Les conventions graphématiques de base du français présentées dans cette série devraient être en principe connues de tous les apprenants ayant étudié le français pendant un cursus scolaire ou équivalent (3 ans ou plus). C’est cependant rarement le cas, et certaines règles tenues pour évidentes par un francophone sont parfois ignorées même des étudiants avancés. Cette série d’exercices présente les règles essentielles pour l’utilisation de la suite des exercices du laboratoire de langue. Les conventions graphématiques sont expliquées en détail dans les unités 7 à 10.
Dans un grand nombre de mots, une partie des consonnes finales qui se prononçaient à une époque de l’histoire du français se sont amuïes [muuttua ääntymättömäksi], et ne sont donc plus prononcées (voir tableau-résumé ). Il y a de très nombreuses exceptions et graphies illogiques, mais en ce qui concerne les adjectifs, cette règle est pratiquement sans exception. En effet, prononcer la consonne finale, c’est mettre l’adjectif au féminin (dans la graphie, c’est comme si on ajoutait un e) :
pɶti
petit (masculin) / pɶtit
petite (féminin)
luʁ
lourd (masculin) / luʁd
lourde (féminin)
lõ
long (masculin) / lõg
longue (féminin)
ʒeɑ̃
géant (masculin) / ʒeɑ̃t
longue (féminin)
Erreur à éviter : il ne faut pas prononcer la consonne finale quand l’adjectif est au masculin ! Les finnophones peuvent peut-être considérer que c’est une simple erreur de prononciation, mais pour un francophone, c’est une grosse faute de grammaire, qu’on remarque aussitôt.
Il ne faut donc pas dire : Ce garçon est petit *pɶtit
: il faut prononcer pɶti
. Parmi les quelques exceptions chez les adjectifs, il y a quelques mots en -t, où le t se prononce au masculin : brut, mat, net (ce sont des mots qui ont été empruntés en finnois : [brutto], [matta], [netto]).
Pour la liste complète des exceptions, voir Phonèmes et graphèmes du français.
1. Principe général : la lettre y (« i grec ») se prononce toujours i
, et jamais comme l’y finnois ! Combiné avec -n ou -m, l’y se comporte comme i et forme un graphème qui se lit comme une voyelle nasale :
le type, à Lyon, la syntaxe, le cycliste, Annecy, la synthèse, un synonyme, la physique
un xylophone, un lynx, la myrtille, à Chypre, le larynx, la psychologie etc.
Erreur à éviter : il ne faut pas prononcer /y/
. Attention notamment aux mots qui existent aussi en finnois et où l’y finnois induit en erreur :
psyykkinen psy-
~ psychique psi-
, psykologia psy-
~ psychologie psi-
etc.
2. Normalement, le graphème ch transcrit /ʃ/
(chat, chou, poche, chercher etc.). Dans certains mots, il transcrit /k/
: psychologie, archéologie, orchidée etc. Il n’y a malheureusement pas de règle pour savoir si ch se lit /ʃ/
ou k
, le seul moyen est de connaitre les mots (ou de vérifier dans un dictionnaire). Et le finnois n’apporte aucune aide. Comparer :
psyykkinen - psychique psiʃik
, Kypros - Chypre ʃipʁ
arkkitehti - architecte aʁʃitɛkt
, kirurgi - chirurgien ʃiʁyʁʒɛ̃
/ʃ/
Il ne faut pas prononcer -ce final comme une chuintante (suhuäänne). On constate souvent des hésitations sur la prononciation des mots en -ance ou -ence : certains apprenants prononcent un s
qui n’est pas assez net et fait penser à /ʃ/
. Il faut dire nettement s
: la tendance, l’élégance, l’importance, la France . NB. Quand c correspond à s
(devant e, i, y), il est toujours sourd !
Principe général :
k
: le cas ka
, la côte kot
, couper kupe
, le cuivre kɥivʁ
;s
: le ciel sjɛl
, cynique sinik
, le pouce pus
;s
(devant e, i, y), il est toujours sourd !s
en ajoutant une cédille : ç + a, o, u = s
le maçon masõ
, en français -sᴇ
, déçu desy
/o/
long ;k
en utilisant le digramme qu : vaincre → vainqueur (et non *vainceur)kɶ
. On invese la graphie habituelle eu pour transformer c en k
. Si on écrivait *éceuil, on lirait esœj
;ks
: accident aksi-
, succès syksᴇ
, coccinelle kɔksi-
, Ajaccio -ksjo
, vacciner vaksine
, coccyx kɔksis
, etc.Erreur à éviter : il ne faut pas lire c ou ç comme k
. C’est une erreur fréquente quand on doit lire un mot nouveau ; attention notamment à l’influence des mots d’emprunt en finnois : kyyninen en finnois avec ky-
, cynique en français avec si-
.
