Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones
Les complétives interrogatives indirectes contiennent une interrogation sous forme d’une proposition complément direct (CVD) d’un verbe qui peut s’interpréter comme ayant un sens interrogatif : demander, se demander, ne pas savoir, ignorer, pouvoir dire etc. Dans l’ensemble, la structure et l’utilisation des complétives interrogatives indirectes sont très similaires en français et en finnois :
interrogation directe → interrogation indirecte
Vient-il ? Tuleeko hän? → Il demande s’il vient. Hän kysyy, tuleeko hän.
Qui est-ce ? Kuka hän on? → Elle ignore qui c’est. Hän ei tiedä, kuka hän on.
Pour les finnophones, il y a trois zones de difficultés qui provoquent des erreurs :
1. En français, les complétives interrogatives indirectes sont toujours le complément direct d’un verbe (ou, parfois, en apposition au GN le fait). En finnois, elles peuvent dépendre de verbes à complément prépositionnel, de noms ou d’adjectifs. Cette différence est celle qui occasionne le plus d’erreurs : *nous réfléchirons si cette théorie est applicable est agrammatical parce que réfléchir à se construit avec un complément indirect.
2. Les formes complexes d’interrogation directe (qui est-ce qui, qu’est-ce que) se réduisent habituellement à un seul mot dans l’interrogation indirecte, et l’ordre des mots redevient l’ordre normal sujet-verbe(‑complément), alors qu’en finnois, la forme du mot interrogatif et l’ordre des mots sont les mêmes dans les deux types d’interrogation :
3. Quand l’interrogation porte sur le pronom que (qu’est-ce que c’est ?, qu’est-ce que tu veux ? etc.), la complétive interrogative indirecte prend la forme d’une proposition relative introduite par que qui complète le pronom faible ce : je ne sais ce que c’est, elle aimerait savoir ce que tu as dit. C’est une construction (fréquente) qui n’a pas d’équivalent direct en finnois.
La transformation d’une question directe en interrogation indirecte se fait en général assez simplement. Il y a deux cas possibles :
Deux règle sont valables pour toutes les règles exposées ici :
Dans le tableau suivant, les lignes sur fond de couleur indiquent un changement par rapport à la forme utilisée dans l’interrogation directe. Ces changements concernent seulement l’interrogation totale et les formes de que (sujet, CVD, attribut) ou qu’est-ce que. Dans les lignes sur fond blanc, il n’y a pas de différence entre l’interrogation directe simple (sans est-ce que) et l’interrogation indirecte. Si l’interrogation directe se fait avec est-ce que (par exemple avec à quoi est-ce que), l’élément est-ce que disparait dans l’interrogation indirecte (à quoi).
Interrogation directe | Interrogation indirecte |
---|---|
est-ce que | si |
inversion | si |
intonation | si |
qui | qui |
qui (est-ce qui) (sujet) | qui |
qui est-ce que (CVD, attribut, CP) | qui |
qu’est-ce qui (sujet) | ce qui |
que (CVD, attribut) | ce que |
qu’est-ce que (CVD, attribut) | ce que |
à qui est-ce que, de qui est-ce que, avec qui est-ce que | à qui, de qui, avec qui |
à quoi est-ce que, de quoi est-ce que, avec quoi est-ce que | à quoi, de quoi, avec quoi |
quel (est-ce que) | quel |
lequel (est-ce que) | lequel |
où (est-ce que) | où |
combien (est-ce que) | combien |
pourquoi (est-ce que) | pourquoi |
quand (est-ce que) | quand |
L’interrogation totale est la forme d’interrogation qui demande une réponse par oui ou non. Dans l’interrogation totale directe, pour marquer l’interrogation, on utilise soit l’inversion du sujet, soit la locution est-ce que, soit l’intonation. Dans l’interrogation totale indirecte, tous ces moyens de poser la question sont exprimés par une seule et même conjonction, le mot si à valeur interrogative (si s’élide devant le pronom il/ils) :
Connaissez-vous vraiment bien la France ? → Je ne sais pas si vous connaissez vraiment bien la France. ■ Y a-t-il du nouveau ? → Je me demande s’il y a du nouveau. ■ Antoine est-il à la maison ? → Est-ce que tu sais si Antoine est à la maison ■ Tu le leur vraiment as dit ? → Je me demande si tu le leur as vraiment dit. ■ Est-ce que c’est une bonne idée ? → Je me demandais si c’était une bonne idée. ■ Quelqu’un veut-il ajouter quelque chose ? → Le conférencier demande si quelqu’un veut ajouter quelque chose.
