Guide de grammaire fran­çaise
pour étudiants finnophones

  Index alphabétique

Discours direct et
discours indirect

Description

Transformation des déictiques en non déictiques

La concordance des temps

La concordance des temps : au­tres cas

Description

Le dis­cours direct » (epäsuora esitys) est le fait de présenter (com­me le mot esitys l’ex­pri­me très bien en fin­nois) les paroles d’un lo­cu­teur exac­te­ment com­me il les a énon­cées (en uti­li­sant la mê­me per­sonne gram­ma­ticale) :

Philippe m’a dit : « Je te rapporterai tes livres demain ».

Dans le dis­cours in­di­rect, on trans­for­me la phra­se indépen­dante Je te rapporte tes li­vres demain en une sub­or­don­née com­plé­tive in­tro­duite par que :

Philippe m’a dit qu’il me rapporterait mes livres demain.

Dans cette transformation, les pro­noms changent en fonc­tion de la personne qui rapporte le dis­cours, et les déictiques de­vien­nent des anaphoriques. Si le lo­cu­teur n’est plus le je de l’exem­ple pré­cé­dent, on obtient la phra­se sui­vante :

Philippe lui a dit qu’il lui rapporterait ses livres le lendemain.

Le ver­be rapporter dans la com­plé­tive a changé de temps, à cause de ce qu’on appelle la con­cor­dan­ce des temps (voir ci-des­sous).

Le fin­nois uti­li­se pra­ti­que­ment les mê­mes pro­cé­dés que le fran­çais. Les dif­fi­cul­tés pour les finnophones portent es­sen­tiel­le­ment sur la for­me des ana­pho­ri­ques en fran­çais et sur la con­cor­dan­ce des temps.

Il exis­te éga­le­ment le dis­cours in­di­rect libre (vapaa epäsuora esitys) qui s’uti­li­se es­sen­tiel­le­ment dans le code écrit. Les propos sont rapportés sans subordination, com­me dans le dis­cours direct, mais avec les temps et les références du dis­cours in­di­rect. L’ex­em­ple pré­cé­dent deviendrait ainsi :

Philippe lui rapporterait ses livres le lendemain. Philippe toisi hänelle hänen kirjansa seuraavana päivänä.

Transforma­tion des déictiques en non déictiques

Du dis­cours au récit

Quand on passe du dis­cours direct au dis­cours in­di­rect, on passe de l’énoncia­tion de dis­cours à l’énon­cia­tion de récit. Les déictiques deviennent des anaphoriques, et les for­mes des pro­noms, les temps verbaux et d’au­tres mar­queurs déictiques sont modifiés et trans­for­ment la phra­se de façon assez im­por­tan­te :

dis­cours direct : Je vous apporterai un exemplaire demain et vous pourrez me le dédicacer, si vous voulez bien.
dis­cours in­di­rect : Il lui dit qu’il lui apporterait un exemplaire le lendemain et qu’elle pourrait le lui dédicacer si elle voulait bien.

En fran­çais com­me en fin­nois, les ex­pres­sions déictiques ne peu­vent en général pas s’em­ploy­er telles quel­les dans le récit. Les divers ad­ver­bes et com­plé­ments de phra­se du dis­cours sont remplacés par des ex­pres­sions anaphoriques équi­va­lentes, qu’il est bon de connaitre, car elles s’em­ploient dans la lan­gue de tous les jours :

