Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones

  Index alphabétique

La phrase
négative

Mots négatifs et ordre des mots

Éviter la double négation

Les mots négatifs
avec l’infinitif

Omission du mot négatif

Non, non plus, non pas, sans, ni

 Ne … que

Absence de ne dans le français parlé

 Utilisation de ni dans le code écrit

La négation ne... guère

Ne « explétif »

La litote

Sans doute ou sans aucun doute ?

Comment traduire vain ?

Comment traduire vaan ?

Mots né­ga­tifs et ordre des mots

Dans sa for­me de base (cor­res­pon­dant au fin­nois ei accompagnant un ver­be à la for­me né­ga­ti­ve), la néga­tion s’ex­pri­me à l’aide de deux mots (con­si­dé­rés com­me des ad­ver­bes) né­ga­ti­fs, qui « encadrent » le ver­be : un premier ad­ver­be né­ga­ti­f ne, qui se place entre le su­jet du ver­be et le ver­be, et un deuxième mot né­ga­ti­f qui se place après le ver­be :

ne ver­be pas ei
ne ver­be plus ei enää
ne ver­be jamais ei koskaan
ne ver­be nulle part ei missään
ne ver­be pas en­co­re ei vielä
ne ver­be guère ei kovinkaan

Dans le fran­çais parlé, on n’em­ploie pres­que jamais l’ad­ver­be né­ga­ti­f ne. La néga­tion s’ex­pri­me seu­le­ment avec pas, plus, rien, jamais etc.

Rem. La néga­tion ne…guère s’uti­li­se es­sen­tiel­lement dans le code écrit . Elle peut tou­jours être remplacée par ex­em­ple par pas beau­coup.

Contraire des adverbes négatifs

Il peut être utile de se rappeler le con­trai­re des ad­ver­bes né­ga­ti­fs :

 ne … plusen­co­re vielä, tou­jours edelleen
 ne … jamaistou­jours, sou­vent, quel­quefois, parfois, déjà
 ne … pas en­co­redéjà
 ne … nulle partpartout, quel­que part
 ne … guèrebeau­coup

Je ne suis jamais allé au Canada. ≠ Je suis déjà allé au Canada. Tu n’as plus faim ? ≠ Tu as en­co­re faim ? On n’en trouve plus nulle part. ≠ On en trouve en­co­re partout./ On en trouve en­co­re quel­que part. Il ne fait pas en­co­re très chaud. ≠ Il fait déjà très chaud.

Place du mot né­ga­ti­f

Le mot ne se place avant le ver­be, et avant les pro­noms faibles com­pléments du ver­be qui pré­cè­dent le ver­be ; aux temps com­po­sés, le deuxième mot né­ga­ti­f (pas, jamais etc.) se place après l’au­xi­liai­re, selon le schéma sui­vant :

ne (pro­nom) ver­be pas : Je ne les connais pas.
ne (pro­nom) au­xi­liai­re pas : Je ne leur en ai pas parlé.

Aujourd’hui, il fait beau. → Aujourd’hui, il ne fait pas beau.
La Finlande avait obtenu une médaille d’or. → La Finlande n’avait pas obtenu de médaille d’or.
Je leur en ai parlé. → Je ne leur en ai plus parlé.
Tu aurais dû le lui dire. → Tu n’aurais jamais dû le lui dire.
Ils me l’avaient promis. → Ils ne me l’avaient pas promis.
Elle boit du lait. → Elle ne boit jamais de lait.

Dans les for­mes in­ter­ro­ga­ti­ves avec in­ver­sion du su­jet, l’ad­ver­be ne ne change pas de place et reste de­vant le ver­be :

Tu n’aurais         pas dû le lui dire.
      N’aurais-tu  pas dû le leur dire ?

Dans une phra­se né­ga­ti­ve, l’ar­ti­cle in­dé­fi­ni devant un nom com­plé­ment de ver­be di­rect peut passer à la for­me de (La Finlande n’a pas obtenu de médaille d’or, Ne bois pas de lait).

Personne, rien, au­cun, nul

Personne, nul (ei kukaan) et rien (ei mikään) sont des pro­noms in­dé­fi­nis « semi-né­ga­tifs » qu’on uti­li­se avec l’ad­ver­be né­ga­tif ne (sauf dans le fran­çais parlé), mais sans l’ad­ver­be pas. Le pro­nom nul est un synonyme de per­son­ne utilisé surtout dans le co­de écrit ou dans cer­tai­nes ex­pres­sions. Ces pro­noms sont in­va­ria­bles :

Personne n’a parlé. Je n’ai entendu per­son­ne. Rien ne le passionne autant que le golf. Le médecin n’a rien trouvé d’anormal. Nul ne saurait dire com­ment serait la Finlande si elle était restée suédoise. À l’impos­si­ble nul n’est tenu. Tyhjästä on paha nyhjäistä (mot à mot : « Ketään ei voi pakottaa tekemään mahdottomia. »).

Aucun et nul peu­vent être utilisés com­me dé­ter­mi­nants. Ils s’ac­cor­dent en genre (mas­cu­lin ou fé­mi­nin), mais sont tou­jours au sin­gu­lier. Le déterminant nul est un synonyme d’au­cun utilisé surtout dans le code écrit :

Aucun candidat n’a obtenu le nombre de points suffisant. Passé ce délai, il n’y a au­cu­ne possibilité de se faire rembourser le voyage. Le laboratoire n’a trouvé nulle trace de phtalates. Nul espoir n’est permis. Ei ole enää mitään toivoa.

Aucun peut aus­si être utilisé com­me pro­nom représentant (il ren­voie à un an­té­cé­dent) et s’ac­cor­de en genre (mas­cu­lin ou fé­mi­nin), mais il est tou­jours au sin­gu­lier :

Il a essayé plu­sieurs paires de chaussures, mais au­cu­ne ne lui plaisait. J’ai vérifié les ré­pon­ses. Aucune n’était juste.

À noter :

Combinaison de dif­fé­rents mots né­ga­ti­fs

On peut uti­li­ser ensemble dif­fé­rents mots né­ga­tifs com­me plus, nulle part, jamais, rien, per­son­ne etc., mais dans ce cas, on ne peut pas uti­li­ser en mê­me temps le mot pas (sauf dans ne … pas en­co­re, car en­co­re n’est pas un mot né­ga­ti­f). Les mots né­ga­tifs se combinent gé­né­ra­le­ment dans l’ordre sui­vant :

ne …    (pas/plus)       en­co­re /jamais               rien/per­son­ne            nulle part

Je ne l’ai plus vu nulle part.
On n’a en­co­re jamais vu ça nulle part.
Je ne lui parlerai plus jamais.
Il ne fait pas en­co­re trop chaud.
Je ne l’ai plus vu nulle part.
On n’a en­co­re jamais vu ça nulle part.
Je ne lui parlerai plus jamais.
Je n’ai plus rien entendu.
Il n’a en­co­re rencontré per­son­ne.
Personne n’a rien fait pour l’aider.
Il n’y en a plus au­cu­ne nulle part.
Rien ne sera plus jamais com­me avant.
Je n’avais en­co­re jamais vu ça chez per­son­ne.
Personne ne l’a plus jamais vu nulle part.
Je n’offrirai plus jamais rien à per­son­ne.
Ce ne sera plus jamais pos­si­ble pour per­son­ne nulle part.
Cela ne sera plus jamais la mê­me chose pour au­cun d’entre nous.

Éviter la double néga­tion avec pas

Quand on uti­li­se un ou plu­sieurs des mots né­ga­tifs mentionnés ci-dessus (plus, per­son­ne, jamais, nulle part, rien, au­cun etc.), il faut faire atten­tion à ne pas uti­li­ser en mê­me temps l’ad­ver­be pas. Si on les em­ploie en­semble, cela « annule » (mitätöi) les deux né­ga­tions et peut donner à l’é­non­cé un sens affirmatif comique ou inattendu :

*Je n’ai pas vu per­son­ne au marché. [=J’ai vu quel­qu’un.] *Aucun des participants n’a pas réagi. [= Tous les participants ont réagi.] *Il n’a pas trouvé au­cun exem­ple. [= Il a trouvé un ex­em­ple.]

C’est une er­reur assez fré­quen­te chez les ap­pre­nants de fran­çais lan­gue étran­gè­re, surtout dans des phra­ses longues, quand les mots né­ga­tifs sont éloignés les uns des au­tres, com­me dans l’ex­em­ple sui­vant:

Aucun des seize passagers de l’avion qui s’est écrasé avant-hier en début de soirée à proximité de l’aéroport, après un décollage tout à fait normal, n’a échappé à la mort.

Les fran­co­pho­nes eux-mê­mes ne sont pas à l’abri de ces er­reurs, com­me le prouve cette phra­se ex­traite d’un grand quotidien en ligne :

En conséquence, les débats sont soumis au régime de la publicité restreinte : cela signifie que ni le public, ni la presse ne peu­vent *pas assister aux audiences. [for­me correcte : ne peu­vent assister]

L’em­ploi de la double néga­tion est le plus sou­vent acci­dentel chez les lo­cu­teurs de fran­çais lan­gue étran­gè­re ou fran­co­pho­nes, mais on peut par­fois uti­li­ser la double néga­tion volontairement, par exem­ple dans l’ex­pres­sion c(e n)’est pas rien, ou pour corriger une assertion ; à une per­son­ne qui affirme qu’elle n’a fait au­cu­ne er­reur dans un calcul, on pourrait par exem­ple dire, si on constate qu’elle s’est quand mê­me trompée (en insistant sur pas) :

Désolé de te le dire, mais tu n’as pas commis au­cu­ne er­reur. =
En fait, tu as quand mê­me fait une er­reur.

