Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones

  Index alphabétique

Le comparatif

Les degrés de comparaison

Le comparatif

Place de l’adjectif ou
de l’adverbe comparatif

Adverbes d’intensité
renforçant le comparatif

Le com­plé­ment du comparatif

Erilainen kuin, samanlainen kuin

Les degrés de com­pa­rai­son

On distingue en fran­çais parmi les ad­jec­tifs et les ad­ver­bes trois degrés (ver­tai­lu­muo­to, komparaatiojohdos) de com­pa­rai­son :

On distingue éga­le­ment trois types dif­fé­rents de com­pa­ra­tif, selon le rapport entre les élé­ments com­pa­rés :

Les élé­ments in­tro­duit par que sont gé­né­ra­le­ment dé­fi­nis com­me le com­plé­ment du com­pa­ra­tif. Toutes ces termes sont utiles pour dé­si­gner les dif­fé­ren­tes for­mes, mais n’ont pas réellement une grande importance dans l’ap­pren­tis­sa­ge du FLE par les fin­no­pho­nes, puis­que des for­mes et des mécanismes équi­va­lents se retrouvent en fin­nois éga­le­ment.

Le com­pa­ra­tif

Formes de base

Le com­pa­ra­tif se for­me en plaçant l’ad­ver­be plus, aus­si ou moins devant l’ad­jec­tif, et en ajou­tant que devant l’élé­ment qui est le com­plé­ment du com­pa­ra­tif. La com­pa­rai­son peut porter sur divers cons­ti­tuants du dis­cours : ad­jec­tifs, ad­ver­bes ou mê­me noms (utilisés en fonc­tion d’ad­jec­tif). Dans les phra­ses né­ga­ti­ves, aus­si… que peut être rem­pla­cé par si… que :

Elle est plus sportive que son frère.  Le com­pa­ra­tif d’infériorité s’em­ploie plus fré­quem­ment en fran­çais qu’en fin­nois.  J’ai fait un rêve aus­si inquiétant qu’é­tran­ge.  Le coffre de ma nouvelle voiture est moins grand que celui de la pré­cé­den­te.  Ce film est aus­si intéressant que divertissant !  Ce n’était pas si dif­fi­ci­le que ça !  En roulant moins vite que nous, ils sont quand mê­me arrivés aus­si tôt que nous.  Je ne vais pas tarder à essayer cette recette de tajine, moi qui suis plus poisson que viande. [« je suis plus amateur de poisson que de viande »].

Dans le style littéraire, on peut aus­si uti­li­ser si avec une valeur com­pa­ra­ti­ve (« aus­si ») dans les cons­truc­tions in­ter­ro­gatives : Y avait-il rien de si beau que ce spectacle ?

En fin­nois, le com­pa­ra­tif d’infériorité (vähemmän… kuin) est peu utilisé, alors qu’en fran­çais, la com­pa­raison avec moins est cou­rante. Pour les fin­no­pho­nes, habitués à uti­li­ser gé­né­ralement le com­pa­ra­tif de supériorité, il faut une cer­tai­ne pra­ti­que de la langue pour s’accoutumer à uti­li­ser le com­pa­ratif d’infériorité avec moins. Le choix entre plus petit et moins grand ou bien entre il fait plus frais et il fait moins chaud dépend du point de vue et de la situa­tion (et par ex­em­ple du caractère optimiste ou pes­si­mis­te de l’af­firmation). En général, on peut dire qu’on peut uti­li­ser le com­pa­ra­tif en moins quand en fin­nois on dit ei yhtä … kuin ou ei enää niin … kuin :

Éric est moins grand que son frère. Éric ei ole yhtä pitkä kuin veljensä. Aujourd’hui, il a fait moins chaud qu’hier. Tänään ei ollut yhtä kuumaa kuin eilen.

Aussi… que, autant… que

Le com­pa­ra­tif d’égalité s’ex­pri­me avec l’ad­ver­be aus­si (yhtä) devant un adjectif ou un ad­ver­be (a), ou autant en fonc­tion d’ad­ver­be ou de pro­nom (b). Autant peut aus­si se combiner avec de pour for­mer un dé­ter­mi­nant com­po­sé de quan­tité  (c) :

(a) Le fin­nois n’est pas aus­si dif­fi­ci­le qu’on le dit gé­né­ra­le­ment.  La guérison ne pro­gres­sait pas aus­si rapidement qu’espéré. Cette règle permet de résumer et d’expliquer tout le fatras antérieur aus­si clairement que sim­ple­ment. 

