Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones
Les conjonctions comparatives du français ont presque toutes un équivalent en finnois. Le mode du verbe de la subordonnée est toujours l’indicatif :
comme kuin, kuten | aussi bien que kuten myös |
ainsi que kuin, kuten | autant que yhtä paljon kuin |
de même que samalla tavalla kuin | plutôt que pikemmin kuin, mieluummin kuin |
comme si aivan kuin, ikään kuin, kuin | tel(le) que sellainen / samanlainen… kuin |
Les subordonnées comparatives peuvent être indifféremment antéposées ou postposées par rapport à la principale sans que le sens change beaucoup, et c’est également le cas en finnois.
De même qu’il y a la musique et les musiciens, il y a les mathématiques et les mathématiciens. ■ Sur Internet, 80 % des données existantes sont en anglais, ainsi que le sont une grande majorité des publications scientifiques (95 %).
Dans les subordonnées, on annonce ou on reprend souvent l’idée de la principale avec des formes du pronom ÇA (le, y, en) :
Tout s’est passé comme on le prévoyait. ■ Ainsi que les syndicats l’avaient prédit, les négociations salariales ont échoué dès la première rencontre avec le patronat.
Comme dans toutes les propositions introduites par un si conditionnel, après comme si à valeur conditionnelle, on utilise en principe l’imparfait/plus-que-parfait, et non le conditionnel. En finnois, on utilise souvent kuin tout seul ou aivan kuin suivi du konditionaali. On dit rarement kuin jos ou ikään kuin jos. En français, en revanche, il faut toujours exprimer le mot si (comme si), on ne peut pas utiliser le mot comme tout seul dans ce sens :
Comme s’ils n’avaient pas encore assez de problèmes, ils ont appris que leur chalet avait été cambriolé. ■ Comme si c’était aussi simple ! ■ Le Japon comme si vous y étiez ! [titre de publicité] ■ Pour nos calculs, nous allons donc procéder comme si les prix n’avaient pas varié, comme s’ils étaient restés constants, c’est-à-dire comme si les prix étaient restés à l’indice.
On peut aussi utiliser comme si avec d’autres temps verbaux :
C’est comme si tu prends quelqu’un qui n’a jamais skié et tu lui demandes de descendre la piste. ■ Couper la botte de persil en petites lamelles (comme si vous faites du taboulé). ■ C’est un peu comme si tu prends une assurance auto au tiers, avec donc une indemnisation uniquement si tu n’es pas responsable.
Comme dans le cas de si conditionnel, on trouve dans le français parlé de nombreux exemples d’utilisation du conditionnel avec comme si, mais ce n’est pas la norme du code écrit :
Une personne peut dire quelque chose avec assurance, comme si ce serait une déclaration évidente. ■ Par cette comparaison, elle inverse les rôles comme si ce serait elle qui écouterait un film du cinéma muet. ■ Il va falloir que tu te mettes en situation en entendant la langue tous les jours comme si tu serais dans le pays.
La conjonction plutôt que est toujours suivie d’un infinitif, introduit par la conjonction de. En effet, après que comparatif (« kuin »), on ne peut pas utiliser un deuxième que « että» , *plutôt que que. Elle ne peut donc s’utiliser que si le sujet de la subordonnée est le même que celui de la principale (coréférence du sujet) :
Plutôt que de me saluer, il a préféré se plonger dans la lecture du journal. ■ Depuis cette tragédie, il préfère boire plutôt que de faire face à la situation. ■ Plutôt que de démolir, ils ont choisi d’embellir. ■ Cette association préconise de détruire les médicaments non utilisés plutôt que de les recycler dans l’humanitaire.
Dans la construction comparative tel que, le mot tel se comporte comme un adjectif, exceptionnellement postposé au nom (habituellement tel est antéposé). Tel s’accorde en genre et en nombre avec le nom :
Dans une situation telle que celle dans laquelle nous nous trouvons, il faut réagir vite. ■ Les planètes telles que vous devriez les voir. ■ Peu de gens nous voient tels que nous sommes, mais tous voient ce que nous faisons semblant d’être.
Dans le français parlé, à la place de tel… que, on utilise aussi fréquemment comme :
Dans une situation comme celle dans laquelle nous nous trouvons, il faut réagir vite. ■ Les planètes comme vous devriez les voir. ■ Peu de gens nous voient comme nous sommes…
Tel que peut s’utiliser en tête de phrase :
Telle que je la connais, elle a encore oublié notre rendez-vous. ■ Telle qu’elle se présente, cette affaire nous promet de passionnants rebondissements. ■ Telle que la situation évolue, le chef de l’État risque d’être surpris de son score aux prochaines élections.