Les mots né­ga­tifs avec l’in­fi­ni­tif

Ne pas soudé devant le ver­be

Quand la néga­tion porte sur un in­fi­ni­tif, les deux mots né­ga­tifs se pla­cent en­sem­ble devant l’in­fi­ni­tif :

Ne pas révéler la vérité pour l’instant serait peut-être la solu­tion de sagesse. Moi, je lui con­seil­le­rais de ne pas accepter.  Je lui ai promis de ne pas le dire. Pourquoi ne pas le leur permet­tre ? Il a réussi à ne pas être élu. Hänellä oli onnea olla tulematta valituksi. J’ai décidé de ne plus aller nulle part cet été. Il serait bon de ne pas l’en infor­mer tout de suite.

Dans le fran­çais parlé, ne n’est pas utilisé :

J’ai promis de pas le dire. Il aurait mieux valu rien dire etc.

Cepen­dant, les pro­noms in­dé­fi­nis per­son­ne et rien ne sont pas ensemble devant le ver­be. Ils se mettent à leur place nor­ma­le après le ver­be, sauf rien quand il est com­plé­ment direct du ver­be, et qui dans cas reste devant le ver­be :

Essaye de ne penser à rien. Il serait bon de n’en infor­mer per­son­ne. Il aurait mieux valu ne rien dire.

Com­pa­rer la place de en­co­re dans les deux exem­ples sui­vants :

(a) Il serait bon de ne pas en­co­re l’en infor­mer.
(b) Il serait bon de n’en infor­mer en­co­re per­son­ne.

Dans la phra­se (a), ne pas en­co­re for­me un grou­pe et se place devant l’in­fi­ni­tif. Dans la phra­se (b), le mot per­son­ne doit se placer derrière le ver­be et ne peut pas for­mer un grou­pe devant l’infinitif. C’est pourquoi en­co­re occupe la place qu’il aurait dans une phra­se nor­ma­le (Nous n’en infor­merons en­co­re per­son­ne).

Quand on uti­li­se un in­fi­ni­tif, l’ordre des mots né­ga­tifs affecte le sens. Com­pa­rer :

Moi, je ne lui conseillerais pas d’accepter. Minä en neuvoisi häntä suostumaan. Moi, je lui con­seil­le­rais de ne pas accepter. Minä neuvoisin häntä olemaan suostumatta. Je n’ai pas promis de le dire. En luvannut kertoa sitä. J’ai promis de ne pas le dire. Lupasin olla kertomatta sitä. On ne peut rien faire. Ei voi tehdä mitään. On peut ne rien faire. Voidaan olla tekemättä mitään (katsoa sivusta).

Ne pas pouvoir ne pas

On peut uti­li­ser l’in­fi­ni­tif né­ga­ti­f après le ver­be pouvoir à la for­me né­ga­ti­ve, pour ex­pri­mer une sorte d’obli­ga­tion mo­rale (en fin­nois ei voi olla tekemättä, sanomatta etc.) :

Tu ne peux pas ne pas aller à ce congrès. On ne peut pas ne pas aimer le sauna. On ne peut pas ne pas être attendri par un tout petit bébé. Tu ne peux pas ne pas être contente quand tu marches dans la rue le matin vers ton métro !

Le fin­nois ei voi olla … -mAttA peut aus­si se traduire par la locu­tion ne pas pouvoir s’em­pêcher de + in­fi­ni­tif. Cette cons­truc­tion signifie plutôt une impossibilité phy­si­que (ei mahda sille mitään, että) :

Je n’ai pas pu m’empêcher de rire. On ne peut pas s’empêcher d’aimer cet en­fant. Ei voi olla pitämättä siitä lapsesta [kaikesta huolimatta].

Omission du mot né­ga­ti­f

Phrases sans ver­be ou elliptiques

Dans les phra­ses sans ver­be (par exem­ple dans des ré­pon­ses), on n’uti­li­se pas ne :

Qui vient cueillir des fraises ? – Pas moi. J’ai déjà eu mon permis, mais mon frère pas en­co­re. Je veux bien en­co­re aller en France en voiture, mais plus jamais avec toi. Est-ce que le ferry est à quai ? – Pas en­co­re. Où tu vas ? – Nulle part, je vais me promener.

Quand la pro­po­si­tion sans ver­be suit une pro­po­si­tion à la for­me af­fir­ma­ti­ve, on uti­li­se de préférence la for­me non (a) ; dans le fran­çais parlé (style assez fa­mi­li­er), on uti­li­se pas (b) :

(a) Vous, vous avez promis de les aider à fuir, mais moi, non. Nous aimons bien passer les vacances à la montagne, eux non.

(b) Vous, vous avez promis de les aider à déménager, mais moi pas. On aime bien passer les vacances à la montagne, eux pas.

Absence de pas

a. Dans le code écrit, les ver­bes savoir, pouvoir, oser, cesser sont parfois employés avec ne seul (sans pas). Cela se limite à quel­ques tournures plus ou moins figées. Il n’y a pas de dif­fé­ren­ce de sens, seu­le­ment de style :

Je n’ose songer aux conséquences. Je ne puis répondre à cette question. Elle ne cesse d’y penser. Je ne saurais di­re. Il ne put s’empêcher de faire une remar­que.

Dans ce gen­re d’em­ploi, savoir signifie plutôt « être capable de » (voir aus­si les cons­truc­tions in­ter­rogatives in­di­rectes je ne sais que faire) :

Je ne saurais accepter. En voi mitenkään suostua. Je ne saurais trop vous recommander la prudence. Kehotan teitä äärimmäiseen varovaisuuteen.

b. Dans le code écrit, l’ad­ver­be né­ga­ti­f pas est éga­le­ment supprimé dans les ques­tions rhétoriques (a) ou dans les phra­ses exclamatives in­tro­duites par que dans le sens de si seu­le­ment (b) :

(a) Qui n’en aurait envie ? Kukapa ei sitä haluaisi? Qui n’en conviendrait ? Kukapa ei olisi samaa mieltä?

(b) Que ne l’avez-vous dit plus tôt ! Kunpa olisitte sanonut sen aikaisemmin! Que n’y ai-je pensé plus tôt ! Kunpa olisi ajatellut sitä aikaisemmin!

c. Dans le style soutenu, on peut omet­tre pas dans les pro­po­si­tions re­la­ti­ves dépen­dant d’une prin­ci­pa­le inter­ro­gative ou né­ga­ti­ve :

Il n’y a rien qu’il ne connaisse. Ei ole olemassa mitään sellaista, mitä hän ei tuntisi. Y a-t-il des gens avec qui elle ne s’entende ? Onko olemassa ihmisiä, joiden kanssa hän ei tulisi toimeen? A-t-on jamais vu rien de plus beau ? Onko koskaan nähty mitään kauniimpaa?

L’absence pas est pos­si­ble seulement après une prin­ci­pa­le où la ques­tion est for­mée avec in­ver­sion du su­jet. Si la ques­tion est posée avec est-ce que ou avec l’ordre des mots normal (in­ter­ro­ga­tion in­to­na­tive), il faut ex­pri­mer pas :

Est-ce qu’il y a des gens avec qui elle ne s’entend pas ?

d. Dans cer­tai­nes cons­truc­tions ex­pri­mant la durée (no­tam­ment de + com­plé­ment de temps), on uti­li­se ne seul, surtout quand ces com­plé­ments se trouvent avant le ver­be. L’absence de pas est due au fait que ces com­plé­ments sont équi­va­lents à « ja­mais » (ne uti­li­sé con­join­te­ment avec ces complé­ments équi­vaut ainsi à ne… jamais) :

De ma vie je n’oublierai ce spectacle enchanteur. En koskaan eläessäni unohda sitä ihastuttavaa näkyä. De mémoire d’homme on n’avait vu un si bel automne. Näin kaunista syksyä ei oltu nähty miesmuistiin. Je n’avais jamais tant ri de ma vie. En ollut eläessäni niin paljon nauranut. De mémoire de riverain, on n’avait vu pareille crue. Joenvarren asukkaat eivät muista nähneensä vastaavanlaista tulvaa.

C’est aussi le cas dans des cons­truc­tions avec voilà ou cela fait/cela faisait + com­plé­ment de temps :

Voilà deux ans je n’ai entendu parler de lui. En ole kuullut hänestä kahteen vuoteen. Cela faisait bien des années que nous ne l’avions vu. Oli kulunut useita vuosia siitä, kun olimme nähneet hänet viimeksi.

e. On em­ploie éga­le­ment ne seul dans cer­tai­nes ex­pres­sions plus ou moins figées :

Qu’à cela ne tienne ! Siitä vaan! Il n’empêche que c’est vrai. Oli miten oli, se on totta. Je n’ai que faire de ses opinions. En välitän hänen mielipiteistään. Nous n’avons que faire de vos remar­ques. Meitä ei kiinnosta huomautuksenne. N’ayez crainte ! Olkaa huoleti.

