Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones

  Index alphabétique

Les pronoms
indéfinis

Notions générales

Les pronoms on et ils

Quelqu’un, quelque chose
au­tre chose, autrui

Personne, nul, rien

La place du pronom rien

Rien et personne dans des phrases non négatives

Tout le monde, n’importe qui/quoi

Quiconque, qui que ce soit
quoi que ce soit

Chacun, n’importe lequel

Un/au­tre, les uns, les au­tres

Certains, d’aucuns, il y en a qui

Quelques-un(e)s, aucun, beaucoup, plusieurs, la plupart

Notions générales

On donne en fran­çais le nom de pro­nom « in­dé­fi­ni » aux pro­noms qui ne sont pas des pro­noms personnels, dé­mons­tra­tifs ou possessifs. Les pro­noms in­ter­ro­ga­tifs qui, que, quoi, lequel sont sé­man­ti­que­ment aus­si des pro­noms in­dé­fi­nis. Les pro­noms « impersonnels » il ce ça de la ter­mi­no­lo­gie grammaticale ha­bi­tu­el­le ne sont pas des pro­noms in­dé­fi­nis et sont con­si­dé­rés dans ce Guide de gram­mai­re com­me des pro­noms conjugateurs.

Pronoms no­mi­naux

Une par­tie des pro­noms in­dé­fi­nis sont des pro­noms qui ne « remplacent » au­cun groupe nominal identifiable. On les appelle gé­né­ra­le­ment pro­noms « no­mi­naux » et ils s’opposent ainsi aux pro­noms re­pré­sentants (ci-dessous). Les pro­noms in­dé­fi­nis no­mi­naux sont invariables. Ils sont tou­jours au singulier et sont sans gen­re. Le ver­be qui les suit est tou­jours au singulier et l’ad­jec­tif at­tri­but du pro­nom ou le par­ti­ci­pe s’ac­cor­dent au mas­cu­lin singulier (voir ce­pen­dant cer­tains et les au­tres ci-des­sous) :

Personne n’est parfait. Quel­que chose est tombé.

Pronoms re­pré­sentants

Les pro­noms re­pré­sentants ont un antécédent (grou­pe no­mi­nal) identifiable ou im­pli­cite. En général, ces pro­noms cor­res­pondent à des mots qui s’uti­li­sent aus­si com­me dé­ter­mi­nants, et dans ce cas ils ont soit la mê­me for­me, soit une for­me lé­gè­rement dif­fé­ren­te, qui peut pro­vo­quer des con­fu­sions et qu’il faut donc bien mémoriser. Ces for­mes sont résumées dans le tableau sui­vant :

Les pro­noms re­pré­sentants ont un antécédent (grou­pe no­mi­nal) identifiable ou im­pli­cite. En général, ces pro­noms cor­res­pondent à des mots qui s’uti­li­sent aus­si com­me dé­ter­mi­nants, et dans ce cas ils ont soit la mê­me for­me, soit une for­me lé­gè­rement dif­fé­ren­te, qui peut pro­vo­quer des con­fu­sions et qu’il faut donc bien mémoriser. Ces for­mes sont résumées dans le tableau sui­vant :

Com­pa­rai­son pro­noms in­dé­fi­nis – dé­ter­mi­nants in­dé­fi­nis
pro­nomdé­ter­mi­nant
quel­ques-un(e)squel­ques
plu­sieursplu­sieurs
cer­tain(e)scer­tain(e)s
chacun(e)chaque
n’importe lequeln’importe quel
beau­coup, la plupartbeau­coup de, la plupart de
Remar­ques concernant la syntaxe des pro­noms in­dé­fi­nis

a. Les pro­noms in­dé­fi­nis no­mi­naux sont invariables. Les pro­noms in­dé­fi­nis re­pré­sentants ren­voient à un grou­pe no­mi­nal, et cer­tains s’ac­cor­dent en gen­re et en nombre, mais d’au­tres sont invariables. Certains ou les au­tres peu­vent être à la fois no­mi­naux et re­pré­sentants, et l’ac­cor­d du ver­be ou de l’ad­jec­tif se fait au plu­riel.

b. Certains pro­noms in­dé­fi­nis peu­vent être qualifiés par un ad­jec­tif. Dans ce cas, l’ad­jec­tif est obliga­toi­re­ment pré­cé­dé de la pré­po­si­­tion de.

c. Quand un pro­nom in­dé­fi­ni sans genre remplace un nom, ce nom doit être re­pris devant le ver­be sous la for­me du pro­nom en :

Parmi les livres que j’ai lus, il y en avait plu­sieurs de très intéressants.
Le collectionneur n’a pas acheté de tableaux, bien qu’on lui en ait proposé cer­tains de très intéressants.

À cause de l’in­flu­en­ce du fin­nois, les finnophones ont trop sou­vent ten­dan­ce à ou­blier en :

J’ai de nouveaux disques, je peux t’en prêter plu­sieurs.
[et pas seu­le­ment *je peux te prêter plu­sieurs]

J’en prendrai seu­le­ment quel­ques-uns.
[et pas seu­le­ment *Je prendrai seu­le­ment quel­ques-uns (ce­pen­dant, usage pos­si­ble dans le style fa­mi­lier)]

Les pro­noms on et ils

Sens de on

Morphologiquement, le pronom on est une for­me faible, comme je, tu, il. Il n’a pas de for­me pleine et ne peut pas être utilisé après une préposition (*avec on, *pour on). La forme pleine de on est uti­li­se nous, voir ci-des­sous. Il ne se com­por­te donc pas exac­te­ment com­me un vrai pro­nom in­dé­fi­ni qui peut oc­cuper tou­tes les fonc­tions du GN. Cepen­dant, à cause de son sens (il res­sem­ble à quel­qu’un), on le range ha­bi­tu­el­le­ment dans la ca­té­go­rie des in­dé­fi­nis.

On peut être dé­fi­ni comme un « nous expansé » (laajennettu) : il englobe le lo­cu­teur et tou­tes personnes susceptibles d’occuper sa place (je, tu, nous, vous, ils etc. et les au­tres).

a. On dé­si­gne « les gens » collectivement. Dans ce cas, il cor­res­pond sou­vent en fin­nois à un ver­be à la personne 3 sans su­jet exprimé :

Il ne faut pas dire du mal de gens qu’on ne connait pas. Ei saa puhua pahaa ih­mi­sis­tä, joita ei tunne. On ne peut pas com­pren­dre facilement cette musique. Tätä musiikkia ei ole helppo ymmärtää. On dirait. Siltä näyttää. / Näköjään. On ne sait jamais ! Ei sitä koskaan tiedä!

b. On peut aus­si dé­si­gner une personne in­dé­fi­nie prise isolément dans cet en­semble collectif (un individu re­pré­sentant du nous expansé). Il a alors le mê­me sens que quelqu’un, exprimé en fin­nois par joku ou le pas­sii­vi (ce­pen­dant ne pas abuser de on) :

On sonne. Ovikello soi (”joku soittaa ovikelloa”). On a frappé. Joku koputti ovel­le. Cette nuit, on a volé un tableau de Picasso. Viime yönä joku varasti Picas­son maa­lauk­sen. / Viime yönä varastettiin Picasson maalaus. Tous les ans, on organise une fête à l’école.

c. On peut uti­li­ser le pronom on ironiquement ou affectueusement com­me pro­nom de personne 2/5 dé­gui­sé (usage similaire en fin­nois, avec le pas­sii­vi ou un ver­be à la personne 3 sans pro­nom su­jet exprimé) :

Alors, on dort en­co­re ? Vieläkö sitä nukutaan täällä? (= vieläkö te nukutte?) Eh bien, on a faim, on dirait ? Sitä ollaan näköjään nälkäinen! Alors les petites, on est contentes ? No tytöt, miltäs nyt tuntuu [oletteko tyytyväisiä]?

Rem. Comme on est un « nous expansé » et englobe le lo­cu­teur (personne grammaticale 1 je) et tou­tes les personnes susceptibles d’occuper sa place (tu, nous, vous, il(s), elle(s) etc. et les au­tres), on peut aussi l’utiliser pour désigner indirectement la personne 1 (c’est-à-dire je qui parle) par exemple par modestie ou pour d’autres raisons :

Je ne vais pas le laisser me marcher sur les pieds ! On a sa fierté, tout de même ! [« Je mérite qu’on me respecte comme toute autre personne ».] Eh bien, comment va la santé ? – Oh, on se maintient. [« Je vais bien ».]