Dans le dicton tel père, tel fils (mot à mot en finnois « millainen isä, sellainen poika », autrement dit « ei omena kauas puusta putoa »), on n’utilise pas de verbe. La construction s’analyse ainsi : « le fils est tel que le père ».
Le groupe tel que peut servir à introduire des GN cités comme exemples et correspond à comme ou par exemple (finnois kuten). Cet emploi est très fréquent à l’écrit. L’adjectif tel s’accorde normalement avec le nom qu’il « développe », autrement dit avec le nom qui le précède :
Notre boutique vous propose des accessoires pour les motos tels que des casques, lunettes, blousons, pantalons. ■ Venez découvrir les célèbres traditions de l’Aubrac telles que la transhumance ou le Laguiole. ■ Les produits semis-finis sont soit des métaux purs, tels que des lingots d’or ou d’aluminium, soit des alliages tels que le laiton.
Il existe une variante de la construction tel que, de style un peu plus soutenu : elle consiste à utiliser tel seul, sans la conjonction que. Le mot tel s’interprète alors comme un adjectif équivalent à pareil à, semblable à. Dans cet emploi, il s’accorde avec le nom qu’il introduit et non pas le nom qui le précède. Mais l’usage est flottant à ce sujet et certains font l’accord avec le GN qui précède :
Tout semble indiquer qu’il existe un lien direct entre le changement climatique et le risque accru de catastrophes climatiques telles les inondations et les sécheresses. ■ Ils offriront toute une série d’évènements ludiques à l’attention des participants, tels des concerts ou des master classes. ■ Je me suis senti immuable, telles ces roches éternelles.
Tel peut également être en fonction d’attribut (olla sellainen/samanlainen kuin) :
Les modalités d’application du traité seront telles que convenu mutuellement par les deux gouvernements. ■ Les lieux sont restés tels que l’écrivain les a décrits dans son premier roman. ■ Pour beaucoup d’entre elles, les photos réalisées ont été telles que je les ai « construites ».
Les comparatives en corrélation pourraient être également appelées « comparatives juxtaposées » ou « comparatives relatives » : ce sont formellement des propositions indépendantes mais qui sont mises en relation par la répétition d’un adverbe comparatif en tête de phrase (plus…, plus… ou moins…, moins…). Elles établissent une comparaison, mais expriment également parfois la condition ou une conséquence :
Plus tu apprends de vocabulaire, plus ça te semblera facile. = Si tu apprends plus de vocabulaire, ça te semblera (de plus en plus) facile.
Ces constructions correspondent au finnois mitä… sitä… La construction en français est très simple ; on « extrait » l’adverbe comparatif de la phrase de départ et on le place en tête de phrase :
Il devient plus vieux, [conséquence :] il ressemble plus à son père. →
Plus il devient vieux, plus il ressemble à son père.
[Si/quand une] entreprise devient plus importante, elle peut moins s’adapter au rythme de chacun. →
Plus une entreprise devient importante, moins elle peut s’adapter au rythme de chacun.
Prononciation : dans ces constructions, la tendance moderne dans la langue courante est de prononcer systématiquement l’s final de plus, sous forme d’un s sourd (/plys/
), même devant un mot commençant par une voyelle ou par une consonne, mais on peut aussi observer les règles habituelles de la liaison, voir Guide de prononciation.
On trouve également le comparatif d’égalité autant… autant… :
Autant son premier roman est excellent, autant celui-ci est insipide. ■ Autant il a du mérite d’avoir renouvelé la ligne politique du parti, autant il s’est fait d’ennemis par son style personnel et son comportement.
Le fait de placer l’adverbe plus ou moins en tête de proposition est la seule modification qui se produit par rapport à l’ordre normal (voir exceptions ci-dessous).
1. On n’ajoute aucun mot supplémentaire. L’erreur fréquente consiste à utiliser un que ou un le inutiles (sous l’influence de l’anglais : the more you talk → *le plus que tu parles).Le seul changement par rapport à la phrase normale est l’« extraction » de plus ou moins en tête de proposition.
2. Il n’y a pas non plus d’inversion du sujet :
Plus je réfléchis à la chose, moins je comprends pourquoi il est parti.
Moins tu te préoccupes de ce qu’il fait, plus vos relations s’amélioreront.
