Guide de grammai­re française
pour étudiants finnophones

  Index alphabétique

Subordonnées
adverbiales
conditionnelles

 Le temps du verbe dans la subordonnée conditionnelle

Conjonctions conditionnelles demandant l’indicatif

Conjonctions conditionnelles demandant le subjonctif

Coordination des propositions introduites par si

Que + subjonctif

Conjonctions conditionnelles typiques du français parlé

Le conditionnel dans la subordonnée introduite par si

Propositions conditionnelles indépendantes juxtaposées

Autres constructions exprimant la condition

Adverbiales conditionnelles juxtaposées à valeur concessive

Les modes de l’hypothèse

 Le temps du ver­be dans la sub­or­don­née con­di­tion­nelle

Les pro­po­si­tions ad­ver­bia­les con­di­tion­nelles fonctionnent dans les grandes lignes de la mê­me ma­niè­re en fin­nois et en fran­çais et ne posent pas beau­coup de dif­fi­cul­tés aux ap­pre­nants fin­no­pho­nes. La prin­ci­pa­le dif­fé­ren­ce est qu’en fran­çais on n’u­ti­li­se pas le conditionnel dans la subordonnée introduite par si.

Imparfait ou plus-que-parfait de l’in­di­ca­tif

En fin­nois, le ver­be de la pro­po­si­tion con­di­tion­nelle est au con­di­tion­nel (ce qui est très logique). En fran­çais, ce n’est nor­ma­le­ment pas le cas : le ver­be de la pro­po­si­tion con­di­tion­nelle peut être au présent, à l’im­par­fait ou au plus-que-parfait. Dans le code écrit, le con­di­tion­nel (et le futur) ne sont pas admis dans la pro­po­si­tion con­di­tion­nel­le :

Si vous avez le temps, vous pouvez faire un détour pour visiter le parc, qui est très beau. S’il faisait [im­par­fait] beau ce weekend, nous pour­rions [con­di­tion­nel pré­sent] faire une promenade à vélo. Jos viikonloppuna olisi kaunis ilma, voisimme lähteä pitkälle pyöräretkelle. Si tu étais resté [plus-que-parfait] plus long­temps, nous aurions pu [con­di­tion­nel passé] faire une excursion en montagne. Jos olisit viipynyt kauemmin meillä, olisimme voineet lähteä retkelle vuoristoon.

L’uti­li­sa­tion fautive du con­di­tion­nel dans la sub­or­don­née con­di­tion­nel­le fait l’objet de nom­breuses in­ter­dic­tions et de mises en garde dans les gram­mai­res scolaires fran­çaises et les gram­mai­res de FLE, et pour­tant elle est fré­quen­te en fran­çais. On trouve aus­si des cas où si à sens concessif est suivi du con­di­tion­nel.

À noter  : dans l’in­ter­ro­ga­tion in­di­recte, on peut employer le con­di­tion­nel après si, car si n’a pas une valeur con­di­tion­nel­le  :

Je me demande si ce ne serait pas plus prudent d’annuler ce voyage. Elle ne sa­vait pas si elle aurait dû poser la question à son médecin.

Le temps de la pro­po­si­tion prin­ci­pa­le et celui de la pro­po­si­tion subordonnée peu­vent varier grandement selon les cas et en fonc­tion de l’idée exprimée :

Si tu n’as rien d’au­tre à faire, tu pourrais tondre le gazon. Si tu arrêtais tes étu­des maintenant, tu aurais travaillé pour rien. Si c’était moi qui décidais, on l’au­rait mis à la porte depuis longtemps. Si la Finlande n’était pas entrée dans l’Union européenne, com­ment se porterait son éco­no­mie ? Si tu étais un peu plus soi­gneux, tu n’aurais pas eu besoin de démonter tout ce bins pour le re­mon­ter en­sui­te.

Le con­di­tion­nel passé 2e for­me

Le con­di­tion­nel passé 2e for­me est un emploi par­ti­cu­lier du plus-que-parfait du sub­jonc­tif. Il s’uti­li­se dans une narra­tion au passé simple. Voir le con­di­tion­nel.

Conjonctions con­di­tion­nelles avec in­di­ca­tif

Si, excepté si, sauf si

La con­jonc­tion si est la con­jonc­tion con­di­tion­nelle la plus fré­quen­te (en fin­nois jos). Les con­jonc­tions excepté si et sauf si s’em­ploient com­me les phra­ses avec si, en ajou­tant l’idée que la condi­tion est exclue, et cor­res­pondent au fin­nois ellei, paitsi jos :

Si tu viens en été en Finlande, tu pourras voir le soleil de minuit. Si l’eau n’était pas aus­si froide, nous pourrions nous baigner. Si tu avais réservé un jour plus tôt, tu aurais payé moitié prix. Si vous aviez une tondeuse électrique, ça ferait moins de bruit. La bourse du 2nd degré n’est pas accordée aux redoublants, sauf s’ils n’étaient pas bour­siers l’an passé. Toute annula­tion dans les 24 heures après réserva­tion est gra­tui­te (excepté si l’arrivée a lieu dans un délai de 72 heures).

Autres con­jonc­tions for­mées avec si : com­me si in­tro­duit une idée de com­pa­rai­son et cor­res­pond au fin­nois ikään kuin ou kuin + con­di­tion­nel. La con­jonc­tion con­di­tion­nelle mê­me si a une valeur net­te­ment con­ces­sive.

Remar­que : la con­jonc­tion si utilisée seule peut aus­si avoir une valeur concessive ou tem­po­rel­le.

Valeur optative

On uti­li­se fré­quem­ment en fran­çais des pro­po­si­tions exclamatives avec si (la pro­po­si­tion prin­ci­pale est alors en quel­que sorte sous-entendue). Elles ont une valeur op­ta­ti­ve (sou­hait futur ou non réa­li­sé), qu’on rend en fin­nois par kunpa :

Si j’avais un peu plus de temps ! Kunpa minulla olisi enemmän aikaa! Si seu­le­ment tu n’étais pas tou­jours si pressé ! Kunpa et olisi aina niin kiireinen! S’il avait su ! Kunpa hän olisi tiennyt! Si j’étais plus jeune ! Kunpa olisin nuorempi!

