La transcription phonétique permet de découvrir la prononciation réelle qui est souvent cachée par l’orthographe. La plupart des signes de l’alphabet phonétique sont faciles à reconnaitre et à mémoriser. Les transcriptions sont généralement indiquées entre crochets [ ] ou entre barres obliques //. Dans ce Guide, elles sont signalées en couleur
et sans barres ou crochets, pour une meilleure lisibilité. Dans certains cas, on a mis les signes phonétiques isolés entre barres obliques pour pour mieux les distinguer des lettres normales.
Il existe une transcription phonétique très précise, qui utilise de nombreux signes auxiliaires [apumerkkejä] appelés signes diacritiques [tarke], comme des petits o sous une lettre (o souscrit [rivinalinen o]), un háček au-dessus de la lettre (˅), des accents indiquant la mouillure [liudennus] /ŕ/
etc. pour différentier le plus possible des phones proches les uns des autres. C’est une transcription difficile à utiliser (et à lire) et en général on utilise une transcription phonologique, qui retient les caractéristiques principales des phonèmes à l’intérieur d’une même langue.
La transcription habituellement appelée « transcription phonétique » permet de décrire assez précisément les phonèmes d’une langue, mais elle n’est pas absolue. Le même signe /o/ utilisé dans la transcription de deux langues différentes peut représenter deux phonèmes légèrement différents (par exemple /o/ en français et /o/ en finnois). Cette transcription est donc à proprement parler phonologique, et non phonétique, parce qu’elle représente les différences et les fonctions des phonèmes à l’intérieur d’une même langue.
Conventionnellement, la transcription phonétique (précise) est indiquée entre crochets [ ], et la transcription phonologique entre barres obliques //. La prononciation des mots indiquée dans les dictionnaires, dans les manuels de langue, etc., est une transcription phonologique, et elle devrait être donnée entre barres obliques. Mais on utilise les crochets par tradition ou par commodité/ paresse/ conservatisme, parce que les éditeurs de manuels ou de dictionnaires ne s’intéressent généralement pas beaucoup à la prononciation et ne veulent pas faire d’efforts pour corriger les transcriptions.
Consonnes
b | bébé |
d | dodu |
f | farfelu |
g | gare, gui |
j | yeux, fille |
k | cas, qui |
l | lu, fil |
m | marmotte |
n | nounou |
p | papa |
ʁ | rire |
s | sauce |
t | tout, thon |
v | vive |
w | oui, boire |
z | oser, gaz |
ʃ | chercher |
ʒ | je, gingembre |
ɥ | huile |
ŋ | parking |
ː | (consonne) longue |
Voyelles
i | lit, pli |
e | dé, nez |
y | du, mue |
œ | cœur, beurre |
a | tasse, plat |
u | fou, trou |
o | peau, mot |
ø | je, feu, nœud |
ɔ | mort, tort |
ɛ | plaire, fer |
ɛ̃ | fin, sain, brun |
ɑ̃ | dans, temps |
õ | bon, pont |
ᴇ | archiphonème e/ɛ |
ɶ | archiphonème ø/œ |
🞅 | archiphonème o/ɔ |
ə | e médian |
Archiphonèmes : certaines voyelles du français ont une aperture [väljyys] variable, elles peuvent être prononcées plus ou moins ouvertes ou fermées sans que le sens du mot change. Pour indiquer que l’aperture est n’est pas fixe, on utilise des signes en capitales /ᴇ/🞅/ɶ/
. Le fonctionnement de ce système est expliqué p.17.
Certains signes sont trompeurs [harhaanjohtava] aussi bien pour les francophones que pour les finnophones.
/ʒ/
, mais en finnois /j/
; en français, la lettre j ne transcrit jamais /j/
;/v/
, mais en français il est équivalent au /w/
de l’anglais what (il y a des exceptions) ; en outre, en français, très souvent le phonème /w/
n’est pas transcrit avec la lettre w (par exemple dans boire) ;/ts/
, ce qui n’est jamais le cas en français (sauf dans quelques mots d’emprunt à l’italien) ;/ʃ/
rappelle fortement la lettre S et le signe /ʒ/
rappelle la forme manuscrite de z. Il faut donc faire attention à ne pas les confondre, car il s’agit de quatre phonèmes différents (casse / case / cache / cage), d’autant plus que les finnophones perçoivent (et prononcent) souvent ces quatre phonèmes comme un seul et même /s/
.Dans le cas des voyelles aussi, certains signes peuvent provoquer des confusions :
/i/
et en finnois /y/
; en français, le signe phonétique /y/
correspond au son représenté par la lettre u (finnois y, allemand ü) ;/y/
, tandis que la lettre u en finnois transcrit le son représenté habituellement par ou en français.