DISCOURSRÉCIT
ici täällälà, à cet endroit-là siellä
aujourd’hui tänäänce jour-là sinä päivänä
ce matin tänä aamunace matin-là sinä aamuna
ce soir tänä iltanace soir-là sinä iltana
hier eilen la veille edellisenä päivänä
demain huomenna le lendemain seuraavana päivänä
avant-hier toissa päivänäl’avant-veille, deux jours plus tôt, deux jours auparavant kaksi päivää aikaisemmin
après-demain ylihuomennale surlendemain, deux jours plus tard kaksi päivää myöhemmin
récemment äskettäinpeu auparavant, peu de temps auparavant äskettäin
ce mois(-ci) tässä kuussace mois-là siinä kuussa
en ce moment tällä hetkelläà ce moment-là, alors silloin, sillä hetkellä
depuis lähtienà partir de, à compter du lähtien
de nos jours nykyäänà cette époque(-là), alors silloin
lundi maanantainale lundi, ce lundi-là (sinä) maanantaina
lundi prochain ensi maanantainale lundi sui­vant, le lundi d’après seuraavana maanantaina
lundi dernier viime maanantainale lundi pré­cé­dent, le lundi d’avant edellisenä maanantaina
dans une semaine viikon kuluttuaune semaine plus tard, au bout d’une semaine viikon kuluttua
il y a une semaine viikko sittenune semaine auparavant, une semaine plus tôt, la semaine d’avant viikkoa aikaisemmin
dans trois jours kolmen päivän kuluttuatrois jours plus tard, au bout de trois jours kolme päivää myöhemmin
il y a trois jours kolme päivää sittentrois jours auparavant, trois jours plus tôt kolme päivää aikaisemmin
l’année dernière, l’an dernier viime vuonnal’année pré­cé­dente, l’année d’avant edellisenä vuonna
l’année prochaine, l’an prochain ensi vuonnal’année sui­vante, l’année d’après seuraavana vuonna

Exem­ple de transforma­tion des ad­ver­bes et com­plé­ments de phra­se quand on passe du dis­cours au récit :

dis­cours : Ce matin, nous étions seu­le­ment arrivés deux-cent mètres plus haut que l’en­droit où nous étions hier, mais nous avons si bien pu progresser au­jour­d’hui que nous ar­ri­ve­rons sans doute au sommet dans deux jours, à condi­tion qu’il fasse beau demain.
récit : Ce matin-, ils étaient seu­le­ment arrivés deux-cent mètres plus haut que l’endroit où ils étaient la veille, mais ils avaient si bien pu progresser ce jour-là qu’ils arriveraient sans doute au sommet deux jours plus tard, à condi­tion qu’il fasse beau le lendemain.

Remar­ques

1. Edellisenä/seuraavana (vuonna jne.) : l’équi­va­lent de edellisenä est pré­cé­dent ou d’avant, et celui de seuraavana est sui­vant ou d’après. Les for­mes pré­cé­dent / sui­vant s’uti­li­sent dans tous les styles, les for­mes d’avant / d’après s’uti­li­sent (beau­coup) dans le style cou­rant et le fran­çais parlé, et doivent de préférence être évitées dans le code écrit strict.

2. An / année  : pour traduire ensi vuonna, on peut dire in­dif­fé­rem­ment l’an­née pro­chai­ne ou l’an prochain. Mais pour traduire seuraavana vuonna, on peut uti­li­ser seu­le­ment la for­me l’année sui­vante (ou l’année d’après), pas la for­me courte *l’an sui­vant (ou *l’an d’après). De la mê­me ma­niè­re, pour traduire viime vuonna, on peut dire in­dif­fé­rem­ment l’an­née dernière ou l’an dernier, mais edellisenä vuonna peut se dire en fran­çais seu­le­ment avec la for­me année, l’année pré­cé­dente (ou l’année d’avant), pas *l’an pré­cé­dent (ou *l’an d’avant).

3. Le mot weekend s’uti­li­se tou­jours avec un ar­ti­cle (dé­fi­ni, quand on indique un moment dans le temps), dans le récit comme dans le dis­cours. Voir Prépositions.

