Pour les explications générales sur la liaison, se reporter à la page 20.
en /z/ avec les déterminants |
les, des, aux, ces, mes, tes, ses, nos, vos, leurs ; quelques, certains, différents, plusieurs, divers, quels ; deux, trois, six, dix |
en /t/ avec les déterminants |
cet, tout (tout un) |
en /n/ avec les déterminants |
un, aucun, mon, ton, son |
en /v/ avec neuf devant ans et heures ; devant les autres mots, f se prononce f |
19 ans diznœvɑ̃ , à 9 h anœvœʁ le 9 avril lɶnœfavʁil , neuf enfants nœfɑ̃fɑ̃
|
en /n/ avec en préposition et/ou pronom devant le verbe |
en‿Espagne, en‿un‿an, en‿allant, en‿en‿achetant |
en /z/ et /n/ avec les formes faibles des pronoms personnels sujet |
nous, vous, ils, elles, on nous‿y penserons, elles‿écoutent, on‿y va, |
en /z/ et /n/ avec les formes faibles des pronoms personnels complément du verbe |
nous, vous, ils, elles, en, les Elle nous‿invite. Je vous‿ai vus. Emmène-les‿-y. On‿en‿a eu un // aussi (voir Liaison avec les nasales) |
en /z/ avec les formes inversées des verbes à l’impératif |
prends‿-en, vas‿-y , achètes‿-en, prenons‿-en , prenez‿-en |
en /t/ avec les formes inversées des verbes |
répond-il ? attend-on ? chantent-elles ? |
en /z/ dans le groupe adjectif + nom au pluriel |
de longues‿études, de grands‿efforts, ces dures‿épreuves |
*en /z/ avec les prépositions sans, dans, chez, sous |
chez‿eux, sans‿argent, dans‿un an etc. |
*en/z/ avec très, plus (comparatif) suivis d’un adjectif |
très‿important, plus‿efficace |
* en /t/ avec quand et grand |
quand‿il a dit, un grand arbre ɛ̃gʁɑ̃taʁbʁ |
* en /n/ avec les adjectifs en nasale antéposés (dénasalisation de la voyelle) |
un bon ami, en plein air |
* = liaisons théoriquement obligatoires : dans ces cas, la liaison est normalement obligatoire, mais, en fonction du niveau de langue, elle peut ne pas être faite. On peut entendre chez des jeunes par exemple : dans une cave dɑ̃ynkav
. Le fait de ne pas respecter la liaison peut être interprété par exemple comme une volonté de se démarquer ottaa etäisyyttä d’un certain type de règles ou de monde des valeurs. L’apprenant de FLE doit faire ces liaisons, comme les autres liaisons obligatoires, mais ne doit pas s’étonner que certains francophones ne les fassent pas.
Les liaisons sont présentées par ordre de fréquence décroissant :
fréquente entre l’auxiliaire être et le participe passé | il est‿arrivé, je suis‿arrivé |
fréquente entre le verbe être et l’adjectif attribut | c’est‿amusant, je suis‿étonné |
un peu moins fréquente après avoir | j’avais‿écouté, ils ont‿entendu. |
mais impossible après les formes d’avoir en t (ont/avait, avaient/eut, eût, eurent) précédé du pronom te | ils t’ont // entendu, elles t’avaient // attendu (et non, *ils t’ont‿entendu, *elles t’avaient‿attendu) |
possible avec as (du verbe avoir), mais rare et littéraire (poésie, opéra etc.) | tu as‿appris |
relativement peu fréquente entre assez et l’adjectif ou l’adverbe qu’il modifie | C’est assez‿intéressant. Ce paysage est assez‿impressionant. |
