Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones
En français et en finnois, les noms, les adjectifs, les pronoms et les verbes ont des formes variables. Elles peuvent varier selon le nombre (luku), singulier ou pluriel, et, dans le cas des verbes, selon la personne (persoona).
En français (mais pas en finnois), les mots peuvent également varier selon le genre grammatical (suku), masculin ou féminin, du mot dont ils dépendent. Dans certains cas, l’opposition entre masculin ou féminin peut correspondre à une distinction biologique (un chien/une chienne), mais quand le nom a un référent non animé (eloton tarkoite), c’est-à-dire ne désigne pas un être vivant, cette opposition est purement grammaticale et arbitraire.
Dans la majorité des cas, l’opposition de genre est donc une opposition de genre grammatical, qui peut paraitre aléatoire aux apprenants de français comme langue étrangère (par exemple un laboratoire mais une nageoire) et qui doit être mémorisé. Il y a cependant quelques règles générales permettant de prédire le genre grammatical d’une grande partie de ces mots, voir les tableaux ci-dessous).
En finnois, les mots s’accordent aussi selon le cas grammatical (sijamuoto) : näissä kahdessa pienessä talossa « dans ces deux petites maisons ».
Toutes ces variations en nombre, en genre (en français), en personne et en cas (en finnois) constitutent ce qu’on appelle « l’accord grammatical » (kongruenssi).
En français, les noms, les pronoms et les adjectifs peuvent avoir deux genres grammaticaux, masculin ou féminin. À une époque de l’histoire du français, la forme du masculin et celle du féminin de nombreux adjectifs étaient devenues identiques (et se prononçaient de la même manière), ce qui explique pourquoi on dit grand-mère, grand-chose, grand-route, grand-tante etc. Puis on a rétabli la voyelle finale dans la forme féminine (et, à l’oral, la consonne finale).
La forme du masculin des noms et, moins fréquemment, celle du féminin, s’utilisent également avec une valeur générique qui peut représenter tous les signifiés de genre grammatical masculins et féminins pris ensemble : les Français, les usagers, un seul candidat (homme ou femme), une seule victime (homme ou femme), des personnes âgées (homme ou femme), des baleines bleues (mâles ou femelles) etc.
Quand le nom renvoie à un référent animé (elollinen, être humain ou animal), il peut varier selon le genre biologique (un enfant/une enfant, un juge/une juge, un chat/une chatte), mais la grande majorité des noms d’animaux n’ont qu’une seule forme (souris, abeille, baleine, opossum…). Il y a plusieurs possibilités, voir le féminin des noms et des adjectifs.
Quand le référent du nom est un non animé (chose, objet, notion etc.), le genre est arbitraire et il n’y a pas de rapport sémantique entre le référent du nom et le genre.
Le genre a été fixé par l’évolution de la langue. Pendant cette évolution, les changements de genre ont été fréquents, et des changements continuent de se produire, car la langue évolue sans cesse. De nombreux noms du français ont un genre différent de celui qu’ils avaient en latin ou qu’ils ont dans les autres langues romanes, ou dans d’autres langues, ou dans la langue à laquelle ils ont été empruntés. Parfois, les dictionnaires indiquent un genre qui n’est pas celui utilisé dans la langue courante, voir De nouvelles binocles.
Certains pronoms ou certains éléments de la phrase n’ont pas de genre grammatical : ça, plusieurs, quelque chose etc. On dit dans habituellement qu’ils sont neutres (en latin, ce mot signifie « ni l’un ni l’autre », ei kumpikaan). Dans ce Guide, on utilise l’expression « sans genre grammatical », ou, plus brièvement, « sans genre ». Morphologiquement, l’absence de genre grammatical est marquée par la forme du masculin (qui était devenue identique à celle du neutre lors de l’évolution phonétique du latin vers le français).
Dans certaines langues, on fait une distinction entre des noms ou des pronoms qui désignent un animé (elollinen, personne ou animal) et ceux qui désignent un non animé (objet, idée, notion abstraite etc.). En finnois, le pronom de personne 3 a une forme pour renvoyer à un humain (donc seulement une partie des animés), hän, et une forme qui renvoie aux animés non humains (les animaux) ou à des non animés (objet, idée etc.), se. Dans la langue courante, cette distinction est souvent effacée et on utilise se pour désigner des humains également.