Dif­fé­ren­ces fran­çais-fin­nois

Les dif­fé­ren­ces entre le fran­çais et le fin­nois concernent es­sen­tiel­le­ment la ré­fé­ren­ce exprimée par cer­tains cas (sijamuoto) ou postpositions, par exem­ple dans l’ex­pres­sion de la date avec un nom de jour au cas essiivi. En fran­çais, lundi (et les au­tres jours de la semaine) sans au­tre précision fait référence à un lundi ancré dans le temps de l’énonciation, soit lundi dernier (lundi, je l’ai vu) soit lundi prochain (je le vois lundi). Dans le récit, on uti­li­se le lundi, avec un ar­ti­cle dé­fi­ni : Le lundi, il retourna à Paris. En fin­nois, maanantaina peut s’uti­li­ser indif­fé­rem­ment dans le dis­cours et le récit : le mot maanan­taina dans maanantaina hän palasi Pariisiin, peut ren­voy­er à « lundi dernier » ou à un lundi « fictif » dans le récit, et, en l’absence de contexte, il pourrait y avoir ambigüité en fin­nois :

Maanantaina hän palasi Pariisiin.
Lundi, il est retourné à Paris. ou
Le lundi, il retourna à Paris.

Il faut donc faire atten­tion à la présence ou à l’absence de l’ar­ti­cle en fran­çais. Si on précise qu’il s’agit du lundi pré­cé­dent, le fin­nois uti­li­se deux mots dif­fé­rents, com­me en fran­çais, et il n’y a pas am­bigüité :

Viime maanantaina hän palasi Pariisiin. Lundi dernier, il est retourné à Paris.
Edellisenä maanantaina hän palasi Pariisiin. Le lundi pré­cé­dent, il était retourné à Pa­ris.

Équivalents de kuluttua et lähtien

1. Le par­ti­ci­pe kuluttua qu’on uti­li­se com­me une postposi­tion dans par exem­ple viikon kuluttua (« dans une se­maine ») si­gni­fie mot à mot « s’étant écoulé » (viikon kuluttua « une se­maine s’étant écoulée »), et il peut s’uti­li­ser en fin­nois à la fois dans le dis­cours (viikon kuluttua hän palaa Pariisiin) et dans le récit (viikon kuluttua hän palasi Pariisiin). Le fran­çais n’a pas d’équi­va­lent exact et fait la distinc­tion entre dans [dis­cours]: Il retourne à Paris dans une semaine, et au bout de, plus tard [récit] : Il retourna à Paris au bout d’une semaine / une semaine plus tard.

Utiliser dans dans le récit est impos­si­ble et agram­ma­ti­cal : Hän palasi viikon kuluttua. *Il rentra dans une semaine.

Sous huitaine est une ex­pres­sion intéressante, car elle se comporte com­me viikon kuluttua et peut être utilisée dans le dis­cours direct et le dis­cours indirect : elle si­gni­fie quand « huit jours se seront écoulés » (avec con­cor­dan­ce des temps « quand huit jours se seraient écoulés ») :

Le vendeur dit que tu auras ton colis sous huitaine. On m’avait garanti que je recevrais mon extrait d’état civil sous huitaine.

Malheureusement, cette ex­pres­sion est du jargon commercial (un peu vieilli) et ne s’uti­li­se pas dans la langue cou­ran­te (on ne dirait pas en quittant un ami : On se revoit sous huitaine !).

2. De la mê­me ma­niè­re que kuluttua, la postposi­tion lähtien est neu­tre du point de vue de la référence énon­cia­tive. On peut dire ainsi :

(a) Vuoden 2019 alusta lähtien Euroopassa on todettu noin 1 000 tuh­ka­rok­ko­tar­tun­staa.
(b) Yliopiston hallitus perusti valtio-opin lehtorin viran yhteis­kunta­tie­teiden tie­de­kun­taan elokuun alusta lähtien.
(c) Tasavallankadun kevyen liikenteen väylä avataan viimein pyöräilijöille, ja­lan­kul­ki­joil­le ja rullaluistelijoille elokuun alusta lähtien.