(b) Il ne pleut plus autant qu’hier.  Nous comptions collecter 10 000 euros, mais nous n’en avons pas eu autant.

(c) Le chercheur déplorait de n’avoir pas obtenu autant de ré­pon­ses à son ques­tion­nai­re qu’il l’aurait souhaité. Le thème « la Ville mise en lumière » n’a pas re­cueil­li autant de succès auprès des étudiants en architecture que cer­tains thè­mes abordés les années pré­cé­den­tes.

Erreur à éviter  : en fin­nois, autant a pour équi­va­lent yhtä paljon (…) kuin, mot à mot « aus­si beau­coup que ». Malheureusement, en fran­çais les for­mes *aus­si beau­coup que ou *aus­si beau­coup de sont agram­ma­ti­cales. L’équi­va­lent fran­çais est tou­jours une for­me avec autant : autant que/ autant de, pas autant que/ pas autant de.

Adver­bes utilisés avec un ver­be

Comme en finnois, on peut aus­si uti­li­ser les adver­bes com­pa­ra­tifs plus, moins, au­tant avec des ver­bes (en finnois, l’utilisation de vähemmän « moins » est normale dans ce cas, contrairement au com­pa­ra­tif d’infériorité de l’adjectif) :

Nos solutions pour vendre plus et mieux ! Vauban constatait en 1694 qu’il pleu­vait plus à Lille qu’à Paris. Quand on était plus jeunes, en été on sillonnait les routes de France en voiture, maintenant on roule net­te­ment moins. Nous au­rions beau­coup de temps si nous n’en perdions pas autant. Sa nouvelle voiture réputée écologique ne consomme pas moins que la mienne qui a déjà cinq ans. Ce placement n’a pas produit autant qu’on le pensait.

Dans cet emploi, l’adver­be peut aus­si être interprété comme un pronom in­dé­fi­ni de quan­tité com­plé­ment du ver­be, mais on l’uti­li­se de la mê­me ma­niè­re qu’un adjectif.

Davantage

a. Le mot plus avec un sens com­pa­ra­tif est sou­vent remplacé par davantage, surtout dans le code écrit, de style administratif, politique, commercial (dans le fran­çais parlé et la conversation cou­ran­te, on l’uti­li­se rarement et il serait un peu sur­pre­nant) :

Nos solutions pour vendre davantage ! Dans cette par­tie théorique, nous nous intéresserons davantage aux aspects linguistiques. Cette nouvelle mise en page vi­se à donner davantage au texte l’allure éditoriale d’un ouvrage de consultation. Face aux variants du Covid-19, l’UE veut en­co­re davantage réduire les dé­pla­ce­ments en Europe.

À l’origine, davantage s’utilisait surtout seul après un ver­be. Progressivement, il a commencé à être employé comme un com­pa­ra­tif pouvant recevoir un com­plé­ment (davantage que…), et mê­me comme un groupe déterminant in­dé­fi­ni de quantité davantage de équivalent à plus de + nom (il était senti comme une for­me plus « re­cher­chée » ou moins banale de plus). Ces deux emplois ont longtemps été critiqués par les puristes, mais ils sont aujourd’hui solidement implantés dans le fran­çais écrit cou­rant et l’immense majorité des francophones n’y perçoit rien d’ex­cep­tion­nel ou de fautif :

L’impôt sur la fortune immobilière a rapporté davantage que prévu en 2019. Afficher davantage d’informations sur la dernière mise à jour installée. Nous misons sur la grotte Chauvet, nous ne voulons pas davantage de touristes. Ils ont obtenu quelques concessions, mais ils en demandent en­co­re davantage (en… davantage = davantage de concessions) Il n’en savait pas davantage. Je ne vous en dirai pas davantage.

b. En revanche, on ne peut pas uti­li­ser davantage suivi d’un adjectif à la place de plus pour ex­pri­mer un com­pa­ra­tif de supériorité : *c’est davantage intéressant, *cette solution est davantage pra­ti­que que l’au­tre. Malgré cela, comme on peut s’y attendre, on trouve de nom­breux cas de cet emploi sur Internet, par exemple *Nous avons pensé que le tableau pourrait être davantage utile si nous le ren­dions interactif. Dans le code écrit strict, cet emploi est (pour l’instant) perçu com­me fautif et non recevable.