Substitut de nous dans le fran­çais parlé

Dans le fran­çais parlé, à la place personne 4 (nous pensons, nous disons), on uti­li­se quasi systématiquement le pro­nom on et un ver­be à la personne 3 (on pense, on dit). Il y a sur ce point une cor­res­pon­dance remar­quable entre le fin­nois et le fran­çais, puis­que dans le fin­nois parlé on uti­li­se aus­si l’équi­va­lent de on (le pas­sii­vi) à la place de la personne 4, et on ex­pri­me mê­me le su­jet de personne 4 me :

On y va ! Quand on est rentrés, on était tous épuisés. [sur l’ac­cor­d de l’ad­jec­tif, voir ci-des­sous] On vous amène jusqu’à la gare, mais on aura pas le temps de vous accompagner jusque sur le quai. Alors, on se le boit, cet apéro ? [se datif éthique]

Selon les cas, le pro­nom on peut donc ren­voy­er à deux ré­fé­rents dif­fé­rents (sin­gu­lier ou pluriel). La for­me des mar­queurs anaphoriques (déterminants, pronoms etc.) qui s’y rapportent va­rie selon le sens (voir aus­si la for­me du dé­ter­mi­nant possessif) ; c’est le cas en fin­nois éga­le­ment :

On était pressés de partir, et évi­dem­ment on a oublié la moitié de nos af­fai­res. [ré­fé­rent pluriel] Quand on est pressé de partir, on risque facilement d’oublier une par­tie de ses affaires. [ré­fé­rent in­dé­fi­ni, singulier] On a enfin le temps de respirer depuis qu’on est à notre compte. [ré­fé­rent pluriel] On a tou­jours be­soin d’un plus petit que soi. [ré­fé­rent in­dé­fi­ni, singulier] On était partis avec des amis qui étaient net­te­ment plus jeunes que nous. [ré­fé­rent pluriel]

Forme pleine et for­me com­plé­ment

Quand on a une valeur impersonnelle (« les gens », « quel­qu’un »), il n’a pas de for­me plei­ne ni de for­me com­plé­ment et ne peut pas être utilisé après une pré­po­si­tion. On ne peut pas dire *à on, *avec on, *pour on… Après une pré­po­si­tion, il faut uti­li­ser des pro­noms com­me quel­qu’un, cha­cun, tout le monde :

Il sait parler aux gens. Elle est en grande discussion avec quel­qu’un.

Quand on est la va­rian­te de nous dans le fran­çais parlé, la for­me pleine et la for­me com­plé­ment direct de on sont nous :

Nous, on veut pas partir  On leur a dit que c’était faux, mais ils ont pas voulu nous croire. On le fera nous-mê­mes. Me tehdään se itse. Excuse-nous d’arriver en retard, on a été pris dans un embouteillage. On voudrait que tu le donnes à nous. Me halutaan, että annat sen meille. On a fait ça pour nous d’abord.

Ne pas abuser de on

Malgré les cor­res­pon­dances évidentes entre le fin­nois et le fran­çais, il faut éviter d’uti­li­ser trop fréquem­ment on pour traduire le passiivi du finnois, surtout si on veut effacer le su­jet et rendre la phra­se impersonnelle. En effet, bien que on soit un pronom « impersonnel », il ren­voie bien à une « personne » (quel­qu’un, des gens, etc.). Ainsi, dans la phra­se sui­vante, il vaut mieux uti­li­ser le passif en fran­çais, et non pas on :

Meillä on ilo kutsua teidät juhlatilaisuuteen kaupunginkirjastoon. Tilaisuus järjestetään uuden lukusalin vihkimisen kunniaksi. Nous avons le plaisir de vous inviter à une cé­ré­monie qui se tiendra à la bibliothèque municipale. Cette cérémonie sera or­ga­ni­sée à l’occasion de l’inaugura­tion de la nouvelle salle de lecture.

Si on disait On organisera cette cérémonie à l’occasion de…, le pro­nom on réfè­re­rait à une personne (inconnue) et cela signifierait plutôt « joku on halunnut jär­jes­tää tä­män tilaisuuden » ou « Me järjestetään tilaisuus ». En fran­çais, le meilleur moy­en d’ef­facer le su­jet, c’est d’uti­li­ser le passif (qui n’est pas la mê­me chose que le passiivi du fin­nois). Il y a des cas où on peut em­ploy­er on sans pro­blè­me, mais il faut être pru­dent.

L’accord grammatical avec on
a. Accord en genre et en nombre

Dans le fran­çais parlé écrit, si on dé­si­gne un pluriel, on fait gé­né­ra­le­ment l’ac­cord du par­ti­ci­pe ou de l’adjectif au pluriel :

On [= les jeunes filles] est rentrées à pied. [plus fré­quent que On est rentré à pied.]
On était crevées. [plus fré­quent que On était crevé.]

Cet ac­cor­d, logique et justifié, est condamné par cer­tains puristes. Puis­qu’il est par­faitement admis qu’on puisse faire l’ac­cor­d au singulier quand le pro­nom plu­riel nous ren­voie à un singulier, com­me dans nous sommes con­vain­cue que… (nous de modestie), il n’y a au­cu­ne raison rationnelle de condamner l’usage in­ver­se, c’est-à-dire de faire l’ac­cor­d au pluriel quand le pro­nom sin­gu­lier on ren­voie à un ré­fé­rent pluriel. C’est ce que confirme l’usage du fran­çais parlé : si une personne d’un grou­pe de lo­cu­teurs fé­mi­nins dit la phra­se sui­vante, elle fera de façon quasi cer­tai­ne l’ac­cor­d de l’adjectif au fé­mi­nin :

Eh ben nous on était vraiment pas contentes !

b. Accord en personne

Quand on désigne la personne 4 (nous), l’accord (par exemple des pronoms ou des possessifs) se fait à la personne 4 :

On était pressés de partir, et évi­dem­ment on a oublié la moitié de nos af­fai­res. On a enfin le temps de respirer depuis qu’on est à notre compte. On était partis avec des amis qui étaient net­te­ment plus jeunes que nous.

Quand on désigne la personne 2/5 (tu/vous) ou la personne 1 (je), l’accord se fait à la personne 3 :

Oh mon pauvre petit chéri, on a un gros bobo ? On n’a pas fait son petit dodo ? Alors les enfants, on a rangé ses affaires ? On n’a rien oublié et on a bien noté le numéro de son groupe pour l’excursion de demain ? Je ne vais pas le laisser me marcher sur les pieds ! On a sa fierté, tout de même ! Eh bien, comment va la santé ? – Oh, on se maintient.

Le pro­nom in­dé­fi­ni collectif ils

Le pro­nom impersonnel à valeur collective ils est très uti­li­sé dans la langue cou­rante. La dif­fé­ren­ce avec on, c’est que le lo­cu­teur s’exclut du grou­pe re­pré­senté par ils : le pro­nom ils ne peut pas être compris avec une valeur gé­né­ri­que, con­trai­re­ment à on, qui contient par défaut tous les êtres humains. Le fin­nois ex­pri­me en général cette idée par le passiivi :

Ils ont dit à la radio qu’il allait y avoir de l’orage. Radiossa sanottiin, että tulee ukkosta. Qu’est-ce qu’ils veulent en­co­re ? Mitä ne taas haluaa? Ils com­mencent à me casser les pieds avec leur pub ! Nämä mainokset alkavat ottaa päähän. Ils vont refaire la route et com­mencer les travaux en juin. Tietä korjataan ja työt aloitetaan kesäkuussa.

Un ré­fé­rent flou

La phra­se Qu’est-ce qu’ils veulent en­co­re ? Mitä ne taas haluaa? peut être par exem­ple une réac­tion de quel­qu’un découvrant dans son courriel l’adresse de telle ou telle autorité ou ex­pé­di­teur qui donne de ses nouvelles fré­quem­ment. Assez sou­vent, le pro­nom ils mar­que une distance par rapport au lo­cu­teur : ils = l’État, les au­to­ri­tés, le fisc, etc., bref tou­te « collectivité » sou­vent dif­fi­ci­le­ment dé­fi­nissable qui fait ingérence (puuttua jhk) dans la vie des humains et qui est identifiable par rapport à la si­tu­a­tion : quand on reçoit une lettre et qu’on s’écrie Ça y est, ils vont en­co­re aug­men­ter le prix de l’é­lec­tri­ci­té !, l’impersonnel ils ren­voie aux autorités res­pon­sables de cette mesure, que tout le monde ne serait d’ailleurs pas capable de nommer pré­ci­sé­ment : com­pagnie élec­tri­que ? dis­tri­bu­teur ? commune ? On peut dire en quel­que sorte que le ré­fé­rent de ils est flou.

Le fin­nois connait le mê­me usage : le pro­nom ne peut être uti­li­sé pour dé­si­gner un grou­pe indistinct. Mais le fin­nois uti­li­se plus fré­quem­ment le pas­sii­vi dans ce cas.

Quel­qu’un, quel­que chose, au­tre chose, autrui

Quel­qu’un et autrui ren­voient à un ré­fé­rent humain. Quelque chose et au­tre chose ren­voient à tout au­tre ré­fé­rent (non humain, objet, idée etc.).

