Les règles concernant la chute ou le maintien de /ɶ/
sont expliquées de façon détaillée p. 8. Les exercices de cette section servent à s’entrainer à imiter la langue courante, surtout pour être capable de reconnaitre certains groupe phoniques courants dans la langue parlée.
Savoir produire avec facilité et naturel les combinaisons phoniques typiques de la langue parlée demande une longue pratique du français oral. Si on n’a pas cette longue pratique, il vaut mieux être prudent : quand on n’est pas absolument sûr que le /ɶ/
ne se prononce pas, il vaut mieux le prononcer (sauf dans les cas où la suppression est obligatoire, en fin de mot et dans la 2e ou 3e etc. syllabe, ci-dessous Exercice 1). Si vous prononcez tous les /ɶ/
prononçables, cela se remarquera nettement moins que si vous supprimez des /ɶ/
qu’il faudrait conserver.
On ne prononce le e qui se trouve au moins dans la 2e syllabe (ou 3e, 4e etc.) syllabe d’un mot
dangereux /dɑ̃ʒʁø/
, médecin /med̥sɛ̃/
, au-dessus /od̥sy/
,
acheter /aʃte/
, amener /amne/
, promenade /pʁɔmnad/
, nous appelons /nuzaplõ/
, revenu /ʁɶvny/
, carrefour /kaʁfuʁ/
, développer /devlope/
, droguerie /dʁɔgʁi/
, braderie /bʁadʁi/
, lingerie /lɛ̃ʒʁi/
e dans la 3e syllabe : extrêmement, complètement, dérangement, entretenu /ɑ̃tʁɶtny/
e dans la 4e syllabe : renouvèlement, dédommagement, développement
Dans le mot développement, on a un e dans la 2e et la 4e syllabe. Ils tombent tous les deux et le mot n’a que 3 syllabes au total : développement /devlɔpmɑ̃/
Pour les mêmes raisons, on ne prononce pratiquement jamais l'e du radical des verbes du premier groupe (en -er) au futur ou au conditionnel :
sauterai /sotʁe/
, marcherai /maʁʃʁe/
, achètera /aʃᴇtʁa/
, aimerais /ᴇmʁᴇ/
, accorderais /akɔʁdʁᴇ/
etc.
Dans cet exercice, les e non prononcés à l’intérieur d’un mot sont en gris.
Après voyelle à l’intérieur d’un mot, p. ex mots en voyelle +ement, la lettre e ne se prononce pas :
aboiement /abwamɑ̃/
[haukunta] (et non */abwaɶmɑ̃/
), chatoiement /ʃatwamɑ̃/
[välke], dénouement /denumɑ̃/
[ratkaisu]
Le e ne se prononce évidemment pas non plus à la fin des mots après voyelle (dans cette position il ne se prononce normalement pas du tout) :
ils se déploient /deplwa/
, le ciel rougeoie /ʁuʒwa/
, la route /poudroie/
pudʁwa, ça signifie /sasinjifi/
, ils skient /ski/
, tu joues /ʒu/
, elles renouent /ʁɶnu/
etc.
Attention au futur des verbes avec radical vocalique (jou-er, cri-er, ski-er, tu-er etc.), ne pas prononcer ɶ (erreur fréquente !) : jouera /ʒuʁa/
, créera /kʁeʁa/
, triera /tʁiʁa/
, nouera /nuʁa/
, tuerais /tyʁᴇ/
etc.
De nombreux groupes de mots forment des noms composés ou des expressions figées dans lesquels l’e de la préposition de n’est pratiquement jamais prononcé, même dans une prononciation soignée (voir une liste plus complète à la fin de l’exercice). La chute de e entraine aussi des phénomènes d’assimilation et, dans la prononciation, le résultat final à l’oreille est parfois assez éloigné de la forme « complète » écrite. L’apprenant FLE a donc intérêt à apprendre la prononciation de ces groupes comme un seul « bloc », sans prononcer le e, et avec les groupes de consonnes nouvelles résultant de l’assimilation.