Devant un par­ti­ci­pe, davantage est senti comme net­te­ment moins agram­matical (Je suis davantage intéressée par les phénomènes récursifs), car dans ce cas il por­te sur le ver­be (dans cet exemple, le présent du passif d’intéresser). Dans le code écrit strict, il vaut ce­pen­dant mieux uti­li­ser plus.

c. À la for­me né­ga­ti­ve, pas davantage si­gni­fie « pas plus » (ei enää) (a), ou « pas non plus » (ei myöskään) (b), ce dernier n’étant pas à proprement parler un com­pa­ra­tif :

(a) Cette situation est intolérable, elle ne peut durer davantage. [TLFi] Est-ce que ça ne vous grattouille pas davantage quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette ? [TLFi]

(b) Le conseil des ministres n’a pas davantage entériné le souhait du patronat d’al­lon­gement de durée des cotisations. Nietzsche ne croit pas davantage que l’« in­tui­tion » soit une qualité propre à l’artiste.

Remar­ques : ne pas confondre pas davantage (ei enemmän, ei sen enempää) avec pas d’a­van­ta­ges (ei etuja). On n’uti­li­se pas non plus la combinaison davantage d’avantages (li­sää/enem­män etuja) – sauf par plaisanterie, éven­tu­el­le­ment.

Com­pa­ra­tifs irréguliers

Certains adjectifs et ad­ver­bes ont un com­pa­ra­tif de supériorité régulier et un au­tre, irrégulier. Bon et bien ont seu­le­ment un com­pa­ra­tif irrégulier. Quand il exis­te une for­me régulière et une for­me irrégulière, celle-ci a un sens légèrement dif­fé­rent du com­pa­ra­tif régulier.

adjectiffin­noiscom­pa­ra­tiffin­nois
bonhyvämeilleurparempi
petitpieniplus petitpienempi
petitvähäinenmoindrevähäisempi
mauvaishuonoplus mauvaishuonompi
mauvaispahapirepahempi
bienhyvinmieuxparemmin
malhuonostiplus malhuonommin
malpahastipirepahemmin
Bon / meilleur

L’ad­jec­tif bon a un com­pa­ra­tif irrégulier, meilleur(e); le com­pa­ra­tif régulier *plus bon ne s’uti­li­se pas :

Cette route de terre est meilleure que cer­tai­nes départementales goudronnées.  Cette glace est meilleure que la tienne.

L’ad­jec­tif com­po­sé bon marché (halpa) devient meilleur marché (halvempi). Com­me le positif de cet ad­jec­tif, le com­pa­ra­tif est invariable :

Les raisins sont meilleur marché en automne, mais les grenades ne sont jamais bon marché. 

Petit, mauvais, moindre/pire

Les ad­jec­tifs petit ja mauvais ont une for­me de com­pa­ra­tif régulier et aus­si une for­me irrégulière :

plus petit / moindre, plus mauvais / pire

Les for­mes irrégulières ont un sens légèrement dif­fé­rent du com­pa­ra­tif régulier for­mé avec plus :

petit : plus petit pienempi, moindre vähäisempi
mauvais : plus mauvais huonompi, pire pahempi

Le com­pa­ra­tif moindre a le sens de « moins im­por­tant », « moins grave » (vähä­pä­töi­sem­pi, vä­hem­män tär­keä). Il ne cor­res­pond pas à plus petit mais plutôt à moins grand. On l’uti­li­se es­sen­tiel­lement dans le code écrit :

un pouvoir d’achat moindre pienempi ostovoima La croissance pour le deuxième trimestre serait moin­dre que prévu.  Les tests applicatifs montrent qu’en pra­ti­que, les écarts sont moindres que dans les tests spécifiques.

