Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones

  Index alphabétique

Ordre des mots
et focalisation

 Ordre des mots et ordre des idées

Ordre des mots syntaxique

L’ordre des mots discursif : thématisation et focalisation

Procédés de focalisation :
odre des mots, intonation,
passif, dislocation

Inversion du sujet facultative

Adverbes entrainant une inversion

Inversion dans les propositions
incises, exclamatives ou adverbiales

La focalisation plate

 Ordre des mots et ordre des idées

L’ordre des mots

Dans le dis­cours gram­ma­ti­cal, la no­tion d’ordre des mots dé­si­gne deux faits de lan­gue dif­fé­rents :

1) l’ordre des mots syntaxique est un élément de la structure de base de la langue : en fran­çais, par ex­em­ple, le su­jet précède nor­ma­le­ment le ver­be et le com­plé­ment du ver­be suit le ver­be (ordre SVC, su­jet-ver­be-com­plé­ment). Dans cer­tains cas, le su­jet peut être inversé, c’est-à-dire placé après la for­me conjuguée du ver­be.

La place respective (kes­ki­näi­nen) des com­plé­ments directs et pré­po­si­tion­nels suit des règles générales assez strictes et la place de cer­tains pro­noms obéit aus­si à des rè­gles plus ou moins « mécaniques » ; cet ordre des mots syntaxique peut poser des pro­blè­mes de compréhension et de produc­tion chez les ap­pre­nants de fran­çais lan­gue étran­gè­re (fin­no­pho­nes ou au­tres).

2) L’ordre des mots qu’on pourrait appeler « discursif » décrit l’ordre dans lequel on présente les idées, les informations dans l’énon­cé, c’est-à-dire ce qu’on dit. D’une façon générale, l’ordre des mots discursif suit les mê­mes principes généraux en fin­nois et en fran­çais.

Similitudes fran­çais-finnois

En finnois, on ex­pri­me le plus sou­vent les relations entre les éléments de la phra­se à l’aide des cas (sijamuodot) de la déclinaison (mais aus­si à l’aide d’adpositions), ce qui permettrait en théorie de placer les éléments de la phra­se librement. C’est pourquoi on entend dire assez sou­vent que l’ordre des mots est libre en finnois. En réalité, l’ordre des mots en finnois suit un schéma de base régulier, su­jet-ver­be-com­plé­ment (voir ci-dessous), exac­te­ment com­me le fran­çais.

Dans les langues du monde on ne place pas les éléments de la phra­se en fonc­tion de l’humeur ou du temps, mais en fonc­tion de ce qu’on veut dire et transmet­tre com­me message. L’ordre des mots obéit à des besoins pragmatiques. En finnois et en fran­çais, on a ten­dan­ce à placer l’informa­tion nouvelle (le propos) à la fin de l’é­non­cé. Il exis­te ainsi la mê­me dif­fé­ren­ce en fran­çais et en finnois entre les deux énon­cés sui­vants :

Demain, je vais chez le coiffeur. Huomenna käyn kampaajalla.[Que fait je demain ?]
Je vais chez le coiffeur demain. Käyn kampaajalla huomenna.[Quand la peronne je va-t-elle chez le coiffeur ?]

À la fin de l’é­non­cé, le con­te­nu du message est « focalisé », au­tre­ment dit il prend une im­por­tan­ce plus grande. En fran­çais et en finnois, il exis­te dif­fé­rents pro­cé­dés de focalisa­tion qui permettent de placer le focus sur d’au­tres éléments de la phra­se que le dernier élément : en fran­çais ce sont par ex­em­ple l’in­ver­sion du su­jet, la place du com­plé­ment de phra­se, l’utilisa­tion du passif, ou la disloca­tion etc. (ci-des­sous).

Ordre des mots syntaxique

Forme canonique SVC

En fran­çais, l’ordre des mots joue un rôle im­por­tant du point de vue de la syntaxe, puis­qu’il indique les fonc­tions gram­maticales des dif­fé­rents éléments de la phra­se. Le groupe nominal (GN) avant le ver­be est en général le su­jet du ver­be, et le GN qui suit le ver­be est nor­ma­le­ment le com­plé­ment du ver­be. On appelle ha­bi­tuel­le­ment cet ordre de base l’ordre SVO (su­jet-ver­be-objet), où le mot objet est le terme qui dé­si­gne le com­plé­ment du ver­be dans la ter­mi­no­lo­gie traditionnelle. Dans ce Guide, on uti­li­se le terme de su­jet-ver­be-com­plé­ment, abrégé SVC.