Quel­qu’un

Quel­qu’un dé­si­gne un humain et signifie « une personne inconnue », ou par ex­em­ple une personne dont on ne veut pas préciser l’identité :

Quel­qu’un a téléphoné ? Tu as rencontré quel­qu’un ? Quel­qu’un est venu te voir dans ton bureau aujourd’hui.

casque-audio-avec-micro On ne fait jamais la liaison en /n/ entre quelqu’un et le mot qui suit (er­reur assez fré­quen­te chez les finnophones). Voir Guide de pro­non­cia­tion.

Le pro­nom quel­qu’un est un pro­nom sans genre gram­ma­ti­cal, il est invariable, et n’a pas de fé­mi­nin ni de pluriel. En fin­nois, le pro­nom cor­res­pon­dant joku (qui peut si­gni­fier « quel­qu’un ») a éga­le­ment une for­me pluriel jotkut, et pour cette raison les fin­no­pho­nes pensent sou­vent que quel­ques-uns est le pluriel de quel­qu’un, ce qui n’est pas le cas.

Quel­qu’un n’est pas le singulier de quelques-uns

Quel­ques-uns ren­voie à un grou­pe nominal, exprimé ou implicite. Contrairement à quelqu’un, il peut ren­voy­er à des humains ou à des objets, des idées etc. d’un groupe qui est identifiable dans le contexte. Quelques-uns ne signifie pas « plu­sieurs inconnus ». C’est la mê­me chose en finnois. S’il n’y a pas de contexte (si on n’a pas parlé de cer­tai­nes personnes), on ne peut pas dire :

Tiens, au fait, quelques-uns voulaient te voir ce matin.
Hei muuten, jotkut halusivat jutella sinun kanssasi tänä aamuna.

Mais on pourrait dire :
Tiens, au fait, quelqu’un voulait te voir ce matin.
Hei muuten, joku halusi jutella sun kanssa tänä aamuna.

Dans l’ex­em­ple ex­em­ple sui­vant, il y a un groupe nominal exprimé (d’anciens ca­ma­ra­des de classe), et jotkut/quelques-uns ren­voie à ce groupe nominal :

Dans l’auditoire, il y a d’anciens camarades de classe à toi. Quelques-uns voudraient échanger quelques mots avec toi.
Salissa on sinun entisiä koulukavereita. Jotkut haluaisivat jutella sinun kanssasi.

Quel­qu’un n’a pas de fé­mi­nin

Comme les ap­pre­nants fin­no­pho­nes pen­sent que quelqu’un est le singulier de quel­ques-uns, ils pensent (logiquement) que quel­ques-unes a aus­si un singulier, *quel­qu’une. Ce n’est pas le cas : la for­me quelqu’une se rencontre parfois dans des textes littéraires, mais dans la langue cou­ran­te moderne, elle est sentie comme agram­maticale (sauf emploi par­ti­cu­lier comme le cas 2. mentionné ci-dessous).

*Quelqu’une dans les manuels et les dictionnaires

1. Deux manuels de gram­mai­re finlandais indiquent que quel­qu’une est le fé­mi­nin de quel­qu’un. C’est une affirmation contraire à la réalité.

2. Le dictionnaire Petit Larousse (par ex­em­ple) indique sous le mot quel­qu’un la ve­det­te (hakusana) sui­vante : quel­qu’un, -e. Cette présentation signifie implicitement que le mas­cu­lin quelqu’un a une for­me fé­mi­nine *quel­qu’une. En fait, la men­tion « ‑e » ren­voie implicitement au pronom quel­ques-uns qui est pré­sen­té dans la mê­me entrée, et qui a effectivement une for­me fé­mi­nine quel­ques-unes. Les lecteurs non avertis interprètent facilement l’indica­tion « ‑e » comme signifiant qu’il exis­te une for­me fé­mi­nine *quel­qu’une, ce qui n’est pas le cas. Dans le dictionnaire, il aurait fallu en réalité faire deux entrées séparées :

1. quel­qu’un
2. quel­ques-uns, -unes.

3. Par plaisanterie, on peut effectivement met­tre (et on l’entend dire parfois) quel­qu’un au fé­mi­nin pour faire un jeu de mots. Si quelqu’un dit la phra­se (a), son in­terlo­cu­teur pourrait répliquer ironiquement par (b) :

(a) Hier soir j’étais sorti avec quel­qu’un.
(b) Ce ne serait pas plutôt « quel­qu’une ? »

Mais c’est simplement une plaisanterie, un jeu avec la règle gram­ma­ti­cale nor­ma­le qui veut que quel­qu’un est invariable. Normalement, quand on veut dire à quel­qu’un qu’une per­son­ne est venue en visite, on ne dit pas : Ah, au fait, *quel­qu’une est ve­nue te voir mais : quel­qu’un est venu te voir.

Quel­que chose

Quel­que chose for­me un seul grou­pe, qui signifie en fin­nois « jokin / jotakin ». Ce pro­nom n’a pas de gen­re ni de nombre, et il est invariable :

Elle voulait dire quel­que chose. Quel­que chose me dérange dans l’arrangement de cette pièce. Quel­que chose est tombé par terre.

Quelque chose vs une chose

En finnois, le mot jokin peut être un déterminant in­dé­fi­ni (a), qui est donc gé­né­ra­le­ment suivi d’un nom. Jokin peut aus­si être un pronom in­dé­fi­ni représentant (b), qui représente un ou plu­sieurs élément d’un groupe, ou bien un pronom nominal, qui n’a pas d’antécédent (c) :

(a) Kuvassa on jonkin Suomen Tivolin osaston maailmanpyörä Kotkassa v. 1949.
(b) Tavoitteet ovat erilaisia tärkeydeltään: jotkin ovat kriittisiä, toiset vähemmän tärkeitä.
(c) Jos huomataan, että jokin ei toimi, lopetetaan sen tekeminen ja toimitaan toisin.

Dans les cas (a) et (b), jokin peut se met­tre au pluriel. Dans le cas (c), où jokin est un pronom nominal sans antécédent, on ne peut pas uti­li­ser le pluriel :

(c’) Koeajoassa huomattiin joitakin kummallisia.

Le deuxième pro­blè­me est que les finnophones pensent sou­vent que le déterminant jokin/joku se traduit en fran­çais par quelque et que quelque chose signifie jokin asia, eräs asia. Ce n’est pas le cas. L’équivalent direct de jokin/joku en fran­çais est un/une. Et, en fran­çais moderne, les mots quelque chose (au singulier) for­me un seul groupe : un pronom sans antécédent qui signifie jokin, jotakin.

Ce pronom est sans nombre et sans genre. Même si le mot chose est du fé­mi­nin, le mot quelque chose entraine l’ac­cor­d au mas­cu­lin (qui mar­que l’absence de genre) :

Une chose intéressante a été découverte.
Pendant l’orage, des choses sont tombées par terre dans la cuisine.

Quelque chose est tombé par terre.

De mê­me, quel­que chose n’a pas de pluriel. Si on veut traduire l’idée du pluriel fin­nois jotkut asiat, muu­ta­mat asiat, etc., on dit en général cer­tai­nes choses, et non pas quel­ques choses, pour éviter la con­fu­sion phonique avec le singulier quel­que chose. À cause de cette homo­pho­nie, à l’oral la phra­se j’ai appris quel­ques choses sera automatiquement comprise com­me « j’ai appris quel­que chose » (opin jotakin et non pas muutamia asioita). Si on veut rendre explicite le fait qu’il s’agit d’un dé­ter­mi­nant in­dé­fi­ni de quan­ti­té, il faudra donc dire :

Opin muutamia asioita. → J’ai appris cer­tai­nes choses/un cer­tain nombre de choses/plu­sieurs choses/des choses.

Rappel : si on ajoute un ad­jec­tif à quel­que chose, cet ad­jec­tif est obli­ga­toi­rement in­tro­duit par de, com­me tous les ad­jec­tifs qualifiant un in­dé­fi­ni. Com­me quel­que chose est invariable, l’ad­jec­tif est invariable aus­si dans ce cas :

Elle a appris quel­que chose d’intéressant. J’ai envie de manger quel­que chose de sucré.

En fin­nois, une chose peut se traduire par eräs asia, yksi asia ou jokin asia. En revanche, quel­que chose est sans genre, on ne fait donc pas l’ac­cor­d :

Quel­que chose d’intéressant a été découvert.
Quel­que chose est cassé. [et non pas *cassée]

Voir aus­si par exem­ple la for­me du pro­nom relatif qui se rapporte à quel­que chose.