En français, on ne fait généralement pas la distinction entre animé et non animé. Le pronom elle peut renvoyer indifféremment à des mots comme amie, souris, directrice, table, cuisine, pluie, intention, expérience etc. Cependant, certaines formes du pronom IL peuvent être différentes si le référent du pronom est animé ou non animé : Je pense à lui (animé, mon ami) / J’y pense (non animé, le départ), ou bien nous comptons sur elle (animé, la spécialiste) / nous comptons sur celle-ci (non animé, la nouvelle méthode d’analyse).
Comme en finnois, l’accord grammatical (kongruenssi) désigne le fait que quand certains mots ont un rapport syntaxique avec un autre, ils peuvent se mettre (en français mais pas en finnois) au même genre, masculin ou féminin, et/ou (en français et en finnois) au même nombre, singulier ou pluriel :
En français, l’accord est visible ou perceptible dans la forme écrite d’une séquence de mots (« à l’écrit »), mais le plus souvent il ne s’entend pas quand on prononce cette séquence ( « à l’oral ») : elles louent quelles voitures ? se prononce exactement de la même manière que elle loue quelle voiture ?, elle loue quelles voitures ? ou elles louent quelle voiture ?
Dans le cas des noms désignant des non animés, le genre est arbitraire. La forme finale du nom permet dans certains cas de déduire le genre, mais le plus souvent, la seule solution pour connaitre le genre d’un nom est d’apprendre le genre par cœur ou de consulter un dictionnaire.
-age | un voyage, le ramassage (en général dérivés verbaux), le ménage Exceptions : la nage, une page, une image, une plage, une cage, la rage |
-al | le métal, le canal |
-ard | un retard, un pétard |
-au, -eau | un bureau, un noyau, un maquereau, un château |
-et | un paquet, un billet |
-ent | l’accident, le talent. Exceptions : la dent, la gent |
consonne + in | le coussin, le cristallin, le satin. Exception : la fin |
-ou | un clou, un trou, un cou |
-isme | le tourisme, l’impressionnisme, le socialisme |
-ment | le mouvement, un complément, le parlement, le classement, le développement |
-oir | un abattoir, un lavoir, un rasoir, le soir, un loir |
-ot | un complot, un matelot, le trot |
-ade | une promenade, une salade, une rasade |
-aison | une maison, la salaison, une saison, cette raison |
-ée | une journée, la levée, la cuillerée, la maisonnée, la dictée, la veillée, une panacée. Exceptions : voir ci-dessous. |
-ence, -ance | la conséquence, l’importance |
-esse | la paresse, la jeunesse |
-ette | l’assiette, la raquette |
-ie | la psychologie, la furie, une partie |
-tié | l’amitié, la moitié, la pitié |
-tion, -sion | une station, une émission, la condition, une solution, sa décision |
-ude | l’habitude, la quiétude, la mansuétude |
-ure | la peinture, l’ouverture, la confiture, la couture |
D’autres suffixes ne se répartissent pas par genre de façon nette, par exemple les mots en ‑oire : une nageoire, un accessoire, une armoire, un laboratoire, une histoire, un directoire…
Les noms terminés en -ée sont normalement de genre grammatical féminin, mais un certain nombre de noms d’origine grecque en -ée sont du genre masculin. Les trois noms les plus fréquents sont : le lycée, le musée, le trophée (moins fréquents : le coryphée, le caducée, le gynécée, l’élysée).
Dans le cas de certains noms, le genre grammatical ne s’est pas fixé de façon définitive. On peut dire indifféremment :
un/une après-midi ■ un/une perce-neige lumikello ■ un/une interview haastattelu [le féminin est plus fréquent] ■ un/une sandre kuha ■ un/une pamplemousse greippi [le masculin est plus fréquent] etc.
Certains noms peuvent avoir un genre différent au singulier et au pluriel.