Quand le ver­be peut recevoir plu­sieurs com­plé­ments, le com­plé­ment direct (CVD) se place en première posi­tion après le ver­be, puis vient le complé­ment de ver­be pré­po­si­tion­nel (CVP) (ex­em­ples a - d) ; cer­tains ver­bes peuvent recevoir deux com­plé­ments pré­po­si­tion­nels, qui suivent alors un ordre précis et sou­vent fixe, dé­fi­ni par le ver­be, et parfois mê­me peut recevoir un troisième com­plé­ment, qui se place alors en troisième posi­tion (ex­em­ple e) :

(a) Les enfants ont acheté des fleurs (CVD) à leur maman (CVP) à l’occasion de la fête des Mères.
(b) Le professeur a posé une ques­tion (CVD) à l’élève (CVP)
(c) J’ai acheté ce livre à mon frère pour mon père.
(d) Elle a parlé de ses projets à ses parents. (e) Cet éditeur a fait traduire le livre (CVD) de l’italien (CVP1) en hon­grois (CVP2).

Mots pouvant se placer entre le su­jet et le ver­be

Entre le su­jet et le ver­be, on ne peut placer qu’un pro­nom faible le, la, les, lui, leur, y, en et/ou l’ad­ver­be né­ga­ti­f ne. La place des pro­noms rien et tout obéit à des règles par­ti­cu­liè­res. Contrairement au finnois et à l’anglais, entre le su­jet et le ver­be, on ne peut pas placer d’au­tre ad­ver­be que l’ad­ver­be né­ga­ti­f ne. Cepen­dant, entre les for­mes pleines du pro­nom IL lui elle eux elles et le ver­be, on peut placer les ad­ver­bes aus­si ou non plus :

Lui aus­si viendra. Eux non plus ne sont pas intéressés.

En finnois, le pro­nom com­plé­ment du ver­be occupe la mê­me posi­tion que le GN com­plé­ment, mais en fran­çais, le pronom faible com­plé­ment se place ha­bi­tu­el­le­ment devant le ver­be, ce qui est source de nom­breu­ses dif­fi­cul­tés pour les ap­pre­nants de fran­çais lan­gue étran­gè­re (voir Les pronoms) :

Lainasin kirjan ystävälleni.J’ai prêté le livre à mon ami.
Lainasin sen hänelle.Je le lui ai prêté.

Entre un pro­nom relatif et le ver­be, on peut placer un pro­nom, un com­plé­ment de phra­se (groupe nominal ou ad­ver­be) ou une pro­po­sition :

Ce sont là des questions qui, sou­vent, divisent les opinions. Elle voulait aller en Inde avec un ami qui, lui, ne voulait pas. Nous allons ce soir au concert, qui, je vous le rappelle, com­mence à 21 heures. Ils n’ont tou­jours pas reçu les sub­ven­tions que, faut-il le rappeler, on leur a accordées il y a deux ans déjà.

L’ordre des mots dans la poésie

Dans la poésie, la chanson, l’opéra etc., les conventions littéraires permettent un ordre des mots assez li­bre, com­me dans cet extrait de la fable de La Fontaine  Le Corbeau et le renard:

Maître Corbeau sur un arbre perché
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage…

L’ordre normal serait : perché sur un arbre et alléché par l’odeur. Dans l’exem­ple sui­vant (de La Fontaine éga­le­ment) on trouve un CVP entre le su­jet l’insecte et le ver­be se retire, ce qui n’est nor­ma­le­ment pas admis dans la langue cou­rante :

L’insecte du combat se retire avec gloire.  (Le Lion et le Moucheron)
= L’insecte se retire du combat avec gloire.

Résumé

Les règles pré­sen­tées ci-dessus sont les prin­ci­pa­les contraintes de l’ordre des mots en fran­çais. Pour le res­te, les com­plé­ments de phra­se et de nom­breux ad­ver­bes peu­vent se placer plus ou moins li­bre­ment. La place de ces éléments dépend es­sen­tiel­le­ment du focus, c’est-à-dire de l’informa­tion « nouvelle » qu’on veut trans­met­tre. Le choix de l’ordre des mots peut parfois aus­si obéir à de simples con­train­tes sé­man­ti­ques. Ainsi la phra­se :

Vous m’envoyez le formulaire de publica­tion signé par la poste.

pourrait s’interpréter ainsi : « vous m’envoyez le formulaire une fois qu’il a été signé par la poste ». Une telle ambigüité n’exis­terait pas si le nom publication n’était pas suivi d’un par­ti­ci­pe passé :

Vous m’enverrez le formulaire de publica­tion par la poste.

Pour lever l’ambigüité, on peut changer l’ordre des mots ou uti­li­ser des virgules (qui correspondent à des pauses à l’oral) :

Vous m’enverrez, par la poste, le formulaire de publica­tion signé.
Vous m’enverrez le formulaire de publication, signé, par la poste.

L’ordre des mots discursif : thématisa­tion et focalisation

Le deuxième type de varia­tion de l’ordre des mots dans l’é­non­cé dépend de la ma­niè­re dont on présente les idées, en variant l’ordre des par­ties du dis­cours. On peut ainsi déplacer l’atten­tion (le focus) sur un élément plutôt que sur un au­tre.