Dans l’exem­ple (a), l’évènement a eu lieu et son effet dure dans le présent ; on est dans l’énoncia­­tion de dis­cours. Dans ce cas-là, on uti­li­se de­puis et le présent. Dans l’exem­ple (b), il s’agit d’un évènement ponctuel. L’ac­tion du ver­be perusti est antérieure à la situa­tion d’énoncia­tion et est achevée. Dans ce cas-là, on peut uti­li­ser à partir de ou à compter de. Dans cet exem­ple, à compter de est plus adapté, car il si­gni­fie que c’est la prise d’ef­fet (voimaantulo) qui a eu lieu début aout, et non la décision de créer le poste. Dans l’exem­ple (c), l’évènement n’a pas eu lieu, l’uti­li­sa­­tion de depuis est impos­si­ble, et il faut uti­li­ser à partir de (ou à compter de) :

(a) Environ mille cas de rougeole ont été dénombrés en Europe depuis le début de 2019.
(b) Le directoire de l’université a institué un poste de maitre de conférence en scien­ces politiques à la faculté des sciences sociales à compter du début du mois d’aout.
(c) La piste cyclable de la rue Tasavallankatu sera enfin ouverte aux cyclistes, aux piétons et aux rolleurs à partir du début aout.

Il faut donc bien dis­tin­guer les deux valeurs de lähtien et ne pas les confondre en fran­çais :

Uusi päiväkoti on ollut toiminnassa elokuusta lähtien. La nouvelle crèche est ouverte depuis le début du mois d’aout.[et non pas *à partir du début aout, qui serait gram­ma­ti­cal, mais qui annoncerait par exem­ple une date d’ouverture annuelle : à partir du début aout jusqu’à la fin octobre]

Poliisi varautuu ennätyksellisiin rekkaruuhkiin ensi viikosta lähtien. La police s’attend à des bouchons de poids lourds record à partir de la semaine prochaine. [depuis la semaine prochaine serait complètement agram­ma­ti­cal]

La con­cor­dan­ce des temps

Fonctionnement

Quand une sub­or­don­née com­plé­tive ou in­ter­ro­gative in­di­recte dépend d’une au­tre pro­po­si­tion dont le ver­be est à un temps du passé (de l’in­di­ca­tif), le ver­be de la com­plé­ti­ve ou in­ter­ro­ga­ti­ve indirecte peut se met­tre à un au­tre temps, selon le principe sui­vant :

présentim­par­fait
passé com­po­séplus-que-parfait
futur simplecon­di­tion­nel présent
futur antérieurcon­di­tion­nel passé

Il dit qu’il est d’accord. → Il a dit qu’il était d’accord.
Elle dit qu’elle viendra. → Elle avait dit qu’elle viendrait.

Les au­tres temps ne sont pas mo­difiés :

l’im­par­fait, le plus-que-parfait,
le con­di­tion­nel présent, le con­di­tion­nel passé,
le passé simple, le passé antérieur,
le sub­jonc­tif présent, le sub­jonc­tif passé,
le par­ti­ci­pe (présent/passé) et l’infinitif (présent passé).

Au sub­jonc­tif, il peut aus­si y avoir des mo­di­fi­ca­tions dans le code écrit strict de style soutenu (voir ci-des­sous), mais pas dans la langue cou­ran­te.

On appelle cette alternance traditionnellement la « con­cor­dan­ce des temps », dans le discours didactique finnois de l'enseignement du français aikamuotojen vastaavuus. Ce terme est utilisé ici comme une simple étiquette qui décrit le phénomène, car il n’y a pas à proprement parler de concordance (sa­man­ai­kai­suus, vas­taa­vuus) entre les temps verbaux concernés.

La con­cor­dan­ce des temps n’exis­te (en principe) pas en fin­nois, mais elle fonc­tion­ne de façon plus ou moins iden­ti­que en fran­çais et en anglais.