Si jamais

La con­jonc­tion si jamais présente une éventualité con­si­dé­rée com­me pos­si­ble mais peu probable. En fin­nois, elle cor­res­pond par ex­em­ple à jos sattumoisin, jos käy niin että :

Si jamais tu cherches la série 3, elle est en vente sur le mê­me site, sur cette page. Si jamais on avait un trou de mémoire, la pub se chargerait de nous rafraichir la mémoire ! Et si jamais il avait dû avoir un choix entre sa santé spirituelle et sa santé physique, je sais laquelle elle aurait choisie.

Com­me au cas où, la con­jonc­tion si jamais est fré­quem­ment uti­li­sée dans le fran­çais parlé com­me un ad­ver­be « de supposition » (il in­tro­duit une phra­se ina­che­vée dont on ne précise pas le ver­be), qui cor­res­pond plus ou moins au fin­nois varmuuden vuoksi ou kaiken varalta :

Je te donne mon deuxième numéro de portable, si jamais… Il faudrait peut-être qu’on rentre déjà dimanche, si jamais… Ils avaient acheté une bouteille de plus, si jamais…

Si jamais peut éga­le­ment in­tro­duire une supposition qu’on met en doute et a un sens très proche de à supposer que ou si tant est que, en fin­nois jos edes… :

En tout cas la convic­tion du roi était bien établie, et la mort du duc d’Orléans vint en­co­re reculer (si jamais elles avaient existé) les chances de Victor Hugo.  Cette mutinerie avait consumé le dernier lien qui existait entre elles (si jamais il y en avait eu un).

Remar­que : ne pas confondre l’em­ploi con­jonc­tionnel de si jamais avec les cas où si et jamais ont chacun leur valeur propre (jos + koskaan) :

Com­me si jamais il avait réfléchi / com­me s’il avait jamais réfléchi aux choses tran­quil­le­ment et calme­ment. Ikään kuin hän olisi koskaan miettinyt asioita rau­hal­li­ses­ti.

La con­jonc­tion et si jamais in­tro­duit une supposi­tion théorique, qui cor­res­pond au fin­nois entä mitä jos :

Et si jamais on ne le retrouvait pas ? Et si jamais il avait été à deux doigts de dis­pa­rai­tre ? Et si jamais il fallait revenir à pied ? Et si jamais il pleuvait ? Et si jamais c’est lui qui avait tort ?

Dès lors que, du moment que, tant que, aus­si longtemps que

Ces con­jonc­tions peuvent se rendre en fin­nois par kunhan (vaan). Leur sens est assez proche de à condi­tion que. Dès lors que avait au­trefois un sens tem­po­rel, mais dans l’u­sa­ge mo­der­ne, le sens a glissé vers l’ex­pres­sion de la condition ; du moment que peut aus­si avoir une valeur cau­sale :

Dès lors que c’est en quan­ti­té raisonnable, on peut le lui ac­cor­der quo­ti­dien­ne­ment. Tu peux disposer de la voiture, du moment que tu me la rends dès que j’en ai besoin. L’éduca­tion devient tout au­tre dès lors qu’il n’y a plus de réel exis­tant indépendamment de nos représentations. Le Shiatsu s’a­dres­se aux adultes, mais aus­si aux enfants dès lors qu’ils peuvent rester allongés au-delà de 30 mi­nu­tes.

Dès lors que est sou­vent uti­li­sé de façon erronée à la place de la con­jonc­tion dès que (les uti­li­sa­teurs inter­prè­tent probablement dès lors que com­me une for­me plus élégante ou plus re­cher­chée de dès que) :

En effet, les trottoirs deviennent un danger mortel dès lors qu’ils sont un peu hu­mi­des. [On attendrait dès que.]

Remar­que : bien qu’elle ressemble à la con­jonc­tion dès lors que, la con­jonc­tion adverbiale dès lors n’ex­pri­me pas la condition, com­me on pourrait s’y attendre, mais la con­sé­quen­ce (que la con­jonc­tion dès lors que n’ex­pri­me jamais). Elle a le sens de « par conséquent », siten, sen johdosta. On peut dire qu’on l’uti­li­se sou­vent com­me une va­rian­te ou une for­me plus recherchée de donc.

Les con­jonc­tions tant que et aus­si longtemps que s’uti­li­sent gé­né­ra­le­ment avec une valeur tem­po­rel­le, mais elles peuvent avoir une nuance con­di­tion­nelle et sont alors sy­no­ny­mes de à condi­tion que ; à la dif­fé­ren­ce de ce dernier, elles demandent l’in­di­ca­tif :

Tu peux disposer de la voiture, aus­si longtemps que tu me la rends dès que j’en ai besoin. Tant que cela n’oc­ca­sion­ne pas de complications in­uti­les, vous pouvez choisir vos horaires librement.

La con­jonc­tion redondante à sens tem­po­rel tant et aus­si longtemps que combine les deux con­jonc­tions tant que et aus­si longtemps que et peut aus­si s’uti­li­ser avec un sens con­di­tion­nel :

Vivre à la maison en sécurité et aus­si longtemps que pos­si­ble, voilà un projet réa­li­sa­ble tant et aus­si longtemps que tout est vérifié, modifié et organisé pour une sécurité maximale. Il sera permis de réparer un véhicule endommagé tant et aus­si longtemps que ça ne retarde pas la course indument.

Conjonctions con­di­tion­nelles demandant le sub­jonc­tif

À condi­tion que

À condi­tion que cor­res­pond au fin­nois sillä ehdolla, että, sillä edellytyksellä että, edellyttäen että :

On peut vous emmener demain matin à condi­tion que pour une fois vous soyez à l’heu­re ! Les demandes en retard sont recevables à condi­tion qu’elles soient ac­com­pa­gnées d’un certificat médical. Vous pouvez installer le logiciel et valider votre licence sur une au­tre machine à condi­tion que vous désinstalliez com­plè­te­ment le logiciel de la ma­chi­ne. Les jeunes de moins de 20 ans peuvent bénéficier de ce service à condi­tion qu’ils n’aient jamais perçu d’allocations chômage.

Si le su­jet de la sub­or­don­née est le mê­me que celui de la prin­ci­pa­le (co­ré­fé­ren­ce du su­jet), on peut uti­li­ser une cons­truc­­tion in­fi­ni­tive, mais elle n’est pas obli­ga­toi­re :

Les professeurs au­xi­liai­res peuvent être les professeurs responsables de stages à condi­tion de superviser les étudiants concernés à l’université. Les jeunes de moins de 20 ans peuvent bénéficier de ce service à condition de n’avoir jamais per­çu d’allocations chômage. Vous pouvez installer le logiciel et valider votre li­cence sur une au­tre machine à condi­tion de désinstaller complètement le lo­gi­ciel de la machine.