Un certain nombre de noms homonymes se distinguent par le genre grammatical ; le référent du nom est différent au masculin et au féminin. Ci-dessous figure une liste des mots les plus fréquents, avec la traduction en finnois pour chaque genre :
nom | masculin | féminin |
---|---|---|
aide | apulainen, apuri | apu |
barde | bardi | silavan viipale |
cartouche | kartussi | patruuna |
crêpe | kreppikangas | ohukainen |
critique | kriitikko | kritiikki |
garde | vartija | vartiosto |
greffe | hovioikeuden kanslia | elimen siirto |
livre | kirja | punta, puoli kiloa |
manche | kahva | hiha |
manœuvre | sekatyömies | [sota- yms.] liike |
mémoire | muistio, tutkielma | muisti |
mode | tapa, muoto | muoti |
moule | muotti | sinisimpukka |
mousse | laivapoika | vaahto |
page | hovipoika | sivu |
pendule | heiluri | seinäkello |
physique | ulkonäkö | fysiikka |
platine | platina | [levy-, kasetti-]soitin |
poêle | kamiina | paistinpannu |
poste | toimi | posti |
solde | saldo, pl. soldes alennusmyynti | sotilaan palkka |
somme | nokoset | summa |
tour | kierros | torni |
vase | maljakko | pohjamuta |
vapeur | höyrylaiva | höyry |
voile | huntu, verho | purje |
Parfois, la langue courante utilise un genre grammatical « erroné » : le mot binocles (rillit) est donné par les dictionnaires comme masculin, mais utilisé couramment au féminin, probablement par analogie avec le féminin lunettes. On a trouvé sur Internet (mai 2021) seulement 8 occurrences de la suite de nouveaux binocles contre 202 de la suite de nouvelles binocles, et 6 de la suite de gros binocles contre 1380 du féminin de grosses binocles. Dans ce cas précis, le non francophone a donc aussi intérêt à utiliser le féminin : tiens, tu as de nouvelles binocles ? De même, solde (saldo, loppuerä), au pluriel soldes (alennusmyynti), est du masculin (Soldes géants jättiale), mais beaucoup croient que c’est un féminin à cause du nom féminin solde « salaire » (palkka).
Cette hésitation sur le genre est également fréquente dans le cas des mots d’emprunt, dont le genre peut mettre un certain temps à se fixer de manière définitive. Dans certains endroits de Paris, on pouvait encore voir dans les années 1980 des enseignes indiquant Sauna finlandaise, aujourd’hui c’est le masculin un sauna qui est de règle. Le mot monospace (tila-auto) était au départ féminin (< une voiture) mais est rapidement devenu du masculin.
Trois noms ont un genre différent au singulier et au pluriel : amour, délice et orgue. À l’exception d’orgues, courant dans l’expression grandes orgues (pääurut), les pluriels féminins amours et délices sont essentiellement du style soutenu (beaucoup de francophones ignorent sans doute cette règle) ou sont utilisés dans expressions pratiquement figées :
un amour fort vahva rakkaus / des amours anciennes vanhat rakkaudet ■ un vrai délice tosi herkku/ des délices surannées vanhanaikaiset ilot ■ un orgue ancien vanhat urut / des orgues rénovées restauroidut urut
Le pluriel délices est cependant toujours repris par un pronom ou déterminé par un déterminant au masculin dans des constructions comme un des délices ou le plus grand des délices : Les huitres étaient un de ses plus grands délices.
Si le nom est composé de deux noms, le genre du nom composé est pratiquement toujours celui du premier terme (osa) ; si le premier terme est un verbe, le genre du nom est toujours le masculin :
une porte ovi + une fenêtre ikkuna → une porte-fenêtre ikkunaovi ■ un camion kuorma-auto + une citerne säiliö → un camion-citerne säiliöauto ■ un tourne-disque, le savoir-faire, un ouvre-bouteille
On n’utilise pratiquement jamais d’article devant les noms de mois. Grammaticalement, ils sont de genre masculin (comme le mot mois) :
Février a été exceptionnellement doux. ■ Juillet a été pluvieux.
En cas d’incertitude, on peut toujours dire le mois de février, le mois de juillet etc.