Thème et propos

Dans un énon­cé, en général on dit 1) quel­que chose 2) au su­jet de quel­que chose. L’énon­cé contient norma­lement une par­tie qui est connue (ou impliquée), et une par­tie nou­vel­le, qui constitue l’information. Sou­vent, le su­jet de la phra­se est la par­tie connue. Ce n’est pas un hasard si le mot su­jet dé­si­gne à la fois l’actant du ver­be (finnois sub­jekti) et le thème (le « su­jet », finnois aihe) ) de l’é­non­cé. Exem­ple :

Le voisin est en train de tondre le gazon.

L’élément Le voisin est posé com­me su­jet (dans l’é­non­cé, il représente la par­tie déjà connue), et ce qu’on en dit est qu’il est en train de tondre le gazon. On uti­li­se pour dé­cri­re ces éléments de l’é­non­cé les termes sui­vants :

Les termes uti­li­sés pour décrire cette opposi­tion sont variés et dépendent des éco­les lin­guis­ti­ques et des approches. En plus de thème/propos, on trouve les va­rian­tes thème/ prédicat, thème/rhème, topi­que/com­mentaire.

En fran­çais com­me en finnois, le thème est en général placé au début de la phra­se, et le propos (l’in­for­ma­­tion nouvelle), à la fin de la phra­se. Les deux langues se res­semblent net­te­ment sur ce point. L’ordre des mots du fran­çais pose ainsi moins de pro­blè­mes aux fin­no­pho­nes que celui de l’allemand ou du suédois, par ex­em­ple.  Dans l’ex­ploi­ta­tion des pro­cé­dés de focalisation, il y a ce­pen­dant parfois des dif­fé­ren­ces importantes entre le fran­çais et le finnois, voir La focalisation plate.

Thématisation, focus, focalisation, mise en relief

L’opposi­tion entre thème et propos joue un rôle im­por­tant dans la façon de pré­sen­ter le message con­te­nu dans l’é­non­cé, et donc un rôle im­por­tant dans l’ordre des mots. En effet, le thème n’est pas tou­jours le su­jet gram­ma­ti­cal du ver­be de la phra­se. Cela peut être par exem­ple un com­plé­ment de phra­se. Si on com­pa­re les deux phra­ses sui­vantes :

(a) Demain, je vais à la piscine.Huomenna käyn uimassa.
(b) Je vais à la piscine demain.Käyn uimassa huomenna.

dans la phra­se (a) le thème est demain, et le propos je vais à la piscine ; la phra­se répondrait à la ques­tion Qu’est-ce que tu fais demain ? Dans la phra­se (b), le thème est je vais à la piscine, le propos est demain ; la phra­se ré­pon­drait à la ques­tion Quand est-ce que tu vas à la piscine ? Le fait d’avoir placé le com­plé­ment de phra­se en tête de phra­se a trans­for­mé celui-ci en thème, on dit qu’il est thématisé, par un pro­cé­dé qu’on appelle la thématisation.

Inversement, le fait de placer l’ad­ver­be demain à la fin de la phra­se montre que l’in­for­ma­­tion nouvelle est con­te­nue dans cet ad­ver­be, com­me si on voulait attirer l’atten­tion sur cet élé­ment de la phra­se (à l’oral, le mot demain sera légèrement ac­cen­tué). On dit ainsi que le focus se trouve sur de­main, cet ad­ver­be est ainsi fo­ca­li­sé, par un pro­cé­dé de focalisa­tion (on uti­li­se aus­si sou­vent le terme de mise en relief, esille tuominen, ko­ros­ta­mi­nen).

Procédés de focalisation :
ordre des mots, intonation, passif, dislocation

L’ordre des mots

Le pro­cé­dé de focalisa­tion le plus simple est de varier l’ordre des mots. Cet ordre peut varier dans la limite des règles syntaxiques de base pré­sen­tées ci-dessus. Un élément placé en tête de phra­se est gé­né­ra­le­ment thématisé. C’est le cas en finnois com­me en fran­çais. Le focus est alors placé sur l’élément qui se trouve en fin de phra­se. On peut ainsi facilement déplacer les com­plé­ments de phra­se ou les ad­ver­bes au début de la phra­se pour met­tre le focus sur l’élément en fin de phra­se (en italique dans les ex­em­ples sui­vants) :

À Noël, nous irons en Laponie.
En Laponie, il y a beau­coup de moustiques en été.
Très lentement, il se leva et étendit sa jambe endolorie.

On peut aus­si thématiser le com­plé­ment de ver­be pré­po­si­tion­nel en le plaçant en tête de phra­se :

À ses enfants, il avait offert un weekend à Florence.