La for­me moindre s’uti­li­se éga­le­ment dans la langue cou­rante dans cer­tai­nes ex­pres­sions :

un moindre mal pienempi paha à moindres frais pienemmin kustannuksin, vä­hem­mäl­lä [vaivalla] de moindre importance vähäpätöisempi de moindre qualité huonompi­laatuinen

Le com­pa­ra­tif pire s’em­ploie à la place de plus mauvais dans deux cas :

a) en parlant de personnes, avec une nuance morale (mê­me opposi­tion qu’en fin­nois huo­nom­pi/ pahempi) :

Sa sœur est en­co­re pire que lui. Hänen sisarensa on häntä vielä pahempi.  Tu es pire qu’un gosse ! Olet pahempi kuin pikkulapsi!

b) en parlant de choses avec le sens de « plus grave », « plus dangereux », « plus nui­si­ble » (fin­nois pa­hem­pi). La for­me pire n’est donc pas à proprement parler le com­pa­ra­tif de mauvais, mais plutôt de grave, dan­ge­reux, sérieux/préoccupant etc. :

La situa­tion est pire que je pensais.  Le remède était pire que le mal.  Dans cet­te cantine, la nourriture est en­co­re pire qu’au restaurant universitaire. Dans cette banlieue, c’est toujours la même situation, c’est même de pire en pire.

La for­me pire s’em­ploie éga­le­ment dans cer­tai­nes locutions ou ex­pres­sions figées :

Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.  J’en ai vu de pires. Olen pa­hem­paa­kin nähnyt.

Bien, mal, mieux/pire

Le com­pa­ra­tif de l’ad­ver­be bien est mieux :

Le malade se porte déjà mieux qu’hier.  La tarte a mieux réussi que la dernière fois.

Le com­pa­ra­tif de mal est pis, mais cette for­me est es­sen­tiel­le­ment du style sou­te­nu, et légèrement vieillie (elle reste chère à certains puristes nostalgiques). Dans le code écrit cou­rant et le fran­çais parlé, on le remplace par pire  :

C’était en­co­re pire que d’ha­bi­tu­de. La situation est encore pire que ce à quoi s’attendaient les analystes.

La for­me pis s’uti­li­se surtout dans cer­tai­nes ex­pres­sions figées d’usage cou­rant :

Cela va de mal en pis. Kaikki menee yhä huonommin. qui pis est… ja mikä pahempi … Tant pis ! Ei voi mitään! Huono juttu! Pis en­co­re, … Mikä pahempi, …

Le com­pa­ra­tif irrégulier pire peut donc être employé dans trois cas dif­fé­rents :

Rem. La forme de mal en pis est plutôt littéraire, mais comme adverbe (avec le verbe aller), on l’utilise assez fréquemment dans la langue courante, peut-être par jeu, à cause de son aspect archaïsant – ou légèrement comique dû à l’homonymie avec le nom pis (cf. ce jeu de mot trouvé dans un article de journal : Pour les vaches du Qatar, ça va de mal en pis). Dans la langue courante, on peut donc dire :

Ça va de pire en pire. / [un peu moins fréquent] Ça va de mal en pis.
C’est de pire en pire. / [nettement moins fréquent] C’est de mal en pis.

Dans le code écrit strict de style littéraire, on utilise la forme avec aller et le comparatif pis : cela va de mal en pis.

Place de l’ad­jec­tif ou de l’ad­ver­be com­pa­ra­tif

Le com­pa­ra­tif de l’ad­jec­tif occupe la mê­me place que celle qu’il occupe par rapport au nom que le positif cor­respondant : un bon ex­em­ple → un meilleur ex­em­ple, une grave er­reur → une plus grave er­reur, une petite quan­ti­té → une plus petite quan­ti­té.

Com­me la for­me du com­pa­ra­tif est plus longue que celle de l’ad­jec­tif positif, un ad­jec­tif nor­ma­le­ment an­té­po­sé peut sou­vent se retrouver post­po­sé quand il est au com­pa­ra­tif. Quand le com­pa­ra­tif est for­mé avec moins, il est presque sys­té­ma­ti­que­ment post­po­sé :

Ce serait une grave er­reur. → Ce serait une er­reur plus grave. / Ce serait une plus grave er­reur.  C’est une longue route. → C’est une route moins longue. / Nous som­mes passés par une route moins longue que vous.