Les noms comportant des chiffres ou autres tournures elliptiques du même genre prennent le genre du référent :
un 35 tonnes (un camion de 35 tonnes) ■ un mp3 (un lecteur mp3) ■ un six-cylindres en V V-kutonen moottori (un moteur à six cylindres en V) ■ une six-cylindres V-kutonen –auto (une voiture avec un moteur de six cylindres) ■ une 300 chevaux (une voiture de 300 chevaux) ■ un Intel core i9 (un ordinateur à processeur Intel i9) ■ un cinq pièces (un appartement de 5 pièces, pièce est normalement féminin)
Quand un nom propre est utilisé comme un nom commun désignant elliptiquement un objet de telle et telle marque (une Renault = une voiture de marque Renault), le nom prend le genre de l’objet qu’il désigne :
un [téléphone] portable → un Samsung, un LG, un Nokia ■ une voiture → une Renault, une Fiat, une Volvo, une Kia, une BMW ■ un camion → un Renault, un Fiat, un Volvo, un Scania ■ une moto → une Honda, une Harley-Davidson ■ un four à micro-ondes → un Philips, un Moulinex ■ un ordinateur → un Acer, un HP, un Apple etc.
On peut ainsi différencier par exemple une Kawasaki (une moto de marque Kawasaki) et un Kawasaki (un piano). Parfois le genre est flottant :
une/un Brandt (une machine à laver ou un lave-linge), un/une Loewe (un téléviseur ou une télévision)
La même règle s’applique à d’autres tournures où le nom propre désigne elliptiquement l’auteur ou l’objet :
un Renoir, un Rembrandt (un tableau) ■ À son modelé facilement reconnaissable, on voit tout de suite qu’il s’agit d’un Marie Laurencin (un tableau de Marie Laurencin). ■ Versailles est très grand (le château de Versailles). ■ Notre-Dame sera reconstruite (la cathédrale Notre-Dame). ■ Lascaux est fermée au public (la grotte de Lascaux).
Quand on désigne une œuvre d’art, une pièce de musique, un film etc., par le nom de son auteur, on utilise l’article indéfini massif sans genre (forme du masculin singulier) :
du Janequin, du Rossini, du Michelange, du Hugo, du Södergran, du Yourcenar, du Lenôtre, du Truffaut, du Rammstein etc.
Le genre des abréviations et des sigles dépend du nom principal contenu dans l’abréviation :
l’ONU (fém.) → l’Organisation (f.) des Nations Unies YK, le TGV → le train à grande vitesse ■ la SNCF → la Société nationale des chemins de fers français ■ l’UE (fém.) → l’Union (f.) européenne ■ une IVG → une interruption volontaire de grossesse abortti
Dans les abréviations étrangères, on utilise en principe le genre qu’aurait le mot en français. Mais l’usage est parfois hésitant, notamment quand le sigle est emprunté à une langue qui ne marque pas le genre ou dans laquelle le genre n’est pas apparent (en anglais par exemple), et les incohérences sont fréquentes.
le FBI (bureau = masculin), la CIA (agency = agence, féminin).
La Alexanderplatz… Quand on utilise sous sa forme originale un nom d’une langue où existent des distinctions de genre (comme l’allemand), certains locuteurs donnent au mot le genre qu’il aurait en français : nous avons visité la Alexanderplatz (place est féminin en français) ou devant la Hauptbanhof (gare féminin en français), ce qui revient à attribuer un genre erroné au mot allemand d’origine (Platz et Bahnhof sont de genre masculin) et choque l’oreille du germanophone.
Les dictionnaires unilingues de noms propres mentionnent rarement le genre grammatical des noms propres géographiques, et pourtant cette information serait facile à ajouter, et très utile aux apprenants de français langue étrangère. Dans certains cas, les locuteurs francophones eux-mêmes peuvent avoir des incertitudes concernant le genre et doivent parfois recourir à une périphrase. Même dans les cas où le nom propre est employé sans article, connaitre le genre du nom peut avoir son importance, par exemple pour l’accord de l’adjectif ou du participe passé.
En règle générale, les noms terminés par un e sont du féminin :
la France, l’Allemagne, l’Argentine, l’Inde, l’Alsace, la Bourgogne, la Vendée, la Saintonge, la Provence, la Champagne, la Finlande, la Suède, la Norvège, l’Islande, la Hollande, la Saxe Saksi, la Fionie Fyn-saari, la Scanie Skåne, l’Ostrobotnie Pohjanmaa, la Carélie Karjala etc.