S’il y a plu­sieurs com­plé­ments de phra­se, ils peuvent constituer deux thèmes, dont le premier a une plus grande importance que le deuxième. Dans la phra­se sui­vante, on parle de la Laponie, puis on réduit le thème à l’été et on dit ce qui se passe (pro­pos) :

En Laponie, en été, il y a beau­coup de moustiques.

L’intonation

À l’oral, le pro­cé­dé de focalisa­tion le plus simple à uti­li­ser est l’intonation : dans la réalisa­tion orale d’un énon­cé, on peut met­tre le focus librement sur pra­ti­que­ment n’importe quel élément de la phra­se sans avoir besoin de changer la place de cet élément, en le prononçant de ma­niè­re plus forte ou plus appuyée (korostetusti) (ces éléments sont figurés en couleur dans les ex­em­ples) :

Demain, je vais à la piscine. = Je vais à la piscine demain.
Moi, je ne le lui ai pas caché. = je ne le lui ai pas caché.
C’est elle qui m’a dit ça. = elle m’a dit ça.
C’est là qu’on s’est arrêtés. = On s’est arrêtés .

On peut ainsi met­tre en relief mê­me le ver­be, ce qui n’est pas réellement pos­si­ble avec les au­tres pro­cé­dés de focalisa­tion ha­bi­tu­els :

Je te signale que j’ai ciré le parquet. [sous entendu : « et pas sim­ple­ment balayé »]

On uti­li­se la mise en relief par l’intona­tion prin­ci­pa­lement quand on veut pré­ciser ou corriger un énon­cé antérieur produit par quel­qu’un d’au­tre (reprise dia­pho­ni­que). Si on dit « ELLE m’a dit ça », en appuyant par­ti­cu­liè­re­ment sur ELLE, cela implique qu’on avait dit aupa­ra­vant que c’est quel­qu’un d’au­tre qui avait dit ça (son frère, un ami, tu etc.), et qu’on veut corriger l’assertion.

Malgré sa simplicité, l’intona­tion n’est donc pas uti­li­sée systématiquement. Elle ne fonc­tionne réellement que dans l’ex­pres­sion orale. À l’écrit, il faut uti­li­ser des pro­cé­dés gra­phi­ques (capitales, gras), qui ne sont pas tou­jours utilisables. Pour ren­dre avec des moyens au­tres qu’intonatifs l’idée de la phra­se Je te signale que j’ai ciré le parquet, on pourrait dire par exem­ple :

Je te signale que j’ai ciré le parquet, et pas sim­ple­ment balayé. Ou :
Je te signale que j’ai non seu­le­ment balayé le parquet, mais que je l’ai aus­si ciré.

Le passif

Dans le code écrit, l’un des pro­cé­dés qui permet de déplacer le focus sur le com­plé­ment du ver­be est la transforma­tion pas­si­ve. Le com­plé­ment direct du ver­be actif de­vient le su­jet du ver­be au passif (donc, par défaut, le thème), et le su­jet devient l’agent (le propos) :

Mes parents ont racheté la maison.
[Thème : mes parents, propos : le rachat de la maison]
La maison a été rachetée par mes parents.
[Thème : le rachat de la maison, propos : les parents]

La transforma­tion pas­si­ve est ce­pen­dant limitée par une contrainte im­por­tan­te : pour que le com­plé­ment puisse devenir le su­jet du ver­be au passif, il faut que ce soit le com­plé­ment direct du ver­be actif. Un com­plé­ment pré­po­si­tion­nel ne peut pas devenir le su­jet du ver­be au passif (voir ex­em­ples).

Cepen­dant, il exis­te des constructions qui permettent aus­si de « pas­si­ver » un com­plé­ment de ver­be pré­po­si­tion­nel, donc de varier la focalisation :

On a volé son sac à Lucas. [focus sur Lucas].
Lucas s’est fait voler son sac. [focalisa­tion de sac]
Le service d’ordre a refusé l’entrée aux supporters. [focus sur les supporters]
Les supporters se sont vu refuser l’entrée par le service d’ordre. [focalisa­tion de service d’ordre].

Au total, la transforma­tion pas­si­ve, avec ses va­rian­tes, permet d’obtenir des effets de sens très divers (voir Le passif).

La dislocation

Contrairement au fin­nois, en fran­çais on ne peut pas thématiser le su­jet ou le com­plé­ment de ver­be direct sim­ple­ment en variant l’ordre des mots, car cet ordre a un rôle syntaxique et change le sens : Le voisin a rencontré Jean et Jean a rencontré le voisin ne si­gni­fient pas la mê­me chose. De plus, le su­jet en tête de phra­se est sou­vent par nature le thème et il n’a gé­né­ra­le­ment pas besoin d’être thématisé de fa­çon par­ticulière.