Remarque : dans les propositions conditionnelles, on ne peut normalement pas utiliser le futur ou le conditionnel après si : *Si ce serait plus clair, …, *Si j’aurais fait ça plus tôt, *Si tu seras à la maison, je passerai te voir… etc. Mais dans l’interrogative indirecte, on peut très bien utiliser le futur et le conditionnel après si, parce que ce si est un mot interrogatif, et non pas une conjonction exprimant la condition :
On se demande tous s’il sera de nouveau en retard. ■ Elle se demandait si elle aurait dû être moins directe. ■ Je me demande même si ce serait plus simple par paiement par carte bancaire. ■ Je ne sais pas si nous serons en vacances ou non quand vous viendrez à Strasbourg.
Dans l’interrogation indirecte, on utilise exactement le même mot interrogatif que dans l’interrogation partielle directe (qui, quand, où, quoi, combien etc.), sauf dans le cas de qu’est-ce qui/qu’est-ce que (voir ci-dessous) . Les seules différences avec l’interrogation directe est que la locution est-ce que disparait dans l’interrogation directe et que l’ordre des mots redevient l’ordre des mots normal SVC (sujet-verbe-complément) :
Qui t’a offert ces belles fleurs ? → Je me demande qui t’a offert ces belles fleurs. ■ À quoi est-ce que tu penses vraiment ? → J’aimerais vraiment savoir à quoi tu penses. ■ Combien de temps resterez-vous absent ? → Je ne sais pas combien de temps vous resterez absent. ■ Où a-t-il mis ses lunettes ? → Il ne sait plus où il a mis ses lunettes. ■ Laquelle de ces couleurs est-ce que tu préfères ? → J’ignore laquelle de ces couleurs tu préfères. ■ Quand est-ce que tu te marieras ? → Est-ce que tu sais quand tu te marieras ■ Pourquoi ne m’a-t-on pas avertie ? → J’aimerais bien savoir pourquoi on ne m’a pas avertie. ■ De qui est-ce qu’on se moque ? → J’aimerais vraiment savoir de qui on se moque ici. ■ Quelle voiture est-ce qu’elle a achetée ? → On ne sait pas encore quelle voiture elle a achetée.
De la même manière, les formes qui est-ce qui (qui sujet du verbe) et qui est-ce que (qui CVD ou attribut du sujet), ou qui complément prépositionnel se réduisent à qui :
Qui est-ce qui a oublié ses clés ici ? → J’aimerais bien savoir qui a oublié ses clés ici. ■ Qui est-ce que ça peut bien intéresser ? → On se demande qui ça peut bien intéresser. ■ Qui est-ce que c’est ? → Je ne sais pas qui c’est. ■ À qui est-ce qu’ils en ont parlé ? → On n’a jamais su à qui ils en avaient parlé. ■ De qui est-ce qu’on se moque ici ? → J’aimerais vraiment savoir de qui on se moque ici.
La seule exception concernant la forme du mot interrogatif dans l’interrogation indirecte sont les interrogatifs qu’est-ce qui (sujet du verbe, mikä) ou que /qu’est-ce que (CVD ou attribut du sujet, minkä, mitä), qui deviennent respectivement ce qui et ce que (donc précédés du pronom faible ce) :
Qu’est-ce qui te dérange dans ce film ? → Je me demande ce qui te dérange dans ce film. ■ Qu’est-ce qui les intéresserait ? → Elle ne savait pas ce qui les intéresserait. ■ Que fais-tu ce soir ? → On te demande ce que tu fais ce soir. ■ Qu’est-ce que sa mère a cuisiné ? → Je me demande ce que sa mère a cuisiné. ■ Qu’est-ce ? / Qu’est-ce que c’est ? → Je me demande ce que c’est. ■ Qu’était ce sentiment qui le saisit ? → Il ignorait ce qu’était ce sentiment qui le saisit. ■ Qu’allons-nous devenir ? → Je me demande ce que nous allons devenir. ■ Qu’est-il advenu de lui ? → Nous ignorons ce qu’il est advenu de lui. ■ Qu’est-ce qu’il veut comme cadeau ? → Je ne sais pas ce qu’il veut comme cadeau.
Comme c’est le cas en finnois aussi, quand le sujet de l’interrogative indirecte renvoie au même référent que le sujet de la principale, on peut utiliser une construction infinitive ; la construction ce que devient alors quoi :
Je me demande comment le lui annoncer. Ihmettelen miten ilmoittaa siitä hänelle. ■ Il se demandait qui choisir. Hän mietti kenet valita. ■ On se demande quoi mettre par un temps pareil. ■ Il ne savait pas quand partir. Hän ei tiennyt milloin lähteä. ■ Je ne sais toujours pas quoi lui offrir pour Noël. ■ Dites-moi à qui m’adresser. Sanokaa kenen puoleen kääntyä. ■ J’ignore comment répondre. En tiedä miten vastata.
Dans le code écrit, dans une phrase négative (je ne sais pas) on peut supprimer pas après le verbe savoir, surtout quand le sujet est je (parfois aussi on) :
Je ne sais si vous avez raison. ■ Je ne savais s’il fallait tout lui avouer. ■ On ne sait à qui se fier.