La con­cor­dan­ce des temps n’est pas tou­jours obli­ga­toi­re, mais on peut dire qu’elle est quasiment systématique, mê­me dans le fran­çais parlé familier. La plus grande dif­fi­cul­té pour les ap­pre­nants fin­no­pho­nes est de prendre l’ha­bi­tu­de de met­tre le ver­be au passé alors qu’en fin­nois on ne le fait pas, et aus­si parfois (par ex­em­ple dans une traduction) de savoir distinguer par ex­em­ple un im­par­fait qui ex­pri­me un véritable passé et un im­par­fait qui serait en finnois un présent (voir ci-des­sous).

Exemples

La con­cor­dan­ce des temps s’applique dans une pro­po­si­tion sub­or­don­née qui dépend d’une pro­po­si­tion prin­ci­pa­le ou d’une au­tre pro­po­si­tion sub­or­don­née. Le temps du pas­sé de la pro­po­si­tion qui entraine la con­cor­dan­ce des temps peut être un temps conjugué, un in­fi­ni­tif, un par­ti­cipe, une ex­pres­sion périphras­ti­que ex­pri­mant le passé (par ex­em­ple venir de + in­fi­ni­tif) etc.:

Elle m’a annoncé qu’elle allait se marier. [com­plé­tive] Je me demandais qui avait bien pu téléphoner à cette heure. [in­ter­ro­ga­tive in­di­recte] Le texte de loi a été adopté quand le parti socialiste a annoncé qu’il retirait son amendement. [com­plé­tive dépen­dant d’une sub­or­don­née avec un ver­be au passé] Je pensais vous avoir dit que je serais absent demain. [com­plé­tive dépen­dant d’une in­fi­ni­tive au passé] On venait de nous annoncer que la réunion serait annulée. [com­plé­tive CVD d’une prin­ci­pa­le avec un ver­be au passé récent]

Un par­ti­ci­pe présent peut être utilisé dans un récit au passé, et avoir une valeur de passé. Dans ce cas, le par­ti­ci­pe peut entrainer une modifica­tion du ver­be de la prin­ci­pa­le (con­cor­dan­ce des temps). Com­pa­rer :

Comprenant qu’il était inutile d’insister, il sortit en claquant la porte. Ne sachant pas ce qu’il devait faire, il attendait des directives de votre part. S’apercevant que la bête avait deux cornes sur le museau, il vit que c’était un rhinocéros, un magnifique animal de deux tonnes.

Com­me le montre cette liste, quand le ver­be de la sub­or­don­née est à l’im­par­fait ou au con­di­tion­nel, ceux-ci ne changent pas si la prin­ci­pa­le est au passé.

Exemples de con­cor­dan­ce des temps dans une pro­po­si­tion com­plé­ti­ve
prin­ci­pa­le au
présent/futur/
con­di­tion­nel
ver­be de la
sub­or­don­née
prin­ci­pa­le au
passé
ver­be de la
sub­or­don­née
Il dit
Il dira
Il dirait
Qu’il dise
En disant
Pour dire
qu’il est absent.
qu’il sera absent.
qu’il a été absent.
qu’il va être absent.
qu’il aura terminé.
qu’il vient de terminer.
qu’il est parti.
qu’il était absent.
qu’il avait compris.
qu’il partirait.
qu’il aurait compris.
Il disait
Il a dit
Il déclara
Il avait dit
Il eut dit
Il aurait dit
Il eût dit
qu’il ait dit
Il vient de dire
Disant
Ayant dit
qu’il était absent.
qu’il serait absent.
qu’il avait été absent.
qu’il allait être absent.
qu’il aurait terminé.
qu’il venait de terminer.
qu’il était parti.
qu’il était absent.
qu’il avait compris.
qu’il partirait.
qu’il aurait compris.
Exemples de con­cor­dan­ce des temps dans l’in­ter­ro­ga­tive in­di­recte
prin­ci­pa­le au
présent/futur/
con­di­tion­nel
ver­be de la
sub­or­don­née
prin­ci­pa­le au
passé
ver­be de la
sub­or­don­née
Il se demande
Il demandera
Je ne sais pas
Qu’il essaye de savoir
Pour savoir
pourquoi elle proteste.
qui a téléphoné.
ce qui se passera.
pourquoi elle va partir.
quand il aura terminé.
ce qui vient de se passer.
où elle habitait alors.
ce qui s’était passé.
où il irait.
Il ne savait pas
Elle s’est demandé
Elle demanda
Il avait demandé
Il aurait demandé
…qu’il ait appris
Il vient de dire
N’ayant pas su
pourquoi elle protestait.
qui avait téléphoné.
ce qui se passerait.
pourquoi elle allait partir.
quand il aurait terminé.
ce qui venait de se passer.
où elle habitait alors.
ce qui s’était passé.
où il irait.
Valeur des temps en -ai-