Autre chose

Le pro­nom au­tre chose est for­mé de l’ad­jec­tif au­tre et du nom chose, qui for­ment un grou­pe gram­ma­ti­ca­lisé : il n’y a pas d’ar­ti­cle dans ce grou­pe et le pro­nom est invariable et sans genre (fin­nois jotakin muuta) :

Je devais en­co­re acheter au­tre chose, mais je ne sais plus quoi. Pense à au­tre chose !

Le mot au­tre chose for­me un tout indécomposable, qui est sans genre et s’ac­cor­de donc à la for­me du mas­cu­lin. On ne dit donc pas

Dans cette affaire, au­tre chose me parait *surprenante. mais;
Dans cette affaire, au­tre chose me parait *surprenant.

En revanche, on peut dire

Une au­tre chose me parait intéressante.

Le grou­pe une au­tre chose est alors un GN. Cela concerne aus­si le pro­nom per­son­ne.

Autrui

Le pro­nom autrui est l’équi­va­lent « humain » d’au­tre chose (toinen ihminen, joku muu [ihminen]). Il est d’un em­ploi très limité. Il ne s’uti­li­se que dans le style sou­te­nu, es­sen­tiel­le­ment dans des contextes à valeur morale (autrui pourrait pra­ti­que­ment se traduire par lähimmäinen) :

Il ne faut pas convoiter le bien d’autrui. Ei saa tavoitella toisen omaisuutta. Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. Älä tee toiselle sitä, mitä et ha­lu­ai­si itsellesi tehtävän.

Il ne faut donc pas em­ploy­er autrui pour traduire l’idée du fin­nois joku muu « quel­qu’un d’au­tre ». Le grou­pe joku muu se traduit les au­tres, d’au­tres gens, ou quel­qu’un d’au­tre. La cor­res­pon­dance entre le fin­nois et le fran­çais est donc la sui­vante :

jokin muu = au­tre chose
joku  muu = quel­qu’un d’au­tre

Les exem­ples pré­cé­dents peu­vent aus­si se formuler de la ma­niè­re sui­vante :

Il ne faut pas convoiter le bien des au­tres. Ne fais pas aux au­tres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse à toi-mê­me.

Personne, nul, rien

Personne / rien

Personne (ei kukaan) et rien (ei mikään, ei mitään) sont les « for­mes né­ga­ti­ves » de quel­qu’un et quel­que cho­se. Dans une phra­se né­ga­ti­ve, dans le code écrit, ils s’em­ploient con­join­te­ment avec l’ad­ver­be né­ga­ti­f ne :

Personne n’a téléphoné. Non, je n’ai vu personne. Personne n’est parfait. Elle ne voulait rien dire. Rien ne me dérange. Rien ni personne ne le fera changer d’avis.

✎ Le mot personne peut aus­si être un nom qui signifie en fin­nois henkilö, ihminen. Mais employé com­me pro­nom in­dé­fi­ni, il est sans genre. Il a donc la mar­que gram­ma­ti­cale du mas­cu­lin singulier. Com­pa­rer :

Cette personne est parfaite pour ce poste. personne = nom
Personne n’est parfait. personne = pro­nom in­dé­fi­ni sans genre
Nul

Le pro­nom nul est invariable. Il n’a pas de fé­mi­nin, la for­me nulle ne peut donc être que le fé­mi­nin du dé­ter­mi­nant in­dé­fi­ni. Il équivaut à personne dans le style soutenu ou dans des locu­tions à caractère proverbial. Ce pro­nom n’est qu’une va­rian­te littéraire de personne. Il a en quel­que sorte une valeur plus généralisante que personne et signifie en pra­ti­que « au­cun être humain ». Le pro­nom nul ne peut être que su­jet du ver­be :

A-t-il eu raison de prendre cette décision ? Nul ne le saura jamais. Oliko hän oikeassa tehdessään sen päätöksen? Kukaan ei tule koskaan tietämään sitä.
Nul n’est censé ignorer la loi. Kaikkien oletetaan tuntevan lait.

Le pro­nom nul ne s’em­ploie que dans cer­tains contextes et il vaut mieux éviter de l’uti­li­ser trop sou­vent. Le plus simple pour l’étu­diant de fran­çais lan­gue étran­gè­re est d’uti­li­ser personne.

Expressions idiomatiques avec rien

Il n’y a plus rien à manger. Ei ole enää mitään syötävää. Je vais à la bibliothèque, je n’ai plus rien à lire. Käyn kirjastossa, minulla ei ole enää mitään lukemista. Ça ne sert à rien. Se on turhaa. Qu’est-ce que tu as retenu  Rien du tout. Mitä opit siitä? – En yhtään mitään. Merci. – De rien. Kiitos.Ei mitään kiittämistä/ Ei kestä. Ce nom ne me dit rien. Se nimi ei sano minulle mitään. Si on allait à la plage ? – Ça ne me dit rien. Ei oikein huvita. Ça coute trois fois rien. Sen saa melkein ilmaiseksi. Rien de rien. Ei yhtikäs mitään. Ce n’est pas rien. Se ei ole pikku juttu./Se on melkoinen homma.

Ce n’est pas rien

L’ex­pres­sion ce n’est pas rien, plus cou­ram­ment dans le fran­çais parlé c’est pas rien (sans ne), est une va­rian­te cou­rante de l’ex­pres­sion à valeur de litote plus littéraire ce n’est pas une mince affaire (se ei ole helppoa, se ei ole leikin asia), et dont les va­rian­tes plus fa­mi­liè­res sont c’est tou­te une histoire, c’est tout un travail. On y retrouve le sens original de rien, « [petite] chose ». Ce n’est pas rien cor­res­pond étymologiquement à ce n’est pas une petite chose, donc exac­te­ment au fin­nois se ei ole pikku­jut­tu. Remar­quer que la traduc­tion Ei se mitään serait totale­ment inadéquate. Aujourd’hui, les usagers de la langue interprètent cette ex­pres­sion com­me une dou­ble néga­tion (ne pas + rien = quel­que chose), qui a pour effet d’annuler la néga­tion (voir la double né­ga­tion) :

ce n’est pas rien / c’est pas rien = c’est quel­que chose

Cette ex­pres­sion c’est quel­que chose s’uti­li­se d’ailleurs aus­si, pour signifier qu’une tâche est difficile :

Le décollage d’étiquettes, c’est quel­que chose ! Että etikettien irrottaminen osaa olla hankalaa!

On obtiendrait ainsi les va­rian­tes sui­vantes, du plus littéraire au plus fa­mi­li­er :

Faire com­pren­dre aux étudiants l’utilité de posséder un bon dictionnaire n’est pas une mince affaire.
Faire com­pren­dre l’utilité de posséder un bon dictionnaire, ce n’est pas rien.
Faire com­pren­dre l’utilité de posséder un bon dictionnaire, c’est quel­que chose !

La place du pro­nom rien

Les pro­noms in­dé­fi­nis occupent en général dans la phra­se la place du grou­pe no­mi­nal et ne posent pas de dif­fi­cul­tés par­ti­cu­liè­res. Le pro­nom rien a un com­por­te­ment spé­ci­fi­que.

Aux temps com­po­sés

Aux temps com­po­sés, rien CVD se place après l’au­xi­liai­re :

Tu n’as rien mangé.
Je n’ai rien compris.

Quand rien est com­plé­té par un ad­jec­tif (auquel il est relié par de) ou une structure équi­va­lente, soit il reste à sa place après l’au­xi­liaire, soit (moins fré­quem­ment) il se met, avec l’ad­jec­tif, après le ver­be :

Je n’ai rien vu d’intéressant. ou Je n’ai vu rien d’intéressant. Je n’ai jamais rien entendu de tel. ou Je n’ai jamais entendu rien de tel. Ils n’avaient rien découvert d’intéressant. ou Ils n’avaient découvert rien d’intéressant. Je n’ai rien fait de spécial. ou Je n’ai fait rien de spécial.

Quand le pro­nom est com­plé­té par l’ad­jec­tif au­tre, on peut éga­le­ment uti­li­ser les deux for­mes, mais dans le fran­çais parlé, il y a une assez nette ten­dan­ce à maintenir plutôt le groupe rien d’au­tre en­sem­ble, et donc placé après le ver­be (rien d’au­tre commence à être perçu comme un groupe figé). Mais cela dépend aus­si en par­tie des ha­bi­tu­des personnelles :

Il n’a demandé rien d’au­tre. ou Il n’a rien demandé d’au­tre. (Français parlé) On a acheté rien d’au­tre. ou(code écrit) On n’a rien acheté d’au­tre. La police n’avait révélé rien d’au­tre. ou La police n’avait rien révélé d’au­tre.

Complément d’un in­fi­ni­tif dépen­dant d’un au­tre ver­be

Le pro­nom rien CVD d’un ver­be à l’in­fi­ni­tif dépen­dant d’un au­tre ver­be se place avant tous les au­tres pro­noms qui dépendent de cet in­fi­ni­tif :

Je n’ose rien leur dire. Elle ne veut rien manger. Il ne va plus rien en rester. Anne ne peut rien lui en dire. Il ne sait rien faire.

