Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones
Les propositions adverbiales conditionnelles fonctionnent dans les grandes lignes de la même manière en finnois et en français et ne posent pas beaucoup de difficultés aux apprenants finnophones. La principale différence est qu’en français on n’utilise pas le conditionnel dans la subordonnée introduite par si.
En finnois, le verbe de la proposition conditionnelle est au conditionnel (ce qui est très logique). En français, ce n’est normalement pas le cas : le verbe de la proposition conditionnelle peut être au présent, à l’imparfait ou au plus-que-parfait. Dans le code écrit, le conditionnel (et le futur) ne sont pas admis dans la proposition conditionnelle :
Si vous avez le temps, vous pouvez faire un détour pour visiter le parc, qui est très beau. ■ S’il faisait [imparfait] beau ce weekend, nous pourrions [conditionnel présent] faire une promenade à vélo. Jos viikonloppuna olisi kaunis ilma, voisimme lähteä pitkälle pyöräretkelle. ■ Si tu étais resté [plus-que-parfait] plus longtemps, nous aurions pu [conditionnel passé] faire une excursion en montagne. Jos olisit viipynyt kauemmin meillä, olisimme voineet lähteä retkelle vuoristoon.
L’utilisation fautive du conditionnel dans la subordonnée conditionnelle fait l’objet de nombreuses interdictions et de mises en garde dans les grammaires scolaires françaises et les grammaires de FLE, et pourtant elle est fréquente en français. On trouve aussi des cas où si à sens concessif est suivi du conditionnel.
À noter : dans l’interrogation indirecte, on peut employer le conditionnel après si, car si n’a pas une valeur conditionnelle :
Je me demande si ce ne serait pas plus prudent d’annuler ce voyage. ■ Elle ne savait pas si elle aurait dû poser la question à son médecin.
Le temps de la proposition principale et celui de la proposition subordonnée peuvent varier grandement selon les cas et en fonction de l’idée exprimée :
Si tu n’as rien d’autre à faire, tu pourrais tondre le gazon. ■ Si tu arrêtais tes études maintenant, tu aurais travaillé pour rien. ■ Si c’était moi qui décidais, on l’aurait mis à la porte depuis longtemps. ■ Si la Finlande n’était pas entrée dans l’Union européenne, comment se porterait son économie ? ■ Si tu étais un peu plus soigneux, tu n’aurais pas eu besoin de démonter tout ce bins pour le remonter ensuite.
Le conditionnel passé 2e forme est un emploi particulier du plus-que-parfait du subjonctif. Il s’utilise dans une narration au passé simple. Voir le conditionnel.
La conjonction si est la conjonction conditionnelle la plus fréquente (en finnois jos). Les conjonctions excepté si et sauf si s’emploient comme les phrases avec si, en ajoutant l’idée que la condition est exclue, et correspondent au finnois ellei, paitsi jos :
Si tu viens en été en Finlande, tu pourras voir le soleil de minuit. ■ Si l’eau n’était pas aussi froide, nous pourrions nous baigner. ■ Si tu avais réservé un jour plus tôt, tu aurais payé moitié prix. ■ Si vous aviez une tondeuse électrique, ça ferait moins de bruit. ■ La bourse du 2nd degré n’est pas accordée aux redoublants, sauf s’ils n’étaient pas boursiers l’an passé. ■ Toute annulation dans les 24 heures après réservation est gratuite (excepté si l’arrivée a lieu dans un délai de 72 heures).
Autres conjonctions formées avec si : comme si introduit une idée de comparaison et correspond au finnois ikään kuin ou kuin + conditionnel. La conjonction conditionnelle même si a une valeur nettement concessive.
Remarque : la conjonction si utilisée seule peut aussi avoir une valeur concessive ou temporelle.
On utilise fréquemment en français des propositions exclamatives avec si (la proposition principale est alors en quelque sorte sous-entendue). Elles ont une valeur optative (souhait futur ou non réalisé), qu’on rend en finnois par kunpa :
Si j’avais un peu plus de temps ! Kunpa minulla olisi enemmän aikaa! ■ Si seulement tu n’étais pas toujours si pressé ! Kunpa et olisi aina niin kiireinen! ■ S’il avait su ! Kunpa hän olisi tiennyt! ■ Si j’étais plus jeune ! Kunpa olisin nuorempi!
La conjonction si jamais présente une éventualité considérée comme possible mais peu probable. En finnois, elle correspond par exemple à jos sattumoisin, jos käy niin että :
Si jamais tu cherches la série 3, elle est en vente sur le même site, sur cette page. ■ Si jamais on avait un trou de mémoire, la pub se chargerait de nous rafraichir la mémoire ! ■ Et si jamais il avait dû avoir un choix entre sa santé spirituelle et sa santé physique, je sais laquelle elle aurait choisie.