Mais on fait pas la liaison quand assez est complément du verbe et on évite de la faire après pas‿assez (pour éviter les deux /z/ de liaison) : : |
J’ai assez//attendu, on en sait assez // à ce sujet. Ce n’est pas‿assez // explicite. |
relativement peu fréquente après pas adverbe négatif : | ce n’est pas‿efficace, elles n’ont pas‿accepté. On la fait cependant fréquemment dans pas‿encore (notamment utilisé comme réponse). |
assez peu fréquente après un semi-auxiliaire (devoir, aller etc.) | il doit‿arriver, je vais‿écouter, ils vont‿observer |
assez peu fréquente après plus adverbe négatif : | ce n’est plus‿efficace, ils n’ont plus‿accepté |
encore moins fréquente après une forme verbale indépendante (sauf être avec attribut, voir ci-dessus) | j’avais‿un ami, ils entrent‿ici |
mais dans l’expression Il était‿une fois Olipa kerran, on fait toujours la liaison | iletetynfwa (groupe figé) |
La liaison en /ʁ/ après les infinitifs est revenue à la mode dans l’audiovisuel, mais dans la langue courante on ne la fait pas . |
aller‿au théâtre, parler‿encore |
entre un nom au pluriel et un adjectif postposé (mais obligatoire quand l’adjectif est antéposé). |
des livres(‿)intéressants de grosses‿aiguilles |
avec trois adjectifs en -er, liaison en /ʁ/ devant un nom : premier, dernier, léger (pas obligatoire, mais assez fréquente) : |
un léger‿incident ɛ̃leʒeʁɛ̃sidɑ̃ le dernier‿arrivant lɶdɛʁnjeʁaʁivɑ̃ |
Cette liaison n’est pas obligatoire, alors qu’elle est obligatoire quand l’adjectif est antéposé. La cohérence est donc forte dans le groupe adjectif-nom, mais moins forte dans le groupe nom-adjectif :
des livres(‿)intéressants, des histoires(‿)amusantes etc.
dᴇlivʁɶzɛ̃tᴇʁᴇsɑ̃
, dᴇzistwaʁzamyzɑ̃t
ou
dᴇlivʁɛ̃tᴇʁᴇsɑ̃
, dᴇzistwaʁamyzɑ̃t
Mais : de grosses‿aiguilles, mes chers‿amis, adjectif antéposé, liaison obligatoire. Il existe cependant un certain nombre de groupes nom + adjectif postposé au pluriel qui forment une seule notion, autrement des mots composés, et dans lesquelles on fait quasi systématiquement la liaison : des huiles‿essentielles, voir liaison avec groupes figés.
/ʁ/
On peut faire la liaison en /ʁ/
avec les trois adjectifs premier, dernier, léger :
un léger‿incident ɛ̃leʒᴇʁɛ̃sidɑ̃
le dernier‿arrivant lɶdɛʁnjeʁaʁivɑ̃
Pourquoi ces trois adjectifs ? Parce que ce sont les seuls adjectifs terminés par er qui peuvent être antéposés. Les autres adjectifs en er sont postposés : du fromage fermier, un produit laitier, le revenu foncier etc. (sauf quelques rares exceptions ponctuelles comme l’entière responsabilité).
Dans le groupe nominal premier‿étage, on fait systématiquement la liaison, car le groupe est devenu figé et se comporte comme un mot composé : au premier‿étage opʁɶmjᴇʁetaʒ
. Dans la liaison après -er, l’aperture de la voyelle finale fermée /e/
devient variable devant /ʁ/
(/pʁɶmjᴇʁetaʒ/
), puisque la voyelle n’est plus en position finale.