À moins que, à moins de

La con­jonc­tion à moins que est en quel­que sorte la for­me né­ga­ti­ve de si, et équivaut à « excepté si », « sauf si ». Elle peut se traduire en fin­nois par ellei/jollei ou paitsi jos. Elle est suivie du sub­jonc­tif. Dans le code écrit, à la for­me affirmative, le ver­be peut être pré­cé­dé d’un ne explétif, qui est rarement utilisé dans le fran­çais parlé (à la for­me né­ga­ti­ve, il n’est évi­dem­ment pas utilisé) :

À moins que vous n’ayez de nouvelles objections, nous allons donc poursuivre la mise en œuvre de notre pro­gram­me. À moins que tu ne te débrouilles vraiment n’importe com­ment, tu devrais réussir l’examen de conduite sans pro­blè­mes. Tous les produits im­por­tés d’un pays tiers seront soumis à cette taxe spéciale à moins qu’ils n’aient été agréés par la Commission. À moins que ce ne soit pas pos­si­ble, continuez à manger des aliments naturels. Cette ville est l’une de celles que vous devriez probablement éviter de visiter à moins que vous n’ayez pas d’au­tre choix. Vous devez envoyer votre mémoire par voie électronique, à moins que vous n’ayez pas accès à un ordinateur.

Si le su­jet de la sub­or­don­née est le mê­me que celui de la prin­ci­pa­le (co­ré­fé­ren­ce du su­jet), on peut uti­li­ser une cons­truc­­tion in­fi­ni­tive avec la con­jonc­tion à moins de. Cette trans­for­ma­tion in­fi­ni­ti­ve n’est pas obli­ga­toi­re, mais elle est néanmoins fré­quen­te, mê­me dans le fran­çais parlé :

À moins de te débrouiller vraiment n’importe com­ment, tu devrais réussir l’exa­men de conduite sans pro­blè­mes. Tous les produits importés d’un pays tiers se­ront soumis à cette taxe spéciale à moins d’avoir été agréés par la Commission. L’employeur ne peut pas refuser ce congé (à moins de ne pas avoir été averti dans le délai légal).

On uti­li­se sou­vent à moins que en tête de phra­se pour nuancer une idée énon­cée pré­cé­dem­ment, comme un équivalent de « ou peut-être que, sauf au cas où » :

Les autorités prévoient de rouvrir la route à la circulation dès demain. À moins que le temps se dégrade de nouveau… Tu peux me ramener ce soir ? À moins que tu ne sois pas venu en voiture, bien sûr.

À supposer que, en supposant que, en admettant que

Ces trois con­jonc­tions in­tro­duisent une hypothèse « gratuite », une sup­po­si­tion. Elles sont équi­va­lentes au fin­nois olettaen että suivi du kon­di­tio­naa­li :

À supposer que/ En supposant que/ En admettant que vous ayez eu un mois de plus pour terminer cette thèse, est-ce que vous pensez réellement que vous l’au­riez remise avant la date limite ? À supposer que/ En supposant que/ En admettant que tous puis­sent obtenir, par exem­ple, un diplôme supérieur, le sys­tè­me mé­ri­to­cra­ti­que fait pourtant des perdants, ceux qui auront le diplôme un peu moins coté.

En admettant que peut aus­si être un simple gérondif d’admet­tre dans le sens de « re­con­nai­tre ». Il est alors sui­vi d’un in­di­ca­tif :

On n’étonnera personne en admettant que Grignan est un village de caractère. En admettant que le mouvement de la Terre autour du Soleil est circulaire unifor­me, évaluer la période de rota­tion T de la Terre autour de l’axe des pôles par rapport au ré­fé­rentiel de Kepler [usage fré­quen­t d’admet­tre dans les pro­blè­mes ma­thé­ma­ti­ques].

Si tant est que

La con­jonc­tion si tant est que est parfois pré­sen­tée par les gram­mai­res com­me étant du style soutenu, pourtant elle s’em­ploie assez fré­quem­ment dans la langue cou­rante. Elle a le mê­me sens que à supposer que (voir aus­si si jamais ci-dessus). En fin­nois, elle cor­res­pond à jos yleensä, jos ylipäänsä :

Elle avait quel­que chose d’innocent en elle, une sorte de pureté d’enfance, si tant est que l’enfan­ce soit innocente. Que puis-je faire dans ce cas-là, si tant est que vous puissiez me conseiller ? Il était impos­si­ble de dire qui était le vrai Pessoa, si tant est qu’il fût né­ces­sai­re qu’il y en eût un.

On trouve parfois des cas avec l’in­di­ca­tif :

L’échec de la stratégie européenne pour l’em­ploi est patent, si tant est que son objectif était bien l’em­ploi et non la flexibilité.

La for­me attendue serait si tant est que son ob­jec­tif ait bien été l’em­ploi et non la fle­xi­bi­li­té; l’in­di­ca­tif s’explique probablement par le fait qu’on a voulu éviter l’im­par­fait du sub­jonc­tif ou par attrac­tion avec l’idée de « si on peut dire que ».

Selon que

Cette con­jonc­tion équivaut en fin­nois à riippuen siitä… tai. On uti­li­se nor­ma­le­ment l’in­di­ca­tif (bien qu’on rencontre aus­si des exem­ples de sub­jonc­tif) :

Selon que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous ren­ dront blanc ou noir. [La Fontaine] La mar­que du pluriel n’étant pas la mê­me selon que l’on uti­li­se telle ou telle langue de l’Union européenne, c’est la for­me euro qui figure sur les billets. Selon que l’on nait dans un taudis ou dans un appartement de 120 m2, on n’est pas à égalité face à la culture.