Comme au cas où, la conjonction si jamais est fréquemment utilisée dans le français parlé comme un adverbe « de supposition » (il introduit une phrase inachevée dont on ne précise pas le verbe), qui correspond plus ou moins au finnois varmuuden vuoksi ou kaiken varalta :
Je te donne mon deuxième numéro de portable, si jamais… ■ Il faudrait peut-être qu’on rentre déjà dimanche, si jamais… ■ Ils avaient acheté une bouteille de plus, si jamais…
Si jamais peut également introduire une supposition qu’on met en doute et a un sens très proche de à supposer que ou si tant est que, en finnois jos edes… :
En tout cas la conviction du roi était bien établie, et la mort du duc d’Orléans vint encore reculer (si jamais elles avaient existé) les chances de Victor Hugo. ■ Cette mutinerie avait consumé le dernier lien qui existait entre elles (si jamais il y en avait eu un).
Remarque : ne pas confondre l’emploi conjonctionnel de si jamais avec les cas où si et jamais ont chacun leur valeur propre (jos + koskaan) :
Comme si jamais il avait réfléchi / comme s’il avait jamais réfléchi aux choses tranquillement et calmement. Ikään kuin hän olisi koskaan miettinyt asioita rauhallisesti.
La conjonction et si jamais introduit une supposition théorique, qui correspond au finnois entä mitä jos :
Et si jamais on ne le retrouvait pas ? ■ Et si jamais il avait été à deux doigts de disparaitre ? ■ Et si jamais il fallait revenir à pied ? ■ Et si jamais il pleuvait ? ■ Et si jamais c’est lui qui avait tort ?
Ces conjonctions peuvent se rendre en finnois par kunhan (vaan). Leur sens est assez proche de à condition que. Dès lors que avait autrefois un sens temporel, mais dans l’usage moderne, le sens a glissé vers l’expression de la condition ; du moment que peut aussi avoir une valeur causale :
Dès lors que c’est en quantité raisonnable, on peut le lui accorder quotidiennement. ■ Tu peux disposer de la voiture, du moment que tu me la rends dès que j’en ai besoin. ■ L’éducation devient tout autre dès lors qu’il n’y a plus de réel existant indépendamment de nos représentations. ■ Le Shiatsu s’adresse aux adultes, mais aussi aux enfants dès lors qu’ils peuvent rester allongés au-delà de 30 minutes.
Dès lors que est souvent utilisé de façon erronée à la place de la conjonction dès que (les utilisateurs interprètent probablement dès lors que comme une forme plus élégante ou plus recherchée de dès que) :
En effet, les trottoirs deviennent un danger mortel dès lors qu’ils sont un peu humides. [On attendrait dès que.]
Remarque : bien qu’elle ressemble à la conjonction dès lors que, la conjonction adverbiale dès lors n’exprime pas la condition, comme on pourrait s’y attendre, mais la conséquence (que la conjonction dès lors que n’exprime jamais). Elle a le sens de « par conséquent », siten, sen johdosta. On peut dire qu’on l’utilise souvent comme une variante ou une forme plus recherchée de donc.
Les conjonctions tant que et aussi longtemps que s’utilisent généralement avec une valeur temporelle, mais elles peuvent avoir une nuance conditionnelle et sont alors synonymes de à condition que ; à la différence de ce dernier, elles demandent l’indicatif :
Tu peux disposer de la voiture, aussi longtemps que tu me la rends dès que j’en ai besoin. ■ Tant que cela n’occasionne pas de complications inutiles, vous pouvez choisir vos horaires librement.
La conjonction redondante à sens temporel tant et aussi longtemps que combine les deux conjonctions tant que et aussi longtemps que et peut aussi s’utiliser avec un sens conditionnel :
Vivre à la maison en sécurité et aussi longtemps que possible, voilà un projet réalisable tant et aussi longtemps que tout est vérifié, modifié et organisé pour une sécurité maximale. ■ Il sera permis de réparer un véhicule endommagé tant et aussi longtemps que ça ne retarde pas la course indument.
À condition que correspond au finnois sillä ehdolla, että, sillä edellytyksellä että, edellyttäen että :
On peut vous emmener demain matin à condition que pour une fois vous soyez à l’heure ! ■ Les demandes en retard sont recevables à condition qu’elles soient accompagnées d’un certificat médical. ■ Vous pouvez installer le logiciel et valider votre licence sur une autre machine à condition que vous désinstalliez complètement le logiciel de la machine. ■ Les jeunes de moins de 20 ans peuvent bénéficier de ce service à condition qu’ils n’aient jamais perçu d’allocations chômage.
Si le sujet de la subordonnée est le même que celui de la principale (coréférence du sujet), on peut utiliser une construction infinitive, mais elle n’est pas obligatoire :
Les professeurs auxiliaires peuvent être les professeurs responsables de stages à condition de superviser les étudiants concernés à l’université. ■ Les jeunes de moins de 20 ans peuvent bénéficier de ce service à condition de n’avoir jamais perçu d’allocations chômage. ■ Vous pouvez installer le logiciel et valider votre licence sur une autre machine à condition de désinstaller complètement le logiciel de la machine.