/z/
Comme dans le cas de la liaison en /ʁ/
ci-dessus, on peut faire la liaison en /z/
avec des adjectifs antéposés au singulier terminés par un s ou un x, dont les plus fréquents sont gros, mauvais, fameux, joyeux. Dans ce cas, l’adjectif se prononce de la même manière au singulier et au pluriel :
un gros‿effort ɛ̃gʁozᴇfɔʁ
/ de gros‿efforts dɶgʁozᴇfɔʁ
Devant voyelle, l’adjectif mauvais antéposé se prononce de la même manière au masculin et féminin du singulier et au masculin du pluriel ; au féminin pluriel, la liaison se réalise comme/z/
long :
un mauvais‿exemple ɛ̃movᴇzᴇgzɑ̃pl
une mauvaise habitude ynmovᴇzabityd
de mauvais‿exemples dɶmovᴇzegzɑ̃pl
de mauvaises‿habitudes dɶmovᴇzːabityd
On peut considérer certains groupes nominaux comme des groupes figés, où on fait pratiquement toujours la liaison : Joyeux anniversaire !, un heureux‿évènement (= une naissance, iloinen perhetapahtuma), fournir un gros‿effort, il n’est pas mauvais‿homme. Il peut y avoir des variations selon le style de langue ou les habitudes personnelles. Voir aussi d’autres cas particulier de liaisons après s au singulier ou au pluriel dans les Groupes figés.
On fait assez rarement la liaison au singulier après les adjectifs en -eux, comme fameux, joyeux, curieux. On peut dire que seul fameux peut être antéposé librement, les autres se trouvent surtout dans des groupes figés (joyeux anniversaire, un curieux homme erikoinen tyyppi).
Il y a aussi d’autres cas isolés de liaison avec adjectif au singulier, comme un important‿effort /ɛ̃pɔʁtɑ̃tᴇfɔʁ/
, un long‿article /lõgaʁtikl/
, un gentil‿enfant /ʒɑ̃tijfɑ̃/
(on retrouve cette liaison en /j/
dans le mot gentilhomme ([aatelismies]) /ʒɑ̃tijɔm/
. Ces liaisons ne sont cependant pas productives (on ne peut pas les extrapoler à d’autres noms) et de toute façon elles restent facultatives. Le plus simple est de ne pas faire la liaison dans de pareils cas.
La liaison est obligatoire après les prépositions sans, dans, chez, sous ; elle est fréquente après dès, mais elle n’est pas obligatoire. Devant aujourd’hui, on la fait presque systématiqument : dès‿une heure ou dès// une heure, mais dès‿aujourd’hui.
La liaison est possible mais très rare après vers (vers eux), et il vaut mieux l’éviter ; elle est interdite devant un numéral, un article ou un nom propre. On prononce donc : vers une solution vɛʁynsolysjõ
, vers huit heures vɛʁɥitøʁ
, vers Annecy vɛʁansi
.
Après les prépositions de plus d’une syllabe, la liaison est facultative. Dans la langue courante, on la fait rarement (sauf après après et devant), et il vaut mieux l’éviter en dehors d’une prononciation soutenue :
après‿un échec, devant‿eux (liaisons relativement fréquentes)
d’après‿eux, depuis‿un an, à travers‿eux (liaisons rares)
pendant‿une heure, envers‿eux (liaison encore plus rares ou littéraires)
hormis//un seul cas (liaison interdite).
La liaison (en /z/
) après mais est relativement fréquente dans la prononciation soignée, mais elle est plutôt aléatoire. Dans la langue parlée courante, on ne la fait pas (sauf dans le groupe figé mais encore) :
Mais‿il est impossible de prédire quand on fait la liaison après mais.
On est // allés faire du shopping, mais // on a rien // acheté. (prononciation courante).
Certains groupes de mots forment un ensemble ou une expression figée dans lesquels la consonne finale prononcée anciennement s’est conservée et continue de se prononcer systématiquement. On trouve des cas où il y a une liaison entre un nom au singulier et un autre élément (liaison aujourd’hui normalement interdite), ou des groupes nominaux dans lesquels on fait régulièrement la liaison avec l’adjectif postoposé au pluriel (liaison aujourd’hui normalement facultative) :
tjɛʁzeta
kolmas säätyduzamɛʁ
suloisen katkeradusamɛʁ
)avɑ̃tjɛʁ
toissapäivänäptitapti
vähitellenLiaison avec -d prononcé t
:
de pied‿en cap dɶpjetɑ̃kap
kiireestä kantapäähän
un pied-à-terre pjetɑ̃tɛʁ
tilapäisasunto, kakkosasunto
grand‿ouvert gʁɑ̃tuvɛʁ
ammollaan
de fond‿en comble dɶfõtɑ̃kõbl
perusteellisesti
Groupes nominaux au pluriel où on fait toujours la liaison :
corps‿et biens kɔʁzebjɛ̃
miehineen päivineen (liaison normalement interdite)
promettre monts‿et merveilles luvata kuu taivaalta (liaison normalement interdite)
les huiles‿essentielles eteeriset öljyt -zesɑ̃-
(liaison normalement facultative)
les Nations‿-Unies -zy
(liaison normalement facultative)
les Champs‿-Élysées -zeli-
(liaison normalement facultative) etc.