Si le com­pa­ra­tif a un com­plé­ment (in­tro­duit par que), il est pra­ti­que­ment tou­jours post­po­sé. La for­me meilleur peut rester an­té­po­sée :

C’était un chemin plus mauvais que l’au­tre.  C’est une meilleure solu­tion que celle envisagée pré­cé­dem­ment.

Le com­pa­ra­tif de l’ad­ver­be peut, selon les cas, occuper la mê­me posi­tion que le positif. Cepen­dant, con­trai­rement au positif, on le place nor­ma­le­ment après le ver­be et non pas entre l’au­xi­liai­re et le par­ti­ci­pe passé :

Michel est resté chez nous plus longtemps que l’an dernier.  Ils sont vite rentrés chez eux. / Ils sont rentrés chez eux plus vite que nous.

Adver­bes d’intensité renforçant le com­pa­ra­tif

Pour renforcer le com­pa­ra­tif, on peut uti­li­ser com­me ad­ver­bes d’intensité beau­coup (com­me en fin­nois paljon), bien ou net­te­ment. On peut éga­le­ment renforcer les ad­ver­bes plus et moins de la mê­me ma­niè­re :

positifcom­pa­ra­tiffor­me renforcée
grandplus grandbeau­coup plus grand, bien plus grand
facilemoins facilebeau­coup moins facile, bien moins facile
petitplus petitbeau­coup plus petit, bien plus petit
petitmoindrenet­te­ment moindre paljon pienempi bien moindre, beau­coup moindre [peu utilisé]
facilementplus facilementbeau­coup plus facilement, bien plus facilement
vitemoins vitebeau­coup moins vite, bien moins vite
bien

mieux

beau­coup mieux paljon paremmin
net­te­ment mieux, bien mieux
(beau­coup)plusbeau­coup plus paljon enemmän, bien plus
(peu)moinsbeau­coup moins paljon vähemmän, bien moins
Bien meilleur, de plus en plus

Deux ex­pres­sions com­pa­ra­ti­ves pro­vo­quent sou­vent des er­reurs chez les fin­no­pho­nes.

1. Les com­pa­ra­tifs meilleur et pire/pis ne peuvent être renforcés qu’avec l’ad­jec­tif bien, et non pas avec beau­coup, contrairement au fin­nois (par ex­em­ple paljon helpompi). La for­me *beau­coup meilleur est agram­ma­ti­ca­le. On peut aus­si uti­li­ser par ex­em­ple net­te­ment. Ci-dessous quel­ques ex­em­ples de traductions pos­si­bles :

positifcom­pa­ra­tiffor­me renforcée
bon meilleurpaljon parempi bien meilleur, net­te­ment meilleur
mauvaispirepaljon pahempi bien pire, net­te­ment pire
malpispaljon pahemmin bien plus mal, net­te­ment plus mal (la for­me bien pis est inusitée en fran­çais moderne)

2. Pour indiquer que « l’augmentation » est constante, on uti­li­se la for­me de plus en plus + ad­jec­tif/ad­ver­be, qui cor­res­pond au fin­nois yhä + com­pa­ra­tif ou aina vain + com­pa­ra­tif : yhä kalliimpi, yhä harvinaisempi, aina vain monimutkaisempi etc. On peut éga­le­ment uti­li­ser une for­me renforcée du com­pa­ra­tif d’infériorité, de moins en moins (qui n’a pas d’équi­va­lent for­mel direct en fin­nois) :

yhä vaikeampi de plus en plus dif­fi­ci­le  aina vain monimutkaisempi de plus en plus compliqué.  La consomma­tion progresse de plus en plus lentement.  Les Fran­çais paient de plus en plus cher pour se soigner.  Il est de plus en plus dif­fi­ci­le d’uti­li­ser ses tickets-restos au supermarché.  De moins en moins d’oiseaux ni­chent en France.  Les études supérieures sont de moins en moins accessibles aux enfants d’ouvriers.

L’ad­ver­be yhä peut aus­si avoir le sens de « edelleen » et il se traduit alors en fran­çais par tou­jours  :

Sade jatkuu yhä. Il pleut tou­jours.  Hän kirjoittaa romaniaan yhä (edelleen). Elle n’a tou­jours pas achevé son roman.