/dɑ̃lfõ/
oikeastaan/kutpje/
potku/kutpwɛ̃/
nyrkinisku/odʒavɛl/
kloorivesi/odvi/
viina/gʁɛ̃tsabl/
hiekanjyvä/gʁɛ̃tsɛl/
suolarae/pɛ̃tsɛgl/
ruisleipä/ptibutʃu/
pieni palleroinen
/pwɛ̃tsytyʁ/
ommel (haavassa)/køtʃval/
poninhäntä/ʁadmaʁe/
hyökyaalto/skitfõ/
maastohiihto/skitpist/
laskettelu/tultɑ̃/
jatkuvasti/abutsufl/
hengästynyt/kõbjɛ̃tfwa/
kuinka usein/ptitapti/
vähitellen
Noms composés :
un accident de chemin de fer /aksidɑ̃tʃmɛ̃tfɛʁ/
[rautatieonnettomuus]
un accident de voiture /aksidɑ̃dvwatyʁ/
[liikenneonnettomuus]
un agent de change /aʒɑ̃tʃɑ̃ʒ/
[pörssimeklari]
un bras de fer /bʁatfɛʁ/
[kädenvääntö]
le chemin de fer /ʃmɛ̃tfɛʁ/
[rautatie]
un coup de pied /kutpje/
[potku]
un coup de poing /kutpwɛ̃/
[nyrkinisku]
un coup de tête /kutːɛt/
[päähänpisto]
un coup de tonnerre /kutːonɛʁ/
[ukkosenjyrähdys; uutispommi]
l’eau de Javel /odʒavɛl/
[kloorivesi]
l’eau-de-vie /odvi/
[viina]
un grain de sable /gʁɛ̃tsabl/
[hiekanjyvä]
un grain de sel /gʁɛ̃tsɛl/
[suolarae]
un lopin de terre /lopɛ̃tːɛʁ/
[maatilkku]
un nid de poule /nitpul/
[kuoppa (tiessä)]
du pain de seigle /pɛ̃tsɛgl/
[ruisleipä]
un pas de vis /padvis/
[ruuvin kierre]
un petit bout de chou /ptibutʃu/
[pieni palleroinen]
un point de suture /pwɛ̃tsytyʁ/
[ommel (haavassa)]
une queue de cheval /køtʃval/
[poninhäntä]
un raz-de-marée /ʁadmaʁe/
[hyökyaalto]
le ski de fond /skitfõ/
[maastohiihto]
le ski de piste /skitpist/
[laskettelu]
Expressions diverses :
tout le temps /tultɑ̃/
[jatkuvasti]
à bout de souffle /abutsufl/
[hengästynyt]
pas de problème ! /patpʁoblɛm/
[ookoo, kaikin mokomin]
pas de chance ! /patʃɑ̃s/
[harmillista!]
pas de doute /padːut/
[aivan varmasti]
en bout de table /ɑ̃butːabl/
[pöydän päässä]
combien de fois /kõbjɛ̃tfwa/
[kuinka usein]
il n’y a pas de quoi /ilnjapatkwa/
ou /japatkwa/
[ei kestä!]
petit à petit /ptitapti/
[vähitellen]
un(e) petit(e) ami(e) /ptitami/
[poikaystävä (tyttöystävä)]
Normalement, on ne prononce pas un e qui se trouve dans la 2e syllabe du mot (ou après), mais dans la langue parlée, on supprime également assez souvent un e qui se trouve dans première syllabe du mot. Il est impossible de donner des règles précises à ce sujet, cette suppression dépend de la situation de communication (officielle, familière etc.), de la vitesse de parole et des habitudes personnelles.
Dans les mots monosyllabiques comme je, te, se, le, de, ne, que e s’élide [heittyy] régulièrement devant voyelle : j’écoute, il t’aime, on s’habille, l’écran etc. Dans la langue parlée, e s’élide également devant consonne ; ces mots se réduisent alors à une simple consonne : chez le dentiste /ʃᴇldɑ̃tist/
, je discute /ʒdiskyt/
, je pense /ʃpɑ̃s/
, je te dis /ʃtɶdi/
, ça me dérange /samdᴇʁɑ̃ʒ/
, on se revoit /õsʁɶvwa/
, il te le dit /itlɶdi/
, dans ce cas /dɑ̃ska/
, le livre que vous avez commandé /lːifkvuzavᴇkomɑ̃de/
, il faut que tu partes /ifoktypaʁt/
etc.
