En finnois, il y a un assez grand nombre de phonèmes qui ont des équivalents en français et qui ne posent aucun problème aux apprenants finnophones (alors qu’ils peuvent être source de difficultés pour les apprenants parlant d’autres langues). Certains phonèmes sont
p t k m n ŋ f v j
;s l w
.■ Occlusives sourdes p/t/k
. Dans sa réalisation parlée courante, le finnois ne connait pas de véritable opposition entre occlusives sourdes p/t/k
et occlusives sonores b/d/g
. Toutes les occlusives sont habituellement réalisées sans vibration des plis vocaux et sans aspiration, c’est-à-dire comme les occlusives sourdes en français. Cela pose des problèmes dans l’apprentissage de la prononciation de b/d/g
, mais inversement, pour les finnophones, la prononciation de p/t/k
en français ne nécessite aucun effort particulier.
■ Consonnes nasales m/n/ŋ
. Ces consonnes nasales existent aussi en finnois et leur prononciation ne diffère pas de celle des consonnes correspondantes en français.
/ŋ/
est employé différemment en finnois et en français.En finnois, le graphème gn se prononce /ŋn/
: magneettinen maŋneːtːinen
, kognitiivinen koŋnitiːvinen
etc. Pour cette raison, les finnophones ont tendance à prononcer par erreur les mots français comportant ce graphème avec un /ŋn/
, surtout dans les mots qui existent dans les deux langues, comme signal/signaali, magnétique/magneettinen etc. Il faut donc faire attention à bien interpréter/prononcer le graphème gn, qui correspond habituellement à /nj/
: manjetik
et non pas *maŋnetik
, sinjal
et non pas *siŋnal
etc.
Dans certains mots, en particulier le mot cognitif mentionné ci-dessus, le graphème gn ne se lit pas comme /nj/
, mais comme /gn/
. Voir Phonèmes et graphèmes du français.
■ Consonnes /f/v/
. Même si /f/
n’est pas à l’origine une consonne du système phonétique du finnois, il est tout à fait banal dans la langue moderne. Ces deux consonnes sont prononcées de façon identique en français.
■ Semi-consonne /j/
. Le phonème /j/
ne pose pas vraiment de problème aux finnophones, puisqu’il existe aussi en finnois. Le seul cas auquel il faut faire attention est celui où il précède un /i/
comme dans bouillie buji
ou chantilly ʃɑ̃tiji
. 14.10.
Ces phonèmes sont assez proches de leurs équivalents en finnois, malgré certaines légères différences. S’ils sont « mal » prononcés, un francophone peut le remarquer, mais cela ne provoque aucune erreur de compréhension.
■ La consonne sifflante /s/
existe aussi en finnois, où sa prononciation peut varier entre un /s/
très net et parfois un son qui rappelle un peu /ʃ/
. Le /s/
français doit être prononcé très net, très tendu et serré, comme ce qu’on appelle « terävä s » en finnois. Pour obtenir cet /s/
, il faut que les côtés de la langue soient pressés entre les dents.
Par défaut, les finnophones ont tendance à prononcer toutes les consonnes ʃsʒz
comme un /s/
. Quand ils veulent prononcer un /s/
, cet /s/
est donc toujours « bien, prononcé » et interprété comme /s/
par un francophone, même s’il n’est pas très tendu et serré. Malgré cela, apprendre à prononcer /s/
à la française a une grande importance, car cela permet d’apprendre à faire la distinction avec /ʃ/
: on peut apprendre à bien prononcer un /ʃ/
seulement quand on sait bien prononcer /s/
.
■ Le mécanisme de prononciation de /l/
est en principe le même en finnois et en français. Il y a cependant une différence assez importante : en finnois, quand /l/
est au contact de voyelles d’arrière (a/u/o
), la partie arrière de la langue a tendance à toucher le voile du palais. Le /l/
est alors vélarisé et correspond au phonème transcrit /ɫ/
, ce qui donne une teinte « sombre » au /l/
(en finnois, on parle de « tumma l »). Devant les voyelles d’avant i/y/e/æ/ø
, le /l/
finnois se prononce de la même manière qu’en français, le dos de la langue ne remonte pas, le son est plus clair (en finnois, on parle de « heleä l »). En français, /l/
n’est jamais prononcé vélaire (avec un contact de la langue contre le voile du palais), il correspond toujours au « heleä l » du finnois. 11.3.
■ Le phonème /w/
est connu de tous les finnophones, puisque tous ont appris l’anglais, où ce phonème existe aussi (what, woman etc.). En finnois, il ne constitue pas un phonème, mais on le trouve parfois dans certaines diphtongues suivies de voyelles (par exemple dans hauis). Malgré cela, les finnophones ont assez souvent tendance à prononcer /w/
trop près de /y/
(poire prononcé presque *pɥaʁ
). Il faut prononcer ce phonème en articulant comme pour prononcer /u/
et en labialisant fortement. 14.1-14.3.