La conjonction à moins que est en quelque sorte la forme négative de si, et équivaut à « excepté si », « sauf si ». Elle peut se traduire en finnois par ellei/jollei ou paitsi jos. Elle est suivie du subjonctif. Dans le code écrit, à la forme affirmative, le verbe peut être précédé d’un ne explétif, qui est rarement utilisé dans le français parlé (à la forme négative, il n’est évidemment pas utilisé) :
À moins que vous n’ayez de nouvelles objections, nous allons donc poursuivre la mise en œuvre de notre programme. ■ À moins que tu ne te débrouilles vraiment n’importe comment, tu devrais réussir l’examen de conduite sans problèmes. ■ Tous les produits importés d’un pays tiers seront soumis à cette taxe spéciale à moins qu’ils n’aient été agréés par la Commission. ■ À moins que ce ne soit pas possible, continuez à manger des aliments naturels. ■ Cette ville est l’une de celles que vous devriez probablement éviter de visiter à moins que vous n’ayez pas d’autre choix. ■ Vous devez envoyer votre mémoire par voie électronique, à moins que vous n’ayez pas accès à un ordinateur.
Si le sujet de la subordonnée est le même que celui de la principale (coréférence du sujet), on peut utiliser une construction infinitive avec la conjonction à moins de. Cette transformation infinitive n’est pas obligatoire, mais elle est néanmoins fréquente, même dans le français parlé :
À moins de te débrouiller vraiment n’importe comment, tu devrais réussir l’examen de conduite sans problèmes. ■ Tous les produits importés d’un pays tiers seront soumis à cette taxe spéciale à moins d’avoir été agréés par la Commission. ■ L’employeur ne peut pas refuser ce congé (à moins de ne pas avoir été averti dans le délai légal).
On utilise souvent à moins que en tête de phrase pour nuancer une idée énoncée précédemment, comme un équivalent de « ou peut-être que, sauf au cas où » :
Les autorités prévoient de rouvrir la route à la circulation dès demain. À moins que le temps se dégrade de nouveau… ■ Tu peux me ramener ce soir ? À moins que tu ne sois pas venu en voiture, bien sûr.
Ces trois conjonctions introduisent une hypothèse « gratuite », une supposition. Elles sont équivalentes au finnois olettaen että suivi du konditionaali :
À supposer que/ En supposant que/ En admettant que vous ayez eu un mois de plus pour terminer cette thèse, est-ce que vous pensez réellement que vous l’auriez remise avant la date limite ? ■ À supposer que/ En supposant que/ En admettant que tous puissent obtenir, par exemple, un diplôme supérieur, le système méritocratique fait pourtant des perdants, ceux qui auront le diplôme un peu moins coté.
En admettant que peut aussi être un simple gérondif d’admettre dans le sens de « reconnaitre ». Il est alors suivi d’un indicatif :
On n’étonnera personne en admettant que Grignan est un village de caractère. ■ En admettant que le mouvement de la Terre autour du Soleil est circulaire uniforme, évaluer la période de rotation T de la Terre autour de l’axe des pôles par rapport au référentiel de Kepler [usage fréquent d’admettre dans les problèmes mathématiques].
La conjonction si tant est que est parfois présentée par les grammaires comme étant du style soutenu, pourtant elle s’emploie assez fréquemment dans la langue courante. Elle a le même sens que à supposer que (voir aussi si jamais ci-dessus). En finnois, elle correspond à jos yleensä, jos ylipäänsä :
Elle avait quelque chose d’innocent en elle, une sorte de pureté d’enfance, si tant est que l’enfance soit innocente. ■ Que puis-je faire dans ce cas-là, si tant est que vous puissiez me conseiller ? ■ Il était impossible de dire qui était le vrai Pessoa, si tant est qu’il fût nécessaire qu’il y en eût un.
On trouve parfois des cas avec l’indicatif :
L’échec de la stratégie européenne pour l’emploi est patent, si tant est que son objectif était bien l’emploi et non la flexibilité.
La forme attendue serait si tant est que son objectif ait bien été l’emploi et non la flexibilité; l’indicatif s’explique probablement par le fait qu’on a voulu éviter l’imparfait du subjonctif ou par attraction avec l’idée de « si on peut dire que ».
Cette conjonction équivaut en finnois à riippuen siitä… tai. On utilise normalement l’indicatif (bien qu’on rencontre aussi des exemples de subjonctif) :
Selon que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous ren dront blanc ou noir. [La Fontaine] ■ La marque du pluriel n’étant pas la même selon que l’on utilise telle ou telle langue de l’Union européenne, c’est la forme euro qui figure sur les billets. ■ Selon que l’on nait dans un taudis ou dans un appartement de 120 m2, on n’est pas à égalité face à la culture.
Le sens de la conjonction pour peu que est assez proche de la conjonction temporelle dès que, mais il s’y ajoute une nuance de condition. Elle signifie en substance « il suffit que… pour que » et équivaut au finnois jos vain ou kunhan vain. Elle est suivie du subjonctif et est d’usage courant dans le code écrit et dans le français parlé :
Pour peu que vous attendiez encore une semaine, vous pourrez commander le modèle 2022. ■ Le moteur de recherche répertorie tous les blogs, pour peu qu’ils aient un contenu suffisant et qu’ils soient toujours actifs. ■ Les médicaments liquides sont autorisés pour peu qu’ils soient indispensables et que leur quantité soit en adéquation avec la durée du vol.