Cette suppression de pas est aussi fréquente dans l’interrogative indirecte infinitive. Dans ce cas, à la place de ce que, on n’utilise pas quoi mais la forme que :
C’est une situation embarrassante, je ne sais que faire. ■ Très ému, il ne savait que dire. ■ Nous ne savions que penser.
Mais si on exprime le mot pas (ce qui est toujours possible) ou un autre mot négatif que pas (plus, jamais), la forme quoi est obligatoire :
C’est une situation embarrassante, je ne sais pas quoi faire. ■ Il ne sait plus quoi inventer pour plaire à ses supérieurs. ■ Je ne sais jamais quoi dire dans ce genre de situation.
Ces variantes ne sont possibles qu’avec le verbe savoir. On ne peut pas utiliser la forme que après d’autres verbes interrogatifs (se demander etc.).
Remarque : il y a une très légère différence de sens entre je ne sais que faire et je ne sais pas quoi faire. Le mot quoi renvoie à un complément concret : « je ne sais pas quels moyens concrets employer, je ne sais pas quelles mesures prendre » (en tiedä mitä keinoja käyttäisin/ mihin toimenpiteisiin ryhtyisin). La forme Je ne sais que faire est plutôt une expression plus ou moins figée (lexicalisée), qui signifie « je suis désemparé/ indécis etc. » (olen ymmälläni, olen neuvoton). C’est la même chose dans le cas de dire :
Je ne sais pas quoi dire. En tiedä, mitä sanoa/vastata. ■ Je ne sais que dire. Mitä minun pitäisi tuohon sanoa?
Dans l’interrogation indirecte, on utilise l’ordre des mots normal sujet-verbe-complément :
Où est-il ? → Je me demande où il est. ■ Quand partirez-vous ? → Je me demande quand vous partirez. ■ Où les voisins vont-ils passer leurs vacances cette année ? → On aurait été curieux de savoir où les voisins vont passer leurs vacances cette année. ■ Quelle station tes parents recommandent-ils ? → Mes amis demandent quelle station tes parents recommandent. ■ Quand reviendront-elles ? → J’ignore quand elles reviendront. ■ Qu’est-ce qui pourrait leur faire plaisir ? → Je n’arrive pas à imaginer ce qui pourrait leur faire plaisir.
Si dans la complétive interrogative indirecte il n’y a pas d’autre élément qu’un verbe et un sujet (qui peut être développé par une relative), ce sujet est souvent inversé (sauf si c’est un pronom faible), comme on le fait dans le cas des propositions relatives :
Tu ne sais pas ce qu’est l’esprit de sacrifice. ■ Personne ne sait de quoi sont composées les ondes électromagnétiques. ■ Vous n’imaginez pas ce que signifie pour lui cet échec aux élections. ■ Il ignorait ce qu’était ce sentiment qui le saisit. ■ On attend de savoir ce que va décider le gouvernement.
Si le sujet est un pronom faible, on maintient l’ordre des mots normal :
Nous nous demandons ce que sa déclaration signifie ou ce que signifie sa déclaration. Mais : Nous nous demandons ce qu’elle signifie. ■ Je ne sais pas très bien ce que ce chercheur étudie ou ce qu’étudie ce chercheur. Mais : Je ne sais pas très bien ce qu’il étudie.
Dans le français parlé, il y a une tendance (déjà très ancienne) à utiliser dans l’interrogative indirecte les mêmes structures et procédés que dans l’interrogation directe (inversion du sujet, utilisation de est-ce que). On entend fréquemment les francophones utiliser l’ordre des mots de l’interrogation directe dans l’interrogation indirecte et on en trouve de nombreux exemples dans des textes (les suivants ont été relevés sur des sites Internet) :
Je sais pas où est-ce qu’il est. ■ Je me demande qui est-ce qui a téléphoné. ■ On ignorait qu’est-ce qui poussait les objets vers le sol auparavant. ■ Savez-vous dans quelle région paie-t-on le moins cher son carburant ? ■ Je ne sais plus où est-ce que je vais le trouver. ■ Ainsi, on se demande comment est-ce que cette problématique est abordée et vécue. ■ Le souci c’est que j’ai donné mon numéro de carte bancaire mais je ne sais pas combien est-ce que je serais débité lors de la préparation. ■ Je sais même plus quand est-ce que j’ai bien pu faire ça. ■ Enfin, j’avais pas fini mais, comme je savais plus qu’est-ce qu’il y avait d’autre à souligner, j’ai fait comme si.
On trouve également est-ce que rétabli dans l’ordre sujet-verbe c’est que, notamment dans le cas de qui, quand et où :
Alors voilà je voudrais savoir où c’est que je pourrai m’entrainer ou alors si je pourrai faire partie d’un club en Valais ou ailleurs. ■ Je sais plus qui c’est qui a dit « pire que la censure, y a l’autocensure », mais c’est un peu ça. ■ Et moi, dans ma réponse à son dernier commentaire, comme un âne, qui lui demande quand c’est qu’il rouvre son restaurant.
