Guide de pro­non­cia­tion française pour apprenants finnophones
10. Les voyelles nasales

Exercice 1 [0’00]

Opposition entre les différentes voyelles nasales. Écouter chaque série, puis répéter.

Exercice sur la pro­non­cia­tion des trois voyelles nasales du français. Ne pas oublier la contraction [supistus] de la zone pharyngale [nieluontelo]. Cette contraction est au moins aussi importante que l’abais­se­ment du voile du palais (« nasalité »).

Pour bien pro­non­cer les nasales, on peut essayer de lever un peu le men­ton, ce qui provoque une contraction du pharynx.

Les finnophones ont parfois des problèmes pour différencier /ɑ̃/ et /õ/. Il faut que les deux soient nettement distincts, car il y peut y avoir des confusions de sens (banc / bond, lent / long) etc.

gant / gond / gain hansikas / sarana /voitto
taon / ton / thym paarma / sävy / timjami
sang / son / sain veri / ääni / terve
lent / long / lin hidas / pitkä / pellava
pan / pont / pin sivu / silta / mänty
vent / vont / vain tuuli / (aller) / turha
rang / rond / rein rivi / pyöreä / munuainen
banc / bond / bain penkki / hyppy / kylpy
dent / don / daim hammas / lahja / mokka
gens / jonc / geint ihmiset / kaisla / vaikeroi

papa – pampa – pompa – pompant – pompon

Exercice 2 [1’23]

Opposition voyelles orales et voyelles nasales, et opposition ɑ̃ ~ õ. Écouter chaque paire, puis répéter.

Ne pas oublier la contraction [supistus] de la zone pharyngale. Pour bien pro­non­cer les nasales, penser à lever un peu le men­ton.

Observer les oppositions de sens. Bien opposer nasale et non nasale (orale), et bien différencier /ɑ̃/ et /õ/

plat / plan tasainen / laakea
rat / rend rotta / (rendre)
chat / chant
bat / banc (battre) / penkki
passa / passant (passer)
râper / ramper raastaa / ryömiä
lacer / lancer sitoa / heittää
prend / prompt (prendre) / nopea
plan / plomb suunnitelma / lyijy
prenant / prenons (prendre)
répondre / répandre vastata / levittää
blond / blanc vaalea / valkoinen
tromper / tremper pettää / kastaa
fondu / fendu sulanut / haljennut

Exercice 3 [2’41]

Exercice sur le maintien de la nasalité : penser à pro­non­cer toutes les nasales 

Dans un groupe qui contient plusieurs voyelles nasales, il faut s’efforcer de pro­non­cer toutes les nasales : en attendant, on entend, dans un instant etc. Il faut maintenir la dépense d’énergie nécessaire.

Le mot en (au début du groupe syntaxique) est souvent mal pro­non­cé dans ce cas (dénasalisé). Il faut faire attention à la contraction du pharynx, qui joue un rôle très important de « déclencheur » [käynnistäjä] de la nasalisation.

Le groupe en Finlande est un excellent exemple de ces difficultés : il faut nasaliser en au début, et aussi bien nasaliser an dans -lande. C’est un groupe de mots avec trois voyelles nasales qu’il faudrait répéter quo­ti­dien­ne­ment pour s’habituer à ce mouvement de contraction du pharynx.

ombragé varjoisa
indien intialainen
humble nöyrä
une onde aalto
important
c’est long
des dents blanches
en descendant
indépendant
mon oncle
une seconde sɶgõd sekunti
une hirondelle pääskynen
en Inde
dans les Landes
dans les Andes Andeilla
en Finlande

Exercice 4 [3’47]

Une voyelle suivie de n(n) + voyelle ou m(m) + voyelle n’est pas nasale.

Dans certains mots, e+nn ou e+mm se lit -an-/-am-. Rappel des règles de transcription des voyelles nasales.

■ Une voyelle se lit comme voyelle nasale

1. dans toutes les positions quand elle est suivie de n ou m et au moins 1 consonne :

chanter, sympathique, entendement, envoyer, denrée, genre, combiner, dans, dont, prompt, encombrant, informer, ils vinrent, langage etc.

2.  en fin de mot, quand elle est suivie de n ou de m :

fin, faim, parfum, bon, nom, thym etc.

La finale des mots terminées en -um (sauf parfum) se pro­non­ce ɔm.