Au cas où… On trouve également un groupe « semi-figé », au cas où. Quand cette locution s’utilise comme locution conjonctionnelle introduisant une proposition subordonnée, la liaison est possible, mais facultative (et très peu fréquente dans la langue courante) : Vous nous préviendrez au cas où il y aurait des retards peut être prononcé okazu
, mais plus fréquemment okau
.
Cependant, cette locution est aussi employée comme locution adverbiale qu’on ajoute en fin de phrase (comme si jamais), et dans ce cas-là, on la prononce assez fréquemment avec une liaison : J’ai emporté un parapluie, au cas où... okazu
, Il faudrait peut-être réserver pour ce soir, au cas où... okazu
.
Quand il n’y a pas de cohérence syntagmatique, la liaison ne se fait pas. Dans tous les autres cas que ceux énumérés ci-dessus, la liaison est donc interdite, notamment dans les cas suivants :
ɛ̃eɛ̃egaldø
komɑ̃talevu
, Quand est-ce que... kɑ̃tɛskɶ
; mais on ne fait pas la liaison dans le groupe comment est-ce que : Comment est-ce qu’il a appris ça ? komɑ̃ɛskilaapʁisa
. 5.6, 7.11.ɑ̃oeɑ̃ba
.miz
et ekʁit
sont les formes du féminin mise, écrite, et faire la liaison reviendrait à accorder l’adjectif au féminin, ce qui est impossible si le complément direct ne précède pas le verbe. Là encore, il convient de noter que les hypercorrectismes sont fréquents. On fait la liaison si le participe passé est employé comme adjectif : ses incomprises‿idées.sɑ̃ɛ̃
, cent-onze sɑ̃õz
, trois-cent-un tʁwasɑ̃ɛ̃
. Quand cent est suivi d’un nom commençant par une voyelle, on fait la liaison en t
devant ans (dans cent‿ans). Dans les autres cas, il vaut mieux ne pas faire la liaison (cent // euros), bien que certains puristes la préconisent. Quand cent est multiplié, la liaison se fait avec /z/
et elle est tout à fait courante : deux-cents‿invités, trois-cents‿euros etc.deo
des « oh » (comparer : dezo
des os), ɛ̃ɶ
un « e » (comparer : ɛ̃nø
un nœud). Quand il n’y a pas de risque de confusion, on fait la liaison : L’adjectif prend un e ɛ̃nɶ
au féminin, il écrivait des o dezo
très petits. Dans ce cas-là, l’élision devient facultative aussi. On peut dire (ou écrire) le e lɶ|ɶ
ou l’e lɶ
. C’est assez souvent le cas devant le mot un, quand on veut faire ressortir sa valeur numérale et le distinguer de l’article indéfini (en appuyant sur le mot un) : L’écart d’espérance de vie n’est que de un an kɶdɶ|ɛ̃nɑ̃
entre les deux pays.En dehors de certaines exceptions, on ne peut pas faire de « liaison » avec les voyelles nasales, puisque ce sont des voyelles, sans élément consonantique. Il n’y a pas de liaison avec consonne nasale dans les séquences suivantes : Christian // est parti ce matin // à sept heures, du mouton// et des haricots, Jean// a téléphoné, l’Union// européenne etc.