Pour peu que

Le sens de la con­jonc­tion pour peu que est assez proche de la con­jonc­tion tem­po­rel­le dès que, mais il s’y ajou­te une nuance de condition. Elle signifie en substance « il suffit que… pour que » et équivaut au fin­nois jos vain ou kunhan vain. Elle est suivie du sub­jonc­tif et est d’usage cou­rant dans le code écrit et dans le fran­çais parlé :

Pour peu que vous attendiez en­co­re une semaine, vous pourrez commander le mo­dè­le 2022. Le moteur de recherche répertorie tous les blogs, pour peu qu’ils aient un con­tenu suffisant et qu’ils soient tou­jours actifs. Les médicaments li­qui­des sont autorisés pour peu qu’ils soient indispensables et que leur quan­ti­té soit en adéqua­tion avec la durée du vol.

Pour autant que, autant que

Ces deux con­jonc­tions (la va­rian­te plus courte autant que est moins fré­quen­te) ont une valeur con­di­tion­nelle in­tro­dui­sant une restric­tion et peuvent se paraphraser par « si du moins ». Elles ressemblent pour le sens à dans la mesure où, en fin­nois ainakin siinä määrin kuin, ainakin sen perusteella mitä. Elles sont gé­né­ra­le­ment suivies du sub­jonc­tif, mais on trouve parfois aus­si l’in­di­ca­tif (l’in­di­ca­tif indique que la con­jonc­tion a sim­ple­ment le sens de « si », « aus­si long­temps que », en fin­nois kunhan vain) :

Mon but est de vous indiquer, pour autant que le court laps de temps me le per­met­te, la significa­tion des prin­ci­pa­les périodes de l’évolu­tion de l’art. Nos dif­fé­ren­ces culturelles sont une grande richesse pour autant que nous acceptons de vivre ensemble dans le respect et l’amour du prochain. La mortalité dans cet échan­til­lon de popula­tion est associée au tabagisme et, autant qu’on puisse en ju­ger, à la pollution. La version d’ana­lyse régularisée que nous uti­li­sons est nou­vel­le, pour autant que nous sachions.

Les constructions (pour) au­tant que je sache et (pour) autant que je m’en souvienne (et le pluriel avec su­jet nous) peuvent se traduire en fin­nois par l’infinitif au translatiivi, tietääkseni (‑ksemme) et muis­taak­se­ni (‑ksemme), mais ymmärtääkseni se traduit si j’ai bien compris (et non par pour autant que je comprenne).

Coordina­tion des pro­po­si­tions in­tro­duites par si

Nor­ma­lement, on coordonne (on relie) tou­tes les pro­po­si­tions sub­or­don­nées en uti­li­sant et que, alors qu’en fin­nois on uti­li­se simplement ja. Dans le cas des pro­po­si­tions con­di­tion­nel­les in­tro­duites par si, dans la langue cou­rante, on préfère ce­pen­dant uti­li­ser et si (au lieu de et que) :

Si j’avais plus de temps et si ce n’était pas aus­si cher, je consacrerais tous mes loi­sirs à faire du para­chu­tis­me. S’il avait assisté à tous les cours et s’il avait mieux révisé, il n’aurait pas échoué à son examen.

On peut ce­pen­dant aus­si reprendre la con­jonc­tion si par que com­me c’est le cas avec d’au­tres con­jonc­tions :

  1. 1) et que s’uti­li­se dans ce cas es­sen­tiel­le­ment dans le code écrit, dans un style plu­tôt soutenu ;
  2. 2) dans les con­di­tion­nelles ex­pri­mant le potentiel ou l’irréel (voir ci-dessous), le ver­be de la pro­po­si­tion in­tro­duite par que est alors sub­jonc­tif ;
  3. 3) si le ver­be ex­pri­me un éven­tu­el, on uti­li­se l’in­di­ca­tif.

Si les conditions météorologiques l’avaient permis et que l’équipe ait été au com­plet, ils auraient pu tenter l’escalade de la face nord. S’il venait à changer d’avis et qu’il s’en tienne à sa décision antérieure, ce serait la ca­tas­trophe pour nous. S’il venait demain et que je sois absent, veuillez lui faire savoir que je le recevrai mardi.

Si le ver­be de la subordonnée ex­pri­me l’éven­tu­el, l’utilisa­tion de et que suivi de l’in­di­ca­tif pour coordonner des pro­po­si­tions con­di­tion­nelles est fré­quen­te dans la lan­gue cou­rante éga­le­ment :

Si vous vivez dans une province du Canada au­tre que le Québec, et que vous sou­hai­tez parrainer un pa­rent ou un membre de votre famille, vous devez signer une entente avec le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration. Toutefois, si je m’assieds 5 minutes et que je prends le temps de réfléchir aux 10 jours que j’ai passé sans tabac, je me rends compte que la maison est pleine de chewing-gums en tout gen­re.

Rem. On trouve dans cer­tai­nes gram­mai­res des exem­ples de sub­jonc­tif avec l’éven­tu­el, mais ils sem­blent à la limite de la gram­ma­ti­calité (? Si tu vas à Paris et que tu aies un peu de temps, passe voir mon amie Claire, dans Grammaire expliquée du fran­çais, p. 321).

Que + sub­jonc­tif

Cette cons­truc­­tion s’uti­li­se majoritairement dans le code écrit. Elle ex­pri­me une condi­tion qui en­trai­ne une conséquence ex­pri­mée par la prin­ci­pa­le. Elle contient l’idée « dès que/chaque fois que » ou « il suffit que ». On peut con­si­dé­rer que c’est une va­rian­te à nuance con­di­tion­nelle (une sorte d’éven­tu­el) de dès que, et en fin­nois l’équi­va­lent le plus proche est heti kun. Dans le style cou­rant, le rapport consécutif entre la sub­or­don­née et la prin­ci­pa­le est ha­bi­tu­el­le­ment renforcé par et, mais dans le code écrit strict (de style littéraire), on n’uti­li­se pas tou­jours et (no­tam­ment quand le ver­be est à l’im­par­fait du sub­jonc­tif) :

Que l’un de ces ad­ver­bes disparaisse, et la phra­se n’a plus de sens. Que cette petite centrale secondaire tombe en panne, et ce serait tout le pays qui serait privé d’électricité. Que l’un des amis bavardât trop longtemps, et c’é­tait la ca­tas­tro­phe. Mais que l’empereur quittât son rôle, apparaissait le Napoléon co­lé­reux ou comédien. Que quel­qu’un prononçât à voix haute le nom du capitaine, un souf­fle de confiance venait balayer craintes et inquiétudes.