■ Une voyelle suivie de n(n) + voyelle ou m(m) + voyelle ne transcrit pas une voyelle nasale. Dans les mots suivants, il n’y a aucune voyelle nasale :

anhydre, anneau, grammaire, inexact, inhabile, inné, immobile

Attention aux mots qui commencent par imm- ou in(n)-, qui ne se pro­non­cent pas avec une nasale. Tous les mots suivants commencent par im-/in- :

immeuble, immoral, immatériel, imminent, immigration, immobile, inavouable, inoffensif, innocuité, innocent, inhumain etc.

■ Exceptions

a. Dans le groupe emm-, en(n)- en début de mot, la voyelle est nasale (mots composés avec la préposition en-) :

emmener ɑ̃mne, emménager ɑ̃menaʒe, enneigé ɑ̃neʒe, ennuyeux ɑ̃nɥijø, (s’)enivrer sɑ̃nivʁe

Mais le mot ennemi se pro­non­ce ᴇnmi. Ailleurs qu’à l’initiale, le groupe enn se lit ᴇn, conformément à la règle normale : renne ʁɛn, tiennent tjɛn etc.

b. Certains composés plus récents formés avec im- se pro­non­cent avec une nasale ; ils ne sont pas forcément répertoriés dans les dictionnaires :

immanquable ɛ̃mɑ̃kabl, immangeable ɛ̃mɑ̃ʒabl, immariable ɛ̃maʁjabl, immettable ɛ̃metabl etc.

c. Dans tous les adverbes en -emment, le groupe -emm- se lit am, au total 36 adverbes, dont certains seu­le­ment sont courants :

récemment ʁesamɑ̃, prudemment pʁydamɑ̃, intelligemment, violemment, apparemment etc.

Dans les mots sulignes en jaune dans l’exercice, il n’y a aucune voyelle nasale.

immédiat välitön
inédit julkaisematon, ennennäkemätön
inhabituel epätavallinen
inhiber estää
inhumaine epäinhimillinen
innover keksiä uutta
un bonhomme ukko
inhabité asumaton
immoral
les immigrés siirtolaiset
l’immortalité kuolemattomuus
solennel solanɛl juhlallinen
élégamment elegamɑ̃ elegantisti
notamment notamɑ̃ muun muassa
couramment kuʁamɑ̃ yleensä
prudemment pʁydamɑ̃ varovasti
patiemment pasjamɑ̃ kärsivällisesti
ardemment aʁdamɑ̃ hartaasti, kiihekästi

Exercice 5 [4’58]

Opposition ɛ̃/ɛn et õ/ɔn. Bien opposer voyelles nasales et orales.

Une voyelle suivie de n(n) + voyelle ou m(m) + voyelle ne transcrit pas une voyelle nasale (voir exercice 4 ci-dessus). Quand un nom ou un adjectif se termine par une voyelle nasale, au féminin, cette voyelle n’est plus nasale :

un bon musicien ɛ̃bõmyzisjɛ̃
une bonne musicienne ynbɔnmyzisjɛn

On retrouve aussi cette transformation dans certains verbes. Le singulier se termine par une voyelle nasale, mais le pluriel n’a pas de voyelle nasale :

un lycéen revient ɛ̃lyseɛ̃ʁɶvjɛ̃
des lycéennes reviennent deliseɛnʁɶvjɛn

Cette alternance entre voyelle nasale et voyelle orale (non nasale) concerne de nombreux noms, adjectifs et verbes. Il faut donc éviter de pro­non­cer une voyelle nasale dans ce cas, par exemple ils viennent *ilvjɛ̃n, que le locuteur francophone a du mal à interpréter (est-ce un pluriel, ou un singulier mal pro­non­cé ?)

Attention aussi à la pro­non­cia­tion des mots terminés par -éen / -éenne. Il faut qu’on entende distinctement les deux voyelles eɛ̃ et eɛn. Un mot comme

européen ɶʁᴏpeɛ̃n ou
européenne ɶʁᴏpeɛn

est assez difficile à pro­non­cer, parce qu’il faut faire attention en même temps à bien labialiser les voyelles /ɶ/ et et à l’opposition eɛ̃ - eɛn.

musicien / musicienne muusikko
le doyen / la doyenne vanhin
il revient / ils reviennent (palata)
elle soutient / elles soutiennent (tukea)
un lycéen / une lycéenne lukiolainen
il retient / ils retiennent (muistaa)
moyen / moyenne keskiverto-
des opticiens / des opticiennes optikko
le patron / la patronne isäntä / emäntä
un tronçon / il tronçonne pätkä / (pätkiä)
européen / européenne
les tiens / les tiennes
parisien / parisienne
des chiens / des chiennes
le rayon / il rayonne säde / (sädehtiä)
le bonbon / la bonbonne karamelli / iso pullo
américain / américaine
certain / certaine

Exercice 6 [6’57]

Nasale devant occlusive. Ne pas pro­non­cer de n/m parasite.