Ces deux conjonctions (la variante plus courte autant que est moins fréquente) ont une valeur conditionnelle introduisant une restriction et peuvent se paraphraser par « si du moins ». Elles ressemblent pour le sens à dans la mesure où, en finnois ainakin siinä määrin kuin, ainakin sen perusteella mitä. Elles sont généralement suivies du subjonctif, mais on trouve parfois aussi l’indicatif (l’indicatif indique que la conjonction a simplement le sens de « si », « aussi longtemps que », en finnois kunhan vain) :
Mon but est de vous indiquer, pour autant que le court laps de temps me le permette, la signification des principales périodes de l’évolution de l’art. ■ Nos différences culturelles sont une grande richesse pour autant que nous acceptons de vivre ensemble dans le respect et l’amour du prochain. ■ La mortalité dans cet échantillon de population est associée au tabagisme et, autant qu’on puisse en juger, à la pollution. ■ La version d’analyse régularisée que nous utilisons est nouvelle, pour autant que nous sachions.
Les constructions (pour) autant que je sache et (pour) autant que je m’en souvienne (et le pluriel avec sujet nous) peuvent se traduire en finnois par l’infinitif au translatiivi, tietääkseni (‑ksemme) et muistaakseni (‑ksemme), mais ymmärtääkseni se traduit si j’ai bien compris (et non par pour autant que je comprenne).
Normalement, on coordonne (on relie) toutes les propositions subordonnées en utilisant et que, alors qu’en finnois on utilise simplement ja. Dans le cas des propositions conditionnelles introduites par si, dans la langue courante, on préfère cependant utiliser et si (au lieu de et que) :
Si j’avais plus de temps et si ce n’était pas aussi cher, je consacrerais tous mes loisirs à faire du parachutisme. ■ S’il avait assisté à tous les cours et s’il avait mieux révisé, il n’aurait pas échoué à son examen.
On peut cependant aussi reprendre la conjonction si par que comme c’est le cas avec d’autres conjonctions :
Si les conditions météorologiques l’avaient permis et que l’équipe ait été au complet, ils auraient pu tenter l’escalade de la face nord. ■ S’il venait à changer d’avis et qu’il s’en tienne à sa décision antérieure, ce serait la catastrophe pour nous. ■ S’il venait demain et que je sois absent, veuillez lui faire savoir que je le recevrai mardi.
Si le verbe de la subordonnée exprime l’éventuel, l’utilisation de et que suivi de l’indicatif pour coordonner des propositions conditionnelles est fréquente dans la langue courante également :
Si vous vivez dans une province du Canada autre que le Québec, et que vous souhaitez parrainer un parent ou un membre de votre famille, vous devez signer une entente avec le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration. ■ Toutefois, si je m’assieds 5 minutes et que je prends le temps de réfléchir aux 10 jours que j’ai passé sans tabac, je me rends compte que la maison est pleine de chewing-gums en tout genre.
Rem. On trouve dans certaines grammaires des exemples de subjonctif avec l’éventuel, mais ils semblent à la limite de la grammaticalité (? Si tu vas à Paris et que tu aies un peu de temps, passe voir mon amie Claire, dans Grammaire expliquée du français, p. 321).
Cette construction s’utilise majoritairement dans le code écrit. Elle exprime une condition qui entraine une conséquence exprimée par la principale. Elle contient l’idée « dès que/chaque fois que » ou « il suffit que ». On peut considérer que c’est une variante à nuance conditionnelle (une sorte d’éventuel) de dès que, et en finnois l’équivalent le plus proche est heti kun. Dans le style courant, le rapport consécutif entre la subordonnée et la principale est habituellement renforcé par et, mais dans le code écrit strict (de style littéraire), on n’utilise pas toujours et (notamment quand le verbe est à l’imparfait du subjonctif) :
Que l’un de ces adverbes disparaisse, et la phrase n’a plus de sens. ■ Que cette petite centrale secondaire tombe en panne, et ce serait tout le pays qui serait privé d’électricité. ■ Que l’un des amis bavardât trop longtemps, et c’était la catastrophe. ■ Mais que l’empereur quittât son rôle, apparaissait le Napoléon coléreux ou comédien. ■ Que quelqu’un prononçât à voix haute le nom du capitaine, un souffle de confiance venait balayer craintes et inquiétudes.
Cette construction ne doit pas être confondue avec un subjonctif servant d’impératif de personne 3/6 (Qu’il disparaisse !) ni les constructions concessives que… ou… :
Cette construction (qu’il soit content ou non / qu’elles soient satisfaites ou qu’elles trouvent la proposition trop chère etc.) a à la fois une nuance conditionnelle et concessive. Elle est en quelque sorte la forme répétée de la construction que + subjonctif examinée ci-dessus, et dont le sens a glissé de la condition à la concession : que = « (même) si… ou (même) si ». Mais elle est aujourd’hui interprétée uniquement avec un sens concessif.