Pour cette raison, les finnophones ont ten­dan­ce à traduire yhä + com­pa­ra­tif par c’est tou­jours + com­pa­ra­tif, par ex­em­ple se on aina vain kalliimpaa par c’est tou­jours plus cher. Cette for­me n’est pas agram­ma­ti­cale, mais en fran­çais on interprète tou­jours dans le sens de aina, edelleen : se on aina kalliimpaa, se on joka kerta kalliimpaa, se on edel­leen kalliimpaa. Pour traduire yhä + com­pa­ra­tif, il faut donc penser à uti­li­ser de plus en plus : c’est de plus en plus cher.

Une au­tre er­reur fré­quen­te chez les ap­pre­nants de fran­çais lan­gue étran­gè­re (fin­no­pho­nes ou au­tres) est de calquer en fran­çais la cons­truc­­tion an­glai­se more and more + ad­jec­tif/ad­ver­be (ou par ex­em­ple easier and easier) sous la for­me *plus et plus + ad­jec­tif/ad­ver­be :

Ces livres sont *plus et plus chers. For­me correcte :
Ces livres sont de plus en plus chers. 

Il fait *moins et moins chaud. For­me correcte :
Il fait de moins en moins chaud.

Malgré la ressemblance trompeuse (et tentante) avec une construc­tion existante (en anglais), en fran­çais ces tournures sont non seu­le­ment agram­ma­ti­cales mais aus­si incompréhensibles.

Le com­plé­ment du com­pa­ra­tif

Le com­plé­ment du com­pa­ra­tif est in­tro­duit par la con­jonc­tion que. Les com­plé­ments peu­vent être pra­ti­que­ment n’importe quel élé­ment : grou­pe no­mi­nal, ex­pres­sion nu­mé­ri­que, pro­po­si­tion, infinitif, adjectif etc.

Groupe no­mi­nal

Le com­plé­ment du com­pa­ra­tif peut être un grou­pe no­mi­nal ou un pro­nom, ou un grou­pe quelconque qui tient lieu de com­plé­ment de phra­se (GN, ad­ver­be) :

Un canoë est plus lourd qu’un kayak.  Leur maison est plus spacieuse que la nô­tre.  Mon frère est plus grand que moi, ta sœur plus petite que toi.  Le temps est moins chaud qu’hier.  Le nouveau film de ce réalisateur est moins violent que celui qu’il a réalisé l’an dernier.

Adjectifs en -eur

Après les ad­jec­tifs terminés par -eur à valeur com­pa­ra­ti­ve (sauf meilleur), on in­tro­duit le com­plé­ment du com­pa­ra­tif avec la pré­po­si­tion à et non pas avec que : an­té­rieur à aikaisempi kuin, supérieur à parempi kuin etc. On ne peut pas non plus uti­li­ser les ad­ver­bes plus ou moins devant ces adjectifs (*plus supérieur, *moins an­té­rieur), puis­qu’ils ont déjà en eux-mêmes le sens d’un com­pa­ra­tif de supériorité :

Sa no­mi­na­tion au poste de di­rec­teur est antérieure à la fusion des deux sociétés. Hänen nimittämisensä johtajaksi tapahtui aikaisemmin kuin yritysten fuusio. Ce tissu est d’une qualité net­te­ment supérieure à celui-là. Tämä kangas on huomattavasti parempilaatuista kuin tuo.

Expression numérique : plus que / plus de

Devant un nombre, on peut utiliser les formes plus que/moins que ou plus de/moins de. Il y a une différence de sens, qui correspond aussi en finnois à deux formes dif­fé­ren­tes :

plus que / moins que mar­que une véritable com­pa­rai­son (a) ;
plus de / moins de ex­pri­me une quan­ti­té ap­pro­xi­ma­tive (b) :

(a) Il y en avait plus que /plyskɶ/ mille. Niitä oli enemmän kuin tuhat.
On en a trouvé moins que cinquante. Niitä löytyi vähemmän kuin viisikymmentä.

(b) Il y en avait plus de /plydɶ/ mille. Niitä oli runsaat tuhat.
On en a trouvé moins de cinquante. Niitä löytyi alle viisikymmentä.

En fin­nois, on uti­li­se sou­vent yli tuhat indifféremment dans les deux sens (plus que mille / plus de mille). Remar­quer aus­si que dans plus que l’s final de plus se pro­non­ce, alors que dans plus de il n’est pas pro­non­cé.