Les temps dont la terminaison est en -ai- ne sont pas modifiés par la con­cor­dan­ce des temps : l’im­par­fait reste un im­par­fait, le plus-que-parfait, un plus-que-parfait, et le con­di­tion­nel reste un con­di­tion­nel. Com­pa­rer :

Lucas a promis : « si on a de l’argent, on partira en Grèce ».
Lucas a promis que si on avait de l’argent on partirait en Grèce.

Lucas a dit : « si on avait de l’argent, on partirait en Grèce ».
Lucas a dit que si on avait de l’argent, on partirait en Grèce.

Lucas a dit : « si on avait eu de l’argent, on serait partis en Grèce ».
Lucas a dit que si on avait eu de l’argent, on serait partis en Grèce.

Si le ver­be de la prin­ci­pa­le est au passé, un im­par­fait ou un con­di­tion­nel dans la sub­or­don­née peu­vent donc avoir deux va­leurs. Quand on traduit du fran­çais vers le finnois, il faut parfois savoir identifier la valeur de l’im­par­fait (ou du plus-que-parfait) : est-ce qu’il a une valeur passée et se traduit en finnois par un imperfekti (ou pluskvamperfekti), ou est-ce que c’est le résultat de la concordance des temps et condition et par un preesens (ou perfekti) ? Com­pa­rer :

Il a dit que c’était une bonne idée.
Hän sanoi, että se oli hyvä ajatus. [passé]
Hän sanoi sen olevan hyvä ajatus. [concordance des temps]

De la mê­me ma­niè­re, un conditionnel peut ex­pri­mer la condition et se traduire par un konditionaali, mais cela peut aus­si être le futur dans la concordance des temps, et dans ce cas il se traduit en finnois par un présent :

(a) Nous pensions qu’il serait content.
(b) Luulimme, että hän olisi iloinen. [conditionnel]
(c) Luulimme hänen olevan iloinen. [concordance des temps]

(d) Elles m’ont dit qu’elles achèteraient cet appartement s’il n’était pas trop cher.
(e) He kertoivat, että he ostaisivat sen asunnon, jos se ei olisi liian kallis. [cond.]
(f) He kertoivat, että he ostavat sen asunnon, jos se ei ole liian kallis. [concordance des temps]

La phra­se (d) dessus peut donc avoir deux interprétations net­te­ment dif­fé­ren­tes : dans la phra­se (e), elles ont déjà décidé de ne pas acheter cet appartement, car il est trop cher. Dans la phra­se (f), elles ont l’intention de l’acheter, s’il n’est pas trop cher (si par ex­em­ple elles peuvent négocier le prix).

La con­cor­dan­ce des temps : au­tres cas

Exceptions à la con­cor­dan­ce des temps

On n’applique pas la con­cor­dan­ce des temps dans les cas sui­vants :

a) Quand le ver­be de la prin­ci­pa­le est au passé com­po­sé et l’ac­tion de la sub­or­don­née est envisa­gée com­me continuant net­te­ment dans la situa­tion de l’énonciation, surtout dans le fran­çais parlé :

Elle m’a dit au téléphone qu’elle reste / restera en­co­re deux jours.