Une erreur qu’on entend assez souvent chez les apprenants FLE (notamment finnophones) consiste à prononcer un /n/
dans avons devant voyelle : Nous avons acheté : *nuzavõnaʃte
. Faire la « liaison » dans ce cas est une faute de prononciation qu’il faut éviter.
Cependant, dans un nombre de cas limité et précis, la prononciation d’un /n/
de liaison après une voyelle nasale devant un mot commençant par une voyelle est obligatoire. Ce sont les cas suivants :
Mais même dans ces cas, la liaison après voyelle nasale peut être interdite :
– on fait la liaison seulement quand un et aucun sont déterminants ; quand ce sont des pronoms, on ne fait pas la liaison (dans ce cas-là, ces mots forment un ensemble syntaxique avec le verbe qui précède, pas avec les mots qui suivent) :
J’en veux un // au moins. Il faut en acheter un // avant de partir.
Je n’en vois aucun // ici. Il n’y en avait aucun // avec eux.
Pour cette raison, on ne fait jamais la liaison après quelqu’un (erreur fréquente chez les finnophones), qui est un pronom : quelqu’un // a téléphoné, quelqu’un // a dit.
– on ne fait pas la liaison quand un, en ou on se trouvent après le verbe dont ils sont le sujet ou le complément (inversion) :
J’en‿ai eu un‿autre. Mais : Prends-en // un // avec un réglage automatique.
Pense-t-on // aux conséquences ? A-t-on //appris quelque chose ?
Sait-on // au moins qui l’a fait ? Prends-en //autant que tu veux. Manges-en //un //aussi.
La phrase nous, on en a eu un en un an et demi [me saatiin yksi puolessatoista vuodessa] se prononce Nous, on‿en‿a eu un // en‿un‿an // et demi nuõnɑ̃nayɛ̃ɑ̃nɛ̃nɑ̃edmi
: après un, il n’y a pas de liaison, car un est un pronom, et après an il n’y a pas de liaison non plus, car la règle générale veut qu’on ne faisse pas la liaison avec les voyelles nasales.
On fait la liaison avec le mot bien s’il est suivi d’un adjectif qu’il détermine : bien‿habillé bjɛ̃nabije
, bien‿élevé bjɛ̃nelve
, bien entendu ! bjɛ̃nɑ̃tɑ̃dy
. Dans les autres cas, quand bien ne porte pas sur l’adjectif, on ne fait pas la liaison : On vit bien // ici [täällä elää mukavasti]. On oppose donc ils sont bien arrivés avec liaison bjɛ̃naʁive
« ils sont arrivés sans problèmes/sans encombres » et ils sont bien arrivés sans liaison bjɛ̃aʁive
« ils sont effectivement arrivés ». Mais ce genre de subtilité échappe sans doute à certains utilisateurs, qui auront tendance à faire la liaison par habitude ou parce qu’elle semble plus élégante. Il règne donc un certain flottement sur le respect de cette règle, qui est fondamentalement liée à la grammaire.
Après le pronom indéfini rien, on peut faire la liaison dans la construction rien + infinitif : rien‿à faire, rien‿à dire etc. Dans les autres cas, il n’y a pas de liaison : Je ne veux rien // en plastique. Ces types de liaison sont de toute façon facultatifs, et là aussi, il règne un certain flottement à ce sujet, l’usage est assez variable d’un locuteur à l’autre.