De l’ex­pres­sion il n’empêche que est dérivée la locu­tion adverbiale n’empêche parfois dé­ve­lop­pée avec que, très cou­rante dans le fran­çais parlé, qui cor­res­pond à silti :

Je sais bien que tu es très pressé, n’empêche que tu aurais pu m’écrire un mot. Tiedän, että olet hyvin kiireinen, mutta olisit silti voinut kirjoittaa minulle pari sanaa. N’empêche, si vous m’aviez prévenu, cela m’aurait épargné le déplacement. Silti jos olisitte ilmoittaneet minulle, olisin säästynyt ylimääräiseltä matkalta.

Non, non plus, non pas, sans, ni

Non, non plus

Com­me mot-phrase né­ga­ti­f, le mot non est uti­li­sé com­me sub­sti­tut de phra­se dans la ré­pon­se néga­tive :

Est-ce que M. Alengry est là ? – Non, il est en voyage. Tu as tondu le gazon ? – Non. Tu veux une glace ? – Non, merci.

Non plus est le con­trai­re d’aus­si. Non plus s’uti­li­se conjointement avec nepas :

Je n’irai pas non plus au concert. En minäkään mene konserttiin. / En mene myöskään konserttiin. La clé n’était pas non plus dans mon sac. Eux non plus ne vont plus en vacances en Turquie. Hekään eivät enää vietä lomaansa Turkissa.

Non plus se place assez librement dans la phra­se sur l’élé­ment qu’on veut nier :

Cette année non plus, il n’a pas beau­coup plu. Ça n’a pas été une bonne solu­tion pour eux non plus.

Dans les phra­ses sans ver­be, avec non plus, on n’uti­li­se pas l’ad­ver­be pas :

Il n’est pas parti en vacances, et ses enfants non plus. Tu ne veux pas partir ? Moi non plus.

Non / non … pas

Avec non ou non pas, on peut faire porter la néga­tion sur un élé­ment précis de la phra­se, gé­né­rale­ment quand on oppose une asser­tion ou une idée à une au­tre. Non [pas] ex­pri­me dans ce cas-là à peu près la mê­me idée que le fin­nois ei niinkään. On peut uti­li­ser soit non pas, soit non tout seul (dans le doute, à l’écrit, le plus simple est d’uti­li­ser tou­jours la for­me pleine non pas) :

Il est parti, non [pas] parce qu’il en avait assez de la société, mais parce qu’il voulait en créer une. Ce que tu as entendu était du lituanien, et non [pas] du russe.  Mais n’oublions pas que « intolérant au lait » signifie « ne pas digérer le lait », et non pas « ne pas tolérer que les au­tres en boivent » !…

On uti­li­se la for­me longue non pas systématiquement devant un in­fi­ni­tif, et très sou­vent aus­si devant un ad­jec­tif :

Il aurait fallu non pas rouler tou­te la nuit, mais s’arrêter un peu et continuer à l’aube. J’étais non pas déçu, mais plutôt surpris.

Dans le fran­çais parlé, non pas et non sont remplacés par pas :

Il est parti, pas parce qu’il en avait assez de la société, mais parce qu’il voulait en créer une à lui. Ce que tu as entendu était du lituanien, et pas du russe.

S’il n’y a pas de ver­be, on peut uti­li­ser seu­le­ment la for­me pas (dans le code écrit et dans le fran­çais parlé) :

Pas aujourd’hui. Pas tout seul. Pas avant ce soir. Com­ment ça va ? – Pas très bien.

Non et pas + ad­jec­tif, par­ti­ci­pe ou nom

Les ad­ver­bes né­ga­tifs non et pas peu­vent fonc­tionner com­me né­ga­tion devant des ad­jec­tifs ou des par­ti­ci­pes. Dans le code écrit, on uti­li­se pas de­vant un ad­jec­tif ca­rac­té­ri­sant normal (beau, grand etc.) et non de­vant un par­ti­ci­pe ou un ad­jec­tif à va­leur ver­bale (en ‑able, ‑ible etc.) :

Livres pas chers eau non potable des légumes non traités torjunta-aineettomia vihanneksia les pays non alignés sitoutumattomat maat service non compris TVA non comprise Sur le site, il y a plein de petits films pas longs à télécharger. 

Dans le fran­çais parlé, on peut éga­le­ment uti­li­ser pas devant un par­ti­ci­pe :

du linge pas lavé pesemätön pyykki Un chèque pas signé ne servait à rien. Ce restaurant, c’était addi­tion salée et service pas compris !

On peut aus­si for­mer des mots com­po­sés avec non devant un nom, en ajoutant un trait d’union :

le non-alignement, les non-voyants la non-violence, un pacte de non-agression

Dans le code écrit, on uti­li­se avec une grande souplesse des for­mes no­mi­nales « né­ga­ti­ves » du ver­be avec non. Dans ce cas, il est fré­quen­t qu’on omette le trait d’union, mais l’usage est flottant à ce su­jet et on trouve de nom­breuses graphies avec trait d’union :

la non observa­tion d’un règlement le non respect des normes en­vi­ron­ne­men­ta­les La non ad­hé­sion de ce pays au traité serait une catastrophe.

Sans

La pré­po­si­­tion sans a un sens né­ga­ti­f. Le grou­pe sans + ver­be se comporte sou­vent com­me une phra­se né­ga­ti­ve. On n’uti­li­se ce­pen­dant pas l’ad­ver­be ne :

Tu ne peux pas rester là sans rien faire. Il retient une quan­ti­té incroyable de nu­mé­ros de té­lé­pho­ne sans jamais se tromper. Ne pars pas faire du ski hors-piste sans prévenir per­son­ne.

On peut aus­si uti­li­ser sans dans des con­tex­tes « doublement né­ga­ti­fs » (= af­fir­ma­tifs), par litote :

Cela n’a pas été sans mal. Se oli melko hankalaa. Ils ont réussi à éteindre l’incendie, non sans dif­fi­cul­té. He onnistuivat vaivoin sammuttamaan tulipalon. Les syndicats ont accepté le plan de redressement, non sans cri­ti­quer la di­rec­tion. Ammattijärjestöt hyväksyivät saneerausohjelman arvostellen samalla johtoa.

 Ni

Uti­li­sé après un premier mot né­ga­ti­f com­me ne … pas, ne … plus, ne …per­son­ne etc., l’ad­ver­be ni a le mê­me sens que et ne… pas (eikä) , et on peut aus­si l’uti­li­ser après un élé­ment de sens né­ga­ti­f in­tro­dui­te par sans:

Je ne peux pas partir : je n’ai pas de passeport ni de visa. À cette heure-ci, il n’y a plus de bus ni de métro. Je n’ai pas acheté de glace ni de limonade. J’étais sorti sans argent ni papiers. On va prendre de vraies vacances : on part sans les en­fants ni le chien.

On ne peut pas relier deux grou­pes no­mi­naux en fonc­tion de su­jet avec un seul ni (sauf dans le style soutenu), dans ce cas-là, il faut uti­li­ser ni… ni….

Quand il est ré­pé­té, ni a le mê­me sens que ne…pas … et ne …pas, mais est une néga­tion plus forte. Quand on uti­li­se ni… ni… il faut en plus obli­ga­toi­rement uti­li­ser le mot ne devant le ver­be :

Ni ses parents ni ses amis n’ont réussi à le faire changer d’avis. Ni son frère ni ses parents n’étaient au cou­rant de son mariage. À cette heure-ci, il n’y a plus ni bus ni métro. Il n’avait dit à per­son­ne qu’il s’était marié : ni à ses parents ni à sa sœur.

Quand ni est ré­pé­té devant un com­plé­ment direct, il entraine l’uti­li­sa­tion d’un ar­ti­cle zéro :

Je ne peux pas partir : je n’ai ni passeport ni visa.

Dans le code écrit ou le style soutenu, les règles concernant ni sont assez com­pli­quées. Voir ci-des­sous.

Ne … que

Une ex­pres­sion né­ga­ti­ve de sens non né­ga­ti­f

La cons­truc­­tion ne… que a le mê­me sens que seu­le­ment, en fin­nois vain, ainoastaan (voir les dif­fé­ren­tes ma­niè­res de traduire l’ad­ver­be vain). Bien que cette construc­­tion soit for­mée avec l’ad­ver­be né­ga­ti­f ne, elle n’a pas un sens né­ga­ti­f. Elle peut être uti­li­sée avec un com­plé­ment de ver­be ou un com­plé­ment de phra­se, mais pas avec un GN su­jet. Com­me neque n’a pas un sens né­ga­ti­f, l’ar­ti­cle in­dé­fi­ni n’est pas modifié devant le com­plé­ment de ver­be direct :

Nous n’avons trouvé que des russules et des lactaires, pas de cèpes. Löysimme vain haperoita ja rouskuja, emme tatteja. Cette année, je ne fais que du fran­çais, l’an prochain je ferai aus­si de l’anglais. Ils n’habitent qu’à 20 mètres du lac.