Si le ver­be dont dépend l’in­fi­ni­tif est à un temps com­po­sé, le pro­nom rien CVD se place après l’au­xi­liai­re du ver­be dont dépend l’in­fi­ni­tif :

On n’a rien pu faire. Mitään ei ollut tehtävissä. Je n’ai rien osé lui dire. Anne n’a rien pu dire. Il n’a rien voulu leur dire. Il n’a rien su faire.

Dans le fran­çais parlé, on entend cou­ram­ment placer le pro­nom après le par­ti­ci­pe :

On a pu rien faire. On a voulu rien leur dire

Dans les com­plé­tives avec infinitif, on maintient l’ordre normal, au­tre­ment dit rien se place entre l’au­xi­liai­re et le par­ti­ci­pe de l’infinitif passé l’infinitif à la for­me né­ga­ti­ve (lire aus­si…) :

Je pense n’avoir rien oublié. Elle croyait n’avoir rien gardé du passé.

Ordre des mots à l’infinitif et au par­ti­ci­pe

Avec les pro­noms in­dé­fi­nis semi-né­ga­ti­fs, l’ordre des mots pose cer­tains pro­blè­mes. Rien se met nor­ma­lement avant l’in­fi­ni­tif (groupé avec ne com­me dans le cas de ne pas), alors que personne, au­cun , nul se placent après l’in­fi­ni­tif ; au par­ti­ci­pe, on observe la règle nor­ma­le :

ne rien révéler / ne révélant rien
ne voir personne / ne voyant personne
ne prendre au­cun rendez-vous / ne prenant au­cun rendez-vous
ne se donner nulle peine / ne se donnant nulle peine

Au passé, à l’infinitif et au par­ti­ci­pe, rien se place entre l’au­xi­liai­re et le par­ti­ci­pe passé, tandis que personne, au­cun et nul se placent après tout le grou­pe in­fi­ni­tif (code écrit et fran­çais parlé)  :

n’avoir rien vu  / n’ayant rien vu— n’avoir rien dit / n’ayant rien dit
pourquoi n’avoir jamais rien tenté / n’ayant jamais rien tenté.
 n’avoir vu personne /n’ayant vu personne
n’avoir essayé au­cu­ne au­tre solu­tion / n’ayant essayé au­cu­ne au­tre solu­tion
n’être tombé sur au­cu­ne er­reur / n’étant tombé sur au­cu­ne er­reur

Com­plément pré­po­si­tion­nel

Quand rien est en fonc­tion de CVP, il se place après le ver­be :

Essaye de ne penser à rien. Yritä olla ajattelematta mitään. Nous n’avons plus besoin de rien.

Rien et personne dans des phra­ses non né­ga­ti­ves

Dans cer­tains cas, personne et rien peu­vent s’uti­li­ser sans au­tre mot né­ga­ti­f dans la phra­se :

Dans des phra­ses in­ter­ro­ga­tives

Personne et rien peu­vent s’em­ploy­er sans ad­ver­be né­ga­ti­f dans les phra­ses in­ter­ro­ga­tives, surtout dans le style soutenu (cons­truc­­tion similaire en fin­nois) :

A-t-on jamais vu personne d’aus­si entêté ? Onko koskaan nähty ketään niin itsepäistä? As-tu jamais entendu rien d’aus­si beau ? Oletko koskaan kuullut mitään niin kaunista?

Cet em­ploi n’est pos­si­ble que dans les ques­tions avec in­ver­sion. Si on pose la ques­tion avec est-ce que, les phra­ses équi­va­lentes seraient :

Est-ce que vous avez déjà vu quel­qu’un d’aus­si entêté ?  Est-ce que tu as déjà entendu quel­que chose d’aus­si beau ?

Après des ver­bes à sens né­ga­ti­f

Dans le style soutenu, on peut uti­li­ser personne et rien seuls dans des phra­ses assertives affirmatives après des ver­bes ayant un sens né­ga­ti­f : empêcher, interdire, éviter, négliger, refuser etc., ou après une prin­ci­pa­le né­ga­ti­ve :

Ma promesse m’interdisait de le dire à personne. Lupaukseni esti minua kertomasta sitä kenellekään. Il défendit expressément qu’on touchât à rien. Hän kielsi ehdottomasti koskemasta mihinkään. Il ne me semble pas que vous prouviez rien contre moi. Ei näytä siltä, että teillä olisi mitään todisteita minua vastaan.

Dans la langue cou­rante, on uti­li­se quel­que chose / quel­qu’un ou qui/quoi que ce soit (ci-des­sous) :

Ma promesse m’interdisait de le dire à quel­qu’un d’au­tre. Il avait défendu expressément qu’on touche à quel­que chose. Il ne me semble pas que vous prouviez quel­que chose contre moi.

Après des com­pa­ra­tifs

Personne et, plus rarement, rien peu­vent s’uti­li­ser sans au­tre mot né­ga­ti­f dans des phra­ses affirmatives après des com­pa­ra­tifs :

Tu le sais mieux que personne. Sinä jos kukaan tiedät sen. Il fait ça com­me personne. Hän tekee sen paremmin kuin kukaan. C’est beau com­me rien ! [fran­çais parlé] Se on kaunis kuin mikään voi olla.

Rien employé com­me nom

Rien était à l’origine un nom qui vient du nom latin res (de l’accusatif rem) « chose », qui s’est gram­ma­ti­ca­li­sé en pro­nom. La valeur de nom subsiste dans cer­tains em­plois, où le mot rien peut s’ac­cor­der au plu­riel :

Il ne faut pas te met­tre en colère com­me ça pour un rien. Älä nyt suutu tuolla tavalla mokomasta asiasta Les petits riens qui rendent la vie agréable. Pienet asiat, jotka tekevät elämän mukavaksi.

Tout le monde, n’importe qui/quoi

Tout le monde

Tout le monde dé­si­gne collectivement (tous) les êtres humains :

Tout le monde a envie d’un petit chalet au bord d’un lac. Je veux les noms de tout le monde. Haluan kaikkien nimet. Ce n’est pas la peine de le raconter à tout le monde. Ne vous pressez pas tant, il y en aura pour tout le monde ! älkää hosuko, kaikki saavat omansa!

Remar­que : mal­gré les apparences, tout le monde ne signifie pas « la totalité du monde (de l’univers) ». Le fin­nois koko maailma se traduit en fran­çais le monde entier. De mê­me, koko maailmassa se dit dans le monde entier.

On ne peut pas ren­voy­er au pro­nom tout le monde par un pro­nom personnel, car tout le monde est sans genre et in­dé­fi­ni. La phra­se Kaikki pelkäävät pimeää lapsena ne peut pas se traduire :

Tout le monde a peur de l’obscurité quand *il est enfant.

Il faut qu’il y ait un nom ou un pro­nom auquel le pro­nom su­jet de la sub­or­don­née peut ren­voy­er :

Tous les gens ont peur du noir quand ils sont enfants. ou Nous avons tous peur du noir quand nous sommes enfants. ou Tous les enfants ont peur du noir.

N’importe qui, n’importe quoi

Les locutions n’importe qui / n’importe quoi (kuka tahansa / mikä/mitä tahansa) sont des pronoms sans genre. La va­leur né­ga­ti­ve originelle de n’importe (« peu importe ») a disparu et le mot fonc­tion­ne com­me une sorte d’ad­jec­tif invariable dé­ter­mi­nant le pronon qui/quoi, équi­va­lent exac­te­ment au fin­nois tahansa :

Avec le téléphone, n’importe qui peut te déranger à n’importe quelle heure. Il ferait n’importe quoi pour de l’argent. Ne pars pas en vacances avec n’importe qui. Ne dis pas n’importe quoi ! Älä puhu palturia! 

Bien que n’importe qui soit un pro­nom sans genre gram­ma­ti­cal, on peut ren­voy­er au pro­nom n’importe qui par un pro­nom personnel (alors que ce n’est pas pos­si­ble dans le cas de tout le monde, voir remar­que ci-dessus) :

N’importe qui pourrait entrer et prétendre qu’il est le propriétaire.

Français parlé

Dans le fran­çais parlé, n’importe quoi est sou­vent uti­li­sé com­me interjec­tion pour com­menter une af­fir­ma­­tion ou une ac­tion qu’on estime stupide :

Tu entends ça ? N’importe quoi ! Ihan tyhmää! / Pöh!

On peut aus­si uti­li­ser n’importe quoi com­me un nom massif avec cette mê­me valeur péjorative :

C’est vraiment du n’importe quoi ! Se on ihan typerää. Ce que tu dis, c’est du gros n’importe quoi.