Dans le français parlé, la conjonction d’ici que est souvent utilisée pour présenter une hypothèse qu’on peut redouter, dans le sens « tu imagines si… » ou « (et) si jamais… ». Elle peut être complétée par une expression telle que il n’y a qu’un pas ou il ne manquerait plus que ça, mais souvent la phrase introduite par d’ici que est un commentaire en suspens, qu’on ne complète pas, qui correspond par exemple au finnois tiedä vaikka… :
C’est bientôt ton anniv’ et d’ici que tu te retrouves avec une enveloppe contenant deux places (une pour toi, une pour ta meilleure amie) pour le prochain show de M.P., y a pas des kilomètres ! ■ Oh la la ! d’ici qu’ils aient fait ça sur les émissions précédentes… ■ …D’ici qu’ils aient l’idée de venir se balader dans le coin… ■ Alors bon séjour à ta fille, m’étonnerait beaucoup qu’elle ne s’y plaise pas, d’ici qu’elle veuille rester avec son frère ! ■ Essaye de ne pas le vexer. D’ici qu’il change d’avis au dernier moment…
La conjonction au cas où est à proprement parler une construction relative, mais elle s’est assez nettement figée en conjonction à sens conditionnel (cette valeur est également présente, bien que moins nettement, dans les variantes moins fréquentes pour le cas où et dans le cas où). Elle exprime une éventualité, et le verbe de la proposition introduite par au cas où est en général un conditionnel (marquant le potentiel) :
Le défibrillateur prêt à l’emploi contient une batterie déjà en place, mais les services de secours en ont en réserve pour le cas où ils devraient enchainer plusieurs interventions. ■ Nous déclinons toute responsabilité dans le cas où ces fournitures feraient l’objet d’un usage impropre à leur destination originale. ■ Au cas où vous auriez besoin de renseignements, n’hésitez pas à téléphoner. ■ Au cas où tu en douterais encore, voici une photo qui montre qu’il a triché. ■ Nos médiateurs et nos conciliateurs étaient prêts à intervenir, au cas où ils auraient eu besoin d’aide.
On trouve aussi des cas avec un temps autre que le conditionnel. Dans ce cas, la conjonction au cas où a une valeur à la fois temporelle et conditionnelle et est proche de chaque fois que ou si :
Au cas où tu as quelque chose à me demander n’hésite pas, ok ? ■ Au cas où il y a une erreur de notation, on ajoute les points manquants et on rembourse aussi la somme payée. ■ Notre rôle se limitait seulement à faire des enquêtes au cas où il y avait des plaintes de la part du public.
On trouve aussi cette conjonction avec ellipse du verbe :
Que faire au cas où ? [titre de rubrique sur un site Internet] ■ Je sais pas s’il existe toujours, mais au cas où, il y avait un super resto indien sur le Cours de la Libération.
Dans le français parlé, on utilise au cas où comme adverbe (il introduit en quelque sorte une phrase inachevée dont on ne précise pas le verbe), qui correspond plus ou moins au finnois varmuuden vuoksi ou kaiken varalta :
N’oublie pas de prendre la clé, au cas où. ■ Je prends encore une veste de polaire, au cas où. ■ Elle lui avait acheté un portable, au cas où.
Quand cette conjonction s’utilise comme conjonction, la liaison entre cas et où est possible, mais facultative (et très peu fréquente dans la la langue courante) : Vous nous préviendrez au cas où il y aurait des retards peut être prononcé /okazu/
, mais plus fréquemment /okau/
. Quand elle est employée comme locution adverbiale qu’on ajoute en fin de phrase, on la prononce assez fréquemment en faisant la liaison : J’ai emporté un parapluie, au cas où… /okazu/
, Il faudrait peut-être réserver pour ce soir, au cas où… /okazu/
.
Dans le français parlé familier, on rencontre la locution pour si jamais, qui est une variante de au cas où, pour le cas où (siltä varalta että) ; cette conjonction peut elle aussi s’utiliser comme un adverbe :
Demandez-lui également son mail, pour si jamais pendant vos révisions vous bloquez sur quelque chose. ■ Et j’emporte une grande couverture pour si jamais je suis en déplacement ou en ballade et que je dois allaiter pour protéger du regard. ■ Sauf que là, avec seulement les palmes, mon maillot de bain, deux bouquins, trois culottes, mon paréo et mon pull pour si jamais il fait froid. ■ Va quand même voir un autre véto pour si jamais. ■ Mais je garde cette suggestion de film dans une partie de ma mémoire, pour si jamais.