De même, on a trouvé sur un forum la forme familière qu’est-ce c’est que rétablie dans l’ordre normal SVC sous la forme ce que c’est ce que :
À la vue de la deuxième amende je lui demande ce que c’est ce que ça veux [sic] dire elle me réponds [sic] que je roulais trop vite.
Bien que ces cas soient fréquents, l’emploi de cette inversion est ressentie comme fautive par une partie des locuteurs, même dans le français parlé. De toute façon, elle n’est pas admise dans le code écrit strict.
Remarque : à l’oral, l’inversion peut aussi être due à une rupture de construction. On commence la phrase comme une interrogative indirecte, puis, après une légère pause, on enchaine sur une interrogation directe, comme si on commençait une nouvelle phrase : Je savais pas moi | qu’est-ce que je devais lui dire ■ Je sais pas vraiment | comment-est-ce que je dois lui annoncer ça ?
En finnois, la complétive interrogative indirecte peut s’employer de façon très souple et être le complément d’un verbe (miettiä, onko…) ou d’un nom (ei ole aavistusta, onko…, kysymys, onko…). En français, il y a de nombreuses contraintes qui limitent l’emploi des complétives interrogatives indirectes et qui provoquent beaucoup d’erreurs chez les finnophones dans l’expression écrite.
En français, l’interrogative indirecte est une complétive en fonction de complément direct du verbe (CVD). Elle ne peut être le complément que de verbes transitifs directs (dont le complément est relié au verbe sans préposition) : ne pas savoir qch, se demander qch, ignorer qch etc.
Pour cette raison, en français, on ne peut pas utiliser une interrogative indirecte après un verbe à complément prépositionnel (complément prépositionnel, CVP), comme réfléchir à, s’intéresser à, se concentrer sur, dépendre de etc.
Il faut donc faire attention aux verbes qui ont un complément direct (objekti) en finnois, mais un complément prépositionnel en français (voir ci-dessous liste de verbes français/finnois et de constructions à surveiller). Il est impossible de dire en français : *Nous réfléchirons si cette théorie est adaptée à notre analyse. Dans un tel cas, il y a deux solutions :
Même quand le verbe français est un verbe à complément direct, il ne peut pas toujours être suivi d’une interrogative indirecte. Il faut qu’il ait une valeur interrogative (voir ci-dessous). Ainsi, on dit assez difficilement nous examinerons si… (et pourtant, on dit examiner qch, avec CVD nominal), parce que examiner n’est pas un verbe interrogatif (en finnois, on peut employer ce genre de verbes, parce que l’interrogation est toujours exprimée par la particule ‑kO : tarkastelemme, voidaanko…). De la même manière, dans le code écrit strict, on dit difficilement décrire comment. On dira plutôt par exemple décrire la manière dont… (voir ci-dessous).
On peut dire que dans l’expression écrite, pour les finnophones la solution la plus sure est d’utiliser une interrogative indirecte seulement avec les verbes courants suivants :
ne pas savoir si (chercher à savoir si, tenter de savoir si etc.)
se demander si, voir si, ignorer si, dire si (pouvoir dire si)
Il est difficile de dire si cette particularité est due au sens du verbe ou à l’usage. ■ Nous verrons plus tard comment classer ces données.On peut se demander à partir de quand le subordonnant a cessé d’être utilisé devant certains verbes. ■ On ignore pourquoi l’auteur a utilisé cette formule.
Les autres verbes utilisables (mais avec plus de prudence, certains étant utilisés plutôt à la forme négative), sont indiquer, remarquer, établir, décider, se souvenir, oublier, confirmer, expliquer, prouver, apprendre :
Cette analyse nous indiquera si les mesures sont valides. ■ J’ai oublié si j’ai fermé à clé ou non. ■ L’étymologie peut nous apprendre pourquoi le sens de ce mot a évolué de façon différente en anglais et en français. ■ Sur la base des résultats de l’analyse de la productivité, nous tenterons d’établir si le secteur tertiaire peut être tenu pour responsable de la modération salariale observée plus haut. ■ Les autorités de Port Saguenay n’ont pas confirmé si un navire de la garde côtière canadienne était en direction du terminal de Grande-Anse pour observer les effets des rejets polluants. ■ Le représentant gouvernemental n’a pas indiqué si des changements ont eu lieu.
En français, il n’y a donc pas une très grande variété de verbes qui peuvent introduire une complétive interrogative indirecte. De plus, alors qu’en finnois, il est possible de développer l’idée interrogative contenue dans un nom en le faisant suivre d’une interrogative indirecte (ei ole aavistusta, onko…, kysymys, onko se höydyllistä), cette construction est impossible en français (*je n’ai pas d’idée si c’est juste, *la question si c’est utile…).
Exemples de formes erronées relevées dans des travaux d’étudiants
Tous les deux livres ont été très utiles et intéressants à lire et ils nous ont donné une idée *comment la Tour Eiffel est décrite en général.