Quiconque, qui/quoi que ce soit

Quiconque

Le pro­nom in­dé­fi­ni quiconque s’uti­li­se es­sen­tiel­le­ment dans le code écrit. Il a deux valeurs :

a. Il peut remplacer personne dans une phra­se né­ga­ti­ve et sert en quel­que sorte à renforcer l’idée né­ga­ti­ve : « personne d’au­tre », « absolument personne » :

Il a démissionné sans rien dire à quiconque. La commune sert mieux la collectivité que quiconque.

b. Il constitue un pro­nom syncrétique in­tro­duisant une pro­po­si­tion sub­or­don­née (re­la­ti­ve) et il contient à la fois l’an­té­cé­dent, tous ceux, tou­te personne et le pro­nom relatif qui (en fin­nois ce serait kuka tahansa [joka], jokainen [joka]). Dans cet em­ploi, quiconque est donc à la fois un pro­nom in­dé­fi­ni (jokainen) et pro­nom relatif (joka), et il est tou­jours rattaché à une pro­po­si­tion prin­ci­pa­le (con­trai­re­ment à l’em­ploi de quiconque mentionné ci-dessus au point a.) :

Quiconque désobéira sera puni. La bourse n’est pas ac­cor­dée à quiconque en fait la demande.

Dans la langue cou­rante, on uti­li­se à la place de quiconque par exem­ple tous ceux qui, tou­te personne qui :

Tous ceux qui désobéiront seront punis. La bourse n’est pas ac­cor­dée à tou­te personne qui en fait la demande / à tous ceux qui en font la demande.

Qui que ce soit, quoi que ce soit

La locu­tion pro­no­mi­nale qui que ce soit ren­voie à un ré­fé­rent humain, quoi que ce soit à un ré­fé­rent non humain. Toutes deux s’uti­li­sent tou­jours dans une phra­se de sens né­ga­ti­f : soit dans une phra­se contenant un ad­ver­be né­ga­ti­f (nepas), soit dans une pro­po­si­tion dépen­dant d’une au­tre pro­po­si­tion né­ga­ti­ve ou d’un ver­be à sens né­ga­ti­f, soit dans une cons­truc­­tion in­fi­ni­tive in­tro­duite par sans. Elles ren­for­cent l’idée né­ga­ti­ve. Par exem­ple pas à qui que ce soit équivaut à à ab­so­lu­ment per­son­ne :

Il ne faut pas le révéler à qui que ce soit. Il a démissionné sans rien dire à qui que ce soit. Je ne veux pas que vous le révéliez à qui que soit. La police a dit qu’il ne fallait pas qu’on touche à quoi que ce soit avant l’arrivée des techniciens. Ma promesse m’interdisait de le dire à qui que ce soit. Il avait défendu expressément qu’on change quoi que ce soit dans son texte. Il ne me semble pas que vous prouviez quoi que ce soit contre moi.

Les pro­noms qui que ce soit/quoi que ce soit ne peu­vent pas être le su­jet de la phra­se.

Atten­tion à ne pas les confondre avec des cons­truc­tions concessives du type quoi que vous disiez, qui que vous pensiez être ou quelle que soit cette idée.

Variante de quiconque

Qui que ce soit peut être une va­rian­te renforcée de quiconque dans un contexte né­ga­ti­f :

La bourse n’est pas ac­cor­dée automatiquement à qui que ce soit. [= à n’importe qui] Com­me je l’ai dit sur mon blog et sur le grou­pe, je ne veux pas faire le procès de la police ni de qui que ce soit. [= ni de personne d’au­tre] Malraux disait qu’au­cu­ne espèce d’État ne peut assurer le bonheur de qui que ce soit. [= d’absolument personne] Les membres s’engagent à conserver leurs informations et à ne pas les divulguer à qui que ce soit. Chaque membre s’engage à ne pas tenir de propos diffamatoires, menaçants, injurieux, grossiers, racistes, xénophobes ou politiques vis-à-vis de qui que ce soit.

Chacun, n’importe lequel

Chacun

Le pro­nom chacun peut avoir deux valeurs :

Pronom no­mi­nal

Chacun peut être un pro­nom no­mi­nal sans genre, qui signifie « chacun d’entre nous », « tous les gens », « tout le monde ». Quand il a ce sens, chacun est invariable.

Dans la vie, chacun pense tou­jours d’abord à soi. Chacun a besoin d’amour.

Pronom re­pré­sentant

Chacun(e) peut aus­si être un pro­nom re­pré­sentant, qui ren­voie à un GN identifiable mentionné ex­pli­ci­te­ment ou implicitement. Dans ce cas, il s’ac­cor­de éven­tu­el­le­ment en gen­re (fé­mi­nin). On peut le dé­ve­lop­per par un grou­pe pré­po­si­tionnel in­tro­duit par de ou d’entre :

Apporte-moi mes moufles. Il y a mes initiales sur chacune. Toisitko minulle lapaseni, molemmissa on nimikirjaimeni.
Regarde ces poissons : chacun d’entre eux est une femelle.
Chacune des maisons de notre rue a une couleur dif­fé­ren­te.

Remar­que : le fin­nois molemmat ou kumpikin peu­vent se traduire par chacun(e), com­plé­té au besoin par … des deux, mais le fran­çais n’est pas aus­si précis que le fin­nois sur ce point et d’ha­bi­tu­de il suffit de dire chacun(e). Il est donc in­uti­le de traduire systématiquement molemmat / kumpikin en fran­çais en précisant des deux :

Ce jeune auteur a déjà écrit deux romans. Chacun [des deux] a connu un grand succès. Tämä nuori kirjailija on jo kirjoittanut kaksi romaania. Kumpikin oli suuri menestys.

Variante chaque

La for­me chaque est nor­ma­le­ment la for­me du dé­ter­mi­nant qui cor­res­pond au pro­nom chacun (voir aus­si tableau), mais dans cer­tains contextes on peut em­ploy­er chaque com­me pro­nom, avec une valeur dis­tri­bu­tive, pour ren­voy­er à des éléments iden­ti­ques d’une série, no­tam­ment quand on indique un prix ou une mesure à l’unité :

Les ques­tions sont pré­sen­tées sur deux pages de 20 ques­tions chaque.
Ces disques coutent 15 euros chaque. Nämä levyt maksavat 15 euroa kappale.

Dans le deuxième exem­ple, il s’agit d’un disque dont chaque exemplaire (donc iden­ti­que aux au­tres) coute 15 euros. Ce n’est pas la mê­me phra­se que

Ces disques coutent 15 euros chacun. Nämä levyt maksavat kukin 15 euroa. (dans ce cas, il s’agit de disques dif­fé­rents).

N’importe lequel

Le pro­nom n’importe lequel équivaut au fin­nois mikä tahansa [niistä] et il s’ac­cor­de en gen­re et en nombre :

Formes du pro­nom n’importe lequel
singulier pluriel
mas­cu­linn’importe lequeln’importe lesquels
fé­mi­ninn’importe laquellen’importe lesquelles

Le pro­nom n’importe lequel ren­voie à un nom exprimé explicitement ou implicitement Il faut éviter de le confondre avec le dé­ter­mi­nant n’importe quel, et avec le pro­nom n’importe qui, qui ne ren­voient pas à un nom identifiable :

Quels livres me recommandes-tu ?
Tu peux prendre n’importe lesquels.
N’importe laquelle de ces solutions vaudrait mieux que la situa­tion actuelle.
Michel a acheté un nouvel appareil photo, mais il ne s’est pas contenté de n’importe lequel, il lui fallait le mo­dè­le dernier cri.
Quel fournisseur d’accès me recommandes-tu? – Tu peux t’abonner à n’importe lequel, au­cun ne fonc­tion­ne jamais de façon vraiment satisfaisante !

Remar­que . l’élément le du pro­nom lequel ne se contracte pas avec les pré­po­si­tions à et de (er­reur parfois constatée) :

à + n’importe lequel → à n’importe lequel (et pas n’importe *auquel)
de + n’importe lequel → de n’importe lequel (et non n’importe *duquel). [Voir exem­ples ci-dessus]

Un/au­tre, les uns, les au­tres

L’un…, l’au­tre…

Les pro­noms de la paire l’un(e) … l’au­tre sont des pro­noms re­pré­sentants qui ren­voient au con­te­nu d’un nom identifiable (explicitement). Les deux pro­noms s’ac­cor­dent en gen­re et en nombre en fonc­tion du nom. L’ar­ti­cle dé­fi­ni se contracte avec la pré­po­si­­tion à et de :

Que font les enfants ? – L’un est allé faire du ski, l’au­tre est à l’école de musique.
Ils ont deux voitures : l’une est rouge, l’au­tre bleue.
Où sont passées tou­tes les étudiantes ? – Les unes avaient un examen, les au­tres sont malades.
Je te rends seu­le­ment une par­tie de tes coupes à champagnes, j’ai en­co­re besoin des unes, et aux au­tres il faut que je fasse subir un nettoyage un peu plus poussé.