Verbe

Le com­plé­ment du com­pa­ra­tif peut aus­si être une pro­po­si­tion subordonnée :

J’ai moins aimé le film que quand je l’ai vu pour la première fois.  sou­vent, on est mieux reposé en faisant un petit voyage que si on passe ses vacances chez soi. 

Si la pro­po­si­tion est de type com­plé­tif, dans le code écrit on uti­li­se devant le ver­be un ne explétif, associé ou non au pro­nom CVD le :

C’était moins facile que je ne le pensais. Il y a eu plus d’inscrits qu’il n’était pos­si­ble d’en accepter. Le fin­nois est bien moins dif­fi­ci­le qu’on (ne) le prétend. Ça mieux marché que je le pensais. La Finlande a eu moins de médailles qu’on ne l’attendait. Ce travail a duré bien plus longtemps que je ne pensais.  Tu au­rais dû insister moins que tu ne l’as fait.  C’est bien plus im­por­tant que vous ne sauriez l’imaginer.

Proposi­tion re­la­ti­ve

Contrairement au fin­nois (se oli kal­liimpaa kuin mitä luvattiin), une pro­po­si­tion re­la­ti­ve peut rarement être di­rec­tement com­plé­ment d’un com­pa­ra­tif. Après la con­jonc­tion com­pa­ra­ti­ve que, il faut uti­li­ser le pro­nom celui/ce :

C’était plus dif­fi­ci­le que ce qu’on nous avait promis. Il n’y a pas de contes plus beaux que ceux que la vie a elle-mê­me com­po­sés. Il exis­te une meilleure solu­tion en­co­re que celle qui nous a été pré­sen­tée ici.  Les régimes proposés dans les magazines sont moins efficaces que ceux que nous a prescrits la diététicienne.   Le bonheur que l’on attend est plus beau que celui dont on jouit.  Dans un temps aus­si lointain que celui dont tu nous parles, je pilotais un ULM.  Ce n’est pas aus­si simple que ce que vous m’aviez expliqué.

Proposition com­plé­ti­ve

Le com­plé­ment du com­pa­ra­tif peut aus­si être une pro­po­si­tion com­plé­tive avec ver­be conjugué nor­ma­le­ment in­tro­dui­te par la con­jonc­tion que, ou avec un ver­be à l’infinitif et nor­ma­le­ment in­tro­dui­te par la con­jonc­tion de. Quand une com­plé­tive est com­plé­ment d’un com­pa­ra­tif, cer­tai­nes règles par­ti­cu­lières s’appliquent.

Proposi­tion com­plé­tive in­tro­duite par que

Com­me la com­plé­tive est in­tro­dui­te par la con­jonc­tion de subordination que (että), on ne peut pas placer cette con­jonc­tion di­rec­tement après la con­jonc­tion com­pa­ra­ti­ve que (kuin), sinon on obtiendrait une suite *que que. En fin­nois, le pro­blè­me ne se pose pas, puis­que que con­jonc­tion de com­pa­rai­son et que con­jonc­tion de sub­or­di­na­tion sont des mots dif­fé­rents (kuin, että). En fran­çais, il faut ajouter un mot devant la con­jonc­tion de sub­or­di­na­tion, en général le fait  ou plutôt :

Que tu le félicites en retard vaut tou­jours mieux que le fait que tu ne lui écrives pas du tout.  Que vous connaissiez bien le vocabulaire est au moins aus­si im­por­tant que le fait que vous maitrisiez bien la gram­mai­re.  Plutôt que de démolir, ils ont choisi d’embellir. Je pense que l’heure est assez grave pour met­tre en avant les compétences politiques du candidat plutôt que le fait que ce soit une femme ou un homme.  Je préfère qu’on me qualifie d’« omniprésident » plutôt qu’on me reproche d’être un « roi fainéant ».

Complétive à l’infinitif

Quand l’infinitif est com­plé­ment d’un com­pa­ra­tif, il est régulièrement pré­cé­dé de la con­jonc­tion de :

Il n’a pas trouvé de meilleure solu­tion que de revendre sa voiture.  Il est moins embarrassant d’être trop poli dans une situa­tion infor­melle que d’employer des mots fa­mi­li­ers dans un con­tex­te for­mel.  C’est plus simple de rester à la maison que de passer une heure à faire la queue devant un pub.  Pourquoi est-il sou­vent plus facile de mentir que de dire la vérité ?  Si tu n’as rien de mieux à faire que de regarder la télévision, tu pourrais aus­si bien tondre le gazon.  Il serait plus sensé de renoncer que de s’entêter inutilement.  Il aurait été moins dangereux de pas­ser la nuit au camp d’altitude que de redescendre dans cet épais brouillard.