Com­me ne… que n’a pas un sens né­ga­ti­f, on peut ajouter pas dans la phra­se, pour ex­pri­mer l’idée de « pas seu­le­ment, pas uni­que­ment » (fin­nois ei vain, ei pel­käs­tään) :

Au petit déjeuner, les Français ne mangent pas que des croissants. Il n’y pas que toi qui aimes le chocolat, laisses-en aux au­tres. La crise n’a pas eu que des effets né­ga­ti­fs.

Dans ce cas, l’ar­ti­cle in­dé­fi­ni devant CVD ne devient pas de, car la néga­tion ne porte pas sur tou­te la phra­se, elle est « partielle » :

Au petit déjeuner, les Français ne mangent pas que des croissants. [= Ils mangent aus­si au­tre chose.]

« L’ad­ver­be  » /k/

Malgré les apparences, ne … que, qui semble plus compliqué que seu­le­ment aux ap­pre­nants allo­pho­nes, est beau­coup plus fré­quent que seu­le­ment. En effet, dans le fran­çais parlé, l’ad­ver­be néga­tif ne de ne… que n’est pas ex­pri­mé (com­me dans le cas de ne pas, voir ci-des­sus) et on uti­lise seu­le­ment le mot que. Com­me l’e de que se pro­non­ce rarement, en fran­çais l’idée de « seu­le­ment » se réduit à une simple consonne et se dit /k/, qui peut devenir sonore (/g/) devant une conson­ne sonore (assimilation de sonorité) :

Tu travailles ? – Je fais que ça ! /ʃfeksa/ Teetkö työtä? – En tee muuta! Il boit que de l’eau. /ibwagdɶlo/ Hän juo pelkästään vettä. Ça a que des avantages. /saagdezavɑ̃taʒ/ Siitä on pelkästään hyötyä.

De la mê­me ma­niè­re, la cons­truc­­tion il n’y a pas que… se réduit à /japak/ :

Il n’y a pas que toi /japaktwa/ qui saches faire la cuisine. Il n’y a pas que des /japagdez/ avantages.

Nor­ma­lement, ne… que ne peut pas être uti­li­sé sans ver­be, car l’ad­ver­be ne doit s’ap­puyer sur un ver­be. Dans le code écrit, on uti­li­se alors l’ad­ver­be seu­le­ment (ou uni­que­ment) :

Vous prenez du sucre et du lait dans votre café ? – Seulement du sucre. Cette solu­tion n’a au­cun inconvénient, uni­que­ment des avantages.

Ce­pen­dant, dans le fran­çais parlé, com­me on n’uti­li­se pas ne, l’absence de ver­be n’empêche pas l’uti­li­sa­tion de que tout seul :

Tu prends du sucre et du lait dans ton café ? – Que du sucre. Cette solu­tion n’a au­cun in­con­vé­nient, que des avantages. Qu’est-ce qu’il a dit de cette nouvelle recette ? — Que du bien !

N’avoir qu’à + in­fi­ni­tif, Il n’y a qu’à…

Dans cette cons­truc­­tion très cou­rante à l’oral, ne… que sert à ex­pri­mer un conseil, proposer une so­lution etc. Dans le fran­çais parlé, ne n’est pas ex­pri­mé :

Il n’y a qu’à prendre les trains de banlieue bondés de Mumbai pour apercevoir des graffitis appelant à la résistance à la mondialisation. Inutile de retaper tout le texte, vous n’avez qu’à le numériser avec votre smartphone. Si tu n’as pas envie d’attendre le bus, tu n’as qu’à prendre un taxi. Jos ei huvita odottaa bussia, mene [ihmeessä] taksilla. Ce n’est pas la peine de pleurer, tu n’avais qu’à mieux faire atten­tion à tes affaires. Nyt ei itku enää auta, olisit pitänyt parempaa huolta tavaroistasi.

Dans le fran­çais parlé familier, tu n’as qu’a suivi d’un infinitif se pro­non­ce /taka/ et sigmar­que l’agacement ou le mécontentement (en fin­nois sen kun ou sitten) :

Cette fois, j’en ai assez, je pars ! – Eh bien, t’as qu’à partir. Nyt riitti! Minä lähden ! – Sen kun [lähdet]! Si t’as rien de plus intelligent à dire, t’as qu’à te taire ! Jos et keksi ole sitten vaiti!

La cons­truc­­tion il n’y a qu’à signifie « il suffit de ». Dans la langue cou­rante, on sup­pri­me couram­ment le pro­nom conjugateur il et on pro­non­ce /jaka/ :

Si les photos sont de travers, y à qu’a les redresser avec l’appli, c’est vraiment sim­ple, y à qu’à tirer sur une ligne avec la souris. Pour augmenter la consommation, il n’y a qu’à baisser les impôts. Si on veut éviter les bouchons, y a qu’à pas partir si tôt.

Difficultés typiques

Certains ad­ver­bes ou constructions idiomatiques liés à la néga­tion sont source de dif­fi­cul­tés pour les fin­no­pho­nes et sont pré­sen­tés en détail ci-des­sous :

Absence de ne dans le fran­çais parlé

Dans le fran­çais parlé, on n’em­ploie pres­que jamais l’ad­ver­be né­ga­ti­f ne. La néga­tion s’ex­pri­me seu­le­ment avec pas, ou un au­tre mot né­ga­ti­f com­me plus, rien, jamais, etc. Com­pa­rer les exem­ples avec et sans ne :

Aujourd’hui, il ne fait pas beau. La Finlande n’a pas obtenu de médaille d’or. Tu n’aurais pas dû le lui dire. Je n’ai pas mangé. Ne bois pas trop de lait. Tu ne le leur as pas promis. Il n’y a pas d’au­tre solution. Il n’a pas un mot. Je n’ai rien compris. Ils ne partent pas en­co­re demain.

Aujourd’hui, il fait pas beau. La Finlande a pas obtenu de médaille d’or. Tu aurais pas dû le lui dire. J’ai pas mangé. Bois pas trop de lait. Tu le leur as pas promis. Il y a pas d’au­tre solution. Il a pas dit un mot. J’ai rien compris. Ils partent pas en­co­re demain.

À l’impératif, on uti­li­se ce­pen­dant re­la­ti­ve­ment sou­vent ne, mais c’est très variable selon les lo­cu­teurs et les situations.

Formes né­ga­ti­ves figées

Le sens de la phra­se sans ne du fran­çais parlé est parfaitement équi­va­lent à celui de la phra­se avec ne dans le code écrit. Il y ce­pen­dant des ex­pres­sions sans ne qui se sont figées ou lexicalisées dans le fran­çais parlé, et dans lesquelles on ne peut pas rétablir ne sans changer le sens de la phra­se. Com­pa­rer :

Ce n’est pas vrai. Se ei ole totta. [= C’est faux.]
C’est pas vrai ! Ei voi olla totta! Ei oo totta! [Exprime l’étonnement, l’indignation, l’aga­ce­ment].
C’est pas vrai ! II va en­co­re falloir se lever à une heure débile à cause de la grève !

Ce n’est pas pos­si­ble. Se ei ole mahdollista. [= C’est impos­si­ble].
C’est pas pos­si­ble ! Älähän! Ei kai? [Exprime l’étonnement, l’incrédulité, ou la contrariété.]
Mais c’est pas pos­si­ble ! Ce machin est de nouveau en panne ! 

L’ex­pres­sion pas mal est un exem­ple typique de construc­tion né­ga­ti­ve qui s’est lexi­ca­li­sée en ad­jec­tif de sens non né­ga­ti­f. On n’uti­li­se donc pas ne devant le ver­be, car les mots pas et mal for­ment ensemble une ex­pres­sion figée, qui n’est plus sentie com­me né­ga­ti­ve; si on la com­mente, on uti­li­se la for­me af­fir­ma­ti­ve :

Le film était pas mal. Ton idée est pas mal, mais ça coutera cher. C’était pas mal, ce restau, hein ? – Oui, c’était vraiment bien, et pas cher en plus.

Selon le con­tex­te, ces ex­pres­sions sans ne peu­vent aus­si être tout sim­ple­ment la va­rian­te dans le fran­çais parlé de la for­me nor­ma­le avec ne du code écrit. Dans le fran­çais parlé, c’est pas pos­si­ble peut donc signifier soit « c’est impos­si­ble » soit « c’est incroyable/ c’est énervant ». Certai­nes ex­pres­sions n’ont pas d’équi­va­lent avec ne (ou l’équi­va­lent affirmatif aurait un sens littéral co­mi­que) :

Ça casse rien. Ei ole häävi. [?Ça ne casse rien. ?Se ei riko mitään.]

De mê­me, pas mal peut être la for­me véritablement né­ga­ti­ve de mal. Com­pa­rer :

Il n’est pas mal de met­tre parfois en avant ses avantages. Ei ole mitään pahaa siinä, että joskus korostaa omia hyviä puoliaan. C’est pas mal de met­tre parfois en avant ses avan­ta­ges. Tuntuu ihan mukavalta välillä korostaa omia hyviä puoliaan.

Malgré son caractère figé, l’ex­pres­sion pas mal peut être modifiée par un ad­ver­be (si, trop) :

Le film était finalement pas si mal que ça. Mon entretien s’est pas trop mal passé. com­ment tu as trouvé ce restau ? – Pas trop mal, je dois dire !