Prononciation : on ne fait pas la liaison en /n/ entre le pronom l’un et le mot qui suit. Voir Guide de pro­non­cia­tion.

Au pluriel, cette cons­truc­­tion peut avoir une va­rian­te avec ar­ti­cle in­dé­fi­ni les uns… d’au­tres

Où sont passées tou­tes les étudiantes ? – Les unes avaient un examen, d’au­tres sont malades, et d’au­tres sont absentes pour une raison inconnue.

Interpréta­tion du pro­nom l’au­tre/les au­tres

Dans cer­tai­nes gram­mai­res, on range tout grou­pe dé­ter­mi­nant + au­tre parmi les pro­noms in­dé­fi­nis, dans des cas com­me :

Je prendrai cette cassette et en­co­re une au­tre. Les au­tres ne me plaisent pas.
On l’a déjà annoncé à quel­ques élèves, il faut en­co­re le dire aux au­tres.
Je peux te prêter ces deux livres, mais j’ai besoin des au­tres.
Tel étudiant préfère les examens par­tiels, tel au­tre les examens uniques.

En fait, dans ces exem­ples, au­tre est un banal ad­jec­tif (pres­que banal, car il n’est pas caractérisant de la mê­me ma­niè­re que grand ou petit ; mais son comportement morphosyntaxique est iden­ti­que). Sim­ple­ment, le nom n’est pas exprimé. Il s’agit donc d’une simple tournure elliptique. C’est exac­te­ment com­me si on dit : je voudrais une chemise blanche et une rouge : entre l’ar­ti­cle une et l’ad­jec­tif rouge, le nom est sous-entendu, on n’a pas for­mé pour autant le « pro­nom in­dé­fi­ni » *une rouge. Ce n’est pas le cas dans les exem­ples sui­vants :

Que font les enfants ? – L’un est allé faire du ski, l’au­tre est à l’école de musique. Ils ont deux voitures : l’une est rouge, l’au­tre bleue.

Dans ces phra­ses, il n’y a pas de nom sous-entendu, on ne pourrait pas rétablir le nom « manquant » en disant *l’un enfant est parti…, ou *l’une voiture est rouge. Ici, il s’agit donc bien de vrais grou­pes pro­no­mi­naux, qui se sub­sti­tuent à un nom.

Erreur à éviter

Le couple l’unl’au­tre… est un grand « classique » des er­reurs que font les fin­no­pho­nes en fran­çais, étant donné qu’en fin­nois pour ex­pri­mer l’idée de l’unl’au­tre…, on répète le mot toinen (qui, utilisé seul, si­gni­fie « l’au­tre »). Là où en fin­nois on dit répète toinen (a), en fran­çais le premier terme doit être l’un (b) :

(a) Toinen lähti, toinen on vielä kotona
(b) L’une est par­tie, l’au­tre est en­co­re à la maison.

Même quel­qu’un qui parle bien le fran­çais peut parfois laisser échapper *l’au­tre est parti, l’au­tre est en­co­re là. Ce n’est pas en soi agram­ma­ti­cal, mais le pro­blè­me, c’est qu’un francophone ne comprend pas le sens de cette phra­se.

Valeur réciproque

L’un… l’au­tre peut aus­si servir à ex­pri­mer la réciprocité avec un pro­nom réfléchi (com­me en fin­nois toinen toisensa). Dans ce cas-là, on ajoute la pré­po­si­­tion demandée par le ver­be devant l’élément l’au­tre, dont l’ar­ti­cle se contracte éven­tu­el­le­ment avec la pré­po­si­tion :

Elles se suivent l’une l’au­tre. He seuraavat toinen toistaan. Ils se sont aidés les uns les au­tres. He auttoivat toisiaan. Les manchots se serraient les uns contre les au­tres pour lutter contre le froid. Pingviinit asettautuivat tiiviisti toisiaan vasten. Ils se faisaient des compliments les uns aux au­tres. He onnittelivat toisiaan. Nous avons besoin les uns des au­tres. Tarvitsemme toisiamme.

Pronom no­mi­nal

Le pluriel les uns … les au­tres /d’au­tres peut être la for­me pluriel du pro­nom (re­pré­sentant) l’un… l’au­tre pré­sen­té ci-des­sus, et qui peut avoir com­me va­rian­te les uns… d’au­tres (avec ar­ti­cle in­dé­fi­ni). Cepen­dant, les pro­noms in­dé­fi­nis les uns…. les au­tres/d’au­tres s’uti­li­sent aus­si com­me pro­noms no­mi­naux (non re­pré­sentants) pour dé­si­gner un grou­pe de personnes con­si­dé­rées collectivement (les êtres humains implicitement). Dans ce sens, ils sont très proches de cer­tains employé com­me pro­nom no­mi­nal. Dans ce cas aus­si, remar­quer que l’ar­ti­cle dé­fi­ni se contracte avec la pré­po­si­­tion à et de :

Pour cer­tains/Pour les uns, il a raison, pour d’au­tres il a tort. Certains disent / Les uns disent qu’il vaut mieux se marier jeune, les au­tres / d’au­tres prétendent le contraire. Aux unes il a offert des fleurs, aux au­tres des chocolats.

Certains, d’au­cuns, il y en a qui

Certains

Ce pro­nom cor­res­pond à jotkut. Il avoir deux valeurs dif­fé­ren­tes :

a. Certains pro­nom re­pré­sentant ren­voie à un GN identifiable. Il peut alors s’ac­cor­der au fé­mi­nin (cer­tai­nes) :

On a pris pas mal de photos, cer­tai­nes sont vraiment très réussies. Beaucoup sont partis faire fortune dans ce pays. Certains d’entre eux ne sont jamais revenus.

b. Certains peut aus­si être un pro­nom no­mi­nal avec une valeur « collective » (générale) : le pro­nom cer­tains dé­si­gne des gens, une sorte de « on par­tiel ». Il est alors invariable (pas de fé­mi­nin) :

Certains pensent que le climat va se réchauffer. Certains ne sont jamais contents. Pour cer­tains, l’alcool est un poison.

Remar­que . quand il a ce sens, le pro­nom fin­nois jotkut ne se traduit donc pas par quel­ques-uns (qui signifierait muu­ta­mat), mais par cer­tains. Com­pa­rer :

Joku väittää, että… quel­qu’un prétend que…
Jotkut väittävät, että… Certains prétendent que…
[et non pas quel­ques-uns prétendent, qui signifierait muutamat väittävät…]

D’au­cuns

Dans le style soutenu, le pro­nom re­pré­sentant cer­tains à valeur collective a une va­rian­te : d’au­cuns. Le pro­noms d’au­cun s n’a pas de valeur né­ga­ti­ve (ne pas confondre avec le dé­ter­mi­nant au­cun , tou­jours sin­gu­lier). Il a exac­te­ment le mê­me sens que cer­tains (en fin­nois eräät, jotkut). Pour la for­me et le sens, il cor­res­pond pres­que exac­te­ment à l’italien alcuni. Son usage est soumis à deux restrictions : on ne l’uti­li­se pra­ti­que­ment que dans un style soutenu (son usage serait très surprenant dans le fran­çais parlé) et en outre il ne peut s’uti­li­ser qu’en posi­tion de su­jet du ver­be (alors que cer­tains peut oc­cu­per tou­tes les fonc­tions ha­bi­tu­el­les du GN) :

D’au­cuns étaient d’avis de changer de stratégie. D’au­cun s prétendent que l’amour, parce qu’il est aveugle, cause bien des déceptions.

D’au­cuns est d’un usage limité, et l’étu­diant de fran­çais lan­gue étran­gè­re a intérêt à uti­li­ser plutôt cer­tains ou il y en a qui (voir ci-dessous).

Il y en a qui

Dans la langue cou­rante, la ma­niè­re la plus fré­quente d’ex­pri­mer l’idée de cer­tains com­me pro­nom no­mi­nal dé­si­gnant « des gens » est l’ex­pres­sion il y a des gens qui/que ou il y en a qui/que :

Il y a des gens qui / Il y en a qui pensent que le climat va se réchauffer. Il y a des gens qui / Il y en a qui ne sont jamais contents. Il y en a pour qui l’alcool est un poison. Il y en a à qui ça donne des nausées. On a pris pas mal de photos, il y en a que je trouve vraiment très réussies. Il y en a à qui tout réussit. Regarde ces photos que j’ai prises, il y en a dont je suis pas mal satisfaite.