Dans le fran­çais parlé, on uti­li­se re­la­ti­ve­ment peu le passif, et le pro­cé­dé de fo­ca­li­sa­tion le plus fré­quen­t est la dislocation (lohkeamarakenne). Ce pro­cé­dé permet de met­tre facilement le focus sur des élé­ments comme le su­jet ou le com­plé­ment du ver­be en utilisant un pro­cé­dé très cou­rant :

1. on détache l’élé­ment du reste de la phra­se (à l’écrit par une virgule, à l’oral par l’intona­tion) :

2. Éventuellement, on uti­li­se un pro­nom de rappel qui in­di­que la fonc­tion que le grou­pe détaché aurait dans la phra­se, s’il n’était pas détaché. En effet, étant ex­té­rieur à la structure ver­bale, l’élé­ment thématisé n’a pas de fonc­­tion gram­ma­ti­cale par rapport au ver­be.

La disloca­tion à gauche

Le plus fré­quem­ment, la thématisa­tion par dislocation se fait en détachant un élé­ment au début de la phra­se, en prolepse. On parle dans ce cas de disloca­tion à gauche (lohkeama al­kuun). Le constituant de phra­se détaché en prolepse (appelé en finnois syntaktinen etiäinen) est alors repris par un pro­nom. On obtient ainsi à partir de la phra­se (a) les va­rian­tes sui­vantes, avec des GN et des pro­noms :

Dislocation à gauche de groupes nominaux
(a) Mes parents ont vendu leur maison.
(b) Mes parents, ils ont vendu leur maison.
(c) Leur maison, mes parents l’ont vendue.
(d) Mes parents, leur maison, ils l’ont vendue.

Dislocation à gauche de je ~ te
(a’) Je te connais.
(b’) Moi, je te connais.
(c’) Toi, je te connais.
(d’) Toi, tu me connais. (voir remar­que ci-dessous)

Dislocation à gauche de je ~ le
(a”) Je le connais.
(b”) Moi, je le connais.
(c”) Lui, je le connais.
(d”) Lui, il me connait.

La phra­se (b) avec le su­jet en prolepse est typique du fran­çais parlé et inusitée à l’écrit. La phra­se (c) avec mise en prolepse du CVD, se rencontre assez fré­quem­ment à l’écrit quand le CVD est un GN :

Mes jeunes années, je les ai passées entre ma famille, l’école et le sport. Le pou­voir, on prend le prend plus sou­vent par la force que par la ruse.

Mais la mise en prolepse d’un pro­nom (b’-d’ et b”-d”) est plutôt typique du fran­çais parlé. La thé­ma­ti­sa­tion du pro­nom su­jet (moi, je suis pas d’accord / lui, il part demain / nous, on pense que c’est faux) est très fré­quen­te, et elle est devenue un mo­y­en d’ex­pres­sion assez banal, qui a beau­coup per­du de sa valeur de thématisation. Sur la for­me des pro­noms et le mécanisme de détachement et de rappel, voir le pronom IL et les pro­noms per­son­nels je tu on nous vous.

La phra­se (d) est une va­rian­te de (c) uti­li­sée uni­que­ment dans le fran­çais parlé. On peut ainsi thé­ma­ti­ser de cette façon tou­te sortes d’élé­ments de la phra­se :

La voiture de mon frère est rouge. → Mon frère, sa voiture, elle est rouge.
[Thématisa­tion du com­plé­ment du nom, fran­çais parlé uni­que­ment].

Quand l’élé­ment thématisé est un com­plé­ment pré­po­si­tion­nel (com­plé­ment de ver­be ou de phra­se), le fait de le placer en tête de phra­se est un pro­cé­dé cou­rant à l’écrit aus­si et on ne peut pas parler réellement de dis­lo­ca­tion :

À ses amis, il avait offert un weekend à Florence. En Laponie, en été, il y a beau­coup de moustiques.

La disloca­tion à gauche est éga­le­ment un pro­cé­dé couramment uti­li­sé avec les pro­po­si­tions com­plé­tives :

Qu’il obtienne son permis du premier coup, ça m’étonnerait. Que vous avez tou­jours été opposé à ce projet, nous le savons.

La disloca­tion à droite

On peut éga­le­ment rejeter un cer­tain nombre d’élé­ments en fin de phra­se, en posi­tion de rappel, c’est ce qu’on appelle la disloca­tion à droite (lohkeama eteenpäin). Con­trai­re­ment à la disloca­tion à gauche, la disloca­tion à droite focalise l’élé­ment en tête de phra­se, le propos vient donc avant le thème. Mais le focus reste tou­jours sur le mê­me élé­ment, c’est pourquoi la disloca­tion à droite est moins fré­quem­ment em­ploy­ée, car le résultat quant au con­te­nu de l’é­non­cé reste le mê­me qu’avec la disloca­tion à gauche. Le lo­cu­teur rappelle ou ajoute un élément (dé­fi­ni en finnois par le mot lisäys), alors que la phra­se est déjà presque « terminée », com­me pour garantir que le thème a été bien iden­ti­fié. C’est pourquoi la disloca­tion à droite est typique de l’oral et quasiment inusitée à l’écrit :