Cette cons­truc­­tion ne doit pas être confondue avec un sub­jonc­tif servant d’im­pé­ra­tif de per­son­ne 3/6 (Qu’il disparaisse !) ni les cons­truc­tions concessives que… ou… :

Que… ou…

Cette cons­truc­­tion (qu’il soit content ou non / qu’elles soient satisfaites ou qu’elles trouvent la pro­po­si­tion trop chère etc.) a à la fois une nuance con­di­tion­nelle et concessive. Elle est en quel­que sorte la for­me ré­pé­tée de la cons­truc­­tion que + sub­jonc­tif exa­mi­née ci-dessus, et dont le sens a glissé de la condi­tion à la con­ces­sion : que = « (mê­me) si… ou (mê­me) si ». Mais elle est aujourd’hui in­ter­pré­tée uni­que­ment avec un sens con­ces­sif.

Conjonctions con­di­tion­nel­les typiques du fran­çais parlé

D’ici que

Dans le fran­çais parlé, la con­jonc­tion d’ici que est sou­vent uti­li­sée pour présenter une hypothèse qu’on peut redouter, dans le sens « tu imagines si… » ou « (et) si jamais… ». Elle peut être com­plé­tée par une ex­pres­sion telle que il n’y a qu’un pas ou il ne manquerait plus que ça, mais sou­vent la phra­se in­tro­duite par d’ici que est un com­mentaire en suspens, qu’on ne complète pas, qui cor­res­pond par exem­ple au fin­nois tiedä vaik­ka… :

C’est bientôt ton anniv’ et d’ici que tu te retrouves avec une enveloppe contenant deux places (une pour toi, une pour ta meilleure amie) pour le prochain show de M.P., y a pas des kilomètres ! Oh la la ! d’ici qu’ils aient fait ça sur les émissions pré­cé­den­tes… …D’ici qu’ils aient l’idée de venir se balader dans le coin… Alors bon séjour à ta fille, m’étonnerait beau­coup qu’elle ne s’y plaise pas, d’ici qu’elle veuille rester avec son frère ! Essaye de ne pas le vexer. D’ici qu’il change d’avis au dernier moment…

Au cas où, pour le cas où

La con­jonc­tion au cas où est à proprement parler une construc­tion re­la­ti­ve, mais elle s’est assez net­te­ment figée en con­jonc­tion à sens con­di­tion­nel (cette valeur est éga­le­ment présente, bien que moins net­te­ment, dans les va­rian­tes moins fré­quen­tes pour le cas où et dans le cas où). Elle ex­pri­me une éventualité, et le ver­be de la pro­po­si­tion in­tro­duite par au cas où est en gé­né­ral un con­di­tion­nel (mar­quant le potentiel) :

Le défibrillateur prêt à l’em­ploi contient une batterie déjà en place, mais les services de secours en ont en réserve pour le cas où ils devraient enchainer plu­sieurs interventions. Nous déclinons tou­te responsabilité dans le cas où ces fournitures feraient l’objet d’un usage impropre à leur des­ti­na­tion originale. Au cas où vous auriez besoin de renseignements, n’hésitez pas à téléphoner. Au cas où tu en douterais en­co­re, voici une photo qui montre qu’il a triché. Nos médiateurs et nos conciliateurs étaient prêts à intervenir, au cas où ils auraient eu besoin d’aide.

On trouve aus­si des cas avec un temps au­tre que le con­di­tion­nel. Dans ce cas, la con­jonc­tion au cas où a une valeur à la fois tem­po­rel­le et con­di­tion­nelle et est proche de chaque fois que ou si :

Au cas où tu as quel­que chose à me demander n’hésite pas, ok ?  Au cas où il y a une er­reur de notation, on ajoute les points manquants et on rembourse aus­si la somme payée. Notre rôle se limitait seu­le­ment à faire des enquêtes au cas où il y avait des plaintes de la part du public.

On trouve aus­si cette con­jonc­tion avec ellipse du ver­be :

Que faire au cas où ? [titre de rubrique sur un site Internet] Je sais pas s’il exis­te tou­jours, mais au cas où, il y avait un super resto indien sur le Cours de la Libération.

Dans le fran­çais parlé, on uti­li­se au cas où com­me ad­ver­be (il in­tro­duit en quel­que sorte une phra­se inachevée dont on ne précise pas le ver­be), qui cor­res­pond plus ou moins au fin­nois varmuuden vuoksi ou kaiken varalta :

N’oublie pas de prendre la clé, au cas où. Je prends en­co­re une veste de polaire, au cas où. Elle lui avait acheté un portable, au cas où.

Prononcia­tion de au cas où

 Quand cette con­jonc­tion s’uti­li­se com­me con­jonc­tion, la liaison entre cas et est pos­si­ble, mais facultative (et très peu fré­quen­te dans la la langue cou­rante) : Vous nous préviendrez au cas où il y aurait des retards peut être pro­non­cé /okazu/, mais plus fré­quem­ment /okau/. Quand elle est employée com­me locu­tion adverbiale qu’on ajoute en fin de phra­se, on la pro­non­ce assez fré­quem­ment en faisant la liaison : J’ai emporté un parapluie, au cas où… /okazu/, Il faudrait peut-être réserver pour ce soir, au cas où… /okazu/.

Pour si jamais

Dans le fran­çais parlé fa­mi­lier, on rencontre la locu­tion pour si jamais, qui est une va­rian­te de au cas où, pour le cas où (siltä varalta että) ; cette con­jonc­tion peut elle aus­si s’uti­li­ser com­me un ad­ver­be :

Demandez-lui éga­le­ment son mail, pour si jamais pen­dant vos révisions vous bloquez sur quel­que cho­se. Et j’emporte une grande couverture pour si jamais je suis en déplacement ou en ballade et que je dois allaiter pour protéger du regard. Sauf que là, avec seu­le­ment les palmes, mon maillot de bain, deux bouquins, trois culottes, mon paréo et mon pull pour si jamais il fait froid. Va quand mê­me voir un au­tre véto pour si jamais. Mais je garde cette sugges­tion de film dans une par­tie de ma mémoire, pour si jamais.