La prononciation du français évolue sans cesse et la graphie du français ne reflète pas ces changements. Malheureusement, cette disparité [eriävyys] entre la prononciation et la graphie concerne aussi la transcription phonétique. Un certain nombre de sons du français ont changé ou ne sont plus utilisés par tous les locuteurs, et malgré cela on continue de les transcrire d’une façon qui ne correspond plus à la réalité, par exemple dans les dictionnaires ou les manuels de langue :
/ɲ/
(/n/
palatalisé qu’on trouve en espagnol) est prononcé aujourd’hui comme /nj/
, comme dans le finnois Anja, kampanja etc. La différence entre /ɲ/
et /nj/
est de toute façon très faible, et elle est imperceptible par la majorité des locuteurs d’aujourd’hui ; /ɑ/
(a postérieur) n’a jamais été prononcé dans toutes les régions de France. Aujourd’hui, il est prononcé généralement comme un /a/
normal, même s’il survit localement ;/œ̃/
est de plus en plus prononcé comme /ɛ̃/
(brun est prononcé comme brin). Dans le sud de la France, on prononce encore nettement /œ̃/
.Même si ces trois phonèmes sont encore prononcés dans certaines régions de France (ou d’autres pays francophones), ils n’ont aucune influence sur la compréhension. Ils n’ont plus de valeur distinctive, c’est-à-dire qu’ils ne servent pas à opposer deux mots différents (même dans le cas de brun et brin, car l’un est un nom et l’autre un adjectif, qui peuvent rarement se confondre). Pour cette raison, l’apprenant étranger n’a pas besoin de faire l’effort de les apprendre ni de les pronon cer.
Dans certains cas, on utilise des signes qui correspondent à un phonème qui existe, mais ne le décrivent pas de façon exacte :
/ə/
, dit « e médian ». Des chercheurs et didacticiens en phonétique ont montré que le phonème que ce signe veut transcrire est en réalité le phonème /ɶ/
, et c’est ainsi qu’il est transcrit dans ce Guide ; comme /ə/
est parfois produit par erreur par les apprenants finnophones, ce signe est cependant utilisé pour la description de certaines erreurs de prononciation ;/ɔ̃/
, avec o ouvert nasal. En réalité, il s’agit d’un /o/
fermé, et il est plus exact de transcrire /õ/
.Dans les dictionnaires et dans les manuels de français, la « transcription phonétique » est souvent démodée, parce qu’elle décrit des phonèmes qui ne sont plus utilisés, ou parce qu’elle utilise des signes inadaptés pour ceux qui existent. De plus, les transcriptions sont parfois illogiques, incohérentes ou proprement erronées [virheellinen]. Souvent aussi, elles sont trop rigides ou catégoriques [ehdoton] et ne tiennent pas compte de la grande variation possible de la réalisation des phonèmes ou de l’influence des phonèmes les uns sur les autres, et les archiphonèmes /ᴇ ɶ ᴏ/
ne sont pas utilisés, alors qu’ils pourraient l’être.
Par exemple la transcription de maison sous la forme mɛzɔ̃
est doublement critiquable : le son final devrait être transcrit /õ/
, et le /ɛ/
reflète seulement une des prononciations possibles (relativement rare), mais pas la prononciation la plus fréquente, qui est plutôt mezõ
(ou au moins mᴇzõ
, avec aperture variable).
Comme dans le cas des crochets (voir en haut de la page), les dictionnaires et les manuels continuent d’utiliser des transcriptions démodées ou erronées, par tradition/ commodité/ paresse/ conservatisme, parce que les éditeurs de manuels ou de dictionnaires ne s’intéressent généralement pas beaucoup à la prononciation et ne veulent pas faire d’efforts pour corriger les erreurs. L’apprenant de FLE doit donc éviter de prendre à la lettre toutes les transcriptions, en particulier celles des voyelles /ᴇ/ᴏ/ɶ/
.