Les voyelles nasales sont, comme leur nom l’indique, des voyelles, sans élément con­so­nan­ti­que :

entend = 3 phonèmes ɑ̃ t ɑ̃, il n’y a pas de /n/
bon = 2 phonèmes : b õ , il n’y a pas de /n/
tombe = 3 phonèmes : t õ b , il n’y a pas de /m/.

Quand on pro­non­ce une voyelle nasale, il faut faire attention à « arrêter » la nasalisation au bon moment avant de pro­non­cer la consonne suivante (= remettre le voile du palais dans sa position normale avant de commencer à mettre en place la consonne qui va suivre.). Ceci concerne en particulier les occlusives k / g / t / d / p / b.

Quand par exemple on pro­non­ce un /ɑ̃/ suivi d’un t (comme dans entier), si on ne referme pas le passage nasal avant de placer la pointe de langue contre les dents pour pro­non­cer t, on obtient pendant un moment une consonne qui est dentale et nasale, autrement dit un /n/ (la définition de /n/ est précisément « consonne dentale nasale »). Au lieu de ɑ̃tje, on obtient ainsi *ɑ̃ntje.

Il faut donc s’appliquer à pro­non­cer des voyelles nasales absolument pures, qui ne contiennent pas de /m/ ou de /n/ :

bientôt bjɛ̃to et non pas *bjɛ̃nto
impossible ɛ̃posibl et non pas *ɛ̃mposibl
inquiétant ɛ̃kjetɑ̃ et non pas *ɛ̃ŋkjetɑ̃

la quantité määrä
bientôt
remonter koota uudelleen
un attentat attentaatti
un tendon jäänne
fondre sulaa
la syntaxe
sympathique
important
impossible
indépendant
un syndicat ammattiliitto
incompréhensible käsittämätön
inquiet levoton
incapable kykenemätön
une fonction toimi, virka
la longueur pituus
incroyable

Exercice 7 [8’15]

Voyelle nasale devant autres consonnes. Ne pas pro­non­cer de /n/ parasite.

Dans l’exercice 6, il fallait faire attention à ne pas pro­non­cer de /n/ parasite devant les occlusives k / g / t / d / p / b, où il se produit involontairement si on « n’arrête pas » la nasalisation avant de pro­non­cer l’occlusive.

Les finnophones font cependant souvent une autre erreur : ils pro­non­cent un /n/ devant v ou f par exemple, dans des mots comme inviter, envoyer ou informer.

Cette erreur n’est justifiée par aucun facteur physiologique, et elle s’explique par une mauvaise interprétation/connaissance des règles graphématiques concernant les nasales. Elle doit être évitée.

envoyer
inventer keskiä
en janvier
une invasion maahanhyökkäys
enfantin hyvin helppo
inviter
on vient
invalide
invariable muuttumaton
l’inversion toisinpäin kääntyminen
inférieur alempi
l’information
des investissements investoinnit
un infirmier sairaanhoitaja

Exercice 8 [9’17]

Nasalité de /ɑ̃/ et voyelle nasale devant /ʁ/. Ne pas pro­non­cer de /n/ parasite.

Nasalité de /ɑ̃/ : penser à pro­non­cer tous les /ɑ̃/ de façon bien nasale.

Les finnophones ont aussi tendance à pro­non­cer un /n/ devant /ʁ/. Comme dans l’exercice 7, il faut pro­non­cer la nasale sans /n/ parasite, par exemple genre [laji, suku] ne doit pas être pro­non­cé *ʒɑ̃ndʁ, parce que dans ce cas on peut comprendre « gendre » [vävy].

Dans les phrases négatives de l’exercice, le mot pas est omis (langue parlée).

une denrée (elin)tarvike
un renseignement tieto
enroué ääni käheänä
sans rien dire
le renflement kohouma
un enchantement lumo
de ce genre tällainen
Sans rancune ! Ei muistella pahalla!
en languissant riutua
le lancement heitto; laukaisu; lanseeraus
dans l’ensemble kaiken kaikkiaan
en ambulance ambulanssilla
On se téléphone ! Soitellaan!
On se déclare.
On se donne à fond. Mennään täysillä.
On se dispute. Riidellään.
On se voit demain. Huomiseen!
On se parle plus. Ei olla enää puheväleissä.