Le con­di­tion­nel dans la subordonnée in­tro­duite par si

Une règle stricte sou­vent inobservée

L’uti­li­sa­tion du con­di­tion­nel dans la subordonnée con­di­tion­nelle est sou­vent pré­sen­tée com­me « inter­dite » ou « impos­si­ble » dans les gram­maires gé­né­ralistes et de FLE. On en trouve pourtant beau­coup d’exem­ples chez les lo­cu­teurs fran­co­pho­nes. L’uti­li­sa­­tion « erronée » du con­di­tion­nel est un phénomène répandu et attesté dans tout le do­mai­ne fran­co­pho­ne, et déjà très ancienne (ce n’est donc pas une « dé­gra­da­tion » de la langue d’aujourd’hui, com­me l’imaginent les puristes ama­teurs). L’ap­pre­nant de FLE ne doit pas s’é­ton­ner d’en entendre dans la conversa­tion cou­rante ni d’en trouver de très nom­breuses oc­cur­ren­ces par exem­ple sur Internet :

J’ai donc consulté un médecin, je souffre de fibrillations auriculaires. Ce dernier m’a dit que si je serais venu plus tôt ça aurait été plus facile à soigner. On est ensemble depuis 17 mois, on a des points en commun, je pense que s’il aurait pas se [sic] pro­blè­me tout se passerait bien entre nous. S’ils auraient dit de vérifier au plus vite, la majorité des per­son­nes de tou­tes façons l’auraient pas fait. [exem­ples relevés parmi des centaines d’au­tres, dans des forums de discussion, décembre 2020]

Cepen­dant, la norme est d’uti­li­ser dans la subordonnée in­tro­duite par si un im­par­fait (ou plus-que-parfait), quel que soit le niveau de lan­gue. L’ap­prenant FLE ne peut pas se permet­tre d’uti­li­ser un con­di­tion­nel, car il serait senti com­me net­te­ment fau­tif, surtout de la part d’un non fran­co­pho­ne.

Rem. La conjonction comme si est aus­si sou­vent utilisée avec un verbe au con­di­tion­nel, ce qui est en principe contraire à la norme.

Si j’aurais su

L’ex­pres­sion en principe agram­ma­ti­cale si j’aurais su ! (for­me correcte en principe : si j’avais su !) s’uti­li­se fré­quem­ment par ironie ou dérision (on se moque de la règle de gram­mai­re en faisant semblant de ne pas la connaitre) pour ex­pri­mer une dé­cep­tion, une surprise etc. Cette phra­se en suspens s’uti­li­se com­me une sorte de lo­cu­tion exclamative figée plaisante :

Ah ben dis donc, si j’aurais su !… [En fin­nois par exem­ple : No johan nyt!]

Parfois, on ajoute à celle-ci une au­tre for­me fautive, j’aurais pas venu, l’er­reur vo­lon­taire étant ici d’uti­li­ser l’au­xi­liai­re avoir au lieu d’être, la for­me correcte étant je serais pas venu :

Ah ben dis donc, si j’aurais su, j’aurais pas venu.
[On peut paraphraser en fin­nois : No kannatti todella tulla!]

Cette ex­pres­sion a été rendue célèbre par le film La Guerre de boutons (1961). Elle est devenue une sorte de locu­tion signifiant une mise en garde in­di­quant une chose à éviter ou qu’il aurait mieux valu ne pas faire (nom­breuses occurrences sur Internet, no­tam­ment dans des titres de blogs, d’ar­ti­cles politiques etc.), et on rencontre di­verses va­rian­tes si j’avais su / si j’aurais su, je serais pas venu / j’aurais pas venu :

Donnez votre avis : Si j’avais su, j’aurais pas venu ! Généra­tion Parité : Si j’aurais su, j’aurais pas venu. Si j’avais su j’aurais pas venu : Forum au Féminin. Ho Chi Minh City, si j’aurais su j’aurais pas venu [titre d’un ar­ti­cle de blog de voyage]

Propositions con­di­tion­nelles indépen­dantes juxtaposées

Dans le fran­çais parlé, on ex­pri­me sou­vent la condi­tion en juxtaposant deux pro­po­si­tions for­mel­le­ment indépen­dantes, mais fortement liées par le sens. On uti­li­se soit l’im­par­fait, soit le con­di­tion­nel :

J’aurais freiné / je freinais une seconde plus tard, on fonçait dans un arbre.  [= Si j’avais freiné une seconde plus tard, on aurait foncé dans un arbre.] Jos olisin jarruttanut hetkeä myöhemmin, olisimme törmänneet puuhun. On restait une minute de plus / On serait restés une minute de plus, le train serait parti.  [= Si on était restés…] Jos olisimme viipyneet minuutin vielä, juna olisi lähtenyt Tu me l’aurais demandé, j’aurais pu te le dire tout de suite. [= Si tu me l’avais demandé…] Jos olisit kysynyt minulta, olisin voinut sanoa sen heti. T’aurais raté l’examen, (eh bien) t’aurais raté l’exa­men ! [= Si tu avais raté ton examen…] Jos et olisi läpäissyt tenttiä, (sitten) et olisit läpäissyt tenttiä!

Dans la phra­se je freinais une seconde plus tard, on fonçait dans l’arbre, l’im­par­fait renforce l’idée de con­sé­quen­ce im­mé­dia­te. Ces cons­truc­tions sont cou­rantes dans le fran­çais parlé, mais d’un em­ploi dé­licat pour l’ap­pre­nant de fran­çais lan­gue étran­gè­re. On peut tou­jours les remplacer par des con­di­tion­nelles classiques in­tro­duites par la con­jonc­tion si. Remar­quer que dans cer­tains cas, les temps ver­baux sont intervertis par rapport à l’usage nor­mal :

J’aurais freiné [con­di­tion­nel] une seconde plus tard, on fonçait [im­par­fait] dans un arbre.
À com­pa­rer avec la for­me normale :
Si j’avais freiné [plus-que-parfait] une seconde plus tard, on aurait foncé [con­di­tion­nel] dans un arbre.

On trouve un em­ploi similaire dans d’au­tres con­di­tion­nelles juxtaposées, qui ont une valeur net­te­ment con­cessive, d’un sens proche de mê­me si :

Avec tous ces embouteillages, on serait partis plus tôt, on serait arrivés aus­si tard.

Autres constructions ex­pri­mant la condition

Ne serait-ce que, ne fût-ce que, dussè-je

Les con­jonc­tions avec in­ver­sion du su­jet, qui sont pra­ti­que­ment figées : ne serait-ce que (ne fût-ce que dans le récit au passé) dussè-je/dussions-nous ex­pri­ment la condition, mais ont éga­le­ment une valeur con­ces­sive, com­me mê­me si.