Dans la langue parlée moderne (en dehors du style soutenu qui surexploite les liaisons), la liaison se limite en pratique à rien + infinitif et elle s’est lexicalisée avec certains verbes qui forment des expressions : rien à faire ! (dans le sens de « inutile, impossible »), rien à dire (dans le sens de « sans commentaires »), rien à ajouter (dans le sens de « c’est tout »), rien à redire (dans le sens de « c’est très bien »). Sinon, dans le français parlé, on prononcera y a rien à manger jaʁjɛ̃amɑ̃ʒe
, J’ai rien à faire ʒeʁjɛ̃afɛʁ
, ou j’ai rien à te dire ʒeʁjɛ̃adːiʁ
, parce que rien ne forme pas une expression avec l’infinitif qui suit. De plus, le fait de faire la liason entre rien et à dans ce cas, et en particulier dans des expressions courantes très familières du type j’en ai rien à cirer/à glander/à foutre serait incompatible avec le niveau de langue, la liaison relevant du code écrit. Mais, là encore, certains peuvent la faire, par une sorte d’hypercorrectisme (le fait de faire la liaison ne rend évidemment pas l’expression plus élégante).
Un h disjonctif empêche toute liaison (voir liaison interdite). Il empêche donc aussi la liaison après nasale : en// haut, en// hauteur, en// Hongrie, un// haricot, un// Hongrois, un// hibou, ton// hachoir, aucun// hérisson, en// hochant, en// hissant etc.
Avec les adjectifs terminés par une nasale, on fait la liaison quand ils sont antéposés (= devant le nom) devant un nom commençant par une voyelle : on prononce un /n/
, mais on dénasalise la voyelle nasale. Ainsi, dans certains cas, il n’y a phonétiquement pas de différence entre le masculin et le féminin :
kɛlbɔnelɛv
= quelle bonne élève ou quel bon élève
lɑ̃sjɛnami
= l’ancienne amie ou l’ancien ami
Il faut remarquer que cette liaison diffère des cas précédents, parce que dans ceux-ci, on prononçait un /n/
et une voyelle nasale, alors qu’ici, on prononce un /n/
et une voyelle orale ; il ne s’agit donc pas à proprement parler d’une liaison avec voyelle nasale. Cela concerne l’adjectif bon et un nombre limité d’adjectifs terminés par /ɛ̃/
qui peuvent être antéposés : moyen, plein, ancien etc. :
un bon ami ɛ̃bɔnami
, au moyen âge omwajɛnaʒ
, en plein air ɑ̃plɛnɛʁ
un certain aspect ɛ̃sɛʁtɛnaspɛ
, un vilain animal ɛ̃vilɛnanimal
etc.
Au pluriel, l’adjectif se termine par un s, on fait donc la liaison en /z/
comme avec n’importe quel autre adjectif pluriel, et il n’y pas de dénasalisation : quels bons élèves kɛlbõzelɛv
, ses anciens amis sezɑ̃sjɛ̃zami
, certains experts sɛʁtɛ̃zɛkspɛʁ
Dans le divin enfant, on dénasalise en i
: lɶdivinɑ̃fɑ̃
. C’est le seul cas de dénasalisation avec i
.
/z/
avec l’adjectif ou l’adverbe qui suit, de façon quasiment systématique, car dans le français parlé, où on n’utilise pas le mot négatif ne, la liaison permet de distinguer le comparatif et la forme négative :
C’est plus amusant. seplyamuzɑ̃
Se ei ole enää hauskaa.
C’est plus‿amusant. seplyzamuzɑ̃
Se on hauskempaa..
/z/
:
Plus /plyz/
elle y pensait, plus /ply/
le projet lui semblait insensé.
Plus /plyz/
on apprend de vocabulaire, plus /ply/
les constructions grammaticales deviennent faciles à comprendre.
Plus /plyz/
il devient vieux, plus /plyz/
il ressemble à son père.
/s/
, devant voyelle et devant consonne :
Plus/plys/
on lit, plus /plys/
on apprend.
Plus /plys/
elle y pensait, plus /plys/
le projet lui semblait insensé.
Plus /plys/
on apprend de vocabulaire, plus /plys/
les constructions grammaticales deviennent faciles à comprendre.
Plus /plys/
il devient vieux, plus /plys/
il ressemble à son père.
Plus /plys/
on fait de sport, plus /plys/
on a envie d’en faire.