Exceptions : le Belize, le Cambodge, le Mexique, le Zimbabwe (dont l’e final se prononce /e/
) et l’ancien nom de pays Le Zaïre
Tous les autres noms de pays ou de régions sont du masculin :
le Portugal, le Canada, le Nigeria, le Botswana, le Cap-Vert, l’Iran, Israël (s’utilise sans article), le Limousin, le Languedoc, le Danemark, le Népal, le Liban, le Pas-de-Calais, le Beaujolais, le Québec, l’Ontario, l’Indiana, le Texas, l’Arizona, le Sahara, le Serengeti
Le genre des noms désignant des rivières et des montagnes est variable et ne peut pas se déduire de la forme du mot :
Noms de fleuves de genre masculin :
le Rhône, le Rhin Rein, le Danube Tonava, le Nil Niili, le Gange Ganges, le Missouri, l’Amazone
Noms de fleuves de genre féminin :
la Loire, la Seine, la Meuse Maasjoki, la Moselle Mosel, la Volga, la Tamise Thames-joki
Noms de montagnes de genre masculin :
le Jura, le Morvan, l’Himalaya, le Caucase Kaukasus, l’Etna, le Nyiragongo, le Katla, le Sinaï
Noms de montagnes de genre féminin :
les Vosges Vogeesit, les Alpes, les Andes Andit, les Pyrénées, les Appalaches, les Rocheuses Kalliovuoret
Les noms de mers sont féminins (une mer), les noms d’océans, masculins (un océan) ; le genre ne pose pas de problème quand le mot mer ou océan est exprimé : la mer Rouge, l’océan Indien. Les noms de lacs sont masculins (un lac) :
la Méditerranée, la Caspienne, la Baltique, le Pacifique, l’Atlantique, le Léman, le Ladoga, le Baïkal, le Balaton, l’Erie, le Päijänne, le Saimaa, le Mälaren, le Malawi etc.
En cas d’incertitude, on peut évidemment dire aussi la mer Méditerranée, la mer Baltique, l’océan Pacifique, le lac Ladoga, le Lac Léman etc.
Les noms d’iles sont en général du féminin. Certains prennent un article, qui indique alors le genre. Les noms d’ile au pluriel sont toujours du féminin :
La Barbade Barbados, la Réunion, la Guadeloupe, les Hébrides, les Antilles, les Philippines, les Kerguelen, les Seychelles, les Maldives, les Malouines etc.
Exception : le Groenland (au Groenland).
Le masculin est aussi possible avec des noms d’iles n’étant pas terminés en -e ou -a : Nauru, Kiribati, Tuvalu. Un nom d’ile peut aussi être du masculin s’il désigne un État :
Cuba est devenu une destination touristique à la mode. ■ Madagascar est très grand.
Même si le nom du pays insulaire ou de l’ile n’a pas d’article, le genre peut se manifester dans l’accord de l’adjectif ou du participe :
Antigua est située dans les Antilles.
Le référent du nom de l’ile peut également affecter le genre : St Vincent est masculin, Ste Lucie et Ste Hélène féminins, de même que les noms espagnols féminins comme Trinidad. En cas d’incertitude, le mieux est d’utiliser la tournure non elliptique : l’ile de Nauru etc.
Le nom de certaines villes, françaises ou étrangères, est précédé d’un article, qui indique le genre :
Le Havre, La Baule, le Cap (Kapkaupunki), Le Caire (Kairo)
Mais la plupart des noms de ville sont sans article et sont extérieurement sans genre grammatical. L’absence de marque de genre peut être embarrassante dans les cas où il faut faire l’accord avec un adjectif ou renvoyer à la ville en question par un pronom. Il n’existe pas de règles strictes à ce sujet. En général, les noms de ville sont à référent masculin. Seuls quelques noms en ‑e de villes célèbres ou d’importance historique sont nettement féminins, notamment (mais pas uniquement) quand l’adjectif qui les accompagne a une nuance subjective ou emphatique :
l’ancienne Rome, la nouvelle Byzance ■ Venise est belle.
Les adjectifs ancien et nouveau entrainent souvent une féminisation du nom de ville : Louvain-la-Neuve, la nouvelle Carthage, la nouvelle Jérusalem, l’ancienne Persépolis. Dans les autres cas, le nom de ville est masculin :
le vieux Marseille, le grand Paris ■ Grenoble est très grand. ■ Le nouveau Strasbourg Strasbourgin uudet kaupunginosat ■ Il a neigé, Paris est tout blanc. ■ México est très étendu.