Remar­que . com­me le pro­nom relatif change de for­me selon sa fonc­tion gram­ma­ti­cale, l’uti­li­sa­tion de cette tournure né­ces­si­te une bonne pra­ti­que des constructions re­la­ti­ves, et il peut éven­tu­el­le­ment être plus simple d’uti­li­ser cer­tains (la va­rian­te avec cer­tains est donnée à côté de chaque exem­ple) ; la construc­tion avec il y en a est ce­pen­dant net­te­ment plus idiomatique dans la langue cou­rante :

Il y en a qui ne sont pas d’ac­cor­d. / Certains ne sont pas d’ac­cor­d. Il y en a que ça dérange. / Ça dérange cer­tains. Il y en a à qui ça ne convient pas. / Ça ne convient pas à cer­tains. Il y en a pour qui c’est une mauvaise solution. / Pour cer­tains, c’est une mauvaise solution. Il y en a dont les parents sont divorcés. / Les parents de cer­tains sont divorcés. Il y en a avec qui on a eu pas mal de dif­fi­cul­tés. / On a eu pas mal de dif­fi­cul­tés avec cer­tains.

Dans la pro­non­cia­tion, il y en a se réduit cou­ram­ment à /jɑ̃na/. On pro­non­ce donc :

Il y en a qui partent. /jɑ̃nakipaʁt/ Il y en a que ça dérange. /jɑ̃naksadeʁɑ̃ʒ/ Il y en a à qui ça plait pas. /jɑ̃naakisaplɛpa/ etc.

Dans la cons­truc­­tion il y en a + relatif, le pro­nom en peut bien sûr aus­si être un pro­nom re­pré­sentant ren­voy­ant à un grou­pe no­mi­nal (dé­si­gnant des gens ou au­tre chose) :

Regarde ces vieux timbres, il y en a dont on pourrait tirer pas mal d’argent. Parmi les points examinés, il y en a cer­tains sur lesquels je voudrais qu’on revienne.

Le ver­be y avoir peut se conjuguer à d’au­tres temps :

Il y en avait beau­coup qui n’étaient pas d’ac­cor­d. Parmi les personnes interrogées, il y en avait peu pour qui la réfor­me semblait utile. Je sais com­ment ça va se terminer : il y en aura qui invoqueront l’em­ploi et personne n’osera rien décider.

Quel­ques-un(e)s, au­cun, beau­coup, plu­sieurs, la plupart

Les pro­noms in­dé­fi­nis pré­sen­tés sur cette page ont en commun le fait d’ex­pri­mer une quan­ti­té.

Quel­ques-un(e)s

Le pro­nom in­dé­fi­ni quel­ques-uns, au fé­mi­nin quel­ques-unes, équivaut au fin­nois muutama employé pro­no­mi­na­le­ment. On peut le dé­ve­lop­per par un grou­pe pré­po­si­tionnel in­tro­duit par de ou d’entre :

Tu as là de belles jonquilles dans ton jardin. J’en voudrais quel­ques-unes. Les élèves se tenaient devant le proviseur. quel­ques-uns (d’entre eux) avaient l’air inquiets. Je prêterai ce livre à quel­ques-unes d’entre vous pour que vous me disiez votre opinion. [ici, le nom n’est pas exprimé, mais est con­te­nu implicitement dans vous (par exem­ple « étudiantes »).]

Remar­que . le mot quel­ques-un(e)s est la for­me pro­no­mi­nale ren­voy­ant à un GN. Ne pas confondre :

quel­qu’un :pro­nom no­mi­nal invariable et sans genre, qui ne ren­voie pas à un GN identifiable.
quel­ques-un(e)s : pro­nom re­pré­sentant, qui ren­voie à un GN pluriel identifiable et s’ac­cor­de en gen­re (quel­ques-unes)

Important : quel­ques-uns n’est pas le pluriel de quel­qu’un. Le pro­nom quel­qu’un n’a ni fé­mi­nin ni pluriel. Voir ci-des­sus et tableau.

Aucun(e)

Le pro­nom au­cun ne s’uti­li­se que dans les phra­ses né­ga­ti­ves. Il s’ac­cor­de en gen­re. Le pro­nom remplace un nom pré­cé­dé par un dé­ter­mi­nant de quan­ti­té. Pour cette raison, on uti­li­se tou­jours au­cun (e) con­join­te­ment avec en (sauf dans une phra­se sans ver­be, où en n’est pas exprimé) :

Je suis allé cueillir des gyromitres, mais je n’en ai trouvé au­cun . Il y a eu des coups de téléphone aujourd’hui ? – Non, au­cun . Combien de pilules as-tu prises ? – Aucune.

Se rappeler que au­cun (e) ne s’uti­li­se qu’au singulier. Dans le style soutenu, il exis­te le pro­nom d’au­cuns, mais qui a un sens dif­fé­rent.

Beaucoup

Beaucoup peut être soit un ad­ver­be soit un dé­ter­mi­nant, mais il peut éga­le­ment faire fonc­tion de pro­nom in­dé­fi­ni (monet [heistä, niistä]) :

Les touristes descendent de l’avion. Beaucoup sont très bronzés. J’ai trouvé des photos dans un tiroir, mais beau­coup étaient très abimées. La grève a été annulée. Pour beau­coup, c’est un grand soulagement.

La cons­truc­­tion peut sou­vent être dé­ve­lop­pée, com­me en fin­nois monet heistä ou monet niistä. Sans ce cas, on uti­li­se la pré­po­si­tion d’entre + pro­nom personnel (for­me pleine) ou un au­tre pro­nom :

Les touristes sont descendus de l’avion. Beaucoup d’entre eux n’avaient que des vêtements légers.

Plusieurs

Il est difficile de donner un équi­va­lent unique en fin­nois pour ce mot. Le meilleur serait peut-être monikin, mais il se traduit en général par usea(mpi) et moni. On peut le dé­ve­lop­per par un grou­pe pré­po­si­tionnel in­tro­duit par d’entre (mais pas par la pré­po­si­tion de tou­te seule) :

J’ai parlé avec mes amis. Plusieurs pensent que j’ai bien fait de partir. Les hockeyeuses sont allées jouer à Paris. Plusieurs (d’entre elles) étaient pour la première fois en France. Il avait révélé cela à plu­sieurs d’entre vous.

Plusieurs est invariable, mais il peut ren­voy­er à un ré­fé­rent fé­mi­nin, et dans ce cas l’ad­jec­tif at­tri­but ou le par­ti­ci­pe passé s’ac­cor­de :

plu­sieurs semblaient surprises / plu­sieurs étaient abimées / plu­sieurs ont été infor­mées

La plupart

La plupart, en fin­nois  suurin osa, est au départ un nom, qui n’est aujourd’hui uti­li­sé que com­me dé­ter­mi­nant com­po­sé (avec la pré­po­si­tion de : la plupart de) suivi d’un massif ou d’un pluriel (voir exem­ples), ou com­me pro­nom in­dé­fi­ni. Quand la plupart est un pro­nom, il ren­voie tou­jours à un GN pluriel. Com­me beau­coup, on peut le dé­ve­lop­per par la cons­truc­­tion d’entre + pro­nom (mais pas par la pré­po­si­­tion de tou­te seule) :

Face à un tel su­jet historique, les écueils sont nom­breux. Le film en a évité la plupart. Les touristes sont descendus de l’avion. La plupart (d’entre eux) étaient très bronzés. J’ai trouvé de vielles photos dans un tiroir, mais la plupart (d’entre elles) étaient très abimées. La grève a été annulée. Pour la plupart (d’entre nous), c’est un grand soulagement. Nous avons cueilli des myrtilles, mais la plupart (de celles-ci) étaient trop mures.

Remar­que . dans la langue moderne, on ne ren­voie gé­né­ra­le­ment pas à un singulier avec le pro­nom la plupart, qui a tou­jours un sens pluriel. Si on veut ren­voy­er à un GN singulier, il est préférable d’uti­li­ser le GN la plus grande par­tie :

Il ne reste plus beau­coup de vin, les invités en ont bu la plus grande par­tie.

La for­me Ils en ont pris la plupart ren­voy­ant à une ex­pres­sion no­mi­nale massive peut ce­pen­dant se ren­con­trer dans la langue littéraire.

Pronoms divers

De nom­breux au­tres mots (ad­ver­bes, dé­ter­mi­nants) peu­vent à l’occasion être employés en fonc­tion de pro­nom in­dé­fi­ni :

Nous n’avons pas eu autant que nous pensions. Emme saanet niin paljon [rahaa] kuin luulimme. Si tu demandes trop, tu risques d’obtenir moins. Jos vaadit liikaa, saatat saada vähemmän. Je n’en demandais pas tant. Olen enemmän kuin tyytyväinen.

Tous / tout

Le mot tout cor­res­pond à plu­sieurs ca­té­go­ries de mots (déterminant, pro­nom, ad­ver­be). Elles sont décrites dans une page séparée.

ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 38. Les pronoms in­dé­fi­nis. Dernière mise à jour : 8.8.2022
Mises à jour après le 15.8.2022