Cet em­ploi figé de la néga­tion sans ne est un cas typique qui pro­vo­que des hy­per­cor­rec­tis­mes, par exem­ple dans les dialogues de romans ou de bande dessinée : pour ne pas uti­li­ser un style rappelant trop le fran­çais parlé, cer­tains auteurs ex­pri­ment le ne dans les cons­truc­tions né­ga­ti­ves, qui est nor­ma­le­ment supprimé dans la langue cou­rante. Mais le simple fait de rajouter un ne ne suffit pas à changer de niveau de langue. Ainsi, la version langue écrite de c’est pas pos­si­ble ! ne serait pas ce n’est pas pos­si­ble ! mais plutôt (par exem­ple) c’est incroyable ! ou c’est inadmis­sible ! etc.

Le mot né­ga­ti­f pas est à l’origine un nom.

C’est le mot pas, en fin­nois « askel », qui servait au départ à renforcer la né­ga­tion. On utilisait aus­si d’au­tres noms pour renforcer la né­ga­tion  :

Je ne ferai pas. En kävele askeltakaan. Je ne mangerai mie. En syö muruakaan. Je ne voyais point. mot à mot En nähnyt pistettäkään. Je ne vois goutte. En näe pisaraakaan.

Ne… point (= ne … pas), s’est conservé dans la lan­gue soutenue ou dans un usage ré­gio­nal . Ne … mie ne s’em­ploie plus du tout, mais ne … mot, ne … goutte sont lit­té­rai­res et se sont conservés dans quel­ques ex­pres­sions plus ou moins figées :

Il n’y a point d’au­tre solution. Il n’a dit mot. On n’y voit goutte. Täällä ei näe metriäkään. Je n’y comprends goutte. En ymmärrä siitä yhtään mitään.

Avec le temps, le nom pas, s’est peu à peu gram­ma­ti­ca­lisé pour devenir un ad­ver­be de né­ga­tion, et, dans le fran­çais parlé, il assure ainsi maintenant les fonc­tions de seul mot né­ga­ti­f. Selon Blanche-Benveniste (ALPF p. 39), 95 % des par­ti­cu­les ne sont absentes dans les con­ver­sa­tions quotidiennes chez les lo­cu­teurs de tous les âges et de tou­tes les couches sociales.

 Utilisation de ni dans le code écrit

Dans le code écrit ou le style soutenu, les règles concernant ni sont assez com­pli­quées :

a. Ni seul peut relier deux sub­or­don­nées né­ga­ti­ves :

Je constate que vous ne l’acceptez ni ne le refusez.  [= vous ne l’acceptez pas et ne le refusez pas].

b. Ni seul peut aus­si relier deux su­jets, dans un style très soutenu :

Le soleil ni la mort ne se peu­vent regarder fixement. (= Ni le soleil ni la mort ne peu­vent se regarder fixement.)

c. Si on relie deux ver­bes, ni est uti­li­sé seul, mais ne doit être ré­pé­té. De plus, ce n’est pos­si­ble qu’a­vec un su­jet qui est un pro­nom, et aux temps simples (pas aux temps com­po­sés) :

Il ne mange ni ne boit. [Il ne mange pas et ne boit pas.] Il n’avance ni ne recule. [= Il n’avance pas et ne recule pas.]

Recommandation : au total, on peut dire que pour l’étu­diant de fran­çais lan­gue étran­gè­re, l’em­ploi de ni n’est pas très facile, sauf quand on l’uti­li­se après ne… pas. Le plus simple est d’uti­li­ser ne…pas … et (ne) …pas :

Je ne peux pas partir : je n’ai pas de passeport et pas de visa. Il ne mange pas et ne boit pas. Le soleil et la mort ne peu­vent pas se regarder en face. Etc.

La néga­tion ne… guère

La né­ga­tion ne … guère est d’un em­ploi assez délicat. Elle s’uti­li­se surtout dans le code écrit et peut tou­jours être remplacée par d’au­tres ex­pres­sions.

a. Grammaticalement, guère est un ad­ver­be qui s’em­ploie tou­jours dans un sens né­ga­ti­f et, devant un com­plé­ment de ver­be direct, il entraine la transforma­tion de l’ar­ti­cle in­dé­fi­ni en de :

Elle a eu de la chance → Elle n’a guère eu de chance.

b. Sémantiquement, guère est en quelque sorte la forme négative de l’ad­ver­be bien et, com­me bien, il a une nuance subjective : la phra­se il a eu beau­coup de chance est une constata­tion neu­tre ; il a eu bien de la chance ajoute un com­mentaire sous-entendu de la part du lo­cu­teur « moi, je trouve qu’il a vrai­ment eu beau­coup de chance » ou « moi, je suis étonné de voir la chance qu’il a eue. » etc. De mê­me avec guère : il n’a pas eu beau­coup de chance est une constata­tion objective et neu­tre, tandis que il n’a guère eu de chance est plus subjectif et signifie « per­son­nellement, je dirais qu’il a été vrai­ment malchanceux » ou « il est bien à plaindre, le pauvre » etc. Dans cer­tains cas, cette nuance n’est pas très sensible et guère a une valeur plus objective. On peut dire ainsi :

Cette for­me n’est plus guère employée. La néga­tion point ne s’em­ploie plus guè­re.

Dans ce cas, guère signifie « plus très sou­vent » ou « seu­le­ment rarement ».

Ne  explétif

Emploi dans le code écrit strict

Le ne explétif (pleonastinen ne) est une pseudo-néga­tion héritée du latin qui s’est maintenue et qui est uti­li­sée es­sen­tiel­le­ment dans le code écrit strict, dans cer­tains cas bien précis. Il n’a pas de sens en lui-mê­me, c’est pourquoi on l’ap­pelle explétif (« qui sert à remplir la phra­se sans être né­ces­saire au sens », dé­fi­ni­tion du Grand Robert) et dans le fran­çais parlé on ne l’uti­li­se pra­ti­que­ment jamais.

Ne explétif n’a au­cu­ne valeur né­ga­ti­ve et peut tou­jours être supprimé sans que le sens de l’é­non­cé change. Malgré ce qu’affirment cer­tai­nes grammaires et ce que pensent cer­tains locuteurs, ne explétif n’apporte au­cu­ne information sup­plé­men­tai­re. Les deux phra­ses sui­vantes sont parfaitement équi­va­lentes pour le sens :

Je crains qu’il ne faille tout refaire / Je crains qu’il faille tout refaire.

Ne explétif peut être con­si­dé­ré com­me une décoration stylistique utilisée pour donner un ton plus soutenu (ylätyylinen sävy) au texte. On l’uti­li­se dans le code écrit strict dans les sub­or­don­nées après un cer­tain nombre de ver­bes et de con­jonc­tions, et dans les pro­po­si­tions en fonc­tion de com­plé­ment de com­pa­ra­tif.

Verbes pouvant entrainer l’utilisation d’un ne explétif

Le ne explétif peut s’uti­li­se no­tam­ment dans des pro­po­si­tions com­plé­tives com­plé­ments de ver­bes ex­pri­mant la crain­te, com­me craindre, avoir peur, redouter, et de cer­tains au­tres ver­bes com­me empêcher, éviter, ne pas douter, ne pas nier :

Je crains qu’il ne soit trop tard. Pelkään, että on myöhäistä. Il faut éviter qu’il ne soit mis au cou­rant. Nous redoutions qu’ils ne l’apprissent. Pelkäsimme, että he saisivat tietää pian. Je ne doutais pas qu’il ne vînt bientôt. En epäillyt, etteikö hän tule.

Dans le code écrit courant et le fran­çais parlé, les mê­mes phra­ses seraient :

Je crains qu’il soit trop tard. Il faut éviter qu’il soit mis au cou­rant. Nous redoutions qu’ils l’apprennent. Je ne doutais pas qu’il viendrait bientôt.

Remar­que : ne explétif n’est pas né­ga­ti­f. Pour ex­pri­mer la né­ga­tion, il faut uti­li­ser ne …pas. Com­pa­rer :

J’avais peur qu’il ne vienne. Pelkäsin hänen tulevan. J’avais peur qu’il ne vienne pas. Pel­kä­sin, ettei hän tulisi.

Conjonctions pouvant entrainer l’utilisation d’un ne explétif

Dans le code écrit strict, on uti­li­se ne explétif dans les sub­or­don­nées in­tro­duites par avant que, à moins que, de crainte que, de peur que :

Va voir un médecin, avant qu’il ne soit trop tard . Il ne prendra pas d’initiative, à moins qu’il n’y soit forcé. L’acteur portait des lunettes de soleil noires, de peur qu’on ne le re­con­nais­se.

Com­me dans le cas des ver­bes entrainant un ne explétif mentionnés ci-dessus, ne explétif après une con­jonc­tion n’est pas non plus né­ga­ti­f. Après des con­jonc­tions com­me de peur que, si on veut ex­pri­mer que la phra­se est né­ga­ti­ve, il faut uti­li­ser pas :

L’acteur portait une fausse barbe, de peur qu’on ne le reconnaisse dans la rue. En ar­ri­vant au studio, l’acteur avait enlevé sa fausse barbe, de peur qu’on ne le re­con­nais­se pas.