Jean n’est pas bête. [phrase nor­ma­le]
Jean, il est pas bête. [disloca­tion à gauche]
Il est pas bête, Jean. [disloca­tion à droite]

Éléments variés

La disloca­tion à droite peut porter sur divers élé­ments et peut être uti­li­sée en mê­me temps que la dis­lo­ca­­tion à gauche :

Ils l’ont pas en­co­re vendue, leur maison, mes parents. La maison, ils l’ont enfin vendue, mes parents. Mes parents, ils l’ont enfin vendue, leur maison. Elle est rouge, sa voiture, à mon frère. Lui je le connais bien, moi. Lui, il me connait bien, moi. Tiens, je t’avais pas vu, toi. Mais je t’avais pas vu, moi ! Et t’es allé lui dire ça, à lui ? Il me casse les pieds, ce type.

Rem. On uti­li­se obli­ga­toi­rement la dislocation à gauche et à droite quand le su­jet et le com­plément du ver­be sont tous deux des for­mes focalisées de pronoms personnels. On ne dit pas *Moi, toi je t’avais pas vu ou *Toi, moi je t’avais pas vu, mais Moi, je t’avais pas vu, toi ou Toi, je t’avais pas vu, moi.

Les élé­ments en rappel n’ont pas le mê­me rôle que si la phra­se est pro­non­cée sur une seule ligne mé­lo­dique, avec insistance sur le dernier élé­ment, au­tre­ment dit, les éléments disloqués ne fonctionnent pas com­me un com­plé­ment de phra­se. Com­pa­rer :

Il y a beau­coup de moustiques en Laponie en été. [Information : en été]
Il y a beau­coup de moustiques, en Laponie, en été. [Information : il y a beau­coup de moustiques]

Suppression du su­jet il ou ça

Dans cer­tains cas, dans la disloca­tion à droite, le su­jet il ou ça du ver­be peut être supprimé devant le ver­be qui se retrouve en tête de phra­se, dans le registre fa­mi­li­er ou très fa­mi­li­er :

Casse les pieds, ce machin !  Fait braire, ce type !  Ooh, fait suer, ce truc, à la fin !  M’énerve, cette pub !

Cet emploi diffère ce­pen­dant des constructions avec pronom conjugateur supprimé, car ici le pronom su­jet est un vrai pronom anaphorique, qui est simplement sous-entendu.

Phrases sans ver­be

La disloca­tion à droite s’uti­li­se aus­si dans des phra­ses no­mi­nales, fré­quen­tes à l’oral, no­tam­ment sur le mode exclamatif. Le propos, qui est le plus sou­vent un ad­jec­tif at­tri­but (le ver­be être est sous-entendu), se trouve ainsi en tête de phra­se :

Excellent, ce bordeaux !  Pas folle, la guêpe !  Pas con, ce type ! Pas mal, ce film. Vraiment pas facile, cet examen ! Quel délice, cette confiture !  In­croy­able, ce qu’il a dit !

Focalisa­tion d’un dé­ter­mi­nant, ad­jec­tif ou ad­ver­be

On peut ainsi focaliser un ad­jec­tif, un ad­ver­be ou un dé­ter­mi­nant, en le plaçant en tête de phra­se et en met­tant le ver­be en rappel ; dans ce cas, le ver­be est sou­vent pré­cé­dé de la con­jonc­tion que :

Blanc de peur, il était, je te dis ! ou : Blanc de peur, qu’il était, je te dis  Rouge, elle est la voiture à mon frère ou : Rouge, qu’elle est, la voiture à mon frère. À tou­te vitesse, qu’il est sorti !  Un peu, qu’il était pas d’accord  Trois seu­le­ment, que je voulais, des bananes. Deux seu­le­ment, qu’il restait de places.

Le dernier exem­ple doit se com­pren­dre en ré­pon­se à la ques­tion Combien il restait de places ? Dans la ré­pon­se, on précise seu­le­ment le con­te­nu de Combien ? en in­di­quant le nombre (deux), et en maintenant le reste de la structure inchangé (… de places, le mot de est le second élé­ment de combien de, avec le mot combien sous-entendu). Si on uti­li­sait le pro­nom en, on mettrait l’ar­ti­cle in­dé­fi­ni : Deux, qu’il en restait, des places.

Dans le fran­çais parlé, on peut ainsi met­tre en rappel le ver­be d’une pro­po­si­tion prin­ci­pa­le après la com­plé­tive. Dans ce cas aus­si, on uti­li­se la con­jonc­tion que, mais elle n’est pas obli­ga­toi­re :

Je veux rentrer chez moi, qu’il disait. ou Je veux rentrer chez moi, il disait. J’en ai ras le bol, j’en ai ras le bol, qu’elle répétait. ou J’en ai ras le bol, j’en ai ras le bol, elle répétait.