Apprendre à supprimer les e à bon escient [sopivasti, oikeaan aikaan] nécessite un bain linguistique prolongé. L’objectif de cet exercice n’est pas d’apprendre à parler systématiquement de cette manière (se rappeler les conseils de prudence, et c’est de toute façon impossible en si peu de temps), mais plutôt d’entendre et de répéter deux ou trois fois ces phrases telles qu’on pourrait les entendre dans la langue parlée et de se rendre compte des changements qui se produisent par rapport à la langue écrite.
Voir commentaires exercice 4 ci-dessus.
Dans les mots terminés par consonne+re/le, on prononce /ɶ/
final dans la prononciation soignée [huoliteltu] : l’autre livre /lotʁɶlivʁ/
(pas */lotʁlivʁ/
), une table bleue /yntablɶblø/
(pas */yntablblø/
). Dans la langue parlée, au lieu de prononcer cet e, on supprime le l ou le r, ce qui permet d’« économiser » une syllabe :
notre cadeau → not- cadeau /nɔtkado/
une autre question → une aut- question /ynotkɛstjõ/
une table blanche → une tab- blanche /yntabːlɑ̃ʃ/
C’est ce qu’on appelle l’apocope (suppression d’un élément à la fin d’un mot). C’est un phénomène tout à fait courant dans la langue parlée. L’apocope n’est pas la marque d’un style vulgaire. Si on soigne son élocution (lecture d’un texte, discours, conférence etc.), on maintient e dans cette position. Dans les autres cas, c’est l’apocope qui est la règle. Il est utile de s’y entrainer un peu, car la suppression de /l/
ou de /ʁ/
, avec en plus l’assimilation de sonorité, crée des suites de phonèmes nouvelles qu’il faut savoir reconnaitre.
La suppression de le ou re se produit aussi à l’intérieur des mots (il s’agit alors à proprement parler d’une syncope) :
autrefois /otfwa/
, tremblement de terre /tʁɑ̃bmɑ̃tːɛʁ/
/ɑ̃tladːɑ̃/
/lodʒuʁ/
/mɛdːotɛl/
/mɛdːis/
/õvaatɑ̃tsõʁtuʁ/
/st/
devant voyelle : c’est affreux /stafʁø/
;/st/
devant voyelle : cette idée /stide/
;/stɶ/
devant consonne (familier) : cte (= ce) truc /stɶtʁyk/
, cte (= cette) confiote /stɶkõfjɔt/
;/ste/
devant voyelle et devant consonne ; j’étais → /ʃte/
devant voyelle et devant consonne ; devant voyelle, il n’y a donc plus de liaison avec /t/
: il faut bien soigner l’enchainement vocalique.
Combinaison des exercices précédents. Dans ces phrases, s’efforcer de faire tomber tous les e indiqués en gris pour imiter la langue parlée.
/ʃkʁwaksːʁε/
trop cher./i/
devant consonne. Cet i est souvent transcrit y, il ne faut donc pas le confondre avec le pronom y ; au pluriel, on prononce /iz/
;/ʃɥi/
; celui > /sɥi/
(souvent écrit çui) ; je lui > /ʒɥi/
;/kɛs/
devant consonne (qu’est-ce tu veux, qu’est-ce ça donne) ;/kekʃoz/
; /ptɛt(ʁ)/
; contraction de déjà en /dʒa/
;/sɥikadisa/
; /py/
(chute de l) : je ne veux plus de café = /ʒvøpytkafe/
/tedʒala/
/fokʃtɶdiz/
Tuota... kuules.../tadiktetepala/
/foptɛdgʒɥidiz/
Ehkä mun pitää kertoa sille.Ces phrases sont à lire d’abord sans supprimer d’éléments, puis à la manière de la langue parlée.
/stamyzɑ̃kidːisːa/
[6 syllabes]/sidːikʃɥipalasᴇksᴇvʁᴇ/
[8 syllabes]/tᴇpakapaptːɶtɛʁ/
[6 syllabes]/tɑ̃tɑ̃skidːi/
[4 syllabes]/ptᴇdgʒɥidiʁjɛ̃/
. [4 syllabes]