Tous les deux livres ont été très utiles et intéressants à lire et ils nous ont donné une idée de la manière dont la Tour Eiffel est décrite en général.
La typographie du texte du phylactère doit créer une impression *de comment le personnage s’exprime.
La typographie du texte du phylactère doit créer une impression de la manière dont le personnage s’exprime.
Il n’existe pas de règles explicites *sur comment présenter la culture dans les manuels scolaires.
Il n’existe pas de règles explicites sur la manière de présenter la culture dans les manuels scolaires.
Car à la fin, c’est l’enseignant qui fait *le choix comment le LOPS est réalisé au cours des langues.
Car c’est l’enseignant qui, en dernier ressort, décide comment/ fait le choix de savoir comment le LOPS est mis en œuvre dans les cours de langues.
C’est donc une question pertinente *comment la culture du pays cible est présentée dans les manuels scolaires.
C’est donc une question pertinente de savoir comment la culture du pays cible est présentée dans les manuels scolaires.
Je n’ai donc pas la moindre idée *à quoi vous faites référence.
Je n’ai donc pas la moindre idée de ce à quoi vous faites référence.
Il n’est pas sans importance *comment les élèves et l’enseignant se sentent dans la classe.
Il n’est pas sans importance de savoir comment les élèves et l’enseignant se sentent dans la classe.
Heureusement, il y a un moyen simple de contourner ces problèmes, c’est d’utiliser une construction contenant un groupe nominal développé par un verbe, très souvent la question de savoir (ou le problème de savoir) si / comment / quand etc., ou une proposition relative : analyser/étudier *comment → analyser/étudier la manière dont…, la question *si → la question de savoir si etc. :
Nous aborderons cette problématique en examinant la manière dont [tutkimalla kuinka] le subjonctif français est traité dans les manuels finlandais. ■ Il importe d’analyser avec précision la manière dont [= selvittää tarkasti kuinka] ces phrases sont construites ■ Nous reviendrons plus tard sur la question de savoir ce que l’auteur entend [palaamme myöhemmin siihen, mitä tekijä tarkoittaa…] par cette affirmation surprenante. ■ Le ministre n’a pas su répondre à la question de savoir quand la loi entrerait en vigueur. Ministeri ei osannut vastata kysymykseen, milloin uusi laki astuu voimaan. ■ Le problème de savoir si le meurtre était prémédité est déterminant dans le jugement. Se seikka, onko murha ollut harkittu, vaikuttaa oleellisesti tuomioon.
En utilisant un groupe support, on peut alors facilement utiliser le verbe réfléchir à ou d’autres verbes, construits avec d’autres prépositions :
Nous réfléchirons à la question de savoir / au problème de savoir si cette théorie est adaptée à notre analyse. ■ Nous réfléchirons aussi à la question de savoir comment délimiter d’une façon satisfaisante le domaine de l’aide à la décision. ■ Nous nous poserons la question de savoir si cette théorie est adaptée à notre analyse. ■ Nous examinerons le problème de savoir si cette théorie est adaptée à notre analyse. ■ Nous nous intéresserons à la question/au problème de savoir si la théorie est adaptée à notre analyse. ■ Nous nous pencherons sur la question de savoir si cette théorie est adaptée à notre analyse. ■ Nous aborderons aussi la délicate question de savoir comment calculer de façon adéquate le nombre des cristaux qui réagissent à ce jet d’électron. ■ Nous réfléchirons aussi à la manière dont on peut délimiter d’une façon satisfaisante le domaine de l’aide à la décision.
Il faut également éviter de faire suivre une préposition directement d’un mot interrogatif, sur le modèle du finnois keskittyä siihen miksi, riippua siitä, kuinka, ce qui est impossible en français : des constructions comme *s’intéresser à comment, *réfléchir sur pourquoi, *dépendre de comment, *se renseigner pourquoi sont agrammaticales. On ne peut donc pas dire par exemple *nous nous concentrerons si ce problème (keskitymme siihen, onko/ kuinka…), il faut là aussi utiliser un support ou une autre construction :
Nous nous concentrerons sur la question de savoir si / sur le problème de savoir si cette théorie est adaptée à notre analyse. Ou bien : Nous nous concentrerons sur la question de savoir pourquoi de telles formes ont été utilisées par les apprenants. ■ Nous nous intéresserons au problème de savoir comment / de quelle manière enseigner de façon efficace la distinction entre pronom et déterminant. ■ Nous réfléchirons à la manière dont on peut analyser ce phénomène à la lumière des théories actuelles. ■ Tout cela dépend de la manière dont on a réussi à résumer l’information sous une forme exploitable.