L’utilisation du conditionnel dans la subordonnée conditionnelle est souvent présentée comme « interdite » ou « impossible » dans les grammaires généralistes et de FLE. On en trouve pourtant beaucoup d’exemples chez les locuteurs francophones. L’utilisation « erronée » du conditionnel est un phénomène répandu et attesté dans tout le domaine francophone, et déjà très ancienne (ce n’est donc pas une « dégradation » de la langue d’aujourd’hui, comme l’imaginent les puristes amateurs). L’apprenant de FLE ne doit pas s’étonner d’en entendre dans la conversation courante ni d’en trouver de très nombreuses occurrences par exemple sur Internet :
J’ai donc consulté un médecin, je souffre de fibrillations auriculaires. Ce dernier m’a dit que si je serais venu plus tôt ça aurait été plus facile à soigner. ■ On est ensemble depuis 17 mois, on a des points en commun, je pense que s’il aurait pas se [sic] problème tout se passerait bien entre nous. ■ S’ils auraient dit de vérifier au plus vite, la majorité des personnes de toutes façons l’auraient pas fait. [exemples relevés parmi des centaines d’autres, dans des forums de discussion, décembre 2020]
Cependant, la norme est d’utiliser dans la subordonnée introduite par si un imparfait (ou plus-que-parfait), quel que soit le niveau de langue. L’apprenant FLE ne peut pas se permettre d’utiliser un conditionnel, car il serait senti comme nettement fautif, surtout de la part d’un non francophone.
Rem. La conjonction comme si est aussi souvent utilisée avec un verbe au conditionnel, ce qui est en principe contraire à la norme.
L’expression en principe agrammaticale si j’aurais su ! (forme correcte en principe : si j’avais su !) s’utilise fréquemment par ironie ou dérision (on se moque de la règle de grammaire en faisant semblant de ne pas la connaitre) pour exprimer une déception, une surprise etc. Cette phrase en suspens s’utilise comme une sorte de locution exclamative figée plaisante :
Ah ben dis donc, si j’aurais su !… [En finnois par exemple : No johan nyt!]
Parfois, on ajoute à celle-ci une autre forme fautive, j’aurais pas venu, l’erreur volontaire étant ici d’utiliser l’auxiliaire avoir au lieu d’être, la forme correcte étant je serais pas venu :
Ah ben dis donc, si j’aurais su, j’aurais pas venu.
[On peut paraphraser en finnois : No kannatti todella tulla!]
Cette expression a été rendue célèbre par le film La Guerre de boutons (1961). Elle est devenue une sorte de locution signifiant une mise en garde indiquant une chose à éviter ou qu’il aurait mieux valu ne pas faire (nombreuses occurrences sur Internet, notamment dans des titres de blogs, d’articles politiques etc.), et on rencontre diverses variantes si j’avais su / si j’aurais su, je serais pas venu / j’aurais pas venu :
Donnez votre avis : Si j’avais su, j’aurais pas venu ! ■ Génération Parité : Si j’aurais su, j’aurais pas venu. ■ Si j’avais su j’aurais pas venu : Forum au Féminin. ■ Ho Chi Minh City, si j’aurais su j’aurais pas venu [titre d’un article de blog de voyage]
Dans le français parlé, on exprime souvent la condition en juxtaposant deux propositions formellement indépendantes, mais fortement liées par le sens. On utilise soit l’imparfait, soit le conditionnel :
J’aurais freiné / je freinais une seconde plus tard, on fonçait dans un arbre. [= Si j’avais freiné une seconde plus tard, on aurait foncé dans un arbre.] Jos olisin jarruttanut hetkeä myöhemmin, olisimme törmänneet puuhun. ■ On restait une minute de plus / On serait restés une minute de plus, le train serait parti. [= Si on était restés…] Jos olisimme viipyneet minuutin vielä, juna olisi lähtenyt ■ Tu me l’aurais demandé, j’aurais pu te le dire tout de suite. [= Si tu me l’avais demandé…] Jos olisit kysynyt minulta, olisin voinut sanoa sen heti. ■ T’aurais raté l’examen, (eh bien) t’aurais raté l’examen ! [= Si tu avais raté ton examen…] Jos et olisi läpäissyt tenttiä, (sitten) et olisit läpäissyt tenttiä!
Dans la phrase je freinais une seconde plus tard, on fonçait dans l’arbre, l’imparfait renforce l’idée de conséquence immédiate. Ces constructions sont courantes dans le français parlé, mais d’un emploi délicat pour l’apprenant de français langue étrangère. On peut toujours les remplacer par des conditionnelles classiques introduites par la conjonction si. Remarquer que dans certains cas, les temps verbaux sont intervertis par rapport à l’usage normal :
J’aurais freiné [conditionnel] une seconde plus tard, on fonçait [imparfait] dans un arbre.
À comparer avec la forme normale :
Si j’avais freiné [plus-que-parfait] une seconde plus tard, on aurait foncé [conditionnel] dans un arbre.
On trouve un emploi similaire dans d’autres conditionnelles juxtaposées, qui ont une valeur nettement concessive, d’un sens proche de même si :
Avec tous ces embouteillages, on serait partis plus tôt, on serait arrivés aussi tard.
Les conjonctions avec inversion du sujet, qui sont pratiquement figées : ne serait-ce que (ne fût-ce que dans le récit au passé) dussè-je/dussions-nous expriment la condition, mais ont également une valeur concessive, comme même si.
Ne serait-ce que/ne fût-ce que est rendu en finnois par edes ; la forme dussè-je peut être traduite par vaikka +conditionnel. Ces locutions s’utilisent toujours en position postposée et introduisent une sorte de commentaire. La forme du verbe est celle de l’imparfait du subjonctif, qui constitue une sorte de « conditionnel présent 2e forme ».
