Les phonèmes fortement résistants sont des phonèmes qui demandent beaucoup d’effort et d’entrainement aux finnophones avant que ceux-ci arrivent à les prononcer systématiquement de façon appropriée. Ce ne sont pas du tout des phonèmes difficiles à prononcer quand ils sont isolés ou peu nombreux, mais il faut beaucoup de temps pour que leur prononciation devienne « automatique ». Ces phonèmes, /bdSg/
et /z/
sont caractérisés par leur sonorité [soinnillisuus], autrement dit, quand on les prononce, les plis vocaux [äänihuulet] vibrent.
Les consonnes /bdg/
existent aussi en finnois, mais elles sont généralement prononcées comme leurs équivalents non sonores /ptk/
, qui sont des consonnes douces (ni sonores, ni aspirées). Par rapport au finnois, la sonorité de /bdg/
en français est très forte, très caractéristique et, avec /z/
elle contribue pour une très grande part (80%) à donner l’impression d’une prononciation « française ». C’est donc sur les consonnes /bdgz/
/ que les enseignants et les manuels de français devraient concentrer l’attention et les efforts au début et tout au long de l’apprentissage de la prononciation.
si une de ces consonnes est prononcée sans être suffisamment sonore, même si tout le reste est parfaitement prononcé. Inversement, si on prononce une séquence en faisant quelques erreurs sur des voyelles, mais que les consonnes sonores sont prononcées très sonores, le francophone ne remarque pas forcément d’erreur.
/b d g/
Les occlusives [klusiilit] sont des consonnes qu’on prononce en fermant la bouche (occlusion signifie « fermeture ») un petit moment ; quand on prononce une occlusive longue comme en finnois seppä ou en français une coupe parfaite, on garde la bouche fermée plus longtemps que pour une consonne brève, puis on ouvre la bouche. En français, quand on prononce un /b/
, on ferme la bouche et en même temps on fait vibrer les plis vocaux. Cette vibration continue aussi après qu’on a ouvert la bouche. Il faut donc retenir deux points importants :
/b/d/g/
;Dans le cas de /b/
, on peut sentir facilement la bouche qui se remplit d’air et les joues qui se gonflent [pullistua]. Cet air est libéré brusquement quand on prononce le /b /
. La consonne / d/ /
se prononce selon le même mécanisme, mais il y a moins de place pour emmagasiner [kerätä, varastoida] l'air. Il faut donc réellement faire un effort volontaire pour « mettre en marche » la vibration des plis vocaux à temps, avant de prononcer le /d/
.
/d/
. Le /d/
du finnois n’est pas une consonne sonore très forte et n’aide pas vraiment à prononcer le /d/
français. La consonne /d/
est une occlusive sonore : cela signifie que pour la prononcer
L’important pour prononcer /d/
, c’est de faire vibrer les plis vocaux. Toute autre manière d’essayer de prononcer /d/
, avec un petit souffle ou un petit /ʒ/
est inutile si on ne fait pas vibrer les plis vocaux.
/bʁ dʁ gʁ/
Le fait de commencer à faire vibrer les plis vocaux avant de prononcer une occlusive sonore est très important aussi pour arriver à prononcer correctement les groupes /bʁ dʁ gʁ/
, comme dans grand, à droite, briser, drôle etc. Il faut aussi faire attention à ne pas prononcer un /ʁ/
trop sourd (sans vibration des plis vocaux), sinon l’occlusive devient sourde aussi. Pour bien prononcer ces groupes, il faut se concentrer avant tout sur la sonorité de /b/
(ou d, g) et pas sur le /ʁ/
, qui peut être assez faible. De tels groupes sont fréquents en français dans de nombreux mots, qui changent de sens si on ne les prononce pas sonores : grain/crin, gris/cri, grotte/crotte, droit/trois, cran/grand etc.
/z/
Les finnophones n’ont en général aucune difficulté à prononcer s sonore. Le problème est plutôt que, même quand ils savent le prononcer, ils oublient souvent de prononcer tous les /z/
dans une séquence où il y en a plusieurs. Et, malheureusement, même si le phonème /z/
n’est pas la consonne la plus fréquente du français (seulement environ 1,5% de toutes consonnes), c’est l’une de celles dont la prononciation est la plus importante : un francophone remarque immédiatement un /z/
qui n’est pas prononcé sonore (donc sous la forme /s/
). C’est, peut-être encore plus que /bdg/
, un véritable marqueur de sonorité du français, et le signe d’une bonne qualité de la prononciation. On le remarque particulièrement dans la liaison, où /z/
est l’expression du pluriel : ces amis, de petits enfants, vous êtes d’accord, ils ont raison. Il faut donc s’entrainer suffisamment pour que la prononciation de /z/
devienne automatique, « inconsciente » presque. Pour certaines personnes, cela peut demander beaucoup d’effort et prendre beaucoup de temps.