Ces phonèmes sont tous des voyelles orales, c’est-à-dire des voyelles qui ne sont pas des voyelles nasales. Elles ont presque toutes des correspondants directs en finnois, où leur prononciation est assez proche de celle du français. La différence entre les voyelles en français et en finnois n’est pas très grande, ce qui peut parfois aussi être un inconvénient : on ne pense pas toujours à faire l’effort de les prononcer un peu autrement, suffisamment « à la française ».
Le fait de prononcer ces voyelles de façon trop « finnoise » n’entraine généralement pas d’erreurs de compréhension. Cependant, bien labialiser /o/
permet de mieux le distinguer de sa version nasale /õ/
. L’opposition bon/beau, mon/mot peut en effet poser des problèmes aux apprenants finnophones. À cause d’une mauvaise pharyngalisation des voyelles nasales en général, si /o/
n’est pas nettement labialisé, la différence la différence entre /õ/
et /o/
peut paraitre très faible à l’oreille et provoquer des confusions.
On parle couramment de voyelles ouvertes [väljä] ou fermées [suppea]. Cela ne signifie pas qu’on prononce certaines voyelles en ouvrant la bouche plus grand ou en la fermant plus que pour d’autres voyelles. L’aperture [väljyys] est la distance entre la langue et le palais [kitalaki] :
/i/
, le passage entre la langue et le palais est plus réduit [kapea], plus « fermé ». C’est pour cette raison qu’on appelle /i/
une voyelle fermée ;/a/
ou /æ/
(finnois pää), le passage entre la langue et le palais est plus grand, plus ouvert. C’est pour cette raison qu’on appelle /a/
une voyelle ouverte.Il y a un lien entre l’aperture et la forme des lèvres. Plus l’aperture est petite, plus l’ouverture des lèvres est petite. Quand la langue se rapproche du palais, la bouche forme un rond plus petit dans le cas des voyelles labialisées. Un /u/
(faible aperture) est donc un peu plus labialisé qu’un /o/
(aperture moyenne), en français comme en finnois.
i a e
Trois caractéristiques différencient ces voyelles de leurs équivalents en finnois :
i/a/e
, les lèvres sont plus écartées en direction de la commissure des lèvres [suupielet]] qu’en finnois. On pourrait dire aussi que ces voyelles sont plus « écrasées » [puristettu] : l’ouverture de la bouche est plus aplatie qu’en finnois ;i/a/e
en finnois ; ces voyelles sont donc plus tendues, plus « énergiques » qu’en finnois. La prononciation du finnois (et des voyelles finnoises) n’est pas très tendue en général, il faut donc faire un effort pour s’y habituer.Dans les langues germaniques, on a par exemple des voyelles tendues [tiukka] comme dans le suédois sida ou l’anglais seed et des voyelles relâchées [höllä], comme dans le suédois sitta et l’anglais sit. Le /i/
français rappelle les /i/
tendus de ces deux langues.
y ø o u
Les voyelles labialisées sont des voyelles qu’on prononce en avançant les lèvres et en formant avec la bouche une sorte de rond (pour cette raison, on les appelle aussi des voyelles « arrondies »). En finnois, les voyelles correspondantes sont également labialisées, mais moins qu’en français, parce qu’en français, les voyelles y/ø/o/u
sont plus fermées qu’en finnois, et donc elles sont aussi plus labialisées. Mais la fermeture est aussi un trait important auquel il faut faire attention.
Le phonème /o/
est la voyelle labialisée qu’il faut surveiller le plus. En finnois, il y a un seul phonème /o/
, qui est généralement assez peu labialisé et moyennement fermé. Il peut même être assez ouvert (dans des diphtongues comme juoda ou nuo, ou le verbe on). La difficulté (relative) pour les finnophones est double : /o/
doit être plus labialisé, mais aussi toujours plus fermé qu’en finnois : pato / bateau, alkovi / alcôve. Série 6.
ɛ ɔ œ
La voyelle /ɛ/
a un équivalent assez proche en finnois, /æ/
, qui est cependant légèrement plus ouvert (pää /père) et prononcé un peu plus vers l’arrière de la bouche 8.8 et 8.9. Les voyelles /ɔ/
et /œ/
ne sont pas des phonèmes du finnois, mais on les rencontre comme variantes des voyelles fermées correspondantes /o/
et /ø/
, par exemple /ɔ/
dans des diphtongues comme tuoda ou tuolla, et /œ/
dans söin. En général, le degré d’aperture de ces voyelles ne pose pas de problèmes, car cette aperture est variable et ne joue pas de rôle distinctif. Le seul cas où il faut faire attention à prononcer une voyelle nettement ouverte, c’est quand elle est en finale, et en particulier devant /ʁ/
: terre, port, cœur. 8.7.
Il faut également faire attention à la synérèse et diérèse, en particulier dans le cas de /ɛ/
. 8.10, 11.4.