Avec in­fi­ni­tif

La disloca­tion à droite s’uti­li­se fré­quem­ment avec un in­fi­ni­tif. Celui-ci est alors obli­ga­toi­rement pré­cé­dé de la con­jonc­tion de ou de la pré­po­si­tion qui l’introduit nor­malement :

Ce serait finalement pas une si mauvaise idée pour lui, de changer de boite [de con­jonc­tion] Mais ça me dit rien, moi, de partir ! [de con­jonc­tion] Tu parles que j’en aie envie, moi, de me taper tout ce travail de nouveau [avoir envie de, pré­po­si­tion] Non mais franchement, c’est d’un dégueulasse, de faire ça à un chien. [de con­jonc­tion] Il ne faut pas vous imaginer qu’ils n’ont rien d’au­tre à faire que d’y penser, eux, à déménager [penser à, préposition].

Dans l’in­ter­ro­ga­tion

La disloca­tion s’uti­li­se couramment dans l’in­ter­ro­ga­tion di­rec­te. Le plus sou­vent, elle peut être in­dif­fé­remment à gauche ou à droite, car le focus est sur la par­tie in­ter­ro­ga­tive proprement dite, qui représente tou­jours le propos :

Ta voiture, ça a couté combien ? Bon, Jean, il vient ou il vient pas ? Ça se mange com­ment, les artichauts ? Ça/Il s’ouvre com­ment, ce truc ? Ça s’achète où, ce produit ? C’est cher, ces bouquins ? Ils partent quand, les voisins ? Vos amis, ils arrivent à quelle heure ? / À quelle heure ils arrivent, vos amis ?

Dans l’in­ter­ro­ga­tion par­tielle, on uti­li­se aus­si fré­quem­ment constructions in­ter­ro­ga­ti­ves cli­vées avec dislocation, sou­vent quand on veut vérifier une chose dont il a déjà été question :

C’est quand qu’ils partent, les voisins ? C’est où que ça s’achète, ce bidule ?

Dans ce cas-là, on ajoute sou­vent l’ad­ver­be déjà, qui correspond au sens de la par­ti­cu­le enclitique (‑kA)hAn en finnois :

C’était quand déjà qu’ils  arrivent, tes parents ? Millonkahan sun vanhemmat oli tulossa? C’est qui déjà qui t’avait dit ça ? Kukahan sen sanoi sulle?

La question avec dislocation à gauche et/ou à droite est une ma­niè­re banale et très typique de poser une question dans le fran­çais parlé. Cepen­dant, elle né­ces­si­te une bonne connaissance de nom­breuses règles grammaticales fondamentales (con­cer­nant la for­me des pronoms focalisés, par ex­em­ple). Elle nécessite aus­si une com­pré­hen­sion des structures et des ha­bi­tu­des du fran­çais parlé, qui ne s’acquiert que par une assez longue pra­ti­que. La for­me cli­vée, par ex­em­ple, ne peut pas non plus s’uti­li­ser dans tou­tes les for­mes de question. Il faut donc employer les ques­tions avec dislocation avec une cer­tai­ne prudence.

Inversion du su­jet facultative

En plus de l’ordre normal SVC, on uti­li­se en fran­çais re­la­ti­ve­ment sou­vent des cons­truc­tions où le su­jet est inversé, c’est-à-dire placé après le ver­be. L’in­ver­sion du su­jet n’est pas obli­ga­toi­re et elle s’uti­li­se es­sen­tiel­le­ment dans le code écrit. Elle n’est pos­si­ble nor­ma­le­ment qu’avec des ver­bes intransitifs (qui ne peuvent pas re­ce­voir de com­plé­ment de ver­be), des ver­bes au passif ou des ver­bes avec pro­nom ré­flé­chi.

Inversion après un com­plé­ment de phra­se

Le su­jet d’un ver­be intransitif ou passif peut être inversé quand la pro­po­si­tion débute par un com­plé­ment de phra­se, ce qui permet de met­tre le focus sur le su­jet (voir les règles concernant la ponctuation) :

Au premier étage se trouve un atelier de luthier. Peu après arrivèrent les pre­miers in­vi­tés. Autour de l’arbre s’était enroulé un chèvrefeuille. Une heure plus tard se produisit un évènement imprévu.

C’est éga­le­ment le cas après de nom­breux ad­ver­bes ex­pri­mant le temps et le lieu, com­me alors, bientôt, ensuite, enfin, parfois, ici, , dehors, dedans, ailleurs :

Ensuite seront dé­si­gnés les lauréats. Bientôt s’ouvrira pour nous une ère nou­vel­le. Là moururent beau­coup de sol­dats. Dehors s’affrontaient Français et Prus­siens.