On peut ce­pen­dant très bien dire (dans le code écrit et dans le fran­çais parlé) :

Elle m’a dit au téléphone qu’elle restait / resterait en­co­re deux jours.

b) Si on veut souligner que le ver­be de la sub­or­don­née traduit une vérité générale qui reste valable :

Au début du siècle dernier, on ne savait pas en­co­re que le tabac est cancérigène. C’est Pasteur qui a démontré que les maladies infectieuses sont pro­vo­quées [= présent du passif] par des microbes.

Mais la con­cor­dan­ce des temps reste tou­jours pos­si­ble :

Le tabac est cancérigène. Au début du siècle dernier, on ne le savait pas en­co­re. → Au début du siècle dernier, on ne savait pas en­co­re que le tabac était cancérigène.

Dans le doute, l’étudiant de FLE peut retenir qu’il vaut mieux tou­jours appliquer la con­cor­dan­ce des temps, en par­ti­cu­lier dans le code écrit.

Con­cor­dan­ce des temps au sub­jonc­tif

Dans le code écrit strict, on peut appliquer la con­cor­dan­ce des temps au sub­jonc­tif éga­le­ment, mais elle concerne seu­le­ment deux temps, car il n’y a pas de futur au sub­jonc­tif (c’est le présent qui sert de futur). Après une pro­po­si­tion dont le ver­be est à un temps du passé, dans la norme du code écrit strict, le ver­be de la sub­or­don­née au sub­jonc­tif varie en principe de la façon sui­vante :

sub­jonc­tif présentsub­jonc­tif im­par­fait
sub­jonc­tif im­par­faitsub­jonc­tif im­par­fait (pas de mo­di­fi­ca­tion)
sub­jonc­tif passésub­jonc­tif plus-que-parfait
sub­jonc­tif plus-que-parfaitsub­jonc­tif plus-que-parfait (pas de mo­di­fi­ca­tion)

Voir des ex­em­ples dans l’Ode au sub­jonc­tif imparfait ci-des­sous.

En dehors du style littéraire, dans la langue moderne écrite et parlée, on uti­li­se nor­ma­le­ment seu­le­ment le sub­jonc­tif présent et le sub­jonc­tif passé (mê­me si on trou­ve des ex­em­ples de concordance des temps avec des im­par­faits du sub­jonc­tif dans la pres­se, sou­vent utilisés de façon erronée). Après une prin­ci­pa­le dont le ver­be est à un temps du passé, le ver­be de la sub­or­don­née au sub­jonc­tif varie donc de la façon sui­vante dans la langue cou­rante et le fran­çais parlé :

sub­jonc­tif présent→ sub­jonc­tif présent
sub­jonc­tif passé → sub­jonc­tif passé

Autrement dit, il n’y a pas de mo­di­fi­ca­tion et on peut dire que dans la pra­ti­que, dans le fran­çais moderne, il n’y a pas de « con­cor­dan­ce des temps » au sub­jonc­tif. Cepen­dant, com­me dans la langue cou­rante il n’y a qu’un seul temps du passé dans la sub­or­don­née (le sub­jonc­tif passé), pour souligner plus net­te­ment la valeur passée de ce sub­jonc­tif (an­té­rio­ri­té) on uti­li­se par­fois des for­mes du sub­jonc­tif passé surcom­po­sées :

Il n’était pas pos­si­ble qu’ils aient fini si tôt. Ei voinut olla, että he ovat jo lopettaneet! → Il n’était pas pos­si­ble qu’ils aient eu fini si tôt. Ei voinut olla, että he olivat jo lo­pet­ta­neet!

Enchainement de subordonnées

Un sub­jonc­tif présent dans une pro­po­si­tion subordonnée peut donc parfois ren­voy­er à un contexte pas­sé et entrainer une modifica­tion du ver­be de la prin­ci­pa­le :

Je me demande s’il faut qu’on lui dise qu’il n’a au­cu­ne chance d’être élu.
Je me demandais s’il fallait qu’on lui dise qu’il n’avait au­cu­ne chance d’être élu.