Remarque : avec l’adverbe moins, on observe les règles habituelles : devant consonne, l’s n’est pas prononcé et il n’y a pas de laison. Devant voyelle, on fait la laison en
/z/
dans le style soigné, mais on la fait assez rarement. Dans la prononciation courante, elle paraitrait affectée (teennäinen) et on ne la fait pas. De façon générale, dans la langue courante, il vaut mieux ne pas la faire :
Plus /plys/
une entreprise devient importante, moins /mwɛ̃/
elle peut s’adapter au rythme de chacun.
Moins /mwɛ̃/
vous irez vite, mieux ce sera.
Moins /mwɛ̃/
on fait cuire un steak, meilleur il est.
Moins /mwɛ̃/
on respectera les consignes de sécurité, plus /plys/
il y aura d'accidents.
/z/
), mais cette liaison est facultative (mais se fait assez fréquemment se fait surtout dans l’élocution soignée, lecture d’un texte, discours etc.). On ne la fait pratiquement jamais si on n’exprime pas le mot négatif ne (dans la langue parlée) : ce n’est plus amusant sɶneplyzamuzɑ̃
, langue parlée : c’est plus amusant seplyamuzɑ̃
; je ne veux plus(‿)en entendre parler ʒɶnvøply(z)ɑ̃nɑ̃tɑ̃dʁɶpaʁle
, langue parlée : je veux plus en entendre parler ʒvøplyɑ̃nɑ̃tɑ̃d̥paʁle
; ɛ̃pøplys
, rien de plus ʁjɛ̃d̥plys
, il en a acheté plus ilɑ̃naaʃteplys
, il y a plus de visiteurs iljaplys̬dɶvizitøʁ
, il faudrait plus de sel ilfodʁɛplys̬dɶsɛl
. Ainsi, on distingue les deux phrases suivantes, qui se ressemblent beaucoup, mais ont un sens différent, et où le mot plus se prononce différemment :
Il n’en faut plus. Sitä ei tarvitse enää. ilnɑ̃foply
Il n’en faut pas plus. Sitä ei tarvitse enempää. ilnɑ̃fopaplys
dɶplysvuzavjeetepʁevny
, et en plus, il pleut ! eɑ̃plysilplø
; dans l’expression de plus en plus, on fait la liaison en /z/
après le permier plus et on prononce un /s/
sourd à la fin du deuxième : dɶplyzɑ̃plys
; tʁwaplystʁwaegalsis
, il fait plus six ilfeplyssis
11.6.La liaison avec les mots tous/toutes et tous est parfois source d’incertitudes. Voici un résumé des règles :
iletetuetone
. Mais au féminin, on fait la liaison, parce que quand l’adjectif commence par une consonne, on écrit toujours toute (voir Grammaire) et on prononce toujours tut
: toute ratatinée tutʁatatine
comme tout étonnée tutetone
;t
final a tendance à se sonoriser : toutes ont dit la même chose tuṱzõdi
. Plus fréquemment on dit : tutõdi
, avec une très légère pause entre toutes et ont. Mais la liaison est interdite quand toutes est repris après le verbe : Elles ont toutes// accepté ;tuzazimyt
;tus
et toujours avec s sourd (jamais de liaison en s sonore) : tous ont dit tusõdi
, tous étaient d’accord tusetɛdakɔʁ
, ils ont tous accepté ilzõtusaksɛpte
. Mais cet s peut se sonoriser par assimilation devant consonne sonore ilzõtuzdi
4.8.v
: dix-neuf ans diznœvɑ̃
, à neuf heures anœvœʁ
; f
: le neuf avril lɶnœfavʁil
, ils ont neuf enfants ilzõnœfɑ̃fɑ̃
En ce qui concerne la liaison avec nous, on a assez peu de chances de l’entendre dans la langue parlée, car on exprime généralement la 1e personne du pluriel avec on : on est inquiets. On remarquera que dans ce cas, on fait la liaison (absolument obligatoire) entre on et est, mais on négligera le plus souvent de la faire entre est et inquiets, car il y aurait une sorte de contradiction entre le fait d’utiliser on (typique de la langue parlée) et le fait de faire la liaison après est (liaison facultative, caractéristique d’une langue plus soutenue). Dans un cas de ce genre, les hypercorrectismes, autrement dit le mélange entre la prononciation du code de la langue parlée et celle du code de l’écrit, sont fréquents (on pourrait entendre des gens prononcer on‿est‿inquiets).