On peut dire que le féminin est plus solennel, plus subjectif, le masculin plus concret, sans nuance particulière : on peut ainsi opposer la vieille Marseille vanha sivistyskaupunki Marseille et le vieux Marseille Marseillen vanha kaupunki (vanhat korttelit).
Pour l’étudiant de français langue étrangère, il n’est sans doute pas très facile de distinguer ces nuances avec certitude. En cas de doute, le plus simple est d’utiliser une tournure avec le mot ville :
Grenoble est une grande ville. ■ Athènes est une ville très ancienne.
Quand le sujet du verbe est au singulier, le verbe s’accorde au singulier :
L’enfant joue dans le jardin. Tu le vois ? Il est tout content.
Quand le sujet est au pluriel, le verbe se met au pluriel
Les enfants jouent dans le jardin. Vous les voyez ? Ils sont tout contents. ■ Pierre et François font de la plongée. ■ Son père et lui partent en vacances. ■ Ils sont restés longtemps. ■ Beaucoup de gens ne lisent jamais de livres.
Quand les sujets sont reliés par ou, le nombre du verbe dépend du sens :
Est-ce que c’est Pierre ou François qui fait de la plongée ? [= seulement l’un ou l’autre] ■ Une casquette ou un chapeau sont nécessaires pour se protéger des moustiques. [= les deux]
Quand on utilise les conjonctions ni … ni …, le verbe peut être au pluriel ou au singulier (le pluriel est cependant plus fréquent) :
Ni Pierre ni François ne fait / ne font de la plongée. ■ Ni l’un ni l’autre ne viendra / ne viendront.
Quand le sujet du verbe représente des personnes différentes (au sens grammatical de persoona), le verbe s’accorde d’après les mêmes règles qu’en finnois :
Toi et moi sommes toujours d’accord. ■ Jean et moi devons refaire l’examen. ■ Vous et nous en pensons la même chose. ■ Ton ami et toi partirez demain. ■ Vous et mon frère pourriez y aller aussi.
Dans le français parlé, il y a souvent dislocation ; quand nous est remplacé par on, le verbe est au singulier, mais le participe passé peut s’accorder :
Ton ami et toi, vous partirez demain. ■ Toi et moi, on est toujours d’accord. ■ On est tous rentrés complètement crevés.
Dans les propositions relatives, le verbe s’accorde en genre, en nombre et en personne avec l’antécédent (comme c’est le cas en finnois pour le nombre et la personne) :
Ce n’est pas moi qui ai dit ça. ■ C’est moi qui leur ai annoncé la nouvelle. ■ Toi qui as toujours de si brillantes idées, qu’est-ce que tu proposes pour nous sortir de là ? ■ Ils sont allés chez des amis qui ont acheté une maison dans les Alpes. ■ C’est nous qui en avons eu l’idée. ■ C’est peut-être toi et lui qui avez raison.
Dans le cas de le seul, le premier, le dernier etc., le verbe s’accorde soit avec le sujet de la principale soit avec la personne de l’antécédent :
Nous sommes les seuls qui puissions / qui puissent répondre à cette question. Vain me pystymme vastaamaan siihen kysymykseen.
Les expressions de quantité contenant un élément singulier mais renvoyant à un référent pluriel posent le problème de l’accord. Faut-il accorder selon la grammaire (sujet GN singulier → verbe au singulier) ou selon le sens (référent pluriel → verbe au pluriel) ? comme en finnois dans des cas similaires, l’usage n’est pas complètement fixé à ce sujet, et les deux manières d’accorder sont souvent possibles, même s’il existe certaines tendances à préférer tel ou tel accord.
Le verbe se met au pluriel :
Beaucoup d’élèves ont choisi le français. ■ Peu de gens font du russe. ■ Combien de personnes ont choisi l’italien ? ■ Environ 30 % des élèves de lycée étudient deux ou trois langues étrangères. ■ Un tiers des élèves sont absents pour cause de maladie.
Bien que formellement un tiers de soit un singulier, le sens est nettement pluriel, car il s’agit d’une sorte de déterminant numéral.