Dans la com­pa­rai­son

Ne explétif peut s’uti­li­ser dans le code écrit devant le ver­be d’une pro­po­si­tion com­plé­ment d’un com­pa­ra­tif. On peut éga­le­ment l’uti­li­ser en combinaison avec le pro­nom le (for­me CVD ou at­tri­but du pro­nom ÇA) :

C’était moins facile que je ne le pensais. Il y a eu plus d’inscrits qu’il n’était pos­si­ble d’en accepter. Le fin­nois est bien moins dif­fi­ci­le qu’on (ne) le prétend. Ça a mieux marché que je le pensais. La Finlande a eu moins de médailles qu’on ne l’attendait.

Ne explétif s’uti­li­se éga­le­ment dans une pro­po­si­tion com­plé­ment de plutôt :

Ces dames hurlaient plutôt qu’elles ne criaient. Les langues naturelles se créent plutôt qu’elles ne sont créées à partir d’une langue mère. Dans ce type d’ex­er­ci­ce, les ap­pre­nants reconstruisent l’informa­tion plutôt qu’ils ne la transmettent l’un à l’au­tre.

Dans une pro­po­si­tion com­plé­ment d’un com­pa­ra­tif d’égalité (aus­si … que), on n’uti­li­se pas ne explé­tif. Mais on peut uti­li­ser le pro­nom le (facultatif) :

Ce n’était pas aus­si dur que j(e l)’avais imaginé. Ce n’est pas aus­si compliqué qu’on pourrait (le) croire.

Dans le fran­çais parlé, on n’uti­li­se pas le ne explétif.

Quatre va­rian­tes

L’usage à propos de ne explétif dans la com­pa­rai­son est flottant : on uti­li­se soit ne explétif seul, soit le pro­nom le seul, soit les deux ensemble (voir les exem­ples ci-dessus). Il y a mê­me une quatrième possibilité, puis­que dans le fran­çais parlé on n’uti­li­se au­cun mot par­ti­cu­lier (ni le ni ne) :

Le fin­nois est bien moins dif­fi­ci­le qu’on ne le prétend. [code écrit strict]
Le fin­nois est bien moins dif­fi­ci­le qu’on ne prétend. [code écrit strict et cou­rant]
Le fin­nois est bien moins dif­fi­ci­le qu’on le prétend. [code écrit strict et cou­rant]
Le fin­nois est bien moins dif­fi­ci­le qu’on prétend. [code écrit cou­rant et fran­çais parlé]
C’était moins facile que je le pensais. [code écrit strict et cou­rant]
C’était moins facile que je ne pensais. [code écrit strict]
C’était moins facile que je pensais. [code écrit cou­rant et fran­çais parlé]
C’était moins facile que je ne le pensais. [code écrit strict]
Ça a mieux marché que je pensais. [code écrit cou­rant et fran­çais parlé]
Cela a mieux réussi que je ne (le) pensais. [code écrit strict]

Hypercorrectismes

Com­me ne explétif est perçu com­me « élégant », il n’est pas surprenant que beau­coup de gens l’uti­li­sent un peu n’importe com­ment. On trouve des cas où ne explétif est employé in­uti­lement dans des cas qui ne sont pas ceux pré­sen­tés ci-dessus, par un phé­no­mène d’analogie (hy­per­cor­rec­tis­me) :

Mon premier triathlon était pour des débutants (400 m de nage, 22 km en vélo et 5 km à pied) et ce n’était pas aus­si dif­fi­ci­le que je ne craignais. [relevé dans un blog]

La litote

La litote (fin­nois litoteesi) est un mode d’ex­pres­sion qui consiste à dire une chose né­ga­ti­vement pour dire en réalité le con­trai­re : l’affirma­tion est atténuée, mais devient par là-mê­me en­co­re plus forte. On uti­li­se aus­si la litote en fin­nois (l’ex­pres­sion fa­mi­liè­re fin­noise ei voisi vähempää kiinnostaa en est une, de mê­me que vähän oli vai­keaa!), mais de façon moins systématique qu’en fran­çais. L’ex­pres­sion pas mal est un ex­em­ple typique de litote, qui s’est figée dans un sens positif. Si l’é­non­cé est une litote, il faut éviter de le prendre littéralement (sananmukaisesti), com­me le montrent les tra­duc­tions en fin­nois dans les exem­ples sui­vants :

Ce n’est pas une mauvaise idée. Se ei ole hassumpi ajatus. Il n’est pas bête, cet enfant. Aika fiksu tuo lapsi. Ce n’est pas facile, la gram­mai­re fran­çai­se. Ranskan kielioppi on vähän vaikeaa. C’était pas mal. Se oli ihan kiva. Le voyage ne s’est pas passé sans dif­fi­cul­té, mais on a fini par arriver.

La litote est uti­li­sée dans le code écrit, mais on peut dire qu’elle est en­co­re plus fré­quen­te dans le fran­çais parlé :

C’était pas de la tarte. Huhhuh, mikä homma! Il est pas con, ce type ! Aika terävä tyyppi! Il est pas moche, ce jardin. Siisti piha!

À une phra­se né­ga­ti­ve qui ex­pri­me une litote, on répond af­fir­ma­ti­vement, et non pas néga­ti­ve­ment, ainsi que le font par er­reur de nom­breux ap­pre­nants de fran­çais lan­gue étran­gè­re (fin­no­pho­nes ou au­tres) :

C’était pas mal, n’est-ce pas ? Oui, c’était pas mal. Ei ollut hassumpaa, eihän? – Niin, oli ihan kivaa. [Ne pas répondre : *Non, c’était pas mal.] Il est pas mauvais, ce gâteau. –Oui, il est bon.  Aika hyvä kakku. – Niin on. [Ne pas répondre : *Non, il est bon].

Sans doute ou sans au­cun doute ?

Ces deux ex­pres­sions se ressemblent, mais ont un sens assez dif­fé­rent, et sont fré­quem­ment con­fon­dues. Sans au­cun doute cor­res­pond mot pour mot au fin­nois ilman epäilystäkään et ne pose gé­né­ra­le­ment pas de pro­blè­mes.

L’ex­pres­sion qui pose des dif­fi­cul­tés est plutôt sans doute, qu’il ne faut pas com­pren­dre litté­ralement. Au lieu de signifier mot à mot ilman (sans) epäilystä (doute), elle signifie pra­ti­que­ment le con­trai­re : « epäillen, epäilyk­sellä ». Autrement dit :

1) sans au­cun doute = ilman epäilystäkään, kieltämättä (« ilman mitään epäilystä ») = aivan varmasti, taa­tusti, ehdottomasti. La locu­tion sans au­cun doute a une va­rian­te sans nul doute, qui a le mê­me sens :

La victoire de la Finlande au championnat du monde de hockey a sans au­cun doute été ressentie com­me un évènement historique.

2) sans doute = luultavasti, varmaan, todennäköisesti :

Tu crois que la Finlande va gagner ? – Sans doute. La ques­tion est-elle donc ré­so­lue ? Oui, sans doute. Toutefois, des affirmations ex­cep­tion­nelles méritant des preuves ex­cep­tion­nelles, on est parfois tenté de jouer l’avocat du diable.

3) dans le code écrit strict, sans doute peut avoir son sens originel de « ilman epäilystä » (valeur conces­sive), et peut se traduire par kieltämättä  ; à l’oral, on uti­li­serait par ex­em­ple c’est vrai ou (bon,) d’accord :

C’est là sans doute une décision raisonnable. Se on kieltämättä järkevä päätös Dé­ra­ci­nés sans doute, mais très connectés : grâce au téléphone portable ou aux réseaux sociaux sur le web, les migrants sont désormais moins coupés de leurs proches. Une récompense sans doute, mais laquelle ?

Sans doute peut aus­si avoir cette valeur dans le fran­çais parlé dans une ar­gu­men­ta­tion, ou, assez fré­quem­ment, dans une ré­pon­se. Sans doute équivaut alors en fin­nois à totta kai ou toki :

Vous devez quand mê­me reconnaitre que le ministre a eu raison de retirer le projet.– Sans doute, mais, il aurait dû le faire plus tôt. N’aurait-il pas mieux valu refinancer le projet dans son ensemble ? – Oui, sans doute, mais vous ima­gi­nez les conséquences politiques !

Résumé : sans doute et sans au­cun doute
fran­çais con­tex­tefin­nois
sans au­cun doute,
sans nul doute
tousepäilemättä, aivan varmasti, ilman epäilystäkään
sans doutesens ha­bi­tu­el dans le code écrit et le fran­çais parléluultavasti, varmaan, todennäköisesti
code écrit surtout,
ou ré­pon­se à un argument
(code écrit et français parlé)
toki, totta kai, kieltämättä

Com­ment traduire vain ?

En fin­nois, l’ad­ver­be vain (« seu­le­ment ») peut, com­me l’ad­ver­be myös, se pla­cer li­bre­ment devant tout élé­ment de la phra­se sur lequel on veut faire porter l’idée de res­tric­tion : ad­jec­tif, nom, ad­ver­be, quantifiant, ver­be. En français, on ne peut pas utiliser seulement de la même manière, et les équivalents de vain varient beaucoup.