Ne serait-ce que/ne fût-ce que est rendu en fin­nois par edes ; la for­me dussè-je peut être traduite par vaikka +con­di­tion­nel. Ces locutions s’uti­li­sent tou­jours en posi­tion post­po­sée et in­tro­duisent une sorte de com­mentaire. La for­me du ver­be est celle de l’im­par­fait du sub­jonc­tif, qui cons­ti­tue une sorte de « con­di­tion­nel présent 2e for­me ».

J’aimerais partir en vacances, ne serait-ce que pour une semaine. Tekisi mieli lähteä lomalle, edes viikoksi/ vaikka vain viikoksi. J’aurais aimé partir en vacances, ne fût-ce que pour une semaine. Olisin mielelläni lähtenyt lomalle, edes viikoksi/vaikka vain viikoksi. Je terminerai ce cours pour demain, dussè-je y passer tou­te la nuit. Kirjoitan tämän luennon valmiiksi huomiseksi, vaikka siihen menisi koko yö.

Le ver­be devoir s’uti­li­se couramment à l’im­par­fait du sub­jonc­tif mê­me en dehors de cette ex­pres­sion figée pour ex­pri­mer la valeur concessive de mê­me si :

Je suis loin de vouloir atténuer les louanges données au premier Consul : ne dus­sions-nous à Bonaparte que le Code civil, son nom mériterait de passer à la pos­té­ri­té. Aujourd’hui, dussions-nous passer pour déplaisants, et nonobstant une réelle volonté de débat public organisé sur l’école, nous sommes contraints de re­le­ver que le paysage pédagogique et scolaire vaudois tend à devenir blafard.

On em­ploie éga­le­ment le con­di­tion­nel passé 2e for­me dans des pro­po­si­tions jux­ta­po­sées à valeur con­ces­si­ve.

N’eût été

La cons­truc­­tion n’eût été (au pluriel n’eussent été) a un sens plus net­te­ment con­di­tion­nel et signifie « s’il n’y avait pas eu » :

N’eussent été ses habits qui masquaient presque entièrement sa physionomie, on aurait pu décrire un visage fier et intelligent, mais compréhensif. N’eût été cet­te angoisse qui me torturait, je me serais amusé de cette histoire. Lorsque l’em­pe­reur Auguste ordonna un recensement gé­né­ral, chacun dut retourner à son lieu d’origine pour y être enregistré : n’eussent été les statisticiens, le Christ serait né dans le modeste confort d’une chaumière à Nazareth au lieu de voir le jour dans une étable à Bethléem.

Voir éga­le­ment les pro­po­si­tions juxtaposées ex­pri­mant la concession ci-dessous.

À + infinitif

La cons­truc­­tion à (en) + infinitif ex­pri­me la condi­tion (avec une nuance causale ou éven­tu­elle). Elle est cou­ram­ment uti­li­sée dans le fran­çais parlé éga­le­ment :

À l’en croire [= si on l’en croit], il est le meilleur joueur de golf de la planète. À res­ter ici dans ce froid, on va attraper la mort ! À en juger par sa mine [= si on en jugeait par sa mine], il avait dû rater son examen. À en croire les spécialistes [= si on croit les spécialistes], la banquise pourrait fondre tous les étés d’ici 2050.

Dans d’au­tres cas, la construc­tion ex­pri­me une simple rela­tion tem­po­rel­le ou cau­sa­le, parfois proche de l’idée ex­pri­mée par à force de :

À te regarder, on voit que t’as pas dû dormir des masses la nuit dernière. À l’en­ten­dre se plaindre sans arrêt [= si/quand on l’entend se plaindre], on se demande vraiment pourquoi il a choisi ce métier. À les écouter bavarder [= si/quand on les écoute bavarder], on perd vite patience.

Gérondif ou par­ti­ci­pe

Le gérondif ou le par­ti­ci­pe peuvent avoir une valeur de pro­po­si­tion ad­ver­bia­le ex­pri­mant la condition :

En cherchant (= si tu cherches) sur Internet, tu trouveras des milliers d’exem­ples. Pris à temps (= si on le prend à temps), ce médicament est efficace contre la grippe.

Con­di­tion­nelles juxtaposées à valeur concessive

Entre concession et hypothèse

Située aux confins de la concession et de l’hypothèse, il exis­te une cons­truc­­tion qui a le mê­me sens que mê­me si, mais dans laquelle on n’uti­li­se pas de con­jonc­tion con­ces­sive : l’idée d’op­po­si­­tion est ex­pri­mée par la juxtaposi­tion (rinnakkain asettaminen) de deux pro­po­si­tions indépen­dantes avec un ver­be au con­di­tionnel. Cette cons­truc­tion est très fré­quen­te à l’oral, où l’opposi­tion (la concession) est mar­quée par une in­to­na­­tion montante sus­pen­si­ve et une reprise sur un ton plus bas :

Il recom­mencerait sa thèse à zéro, il resterait trop d’incohérences pour qu’elle soit acceptable. Avec tous ces embouteillages, on serait partis plus tôt, on serait ar­ri­vés aus­si tard.

Il exis­te une va­rian­te dans laquelle les deux pro­po­si­tions sont reliées par que :

Il recom­mencerait sa thèse à zéro qu’il resterait trop d’incohérences pour qu’elle soit ac­cep­ta­ble. On serait partis plus tôt qu’on serait arrivés aus­si tard.

Dans cet em­ploi, que fonc­tion­ne réellement com­me une sorte de con­jonc­tion de co­or­di­na­tion ou d’ad­ver­be. Atten­tion à bien l’interpréter ! À la place de que, on trou­ve d’ailleurs dans le fran­çais parlé eh bien, couramment réduit à ben dans la lan­gue cou­rante :

On serait pas partis, eh bien on serait pas partis. Tu l’aurais pas trouvé, ben tu l’aurais pas trouvé !

Le fran­çais parlé pra­ti­que parfois ici une sorte d’ironie gram­ma­ti­cale en répétant les deux pro­po­si­tions mot pour mot, avec une intona­tion suspensive et une pause net­te après la première (la deu­xiè­me pro­po­si­tion est pro­non­cée sur un ton plus bas) :

Tu l’aurais pas trouvé, tu l’aurais pas trouvé !