J’aimerais partir en vacances, ne serait-ce que pour une semaine. Tekisi mieli lähteä lomalle, edes viikoksi/ vaikka vain viikoksi. ■ J’aurais aimé partir en vacances, ne fût-ce que pour une semaine. Olisin mielelläni lähtenyt lomalle, edes viikoksi/vaikka vain viikoksi. ■ Je terminerai ce cours pour demain, dussè-je y passer toute la nuit. Kirjoitan tämän luennon valmiiksi huomiseksi, vaikka siihen menisi koko yö.
Le verbe devoir s’utilise couramment à l’imparfait du subjonctif même en dehors de cette expression figée pour exprimer la valeur concessive de même si :
Je suis loin de vouloir atténuer les louanges données au premier Consul : ne dussions-nous à Bonaparte que le Code civil, son nom mériterait de passer à la postérité. ■ Aujourd’hui, dussions-nous passer pour déplaisants, et nonobstant une réelle volonté de débat public organisé sur l’école, nous sommes contraints de relever que le paysage pédagogique et scolaire vaudois tend à devenir blafard.
On emploie également le conditionnel passé 2e forme dans des propositions juxtaposées à valeur concessive.
La construction n’eût été (au pluriel n’eussent été) a un sens plus nettement conditionnel et signifie « s’il n’y avait pas eu » :
N’eussent été ses habits qui masquaient presque entièrement sa physionomie, on aurait pu décrire un visage fier et intelligent, mais compréhensif. ■ N’eût été cette angoisse qui me torturait, je me serais amusé de cette histoire. ■ Lorsque l’empereur Auguste ordonna un recensement général, chacun dut retourner à son lieu d’origine pour y être enregistré : n’eussent été les statisticiens, le Christ serait né dans le modeste confort d’une chaumière à Nazareth au lieu de voir le jour dans une étable à Bethléem.
Voir également les propositions juxtaposées exprimant la concession ci-dessous.
La construction à (en) + infinitif exprime la condition (avec une nuance causale ou éventuelle). Elle est couramment utilisée dans le français parlé également :
À l’en croire [= si on l’en croit], il est le meilleur joueur de golf de la planète. ■ À rester ici dans ce froid, on va attraper la mort ! ■ À en juger par sa mine [= si on en jugeait par sa mine], il avait dû rater son examen. ■ À en croire les spécialistes [= si on croit les spécialistes], la banquise pourrait fondre tous les étés d’ici 2050.
Dans d’autres cas, la construction exprime une simple relation temporelle ou causale, parfois proche de l’idée exprimée par à force de :
À te regarder, on voit que t’as pas dû dormir des masses la nuit dernière. ■ À l’entendre se plaindre sans arrêt [= si/quand on l’entend se plaindre], on se demande vraiment pourquoi il a choisi ce métier. ■ À les écouter bavarder [= si/quand on les écoute bavarder], on perd vite patience.
Le gérondif ou le participe peuvent avoir une valeur de proposition adverbiale exprimant la condition :
En cherchant (= si tu cherches) sur Internet, tu trouveras des milliers d’exemples. ■ Pris à temps (= si on le prend à temps), ce médicament est efficace contre la grippe.
Située aux confins de la concession et de l’hypothèse, il existe une construction qui a le même sens que même si, mais dans laquelle on n’utilise pas de conjonction concessive : l’idée d’opposition est exprimée par la juxtaposition (rinnakkain asettaminen) de deux propositions indépendantes avec un verbe au conditionnel. Cette construction est très fréquente à l’oral, où l’opposition (la concession) est marquée par une intonation montante suspensive et une reprise sur un ton plus bas :
Il recommencerait sa thèse à zéro, il resterait trop d’incohérences pour qu’elle soit acceptable. ■ Avec tous ces embouteillages, on serait partis plus tôt, on serait arrivés aussi tard.
Il existe une variante dans laquelle les deux propositions sont reliées par que :
Il recommencerait sa thèse à zéro qu’il resterait trop d’incohérences pour qu’elle soit acceptable. ■ On serait partis plus tôt qu’on serait arrivés aussi tard.
Dans cet emploi, que fonctionne réellement comme une sorte de conjonction de coordination ou d’adverbe. Attention à bien l’interpréter ! À la place de que, on trouve d’ailleurs dans le français parlé eh bien, couramment réduit à ben dans la langue courante :
On serait pas partis, eh bien on serait pas partis. ■ Tu l’aurais pas trouvé, ben tu l’aurais pas trouvé !
Le français parlé pratique parfois ici une sorte d’ironie grammaticale en répétant les deux propositions mot pour mot, avec une intonation suspensive et une pause nette après la première (la deuxième proposition est prononcée sur un ton plus bas) :
Tu l’aurais pas trouvé, tu l’aurais pas trouvé !