sʁiz
kirsikkaPrincipe général :
/g/
: gai gᴇ
, la gorge gɔʁʒ
, aigu egy
;/ʒ/
: le gingembre ʒɛ̃ʒɑ̃bʁ
, la gerçure ʒɛʁsyʁ
, un nageur naʒœʁ
, la gymnastique ʒimnastik
;/ʒ/
en ajoutant un e (qui fonctionne en quelque sorte comme la cédille dans le cas de c+a/o/u) : ge + a, o, u = /ʒ/
, un geai ʒᴇ
, nous mangeons mɑ̃ʒõ
, soulageant sulaʒɑ̃
, la gageüre gaʒyʁ
;/g/
en ajoutant un u : gu + e/i = /g/
, le guide gid
, la guerre gɛʁ
l’orgueil ɔʁgœj
. ;gʒ
:sygʒeʁe
;/g/
devant i, e, y : gigantesque doit se lire ʒigɑ̃tɛsk
et non *gigɑ̃tɛsk
; attention notamment à l’influence des mots d’emprunt en finnois : gynekologi en finnois avec gy-
~ gynécologue en français avec ʒi-
.
Principe général :
e sans accent + 1 consonne = /ɶ/
e sans accent + 2 (3) consonnes = E
(è plus ou moins ouvert)
À l’intérieur d’un mot, quand e est suivi d’une seule consonne et ne porte pas d’accent, il se prononce /ɶ/
; quand il est suivi de deux consonnes, e se lit /ᴇ/
(/ᴇ/
plus ou moins ouvert) :
relire ʁɶliʁ | airelle ᴇʁɛl |
petite pɶtit | mettre mɛtʁ |
fenêtre fɶnɛtʁ | renne ʁɛn |
Il y a des exceptions, par exemple quand la deuxième consonne est un l, un r ou un h, il faut mettre un accent pour marquer /ɛ/
ou e
(voir les détails p. 6 §2 et suivants) :
reflet ʁɶflᴇ | réfléchir ʁefleʃiʁ |
reprise ʁɶpʁiz | réprimer ʁepʁime |
Erreur à éviter : il ne faut pas lire e comme e
. Il ne faut pas prononcer par exemple
Exemple | prononciation erronée | prononciation correcte |
demande | *demɑ̃d | dɶmɑ̃d |
petite | *petit | pɶtit |
mesure | *mezyʁ | mɶzyʁ |
s
sourd (et sifflant) : saut, service, sans, surfer etc./z/
( 4.6).
poisson, pwasõ
, pousser puse
, moisson mwasõ
, rosse ʁɔs
poison pwazõ
, épouser epuze
, maison mᴇzõ
, rose ʁoz
Il y a des exceptions : s entre 2 voyelles peut être sourd (prononcé /s/
) dans des mots avec certains préfixes, asocial, antiseptique, resurgir, et peut être sonore (prononcé /z/
) dans certains cas même quand il est suivi d’une consonne, Alsace, Jersey, balsamine ( 4.7).
Principe général : le groupe gn est un digramme qui ne transcrit pas g+n
, mais nj
(comme en finnois kampanja, Anja, anjovis, mönjä, konjakki etc.). Erreur à éviter : il ne faut pas prononcer gn
:
la Bretagne, une araignée, en Espagne, l’Auvergne, Allemagne
bʁɶtanj, aʁᴇnje, ᴇspanj, ovɛʁnj, almanj
Il faut notamment faire attention aux mots qui existent aussi en finnois, comme signal / signaali, magnétique / magneettinen : en finnois gn est lu ŋn
, il faut donc bien lire magnétique manjetik
et non pas maŋnetik
.
Exceptions :
gn
:
gnome, gnostique, gneiss, gnou etc. De même dans les dérivés du radical grec gno-:
agnostique, diagnostic (il y a des exceptions) ;gn
dans les mots d’origine latine suivants : stagner,
stagnant, stagnation, pugnace, pugnacité,
cognitif, cognition.
e
bien fermé !Principe général : en position finale (à la fin des mots), le groupe -er est normalement un digramme qui transcrit /e/
: le passager, le portier, un cavalier, en dernier, régulier, les premiers, Garnier, Cartier, Rocher, Béziers, Angers etc.
Erreur à éviter : il ne faut pas prononcer *eʁ
ou *ɛʁ
. C’est une erreur de prononciation grossière [karkea] et malheureusement très fréquente chez les finnophones. Le r ne se prononce pas !
Cette règle concerne plus de 11 000 verbes du premier groupe, des centaines de noms, des centaines d’adjectifs, au total environ 12 000 mots dans lesquels -er final = e
. Prononcer le r peut provoquer des erreurs de compréhension ou de grammaire : les deux premiers passagers prononcé par erreur *ledøpʁɶmjɛʁpasaʒɛʁ
signifie « les deux premières passagères » [ensimmäiset kaksi naismatkustajaa].
Exceptions :
On ne fait jamais la liaison après la conjonction de coordination et (finnois ja). En effet, faire la liaison pourrait provoquer une confusion avec est, forme du verbe être, et donner parfois des résultats comiques :un homme et une femme se lit ɛ̃n ɔmeynfam
et non *ɛ̃n ɔmetynfam
, qui signifierait ”mies on nainen”.