Les constructions avec groupe support présentées ci-dessus peuvent sans doute sembler inutilement compliquées au finnophone (et à tout apprenant de FLE). Malheureusement il est absolument impossible de dire par exemple **Nous nous concentrerons sur comment enseigner…, *nous nous intéresserons à savoir si, erreurs fréquemment constatées et tout à fait typiques. Très souvent, on peut considérablement simplifier la formule en évitant les verbes comme se concentrer sur ou s’intéresser à et en utilisant simplement se demander :
Nous nous demanderons si cette théorie est adaptée à notre analyse. ■ Nous nous demanderons pourquoi de telles formes ont été utilisées par les apprenants. ■ Nous nous demanderons comment / de quelle manière enseigner de façon efficace la distinction entre pronom et déterminant.
Certains verbes finnois ou adjectifs peuvent se construire avec une interrogative indirecte, mais le verbe équivalent en français ne peut pas recevoir comme complément direct une complétive interrogative indirecte, ce qui provoque souvent des erreurs.
Dans le tableau ci-dessous, on a donné seulement quelques exemples de traductions possibles. L’essentiel est d’identifier les verbes finnois qui sont sources d’erreurs potentielles. Les remarques et recommandations présentées ici concernent l’expression écrite. Dans le français parlé, certains de ces verbes sont parfois construits avec une interrogative directe (étudier si, ça dépend si). Mais dans le code écrit strict, ces tournures ne sont normalement pas admises.
finnois | formes agrammaticales ou maladroites en français | forme possible |
arvioida | *évaluer comment | évaluer la manière dont |
ihmetellä | *s’étonner si | se demander si |
keskittyä | *se concentrer si / comment | s’intéresser à la question de savoir si / comment |
kuvailla | *décrire comment | décrire la manière dont |
miettiä | *réfléchir si / comment | se demander si / comment |
riippua | *dépendre (de) si / comment | dépendre de la question de savoir si / dépendre de la manière dont |
selvittää | *analyser si / comment, *clarifier si / *clarifier que | se demander si, analyser la manière dont |
tiedustella | *s’informer si/ *se renseigner si | chercher à savoir si / se renseigner pour savoir si |
tutkia | *étudier si, *examiner si *étudier pourquoi, *examiner pourquoi *étudier comment, *examiner comment | se demander si étudier les raisons pour lesquelles étudier les raisons pour lesquelles étudier la manière dont étudier la manière dont |
Les verbes se renseigner ou s’informer traduisant tiedustella ne peuvent pas se construire avec une interrogative indirecte (*je voudrais m’informer si c’est possible). Le plus souvent, tiedustella peut se rendre avec le verbe savoir précédé d’un autre verbe (vouloir, chercher à ou autres) ou en utilisant une forme nominale. Ces mêmes moyens s’utilisent pour rendre selvittää, qui ne peut pas se traduire analyser pourquoi/ comment/ si (et encore moins *clarifier que/clarifier si), mais plutôt se demander pourquoi/ comment/ si, chercher à savoir pourquoi etc. :
Lisäksi tiedustelimme, onko tutkimuslähteitä saatavilla. En outre, nous avons cherché à savoir si des références étaient disponibles. ■ Useat talouden toimijat tiedustelivat, miksi aikaisemman asetuksen artiklaan sisältynyt säännös oli jätetty pois asetuksesta. De nombreux opérateurs économiques se sont interrogés sur la non-inclusion, dans le règlement, de la disposition énoncée à l’article 8 du règlement. ■ Olisin tiedustellut milloin ilmoittautuminen alkaa. J’aurais voulu savoir quand les inscriptions commencent. ■ Il importe d’analyser avec précision la manière dont ces phrases sont construites [selvittää tarkasti kuinka] ■ Dans le deuxième chapitre, nous chercherons à savoir si / nous nous poserons la question de savoir si / nous tenterons de savoir si les données recueillies renforcent l’hypothèse de départ. ■ Dans le deuxième chapitre, nous nous interrogerons sur l’adéquation des données recueillies à notre hypothèse de départ.
Le verbe s’étonner, qui ne peut pas se construire avec si, comme le font parfois les finnophones (*je m’étonne s’il viendra) sous l’influence du finnois ihmetellä. Le verbe ihmetellä a plusieurs équivalents en français : ihmetellä jotakin = s’étonner de quelque chose, admirer quelque chose, s’extasier devant quelque chose etc. Cependant, dans la construction [ihmetellä + interrogative indirecte], on ne peut pas le traduire avec *s’étonner si, mais uniquement avec le verbe se demander si (se demander quand etc.).
Ihmettelen, kuka soittaa näin myöhään. Je me demande qui appelle si tard. ■ Tässä täytyy ihmetellä, tuleeko siitä koskaan mitään. Bref, on se demande vraiment si ça va donner quelque chose.
Dans le français parlé, après la construction ça dépend, on construit couramment dépendre avec une interrogative indirecte :
Ça dépend si on aura le temps ou pas. ■ Ça dépend à quelle heure vous venez. ■ Ça dépend un peu comment il réagira. ■ Ça dépend quand le film commence. ■ Ça dépend ce qu’il en pense. ■ Ça dépend comment tu veux faire.