Vain porte sur un GN com­plé­ment de ver­be ou de phra­se

Quand vain porte sur un GN com­plé­ment de ver­be ou com­plé­ment de phra­se, on peut le traduire par ne … que ou seu­le­ment :

Vietin siellä vain kolme tuntia. Je n’y ai passé que trois heures. / J’y ai passé seu­le­ment trois heures. Aitoa patonkia saa vain Ranskasta. La vraie baguette ne se trouve qu’en France. / La vraie baguette se trouve seu­le­ment en France. Tilain viisi kirjaa, mutta sain vain neljä. J’ai commandé cinq livres, mais je n’en ai eu que quatre. / J’ai com­man­dé cinq livres, mais j’en ai eu seu­le­ment quatre.

À l’oral, (ne)… que est net­te­ment plus fré­quen­t que seu­le­ment, car il se réduit à une simple con­sonne /k/ : J’y ai passé que trois heures /ʒiepasektʁwazœʁ/.

Vain porte sur un GN su­jet

En fin­nois, l’ad­ver­be vain peut porter sur un GN su­jet. En fran­çais, seu­le­ment ne peut pas « mo­di­fier » un GN su­jet (sauf dans cer­tains cas, quand le su­jet est quan­ti­fié, voir ci-des­sous). Dans le code écrit, on uti­li­se seul(es) devant un GN su­jet in­dé­fi­ni. Si le GN est dé­fi­ni, on peut aus­si uti­li­ser la cons­truc­­tion être le/la/les seul(es) à + in­fi­ni­tif ; à la place de l’infinitif, on peut aus­si uti­li­ser une cons­truc­­tion re­la­ti­ve :

Vain iso urheiluseura pystyy ostamaan tämän tasoisen pelaajan.Seul un grand club peut acheter un joueur de ce niveau.  Vain poliisi saa tutkia käsilaukkuasi.Seul un agent de police a le droit de fouiller ton sac. Vain tämä merkki miellyttää asiakkaita. Seule cette mar­que plait aux clients. / Cette mar­que est la seule à plaire aux clients. / Cette mar­que est la seule qui plaise aux clients.

Quand le su­jet est un pro­nom per­son­nel, il se met à la for­me pleine et se place avant l’ad­jec­tif seul :

Vain sinä pystyt auttamaan minua. Toi seul peux m’aider / Tu es le seul qui puisses m’aider / Tu es le seul à pouvoir m’aider.
Vain he uskovat siihen.Ils sont les seuls à y croire. / Eux seuls y croient.
Vain minä ymmärrän sinua. Moi seul(e) te comprends. / Je suis le seul (la seule) qui te comprenne.
Vain he olisivat voineet vastata. Elles seules auraient pu répondre. / El­les sont les seu­les qui auraient pu répondre.

Il n’y a (pas) que

Dans le code écrit courant et le fran­çais parlé, on uti­li­se abondamment la cons­truc­­tion il n’y a que… + pro­nom relatif ou il n’y a que… + pro­nom relatif. Cette construc­tion est pra­ti­que pour rendre l’idée de vain pré­cé­dant un su­jet en fin­nois, mais elle permet éga­le­ment de faire porter la restric­tion sur d’au­tres élé­ments que le su­jet de la phra­se, selon un mécanisme analogue à celui des phrases cli­vées : la cons­truc­­tion de la phra­se et la for­me du pro­nom relatif varient d’après la fonc­tion du mot extrait. casque-audio-avec-micro 20.6

Dans la re­la­ti­ve in­tro­duite par il n’y a que, le ver­be est le plus sou­vent au sub­jonc­tif, mais on trouve de nom­breux cas avec in­di­ca­tif (voir aus­si le mode du ver­be de la re­la­ti­ve com­plé­tant un su­per­la­tif) :

Il n’y a qu’un grand club qui puisse acheter un joueur de ce niveau. Il n’y que cette mar­que qui plaise / plait aux clients. Il n’y a qu’un agent de police qui ait le droit de fouiller ton sac. Il n’y a qu’eux qui auraient pu répondre.  Il n’y a qu’eux qui y croient. Il n’y a que moi qui puisse vous aider. Il n’y a que toi /jaktwa/ que j’aime. Il n’y a que toi qui aies écrit. /jaktwakieekʁi/ Il n’y a qu’avec lui que je partirais en voiture. Il n’y a que pour eux que je ferais ça.

Cette construc­tion s’em­ploie aus­si couramment à la for­me né­ga­ti­ve :

Il n’y a pas que ça qui (pro­non­cé /japaksaki/) me dérange. Il n’y a pas qu’à eux qu’arrivent de tels malheurs. Il n’y a pas que les virus qui sont résistants ! Les préjugés aus­si.  Il n’y a pas que les échanges monétaires qui sont enrichissants. Si je comprends bien, il n’y a pas que les étrangers qui sont « sans papiers ». Il n’y avait que pour ce pays et cette culture que j’étais prête à partir un an loin de tout. Les blogueurs finissent par ne parler qu’aux blogueurs, il n’y a qu’eux qui les intéressent parce qu’il n’y a qu’entre eux qu’ils se comprennent.

Il n’y a que … qui/que et il n’y a pas que … qui/que sont très uti­li­sés dans le fran­çais parlé, parce qu’ils se réduisent à /jak/ et /japak/ :

Y a que toi que j’aime. Y a qu’en France qu’on trouve de la bonne baguette. Y a pas que toi /japaktwa/ qui aies des pro­blè­mes . Y a pas que lui /japaklɥi/ qui sache faire des belles pho­tos. Y a pas qu’à elle que ça arrive.

Cette cons­truc­­tion est très fré­quen­te dans le fran­çais parlé, net­te­ment moins dans le code écrit, qui uti­li­se d’au­tres moyens (voir ci-dessous). L’em­ploi du sub­jonc­tif n’est ce­pen­dant pas sys­té­ma­tique. Il ex­pri­me une nuance de but ou de conséquence (exem­ples a, b, c), qui n’est pas tou­jours très nette (exem­ple b et e avec in­di­ca­tif). D’au­tre part, com­me cet em­ploi du sub­jonc­tif à valeur finale est plutôt ca­rac­té­ris­ti­que du code écrit, il est normal qu’on ne l’em­ploie pas régulièrement dans le fran­çais parlé :

(a) Il n’y a que lui qui puisse nous aider.
(b) Mais il n’y a que pen­dant les soldes que je peux être vraiment fashion.
(c) Il n’y a pas que vous qui aimiez le foot. Et ole ainoa, joka pitää jalkapallosta.
(d) Il n’y a pas que toi qui saches faire la cuisine ! Et ole ainoa, joka osaa laittaa ruokaa.
(e) Il n’y a que deux per­son­nes qui se sont inscrites.

À l’im­par­fait, on n’uti­li­se que l’in­di­ca­tif, étant donné que le fran­çais parlé n’em­ploie pas le sub­jonc­tif im­par­fait. Dans le code écrit, on uti­li­se d’au­tres pro­cé­dés (qui peu­vent évi­dem­ment aus­si s’uti­li­ser quand la phra­se est au présent) :

Il n’y avait qu’un grand club qui pouvait acheter un joueur de ce niveau. Code écrit : Seul un grand club pouvait acheter un joueur de ce niveau. Il n’y avait que cette mar­que qui plaisait aux clients. Code écrit : Seule cette mar­que plaisait aux gens. / Cette mar­que était la seule à plaire aux clients. Il n’y avait qu’eux qui y croyaient. Code écrit : Ils étaient les seuls à y croire. / Eux seuls y croyaient. Il n’y avait pas que vous qui aviez des pro­blè­mes à cette époque. Code écrit : Vous n’étiez pas les seuls à avoir des pro­blè­mes à cette époque.

Vain porte sur un GN quantifié

Quand vain porte sur un GN quantifié en fonc­tion de su­jet, on peut uti­li­ser seul devant le GN dé­ter­mi­né ou seu­le­ment qui se met après le nombre ou le nom :

Tilastot osoittavat, että vain noin 10 % ranskalaisista matkustaa kesällä ulkomaille. Les sta­tis­ti­ques montrent que seuls 10% des Français vont à l’étranger en été. / Les sta­tis­tiques montrent que 10% seu­le­ment des Français vont à l’étranger en été. Tänään vain yksi oppilas tuli myöhässä.Aujourd’hui, un étudiant seu­le­ment était en retard.

En début de phra­se, seu­le­ment a un sens argumentatif et cor­res­pond à kuitenkin (voir Les ad­ver­bes à éviter en tête de phra­se) :

J’ai téléphoné plu­sieurs fois, seu­le­ment il n’y avait per­son­ne. Soitin monta kertaa, mutta kukaan ei vastannut.

C’est pourquoi dans le code écrit on ne l’uti­li­se pas pour traduire vain. En revanche, dans le fran­çais parlé, on peut aus­si placer seu­le­ment avant le GN quantifié, car on met alors l’accent d’insistance sur le nombre, et l’intona­tion in­di­que que seu­le­ment modifie le nombre et n’est pas à com­pren­dre dans un sens adversatif :

Seulement deux per­son­nes m’ont écrit.