Le verbe peut s’accorder avec l’un ou l’autre nom. Dans la langue courante, on préfère de façon générale accorder au pluriel, surtout si dans la phrase il y a par exemple un pronom de sens nettement pluriel :
La majorité des gens pense / pensent que les impôts sont nécessaires. ■ Un très grand nombre de gens est venu / sont venus assister au feu d’artifice. ■ La moitié des élèves a décidé / ont décidé de faire du français l’an prochain. ■ La majorité des Français seraient incapables de situer Helsinki sur la carte de l’Europe. ■ La grande majorité des Français prennent leurs vacances au mois d’aout. [*ses vacances serait agrammatical]
Quand le nom suivant de est au singulier, le verbe s’accorde au singulier :
La moitié de la garnison a la grippe. Puolet varuskunnasta sairastaa flunssaa.
Dans le déterminant la plupart de, le nom plupart a perdu sa valeur de nom. Le groupe s’est grammaticalisé et, s’il est suivi d’un pluriel, on fait toujours l’accord au pluriel. Si on veut rendre le finnois suurin osa + déterminant singulier, le mieux est d’utiliser la plus grande partie de. Comparer :
La plupart des élèves choisissent l’anglais. ■ La plupart des élèves de terminale passent le bac à la session de printemps. ■ La plus grande partie du personnel a été mise au chômage partiel.
Remarque : dans l’ensemble, excepté le cas de la plupart de, beaucoup de cas sont sujets à interprétation et posent des problèmes aux francophones eux-mêmes. On peut donner comme conseil général que, dans le doute, le mieux est d’utiliser un pluriel.
L’adjectif et les participes ou passés utilisés comme adjectifs s’accordent en genre et en nombre avec le nom (ou le pronom) auquel ils se rapportent :
des informations nouvelles, une exposition intéressante, des spectateurs déçus ■ Les histoires d’amour, je les trouve ennuyeuses.
Si l’adjectif ou le participe se rapportent à plusieurs noms ou pronoms, ou à un pronom de sens pluriel, ils s’accordent au pluriel. Si les noms ou les pronoms sont de genre différent (masculin et féminin), l’adjectif ou le participe se mettent au masculin pluriel :
un garçon et une fille finlandais ■ Dans la pièce, il y avait une chaise et un bureau verts. ■ Sa sœur et lui sont partis.
Un nom pluriel peut être accompagné de plusieurs adjectifs qui peuvent être chacun au singulier, si chaque adjectif caractérise seulement un des éléments de l’ensemble :
les délégations française et allemande (= la délégation française et la délégation allemande) ■ les Républiques tchèque et slovaque — le principe de la division des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire lainsäädäntö-, toimeenpano- ja tuomiovallan jakamisen periaate ■ les minorités suédophone et samie de Finlande
De nombreux adjectifs s’emploient comme adverbes. Ils sont dans ce cas sans genre (c’est-à-dire formellement au masculin singulier) et invariables :
Il chante faux. ■ hacher les ognons très fin ■ Cette voiture coute cher. ■ Elle s’habille jeune. Hän pukeutuu nuorekkaasti.
On trouve le même emploi dans diverses expressions :
sentir bon tuoksua hyvälle ■ peser lourd painaa paljon ■ voir clair ymmärtää ■ faire vieux näyttää vanhalta ■ parler fort puhua kovaan ääneen etc.
Inversement, des adverbes peuvent être employés comme adjectifs. Ils restent invariables :
Ta robe est très bien. ■ Ces livres sont bon marché. ■ La soirée était pas mal. ■ Elle est vraiment trop, ta copine !
Dans l’expression avoir l’air + adjectif, l’adjectif peut s’accorder avec le mot air au masculin (elle a l’air étonné), ou s’accorder avec le sujet, et se mettre au féminin si celui-ci est féminin (elle a l’air étonnée). En principe, les deux constructions ont un sens très légèrement différent :
Elle avait l’air étonné. = mot à mot Hänellä oli yllättynyt ilme.
Elle avait l’air étonnée. = mot à mot Hän näytti yllättyneeltä.
mais on les emploie couramment l’une à la place de l’autre, la plupart du temps sans chercher à exprimer cette nuance de sens. Si le groupe nominal est introduit par un article indéfini, on fait toujours l’accord avec le nom air (masculin) : Elle avait un air étonné.