Dans cette phra­se, le temps du passé (im­par­fait) me demandais entraine la con­cor­dan­ce des temps dans l’in­terrogative in­di­recte (fautfallait), qui entraine la con­cor­dan­ce des temps dans la complé­tive (dise deviendrait dît dans le style soutenu, mais reste dise dans la langue cou­rante), qui à son tour entraine la con­cor­dan­ce des temps (aavait) dans la deuxième com­plé­tive (dise est une for­me de présent, mais ex­pri­me un passé).

Ode au sub­jonc­tif imparfait

Cette ode au sub­jonc­tif imparfait est extraite d’un poème intitulé Épître amoureuse d’un puriste parue en 1875 dans le Journal de Genève (et souvent attribuée à tort à des humoristes comme Alphonse Allais ou Georges Courteline). On y trouve une belle illustra­tion des règles de la con­cor­dan­ce des temps dans le code écrit. Le comique réside dans le fait que l’auteur applique ces rè­gles de façon rigoureuse en choisissant des ver­bes du 1er grou­pe, qui ont un radical d’im­par­fait du sub­jonc­tif en -ass-, ou des im­par­faits du sub­jonc­tif de ver­bes du 3e grou­pe à consonance surprenante, ou qui peu­vent évo­quer d’au­tres ver­bes :

Ah ! Fallait-il que je vous visse,
Fallait-il que vous me plussiez,
Qu’ingénument je vous le disse,
Que fièrement vous vous tussiez !
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez,
Et que je vous idolâtrasse,
Pour que vous m’assassinassiez !

La for­me visse [im­par­fait du sub­jonc­tif du ver­be voir] évoque le ver­be visser (ruuvata), la for­me plussiez [de plaire] évoque le ver­be plumer (höyhentää) ou éplucher (kuoria), la for­me disse [de dire] rappelle le mot dix, et vous vous tussiez [de se taire] évoque par ex­em­ple le ver­be se tuer (saada surmansa) ou tousser (yskiä)

Con­cor­dan­ce des temps en fin­nois ?

En anglais, la con­cor­dan­ce des temps fonc­tion­ne pra­ti­que­ment de la mê­me ma­niè­re qu’en fran­çais. Sous l’influence de cette langue, dans les médias finlandais (no­tam­ment dans les sous-titres de films ou de séries télévisées), on constate assez sou­vent une uti­li­sa­tion erro­née de la con­cor­dan­ce des temps, qui n’exis­te pourtant pas en fin­nois. Exem­ple : I knew you would come (qui cor­res­pond exac­te­ment à Je sa­vais que tu viendrais) est traduit « Tie­sin, että tulisit ». La bonne traduc­tion serait : Tiesin, että tulet.

La dif­fé­ren­ce entre le fran­çais (ou l’anglais) et le fin­nois se voit clairement quand on remplace en fin­nois la com­plé­tive par une participiale (referatiivirakenne, cou­ram­ment lauseenvastike) :

Il a dit qu’il était surpris. Hän sanoi olevansa yllättynyt.
Il a dit qu’il avait été surpris.Hän sanoi olleensa yllättynyt.
Il a dit que tout serait bientôt terminé. Hän sanoi kaiken olevan pian valmiina.

Quand on traduit en fin­nois un texte fran­çais (ou anglais), il faut faire atten­tion à bien interpréter l’im­parfait de la sub­or­don­née, qui est en fait un présent, ou le con­di­tion­nel, qui est un futur, c’est-à-di­re en fin­nois un présent (voir aus­si ci-des­sus Valeur des temps en -ai-) :

Le journaliste a promis que le texte serait prêt pour le lendemain. Toimittaja lupasi, että juttu on valmis seuraavana päivänä. Le président a dit qu’il était satisfait de la rencontre. Presidentti kertoi olevansa tyytyväinen tapaamisen tuloksiin.

ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 10. Discours direct et in­di­rect. Dernière mise à jour : 12.8.2022
Mises à jour après le 15.8.2022