On ne fait pas la liaison après le pronom eux quand il est employé comme sujet détaché. Habituellement, on fait le détachement en utilisant d’abord un pronom disjoint (eux) puis en le reprenant par un pronom faible normal (Eux, ils ont dit...). Dans ce cas, on ne fait pas la liaison après eux, car ce pronom est alors, comme son nom l’indique, détaché, « isolé » du reste de la phrase (comme le signale la virgule à l’écrit) :
Eux, // ils ont dit que cela leur convenait.
Cependant, on peut aussi utiliser le pronom détaché eux employé seul devant le verbe, sans exprimer ensuite le pronom faible ils. Dans ce cas-là non plus, on ne fait pas la liaison :
Eux // ont dit que cela leur convenait.
Eux // étaient d’accord.
La prononciation øzõdi
ou øzetᴇdakɔʁ
serait agrammaticale.
Cette particularité ne concerne pas le pronom elles. En effet, on peut théoriquement utiliser elles (ou elle au singulier) seul en position détachée, mais comme la forme est identique au pronom faible, le caractère détaché du pronom apparait difficilement, sauf si on ont fait une pause très marquée. En général, on préfère utiliser le procédé normal de reprise du pronom détaché par le pronom conjoint. On ne fait évidemment pas non plus la liaison après elles pluriel quand il est en position détachée : Elles, // elles ont dit que cela leur convenait.
Quelques mots commençant par une semi-consonne (yeux, ouailles, ouate, yeuse, huitre, huile) sont traités comme si l’initiale commençait par une voyelle (ce qui est le cas historiquement) : l’ouate, l’yeuse, l’huitre, l’huile, des‿huiles, ces‿huitres, tes‿yeux, ses‿ouailles. Mais dans les mots empruntés plus récemment, avec /w/
ou j
(il n’y a pas d’emprunts récents avec /ɥ/
initial), on ne fait pas l’élision, ni la liaison : le yaourt (ou le yogourt), le watt, le yacht etc.
/ʁ/
: fort élégant fɔʁelegɑ̃
ou fɔʁtelegɑ̃
.La liaison est un phénomène qui provoque parfois des erreurs chez les francophones eux-mêmes. On peut entendre des liaisons fautives qui s’expliquent par la force du mécanisme de cohérence syntagmatique. Comme les chiffres indiquent en général un pluriel et que le pluriel comporte très souvent une liaison avec /z/
, certains prononcent par exemple quatre amis fautivement *katʁɶzami
(réalisé couramment sous la forme /kadzami/
) au lieu de katʁami
. De même, il n’est pas impossible d’entendre dire cent euros prononcé *sɑ̃zøʁo
Autre faute (assez fréquente) : il faudra étudier prononcé *ilfodʁatetydje
avec une liaison en t
par analogie avec les formes ils pourront‿étudier etc. On a même relevé à la télévision suisse (mais cela aurait très bien pu être en France) *la décision a été‿t‿acceptée. Ces liaisons fautives peuvent s’entendre même chez des gens habitués à soigner leur langage. Il ne faut bien sûr pas les imiter, mais il peut être utile de savoir les reconnaitre (pour les éviter, justement) et d’en comprendre le mécanisme.
Il existe même des noms pour ces erreurs : la liaison fautive en /z/
s’appelle un « velours » et la liaison fautive en t
un « cuir ». On rencontre également le « pataquès », qui est une confusion entre les consonnes de liaison : ce n’est pas à moi prononcé *sɶnepatamwa
au lieu de sɶnepazamwa
(liaison facultative).