Cependant, dans le code écrit strict, ces tournures ne sont pas admises. Il faut recourir à des constructions plus ou moins « compliquées » :
Cela dépend de la question de savoir si nous en aurons le temps. / Cela dépend du temps dont nous disposerons. ■ Cela dépend de l’heure à laquelle vous venez. ■ Cela dépend de la manière dont il réagira. / Cela dépend de sa réaction. ■ Cela dépend de l’heure à laquelle le film commence. ■ Cela dépend de ce qu’il en pense. ■ Cela dépend de la manière dont tu veux procéder.
En finnois, l’adjectif varma dans la construction en ole varma/oletko varma peut être suivi d’une interrogative indirecte. En français, en revanche, ne pas être sûr se construit normalement avec une proposition complétive introduite par que (et non pas par si), avec un verbe au subjonctif :
En ole varma, tuleeko hän. Je ne suis pas sûr qu’il vienne. [et non pas : *s’il vient] ■ Hän ei ollut varma, onko tämä oikea ratkaisu. Il n’était pas sûr que ce soit la bonne solution. ■ Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. [et non pas *je ne suis pas sûr si c’est une bonne idée]
Après un verbe à la forme affirmative, en français comme en finnois, on utilise uniquement que :
Olen varma, että hän on oikeassa. Je suis sûr qu’il a raison.
Si la principale est à la forme négative, on utilise soit ne pas être pas sûr que (avec verbe au subjonctif), soit ne pas savoir si (avec verbe à l'indicatif) :
Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. =
Je ne sais pas si c’est une bonne idée.
Cependant, les francophones utilisent eux aussi couramment la construction ne pas être sûr si. On en trouve des milliers d’occurrences sur Internet, dont voici quelques-unes :
L’officiel peut être consulté si l’arbitre ou les arbitres assistants ne sont pas sûrs si un joueur était ou non en touche quand il a tenté de faire un touché à terre pour marquer un essai [extrait d’un règlement officiel de rugby]. ■ Je ne suis pas sûr si tu es la bonne personne pour demander. ■ Mon ado : Oui y en a une qui me plait mais je suis pas sûr si elle est intéressée. ■ Que faites vous quand vous n’êtes pas sûr si un courrier est une publicité ou non ?
Dans le code écrit strict, il vaut mieux cependant éviter cet emploi, et utiliser de préférence une complétive au subjonctif ou le verbe ne pas savoir si, ou d’autres constructions.
Remarque : la phrase d’exemple ci-dessus L’officiel peut être consulté si l’arbitre ou les arbitres assistants ne sont pas sûrs si un joueur était ou non en touche quand il a tenté de faire un touché à terre pour marquer un essai n’est pas du code écrit très « officiel ». En finnois, elle signifie en substance : Toimitsijaa voidaan kuulla, jos tuomari tai linjatuomarit eivät oikein osaa sanoa, oliko pelaaja sivurajan ulkopuolella.
Dans le style juridique strict, elle pourrait être formulée par exemple ainsi :
L’officiel peut être consulté si l’arbitre ou les arbitres assistants n’ont pas la certitude qu’un joueur était ou non en touche ousi l’arbitre ou les arbitres assistants ne sont pas en mesure d’établir de façon incontestable qu’un joueur était ou non en touche.
En finnois, le verbe signifiant « réfléchir » se construit avec un complément direct, miettiä< jtak, tandis qu’en français en français réfléchir se construit avec un complément prépositionnel introduit par la préposition à ou sur qch. Si on veut utiliser une complétive interrogative indirecte comme complément de réfléchir, il faut donc penser à ajouter un verbe intermédiaire (savoir) ou un nom sur le modèle suivant : le problème de savoir si…, la question de savoir si… :
Mietin pitkään, mikä olisi paras ajankohta lähteä lomalle. J’ai longtemps réfléchi à la question de savoir quel serait le meilleur moment pour partir en vacances. Ou : J’ai longtemps réfléchi pour savoir quel serait le meilleur moment pour partir en vacances. ■ Valiokunta mietti pitkään, onko lakiehdotus eettisesti kestävä. La commission a longuement réfléchi sur le problème de savoir si la proposition de loi était éthiquement recevable. Ou : La commission a longuement réfléchi pour savoir si la proposition de loi était éthiquement recevable.
L’autre solution est d’utiliser un verbe qui se construit avec un complément de verbe direct (CVD) comme se demander :
Je me suis demandé longtemps quel serait le meilleur moment pour partir en vacances. ■ La commission s’est demandé longuement si la proposition de loi était éthiquement recevable.
On peut également remplacer la complétive interrogative indirecte par un nom :
Dans ce commentaire, nous réfléchirons sur le rapport entre la conception actuelle du PTG et le développement des concepts de traumatisme et de résilience.