Certains adjectifs et certains participes sont invariables quand ils sont antéposés, mais s’accordent quand ils sont postposés : nu, demi-, ci-inclus, ci-joint, compris, excepté :
une demi-journée | une journée et demie |
il était nu-pieds | il avait les pieds nus |
ci-joint l’attestation… | l’attestation ci-jointe |
ci-inclus l’autorisation… | l’ autorisation ci-incluse |
tous, y compris les filles | tous, les filles comprises |
tous, excepté les garçons | tous, les garçons exceptés |
Quand ils sont antéposés, les participes ci-joint, ci-inclus, y compris et excepté se comportent comme des prépositions invariables.
Les mots d’emprunt étrangers désignant par exemple des nationalités sont souvent invariables : une tradition bantou, la culture maya. L’usage est parfois un peu flottant (on trouve aussi par exemple le féminin bantoue). Certains de ces adjectifs se sont intégrés dans le système grammatical du français : le mot sami (saamelainen) s’accorde en genre et en nombre : les Samis, la culture samie.
1. Les adjectifs désignant des couleurs ont un comportement particulier. Un nombre limité d’adjectifs s’accordent en genre et en nombre :
rouge punainen, brun ruskea, jaune keltainen, rose vaaleanpunainen, violet violetti, pourpre purppuranpunainen, vert vihreä, bleu sininen, blanc valkoinen, gris harmaa, noir musta, mauve lilanvärinen, fauve punaruskea, écarlate kirkkaanpunainen
Tous les autres adjectifs de couleur sont en général des noms utilisés comme adjectifs, et ils restent invariables :
une jupe lilas lilanvärinen hame (lilas sireeni), des chaussures marron tummanruskeat kengät (marron hevoskastanja), les foulards orange oranssiväriset huivit, des tailleurs crème kermanväriset jakkupuvut
Exceptions : mauve (malva), pourpre (purppura) et rose (ruusu) sont aussi des noms, qui s’utilisent encore comme tels, mais ils s’accordent au pluriel quand ils sont utilisés comme adjectifs.
Devant la maison poussaient des pensées blanches et violettes. ■ Les asperges pourpres (ou violettes) sont le même végétal que les asperges blanches, mais elles sont récoltées à un stade un peu plus avancé. ■ Offrez à vos murs ce papier peint à carrés verts et roses qui va constituer la plus belle des parures design.
2. Les adjectifs de couleur qui s’accordent en genre et en nombre sont invariables quand ils sont caractérisés par un autre adjectif (clair, sombre, pâle, foncé etc.) ou un nom qui en précise la nuance (sävy) :
une veste vert clair, une robe vert foncé, une jupe blanc cassé, des voitures bleu métallique, une couverture vert olive
Bon à savoir pour les étudiants de français langue étrangère : beaucoup d’usagers de la langue ignorent ou ont oublié les deux règles 1. et/ou 2., ou les oublient par inadvertance. Il ne faut donc pas s’étonner de trouver dans les productions écrites et orales des francophones de nombreuses occurrences d’adjectifs invariables accordés : des bas *marrons (= des bas marron), des chaussettes *oranges (= des chaussettes orange), des rayures *vertes olives (= des rayures vert olive) etc. [exemples trouvés sur Internet]. Bien que les manuels de français (et notamment ceux produits en Finlande) mentionnent cette règle systématiquement comme s’il s’agissait d’une règle capitale, on peut considérer ces « fautes d’orthographe » comme bénignes (elles ne sont que le prolongement logique de l’accord de noms adjectivés comme mauve, rose etc.). Cependant, elles restent pour l’instant contraires à la norme du code écrit strict et doivent être évitées dans la production écrite.
Si le nom est caractérisé par plusieurs adjectifs de couleur, l’accord de l’adjectif dépend du sens : une étoffe blanche et rouge (valkoinen ja punainen kangas) signifie une étoffe qui a des parties blanches et d’autres rouges ; des drapeaux bleus, blancs, rouges (sinisiä, valkoisia ja punaisia lippuja) ne sont pas identiques à des drapeaux bleu blanc rouge (trikolorilippuja). De même, une photo noir et blanc désigne une photo qui n’est pas en couleur, alors qu’une table noire et blanche est une table en partie noire et en partie blanche. Autres exemples:
une jolie jupe verte et jaune kaunis vihreä ja keltainen hame ■ un beau perroquet à la jupe vert et jaune kaunis vihertävän keltaisen värinen papukaija
ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 4. Genre, nombre, accord. Dernière mise à jour : 107.8.2022
Mises à jour après le 15.8.2022