Dans le fran­çais parlé, on n’uti­li­se ce­pen­dant pas systématiquement la con­jonc­tion de dans ce cas :

On rentre, ça vaut mieux que rester sous la pluie pour rien.

Si on com­pa­re deux infinitifs dont le premier est sans con­jonc­tion de, on n’uti­li­se pas non plus la con­jonc­tion de devant l’infinitif com­plé­ment du com­pa­ra­tif  :

Au début, apprendre le violon est plus dif­fi­ci­le qu’apprendre le piano.  Attendre aurait été plus rentable qu’acheter tout de suite.  Renoncer vaut mieux que s’en­tê­ter inutilement. Passer la nuit au camp d’altitude aurait été moins dangereux que redescendre dans cet épais brouillard.  Dans cette situation, résister serait moins avantageux que renoncer.

Erilainen kuin, samanlainen kuin

Préposi­tion de/à

Certains ad­jec­tifs fin­nois se construisent com­me des com­pa­ra­tifs avec la con­jonc­tion com­pa­ra­ti­ve kuin, alors que leur équi­va­lent en fran­çais se construit avec la pré­po­si­tion de ou à :

erilainen kuin dif­fé­rent de
samanlainen kuin semblable à, analogue à
sama kuin iden­ti­que à, pareil à
samankaltainen kuin comparable à

 une situa­tion comparable à la pré­cé­den­te samankaltainen tilanne kuin edellinen
un pro­blè­me analogue au tien samanlainen ongelma kuin sinun ongelmasi

Différent de

Com­me en fin­nois (sama[nlainen] kuin), on peut uti­li­ser en fran­çais que après le mot mê­me (a) ; mais on ne peut pas uti­li­ser que après dif­fé­rent (la construc­tion *dif­fé­rent que qch est une er­reur fré­quen­te chez les fin­no­pho­nes). L’ad­jec­tif dif­fé­rent se cons­truit avec la pré­po­si­tion de (b) :

(a) Ta robe a la mê­me couleur que la mienne.  Ils ont logé dans le mê­me hôtel que nous l’an dernier.  Ce n’est pas le mê­me vin que celui dont on parlait l’au­tre jour.

(b) Les gouts en matière de mode des jeunes en Finlande ne sont pas dif­fé­rents des gouts des jeunes Européens en général. Suomen nuorten muotitottumukset eivät ole erilaisia kuin muiden nuorten eurooppalaisten Leur jardin est tout à fait dif­fé­rent de celui des au­tres maisons de la rue. Heidän piha on aivan erilainen kuin muiden tämän kadun talojen pihat.  Notre hypothèse est que les illustrations s’em­ploient différemment au début des études et à la fin des études.[et non pas : …différemment au début des études *qu’à la fin des études].

Sou­vent, au lieu de dif­fé­rent de, il est plus simple d’uti­li­ser mê­me avec une construc­tion né­ga­ti­ve, pas le / la mê­me … que (ei sama kuin). Cette construc­tion est la seule pos­si­ble si le grou­pe no­mi­nal est pré­cé­dé de la pré­po­si­tion de :

dif­fé­rent de + dé­ter­mi­nant, pos­si­ble :
C’est une opinion dif­fé­ren­te de la nôtre. C’est un point de vue dif­fé­rent du nôtre. ou Ce n’est pas la mê­me opinion que la nôtre. / Ce n’est pas le mê­me point de vue que le nôtre.

dif­fé­rent de + pré­po­si­tion de, impos­si­ble :
*Il avait une concep­tion dif­fé­ren­te de ce travail de la mienne. → Il n’avait pas la mê­me concep­tion de ce travail que moi. ou Il avait une concep­tion de ce travail dif­fé­ren­te de la mienne.

ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 28. Le com­pa­ra­tif. Dernière mise à jour : 1.8.2022
Mises à jour après le 15.8.2022