Code écrit

Dans le code écrit, on trouve éga­le­ment des pro­po­si­tions juxtaposées avec le con­di­tion­nel passé 2e for­me. Dans ce cas, le su­jet du ver­be de la première pro­po­si­tion est inversé. Assez sou­vent, la pro­po­si­­tion ex­pri­mant la conséquence de l’hypothèse envisagée est in­tro­duite par que ou contient un ad­ver­be adversatif, et elle peut être au con­di­tion­nel passé 2e for­me :

Eussent-ils été plus prévoyants, ils n’eussent point réussi à éviter la bataille. L’eus­sions-nous su plus tôt que nous n’aurions pas pu intervenir. L’eût-il voulu, il n’eût pas pu faire au­tre­ment. Hän ei olisi voinut tehdä eri tavoin, vaikka olisi halunnut. Eussent-ils bénéficié de 500 000 hommes sup­plé­men­tai­res et d’armements modernes, les « Rouges » n’en auraient pas moins per­du la révolu­tion espagnole.

Dans la langue cou­rante, on dirait plutôt :

Même s’ils avaient été plus prévoyants, ils n’auraient pas réussi à éviter la bataille. Même si nous l’avions su plus tôt, nous n’aurions pas pu intervenir. Même s’il l’avait voulu, il n’aurait pas pu faire au­tre­ment. Même s’ils avaient bénéficié de 500 000 hommes supplémentaires et d’armements modernes, les « Rouges » n’en auraient pas moins perdu la révolu­tion espagnole.

Les modes de l’hypothèse

La tradi­tion gram­ma­ti­cale dis­tin­gue trois modes de représenta­tion de l’hypothèse, l’éven­tu­el, le potentiel, et l’irréel (lui-mê­me divisé en irréel du présent et irréel du passé). Ces distinctions sé­man­ti­ques sont héritées de la tradi­tion des langues classiques et n’ont pas une très grande importance en elles-mê­mes pour l’apprentissage du FLE, car ces nuances se retrou­vent en fin­nois (bien qu’on n’em­ploie pas cette ter­mi­no­lo­gie). Ce­pen­dant, l’utilisa­tion de ces termes per­met d’expliquer cer­tai­nes règles de façon plus sim­ple (no­tam­ment en ce qui con­cer­ne les temps verbaux).

L’éven­tu­el

Dans l’éven­tu­el, le contenu de la prin­ci­pa­le devient vrai quand la condi­tion se remplit :

Si tu viens en été en Finlande, tu pourras voir le soleil de minuit. Si le bébé a en­co­re de la fièvre ce soir, il faudra appeler un médecin. Si tu ne termines pas ton mémoire, tu auras travaillé un an pour rien ! Si vous allez à Strasbourg en juin, vous pourrez pro­fiter du très beau festival de musique.

Dans les pro­po­si­tions prin­ci­pa­les ex­pri­mant l’éven­tu­el, le ver­be est le plus sou­vent au futur (simple ou antérieur). Dans la con­di­tion­nelle, le futur *Si tu feras est interdit, com­me en anglais, suédois, alle­mand etc. (le futur est ce­pen­dant pos­si­ble après si dans une in­ter­ro­ga­tive indi­rec­te). L’idée de futur peut ce­pen­dant aus­si être contenue dans un im­pé­ra­tif ou une cons­truc­­tion de mê­me valeur :

Si tu en as envie, reste quel­ques jours chez nous. Si Jean-Jacques téléphone, dis-lui que je passerai ce soir. Si tu vas à Paris, il faut absolument que tu ailles au Louvre. Si le livre n’est pas disponible, vous n’avez qu’à le commander.

Parfois, l’éven­tu­el peut être ex­pri­mé par le présent. Le présent ex­pri­me l’im­mé­dia­teté de l’effet, tandis qu’avec un futur ce serait une menace vague et éven­tu­elle :

Si tu lui racontes ça, je te quitte !

On retrouve les mê­mes pro­cé­dés en fin­nois. Cet em­ploi du présent est devenu pra­ti­que­ment lexicalisé et concerne des ver­bes signifiant une menace grave, mais sou­vent pu­re­ment rhé­to­ri­que et qui a simple valeur de mise en garde (le lo­cu­teur n’envisage pas forcément que la condi­tion se réa­li­se) ; la condi­tion peut être ex­pri­mée de diverses ma­niè­res, sou­vent d’une façon assez concise :

Un pas de plus et vous êtes mort ! Tais-toi ou je t’assomme ! Une seconde d’in­at­ten­tion, et c’est la catastrophe.

Le potentiel

Dans le potentiel, la condi­tion peut ou peut ne pas se ré­aliser (d’où le terme de potentiel, à ne pas confondre avec le mode potentiaali en fin­nois, qui ex­pri­me une probabilité). Le ver­be de la con­di­tion­nelle est à l’im­par­fait, celui de la prin­ci­pa­le en gé­né­ral au con­ditionnel pré­sent :

Si je gagnais au loto, j’arrêterais de travailler. [c’est pos­si­ble, mais pas cer­tain] Si vous aviez une tondeuse électrique, ça ferait moins de bruit. Si tu prenais plus de vacances, tu serais moins stressé.

L’irréel du présent et du passé

Dans l’irréel du présent, l’évènement ne peut pas se réaliser, la condi­tion est une simple hy­po­thè­se. Com­me dans le cas du potentiel, le ver­be de la con­di­tion­nelle est à l’im­par­fait, celui de la prin­ci­pa­le en gé­né­ral au con­di­tion­nel présent :

Si j’étais riche, j’achèterais un hélicoptère. [mais je ne suis pas riche] Si l’eau n’était pas aus­si froide, nous pourrions nous baigner. [mais l’eau est trop froide]

Dans l’irréel du passé, l’évènement n’a pas pu se produire, car la condi­tion ne s’est pas réa­li­sée dans le pas­sé ; le ver­be de la con­di­tion­nelle est au plus-que-parfait, celui de la prin­ci­pa­le en gé­né­ral au con­di­tion­nel passé :

Si tu m’avais téléphoné plus tôt, je ne serais pas parti pour rien. [mais tu ne m’as pas télé­pho­né]

ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 63. Adverbiales con­di­tion­nelles. Dernière mise à jour : 31.7.2021
Mises à jour après le 15.8.2022