Certains linguistes ont identifié plus de 80 verbes pouvant se construire avec une interrogation indirecte. Dans la réalité, la liste semble bien plus réduite. Ainsi, cet exemple relevé dans une thèse de doctorat française semble à la limite de l’acceptable :
Nous comptons poursuivre l’exploration des motifs voisins du 1,5-anhydro-hexitol, dans le but d’identifier lesquels pourraient être dérivés du métabolisme. [On attendrait plutôt : d’identifier ceux qui…]
Le problème, c’est que les grammaires généralistes ou FLE ne s’intéressent habituellement pas beaucoup à ce problème, qui est pourtant source de nombreuses erreurs chez les apprenants de français langue étrangère finnophones, et elles ne donnent pas beaucoup de détails sur le type de verbes utilisables. Parfois, ces grammaires indiquent même comme verbes interrogatifs des verbes qui ne le sont pas, par exemple interroger, ou s’informer (par exemple Nouvelle grammaire du français, 2008, Hachette, p. 226.), et qui se construisent difficilement avec si : ?je l’interroge s’il vient ou ?je m’informe s’il vient.
Du point de vue des apprenants finnophones, il vaut mieux limiter le nombre de verbes utilisables, car les finnophones ont une tendance inverse à extrapoler l’emploi des interrogatives indirectes à toute sorte de verbes qui ne peuvent en aucun cas en recevoir une (*réfléchir si, *s’interroger si, *s’étonner si etc.).
Sur le plan sémantique, la valeur proprement « interrogative » de certains verbes ou de certaines constructions n’est pas toujours très nette. En effet, les grammaires considèrent généralement que toute proposition introduite par un mot susceptible d’être une interrogation (comment, quand, où, combien, qui etc.) est assimilable à une interrogative indirecte. La valeur interrogative dépend de plusieurs facteurs : du mot interrogatif, mais aussi du sens du verbe et de son contexte d’emploi. Par exemple ne pas savoir (je ne sais pas si) a intrinsèquement une valeur plus interrogative que savoir à la forme affirmative (je sais que). De même tu as vu que la porte n’est pas fermée n’est pas interrogatif, tandis que va voir si la porte est fermée l’est. En principe, l’interrogative indirecte porte toujours sur un « savoir en suspens que le sujet de l’énoncé (sujet grammatical) ou celui de l’énonciation (locuteur) ignore, recherche, néglige, ou encore tient hors de portée du destinataire…» (GMF p. 837). Dans certains cas, la valeur interrogative de ce savoir « en suspens » est assez nette (je ne sais pas quand il partira), dans d’autres cas elle devient moins clairement perceptible. Ainsi, on considère comme interrogative indirecte la subordonnée de la phrase suivante :
1) Nous avons regardé comment les enfants jouaient.
Pourtant, sémantiquement, il n’y a pas beaucoup de différence entre cette phrase et les suivantes :
(2) Nous avons regardé les enfants jouer.
(3) Nous avons regardé les enfants qui jouaient.
car la phrase (1) ne signifie pas réellement (ou du moins pas forcément) « nous avons étudié la manière dont [comment] les enfants jouaient », mais elle signifie plus simplement que les enfants jouaient, et qu’on assistait à leurs jeux. C’est ce qui explique que dans le cas de verbes de perception comme voir, imaginer, entendre, etc., il y a une tendance à transformer les interrogatives indirectes en relatives, en avançant dans la principale le mot sur lequel porte l’interrogative (voir ALPF p. 41) :
(a) Tu ne peux pas imaginer quel problème c’est.
(b) Tu ne peux pas imaginer le problème que c’est.
(c) Si tu voyais quelles femmes elle fréquente !
(d) Si tu voyais les femmes qu’elle fréquente !
Dans les exemples (b) et (d), la transformation se justifie aisément par le désir de faire porter le focus sur l’objet de l’interrogation : on invite l’allocutaire à essayer d’imaginer le problème ou les femmes par une opération de représentation mentale. En quelque sorte, les phrases (a) et (c) signifient que le locuteur dit que l’allocutaire ne sait pas ou n’a pas les moyens de savoir quels sont le problème ou les femmes, tandis que dans les phrases (b) et (d) il l’invite à essayer d’imaginer ce problème. Il y a donc une nuance pragmatique assez importante, et on ne peut pas dire que les formes (b) et (d) ne soient que de simples variantes des phrases (a) et (d). Cette tournure est très fréquente, et ne peut pas véritablement être considérée comme une simple déviation par rapport à la norme. La plupart des usagers de la langue n’ont même pas conscience de ce procédé, au point que certains l’étendent dans le français parlé à d’autres constructions interrogatives, où il est moins justifié :
(e) Je savais pas les tuyaux qu’il fallait utiliser. (in ALPF p. 41). Au lieu de
(f) Je (ne) savais pas quels tuyaux utiliser.
Dans ce cas, en revanche, la norme du français standard reste la forme (f).
ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 55. Les complétives interrogatives indirectes. Dernière mise à jour : 2.6.2022
Mises à jour après le 15.8.2022