niveau d’un locuteur natif

Ce qui différencie essentiellement ce niveau du précédent, c’est que le locuteur ne re­pro­duit pas le français écrit, mais parle le français oral typique, qui est pro­non­cé par « blocs » (des unités sonores), ce qui signifie que l’assimilation de sonorité et les en­chai­ne­ments sont produits naturellement. Par exemple la phrase il ne me l’a pas dit est pro­non­cée en un seul élément imlapadi, tout comme des groupes plus complexes comme ce qui fait que je ne lui ai rien dit skifᴇgʒɥiᴇʁjɛ̃di. La pro­non­cia­tion spontanée de ces groupes impli­que aussi une maitrise « intuitive » (automatique/inconsciente) des structures gram­ma­ti­ca­les qui les sous-tendent.

De même, l’intonation expressive est maitrisée, elle est produite de façon naturelle et peut exprimer des sentiments très variés. Pour l’apprenant de français langue étrangère, ce niveau de com­pé­ten­ces nécessite une immersion relati­ve­ment longue dans un milieu francophone, qui dé­pend évidemment de circonstances pra­ti­ques et personnelles. Il nécessite aussi des capa­cités na­tu­rel­les d’imitation (compétence mimétique) et de re­pro­duc­tion, qui sont des traits in­di­vi­duels va­ria­bles en fonction de cha­que ap­pre­nant, exactement com­me par exemple l’oreille musicale.

ISBN 978-951-39-7388-9 © Jean-Michel Kalmbach 2018-2022 |  Version 1.0 | Mod. 7.2.2021