Exercice 9 [10’45]

Festival de voyelles nasales dans les chiffres français

Les noms de nombre en français contiennent beaucoup de voyelles nasales et sont un bon exercice de pro­non­cia­tion pour apprendre à différencier les nasales et à maintenir la nasalité dans toutes les voyelles nasales.

Les chiffres 21 à 29 ont un comportement particulier en ce qui concerne la prononciation.

Dans le mot vingt, le t n’est pas prononcé en finale absolue ou devant consonne, mais il se prononce devant voyelle :

Ils sont vingt. /vɛ̃/ Heitä on 20.
vingt /vɛ̃/ francs suisses
à vingt ans /vɛ̃tɑ̃/
20 € /vɛ̃tøʁo/
vingt-et-un /vɛ̃teɛ̃/

Cependant, dans certaines régions (grosso modo dans un arc nord-est, Belgique-Lorraine-Suisse) , vingt est fréquemment prononcé en finale absolue avec /t/ : nous sommes vingt /nusɔmvɛ̃t/.

Dans les chiffres 22, 23, 24, 25, 26, 27 et 29, le t se prononce, bien que dans ce cas il se trouve devant consonne, mais dans la prononciation courante il est réalisé comme un /n/ (par nasalisation de /t/, qui est le résultat d’une assimilation du mode articulatoire). Dans la prononciation soignée, le /t/ est généralement réalisé. On peut donc entendre prononcer  :

vingt-et-un /vɛ̃teɛ̃/
vingt-deux /vɛ̃dːø/ (avec /d/ long, par assimilation de sonorité), couramment /vɛ̃ndø/
vingt-trois /vɛ̃tːʁwa/, couramment /vɛ̃ntʁwa/
vingt-quatre /vɛ̃tkatʁ/, couramment /vɛ̃nkatʁ/
vingt-cinq /vɛ̃tsɛ̃k/, couramment /vɛ̃nsɛ̃k/
vingt-six /vɛ̃tsis/, couramment /vɛ̃nsis/
vingt-sept /vɛ̃tsɛt/ couramment /vɛ̃nsɛt/
vingt-huit /vɛ̃tɥit/ couramment /vɛ̃ntɥit/ (/t/ se maintient après le /n/)
vingt-neuf /vɛ̃tnœf/ couramment /vɛ̃ntnœf/ (/t/ se maintient après le /n/)

La pro­non­cia­tion du /n/ est aussi fréquente (mais moins systématique) selon la même distribution dans les nombres 32-39, 42-49, 52-59, 62-69, 70, 72-79.

Dans le discours audiovisuel, politique..., par désir de clarté, mais aussi par hypercorrectisme (pour éviter le /dː/ (d long) produit par l’assimilation de sonorité), on peut en­ten­dre pro­non­cer vingt-deux avec un petit ɶ de passage entre /t/ et /d/, vɛ̃tɶ (parfois même plus marqué et formant une syllabe supplémentaire /vɛ̃tɶdø/). Mais dans l’élocution normale, on pro­non­ce un /n/, /vɛ̃ndø/. Inversement, le mot vingt-neuf peut être prononcé régionalement vɛ̃nːœf (avec /n/ long résultant d’une assimilation).

cent-vingt-deux 122
cinquante-et-un 51
cent-vingt-trois 123
soixante-quinze 75
soixante-et-onze 171
cent-trente-cinq 135
cent-cinquante-cinq 151
quatre-vingt-quinze 95
cinq-cent-cinq 505
cinq-cent-onze 511
cinq-cent-soixante-et-onze 571
cinq-cent-soixante-quinze 575
cent-quatre-vingt-quinze 195
cinq-cent-quatre-vingt-onze 591

Exercice 10 [12’11]

Phrases diverses
Les noms de nombre contiennent beaucoup de nasales.
Ce sont d’excellents exercices de pro­non­cia­tion.
Il y avait une réception à l’ambassade pour la fête de l’indépendance.
Il y avait plus de cinq-cents invités !
J’ai reçu une invitation pour l’inauguration du nouveau musée.
Voilà une invitation qui ferait des envieux.
Il faut sensibiliser les débutants à l’importance de la pro­non­cia­tion.
La Finlande est un pays membre de l’Union européenne.
Les mangues sont importées des Antilles.
Nous irons passer nos vacances dans le Massif Central.
On peut y faire de belles randonnées.
ISBN 978-951-39-7388-9 © Jean-Michel Kalmbach 2018-2022 | Version 1.0