Plus ils vont en vacances en Asie du sud-est, plus ils ont envie d’y retourner.
Si le comparatif est mieux/meilleur ou pire/pis, il se met en tête de phrase :
Plus la science progresse, mieux elle comprend pourquoi elle ne peut aboutir.
Mieux il respecte la ponctuation et plus l’enfant dispose d’un esprit ordonné et rationnel.
Moins vous irez vite, mieux ce sera.
Moins on fait cuire un steak, meilleur il est.
Plus les réactions des participants vis-à-vis d’une action de formation sont favorables, mieux ils apprennent le contenu de la session.
Moins on respectera les consignes de sécurité, pires seront les conséquences.
Contrairement au finnois, on ne peut pas sous-entendre le verbe, qui doit toujours être exprimé :
Mitä tuoreempi leipä, sitä rapeampi. Plus le pain est frais, plus il est croustillant.
Mitä vähemmän meitä on, sitä parempi. Moins nous serons, mieux ce sera.
Quand plus, moins ou autant sont des éléments des déterminants composés plus de, moins de, autant de, qui sont incompatibles avec l’utilisation de l’article indéfini massif, l’élément plus/moins/autant se met en tête de phrase et l’élément de reste à sa place. Il n’y a aucune autre modification dans la phrase :
Si tu mets plus de xérès dans la sauce, elle aura plus de gout. →
Plus tu mets de xérès dans la sauce, plus elle aura de gout.
Si on fait plus de sport, on a de plus en plus envie d’en faire. →
Plus on fait de sport, plus on a envie d’en faire.
Si tu mets moins de sucre, le glaçage sera moins solide. →
Moins tu mets de sucre, moins le glaçage sera solide.
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Cependant, le fait de déplacer l’élément adverbial en tête de phrase peut rendre moins nette la relation entre celui-ci et l’élément de, et l’article indéfini peut réapparaitre, notamment si le groupe verbal est senti comme formant une locution. On peut dire ainsi indifféremment :
Plus on fait de sport, plus on a envie d’en faire. Ou
Plus on fait du sport, plus on a envie d’en faire.
Dans la deuxième phrase, faire du sport est interprété comme un seul mot (cf. urheilla en finnois).
En règle générale, dans les comparatives en corrélation, on maintient l’ordre des mots normal sujet-verbe-complément (SVC). Cependant, dans le cas de certains adjectifs ou adverbes courts (en particulier vite), on peut placer l’adverbe en tête de proposition accolé à plus ou moins, notamment si le sujet est très long par rapport au verbe :
Plus tu te concentreras, plus vite ça ira. ■ Plus vite tu viendras, mieux ce sera. ■ Moins tu perdras de temps pour réserver le billet, moins cher ça sera. ■ Plus votre fichier est petit, moins long sera le temps d’attente pour voir votre vidéo.
La place de l’adverbe est déterminée par la portée et le sens de cet adverbe. Par exemple, dans le cas de vite, l’adverbe peut porter sur la réalisation de la proposition (dans le sens du finnois pian, pikemmin), et dans ce cas-là il se place avant le verbe (a). Il peut aussi porter sur le mode de réalisation du verbe (nopeasti), et dans ce cas, il reste postposé au verbe (b) :
(a) Plus vite tu termineras ton travail, plus tu auras de temps pour profiter des vacances.
(b) Plus tu feras ton travail vite, plus le risque d’erreurs sera grand.
Il règne un certain flottement à ce sujet (même dans le cas de vite). Le plus simple pour l’apprenant de français langue étrangère est de respecter l’ordre des mots normal, toujours possible :
Plus tu te concentreras, plus ça ira vite. ■ Moins tu perdras de temps pour réserver le billet, moins ça sera cher. ■ Plus votre fichier est petit, moins le temps d’attente pour voir votre vidéo sera long.
La locution d’autant plus / d’autant moins suivie d’une subordonnée introduite par que exprime à la fois une comparaison et une cause. Elle correspond à la construction finnoise sitäkin + comparatif kun :
Il avait d’autant moins de raisons d’être surpris que je le lui avais annoncé par lettre. ■ Les abords de l’écluse sont d’autant plus dangereux qu’il n’y a pas de gardefous.
Remarque : la conjonction d’autant plus que (en un seul groupe et sans comparatif dans la subordonnée) a un sens uniquement causal, « varsinkin kun ».
ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 64. Adverbiales comparatives. Dernière mise à jour : 6.6.2022
Mises à jour après le 15.8.2022