Vain porte sur un ver­be

Quand l’ad­ver­be vain porte sur ver­be, on uti­li­se la cons­truc­­tion ne faire que + ver­be :

Hän vain toisti samoja latteuksia. Il ne faisait que répéter les mê­mes banalités. Jos vain luet tenttikirjan, se ei ole kovin tehokasta. Si tu ne fais que lire le livre pour l’exa­men, ce n’est pas très efficace. Olen vain käväisemässä. Je ne fais que passer. Varoituksista huolimatta hän vain poltti ja poltti. Malgré les avertissements, il ne faisait que fumer.

Dans cette cons­truc­tion, le fin­nois vain a deux valeurs : « se contenter de faire qch/se borner à faire qch » (ne pas se fatiguer à faire au­tre chose) ou « s’entêter à faire qch » (ne rien trouver de mieux, faire sans arrêt). Pour rendre l’idée de vain, on peut ainsi éga­le­ment uti­li­ser ces ver­bes :

Il s’est borné à nous présenter des banalités. Si tu te contentes de lire le livre pour l’examen, ce n’est pas très efficace. Malgré les avertissements, il s’entêtait à fumer.

On peut éga­le­ment uti­li­ser l’ad­ver­be sim­ple­ment :

*L’élève ne doit que lire le texte à voix haute. → L’élève doit sim­ple­ment lire le texte à voix haute. *Les élèves seu­le­ment posent des questions. → Les élè­ves posent sim­ple­ment des questions.

Tout ce que… c’est…

Dans la langue cou­rante, on uti­li­se fré­quem­ment une for­me pseudo-cli­vée de ne faire que, tout ce que … c’est :

Tout ce qu’il a fait, c’est présenter des banalités. Si tout ce que tu fais, c’est (de) lire le livre pour l’examen, ce n’est pas très efficace. Tout ce qu’il fait, c’est regarder la télé du matin au soir. Tout ce qu’il a dit, c’est qu’il viendrait demain, sinon je ne sais rien de plus.

La con­jonc­tion de est facultative et assez peu employée dans ce cas (mais on l’entend uti­li­ser). Cette tournure pseudo-cli­vée est un moyen pra­ti­que de contourner le pro­blè­me de neque dans une prin­ci­pa­le qui dé­ter­mi­ne une com­plé­tive in­tro­duite par que. En effet, pour traduire tiedän vain että…, on ne peut pas dire *je ne sais que que… (ex­em­ple : tiedän vain, että se on peruutettu *je ne sais que que c’est annulé). On dira donc par exem­ple :

Tout ce que je sais, c’est qu’il viendra demain. La seule chose que je sais, c’est qu’il viendra demain. Je sais seu­le­ment qu’il viendra demain. Je sais seu­le­ment une chose : il viendra demain. Tout ce que je sais, c’est que c’est annulé. Siitä tekstistä voidaan sanoa vain, milloin se on kirjoitettu, ei missä. Tout ce qu’on peut dire au su­jet de ce texte ou La seule chose qu’on puisse dire au su­jet de ce texte, c’est quand il a été écrit, pas où. Minä sanoin vain, että teen sen, en milloin teen sen.J’ai seu­le­ment dit que je le ferais, pas quand je le ferais. ou : Tout ce que j’ai dit, c’est que je le ferai, pas quand je le ferai. (et non pas *Je n’ai dit que que…)

Rien que

Dans le fran­çais parlé, vain ou pelkkä peu­vent aus­si être rendus par la cons­truc­­tion rien que :

Rien qu’à te regarder, j’ai compris que tu t’étais levé du pied gauche. Jo kun näin sinut, tajusin, että olit noussut väärällä jalalla.. Rien que dans la première page il y avait déjà 14 coquilles. Pelkästään ensimmäisellä sivulla oli jo 14 painovirhettä.. Il m’a fallu deux heures rien que pour repeindre une fenêtre. Minulta meni kaksi tuntia pelkästään yhden ikkunan maalaamiseen. Rien qu’à sa démarche, on le reconnait de loin. Jo pelkästä kävelytyylistä hänet tuntee kaukaa.

Autres em­plois idiomatiques cou­rants de vain

Sinä vain luet kirjojasi. Toi et tes livres !  Tulen heti – vaihdan vain vaatteet. Je me change et j’arrive. Mitä asiakas tekee?Istuu vain. Que fait le client ? – Rien.. Tule vain! Entre ! Sano vain! Dis-le . Tämä lienee vain positiivista. Cela ne peut être que positif. 

Ccom­ment traduire vaan ?

Vaan traduit par mais

Le mot vaan est une con­jonc­tion de coordina­tion qui s’em­ploie en fin­nois pour in­tro­duire une as­ser­tion af­fir­ma­ti­ve après une asser­tion né­ga­ti­ve. Elle cor­res­pond, par ex­em­ple, à l’allemand sondern ou au suédois utan, mais elle n’a pas d’équi­va­lent direct en fran­çais. On peut sou­vent traduire vaan par mais, mais il faut aus­si sou­vent le rendre par d’au­tres tournures (pré­sen­tées plus loin ci-dessous) :

Löysin paljon sieniä, vaan en yhtään hyvää. J’ai trouvé beau­coup de champignons, mais pas un seul de bon. Meillä ei ole mitään menetettävänä, vaan kaikki voitettavana. Nous n’avons rien à perdre mais tout à gagner. ei tänään vaan huomenna pas au­jour­d’hui mais demain. Tärkeintä ei ole voitto vaan osanotto. L’im­por­tant n’est pas de ga­gner, mais de par­ti­ci­per.

Dans la construc­tion ei ainoastaan… vaan myös…, le mot vaan se rend aus­si par mais :

Hän ei vain huutanut, vaan myös solvasi ihmisiä. Non seu­le­ment il criait, mais il in­sul­tait aus­si les gens.  Le mode de représenta­tion ne concerne pas seu­le­ment des noms concrets, mais aus­si des noms abstraits. Ces tournures sont non seu­le­ment agram­ma­ti­cales mais aus­si in­com­pré­hen­si­bles.

Asyndète

Quand on reprend une assertion pour la corriger, on ex­pri­me gé­né­ra­le­ment l’idée de vaan par une asyndète, au­tre­ment dit par l’absence de coordination, en reprenant à la for­me af­fir­ma­ti­ve la phra­se qui était à la for­me né­ga­ti­ve. Cette tournure est très utilisée à l’oral, en par­ti­cu­lier, mais aus­si à l’écrit dans des phra­ses re­la­ti­ve­ment courtes :

Cette année il ne m’a pas offert une cravate, il m’a offert une chemise. Il ne boit pas du vin, il boit du cidre. Je ne veux pas ce livre-là, je veux celui-ci. Fi­na­le­ment, on n’a pas acheté des skis, on a acheté un snowboard. Je n’ai pas dit qu’on irait en Sicile, j’ai dit qu’on irait en Sardaigne. L’im­por­tant, ce n’est pas de ga­gner, c’est de par­ti­ci­per.

L’asyndète permet aus­si de rendre vaan dans d’au­tres cas de façon beau­coup plus idiomatique que par mais :

En voinut vastustaa kiusausta vaan ostin upouuden Leican. Je n’ai pas pu résister, j’ai acheté le dernier Leica. Hän ei tehnyt sitä ilkeyttään, vaan hänet pakotettiin siihen.Il ne l’a pas fait par méchanceté, on l’y a poussé. Nyt ei tarvita puheita, vaan tekoja! Assez de paroles, des actes ! Älkää odottako kädet ristissä, vaan tehkää jotakin! Ne restez pas les bras croisés, réagissez !

Vaan rendu par des signes de ponctuation

Le deux-points est sou­vent un moyen très pra­ti­que de rendre en fran­çais vaan :

Hän ei ole naimisissa eikä eronnut vaan leski. Il n’est ni marié ni divorcé : il est veuf.

Le point-virgule est aus­si un moyen commode d’ex­pri­mer la mê­me valeur d’op­po­si­tion :

Tällä hetkellä maassa ei ole käynnissä etnisiä puhdistuksia vaan tilanne on siinä määrin pys­tyt­ty rauhoittamaan, että nykyiset tapahtumat ovat yksittäisiä välikohtauksia. Il n’y a pas à l’heure actuelle de purifications ethniques en cours dans ce pays ; au con­trai­re, on est si bien parvenu à calmer la situa­tion que les évènements actuels doivent être con­si­dé­rés com­me des incidents isolés.

Emploi idiomatique de vaan

En fin­nois, vaan s’em­ploie éga­le­ment dans diverses ex­pres­sions, dans lesquelles il ne peut pas être rendu en fran­çais par tel ou tel mot précis :

Siitä vaan yrittämään! Tu peux / Vous pouvez tou­jours essayer ! Se ei vaan toimi.Rien à faire, ça ne marche pas. Kappas vaan! Ça par ex­em­ple ! / Tiens donc ! En minä vaan tiedä! J’en sais rien, moi  ! Siitä vaan, mene kertomaan hänelle loputkin! Pendant que tu y es, va lui dire le reste aus­si  ! Jos et halua lähteä mukaan Tahitille, sitä vaan! Matka tulee halvemmaksi. Si tu ne veux pas partir avec nous à Tahiti, qu’à cela ne tienne, le voyage reviendra moins cher !

ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
13. La phra­se né­ga­ti­ve. Dernière mise à jour : 6.8.2022
Mises à jour après le 15.8.2022