Dans le code écrit, on trouve également des propositions juxtaposées avec le conditionnel passé 2e forme. Dans ce cas, le sujet du verbe de la première proposition est inversé. Assez souvent, la proposition exprimant la conséquence de l’hypothèse envisagée est introduite par que ou contient un adverbe adversatif, et elle peut être au conditionnel passé 2e forme :
Eussent-ils été plus prévoyants, ils n’eussent point réussi à éviter la bataille. ■ L’eussions-nous su plus tôt que nous n’aurions pas pu intervenir. ■ L’eût-il voulu, il n’eût pas pu faire autrement. Hän ei olisi voinut tehdä eri tavoin, vaikka olisi halunnut. ■ Eussent-ils bénéficié de 500 000 hommes supplémentaires et d’armements modernes, les « Rouges » n’en auraient pas moins perdu la révolution espagnole.
Dans la langue courante, on dirait plutôt :
Même s’ils avaient été plus prévoyants, ils n’auraient pas réussi à éviter la bataille. ■ Même si nous l’avions su plus tôt, nous n’aurions pas pu intervenir. ■ Même s’il l’avait voulu, il n’aurait pas pu faire autrement. ■ Même s’ils avaient bénéficié de 500 000 hommes supplémentaires et d’armements modernes, les « Rouges » n’en auraient pas moins perdu la révolution espagnole.
La tradition grammaticale distingue trois modes de représentation de l’hypothèse, l’éventuel, le potentiel, et l’irréel (lui-même divisé en irréel du présent et irréel du passé). Ces distinctions sémantiques sont héritées de la tradition des langues classiques et n’ont pas une très grande importance en elles-mêmes pour l’apprentissage du FLE, car ces nuances se retrouvent en finnois (bien qu’on n’emploie pas cette terminologie). Cependant, l’utilisation de ces termes permet d’expliquer certaines règles de façon plus simple (notamment en ce qui concerne les temps verbaux).
Dans l’éventuel, le contenu de la principale devient vrai quand la condition se remplit :
Si tu viens en été en Finlande, tu pourras voir le soleil de minuit. ■ Si le bébé a encore de la fièvre ce soir, il faudra appeler un médecin. ■ Si tu ne termines pas ton mémoire, tu auras travaillé un an pour rien ! ■ Si vous allez à Strasbourg en juin, vous pourrez profiter du très beau festival de musique.
Dans les propositions principales exprimant l’éventuel, le verbe est le plus souvent au futur (simple ou antérieur). Dans la conditionnelle, le futur *Si tu feras est interdit, comme en anglais, suédois, allemand etc. (le futur est cependant possible après si dans une interrogative indirecte). L’idée de futur peut cependant aussi être contenue dans un impératif ou une construction de même valeur :
Si tu en as envie, reste quelques jours chez nous. ■ Si Jean-Jacques téléphone, dis-lui que je passerai ce soir. ■ Si tu vas à Paris, il faut absolument que tu ailles au Louvre. ■ Si le livre n’est pas disponible, vous n’avez qu’à le commander.
Parfois, l’éventuel peut être exprimé par le présent. Le présent exprime l’immédiateté de l’effet, tandis qu’avec un futur ce serait une menace vague et éventuelle :
Si tu lui racontes ça, je te quitte !
On retrouve les mêmes procédés en finnois. Cet emploi du présent est devenu pratiquement lexicalisé et concerne des verbes signifiant une menace grave, mais souvent purement rhétorique et qui a simple valeur de mise en garde (le locuteur n’envisage pas forcément que la condition se réalise) ; la condition peut être exprimée de diverses manières, souvent d’une façon assez concise :
Un pas de plus et vous êtes mort ! ■ Tais-toi ou je t’assomme ! ■ Une seconde d’inattention, et c’est la catastrophe.
Dans le potentiel, la condition peut ou peut ne pas se réaliser (d’où le terme de potentiel, à ne pas confondre avec le mode potentiaali en finnois, qui exprime une probabilité). Le verbe de la conditionnelle est à l’imparfait, celui de la principale en général au conditionnel présent :
Si je gagnais au loto, j’arrêterais de travailler. [c’est possible, mais pas certain] ■ Si vous aviez une tondeuse électrique, ça ferait moins de bruit. ■ Si tu prenais plus de vacances, tu serais moins stressé.
Dans l’irréel du présent, l’évènement ne peut pas se réaliser, la condition est une simple hypothèse. Comme dans le cas du potentiel, le verbe de la conditionnelle est à l’imparfait, celui de la principale en général au conditionnel présent :
Si j’étais riche, j’achèterais un hélicoptère. [mais je ne suis pas riche] ■ Si l’eau n’était pas aussi froide, nous pourrions nous baigner. [mais l’eau est trop froide]
Dans l’irréel du passé, l’évènement n’a pas pu se produire, car la condition ne s’est pas réalisée dans le passé ; le verbe de la conditionnelle est au plus-que-parfait, celui de la principale en général au conditionnel passé :
Si tu m’avais téléphoné plus tôt, je ne serais pas parti pour rien. [mais tu ne m’as pas téléphoné]
ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 63. Adverbiales conditionnelles. Dernière mise à jour : 31.7.2021
Mises à jour après le 15.8.2022