Rem. Dans le dernier ex­em­ple ci-dessus, on voit l’utilité de cette possibilité d’in­ver­sion. Si on mettait l’ad­ver­be en fin de phra­se, Français et Prussiens s’affrontaient dehors, la phra­se serait légèrement co­mi­que, parce qu’elle si­gni­fierait que les batailles militaires peuvent se passer à l’intérieur ou à l’extérieur, et que dans ce cas-ci, la bataille se passait à l’ex­té­rieur (dehors).

Après un su­jet long

Le rejet du su­jet en posi­tion inversé peut aus­si être dû au fait que le su­jet est net­tement plus long que le ver­be et que le ver­be décrit un simple état de fait (asiain­tila), comme se trouver, être etc., ou bien s’il a un sens trop gé­né­ral (faire, aller) et ne décrit pas une véritable action. L’in­ver­sion du su­jet est fré­quen­te dans les pro­po­si­tions com­plé­ti­ves, dans les pro­po­si­tions re­la­ti­ves et dans l’in­ter­ro­ga­tion in­di­recte :

J’ai vu bouger tous ceux qui n’étaient pas d’accord. Je ne sais pas où sont allés nos voisins. C’est le film dont nous ont parlé nos amis.

Dans ces cas, l’in­ver­sion du su­jet place le focus sur l’infor­ma­tion en fin d’énon­cé :

(1) À côté se trouve la statue dont tu as si sou­vent entendu parler dans les jour­naux.
(2) La statue dont tu as entendu si sou­vent parler dans les journaux se trouve à côté.

L’exem­ple (1) répondrait à la ques­tion qu’est-ce qu’il y a à côté ?, l’exem­ple (2) à la ques­tion où se trouve la statue ? De mê­me :

De là vient que le su­jet est sou­vent rejeté en fin de phra­se. [information : le rejet du su­jet]

Déplacement du focus sur un au­tre élé­ment que le ver­be

L’in­ver­sion permet aus­si d’éviter que le focus se trouve sur le ver­be, si celui-ci a un sens trop gé­né­ral ou s’il est un élé­ment d’une locu­tion ver­bale (et donc sans si­gni­fi­ca­tion à lui tout seul) :

Nous regardions tomber la pluie. Laissez partir les gens qui ont fini.

Le fait de conserver l’ordre des mots normal (su­jet-ver­be) focaliserait le ver­be : Nous regardions la pluie tomber si­gni­fierait que la pluie pourrait faire au­tre chose que tomber. Ce n’est pas impos­si­ble : on pourrait dire Nous regardions la pluie dé­gou­li­ner le long de la vitre, mais en gé­né­ral, par défaut, la pluie tombe.

De la mê­me ma­niè­re, Laissez les gens qui ont fini partir aurait un sens étrange : la phra­se supposerait que les gens qui ont fini ont le choix entre diverses activités : chan­ter, jouer, partir etc., alors que la phra­se Laissez partir les gens qui ont fini si­gni­fie (par exem­ple) : « ceux qui peuvent maintenant quitter la salle sont ceux qui ont fini leur examen ».

Le plus sou­vent, ce­pen­dant, l’in­ver­sion n’est pas pos­si­ble, à cause de la structure de la phra­se ou de la présence d’un com­plé­ment de phra­se etc. Voir ci-dessus.

Adver­bes entrainant une in­ver­sion

Code écrit

Dans le code écrit, quand les ad­ver­bes sui­vants se trouvent en tête de phra­se (ou de pro­po­si­tion) :

aus­si niinpä / siis
ainsi siten / siis
peut-être egkä
du moins ai­na­kin
de mê­me samoin / myös

le su­jet du ver­be est géné­ra­le­ment inversé. Exemples :

Aussi la France doit-elle réagir face à la montée du chômage. Aussi les gens ont-ils mal accepté cette décision. Ainsi est-il revenu s’installer dans son pays natal. Peut-être avez-vous mal compris. Peut-être cette théorie nous permettra-t-elle de mieux prévoir les mo­di­fi­ca­tions dans la structure des réseaux cristallins. Du moins avons-nous tenté tout ce qui pouvait l’être.

Plus rarement, les locutions adverbiales à plus forte raison ( sitä suuremmalla syyllä ) et aus­si bien (dans le sens de « par conséquent ») peuvent éga­le­ment entrainer l’in­ver­sion du su­jet :

Si le sentiment et la sensibilité sont insuffisants pour guider notre conduite, à plus forte raison sont-ils incapables de fournir le principe mê­me de l’évaluation. L’ac­cès aux sources, les contacts avec les chercheurs, avec les auteurs ne se con­ce­vraient pas pour nous au­tre­ment. Aussi bien est-il in­uti­le d’expliquer aux scien­ti­fi­ques qu’il faut enrichir les con­te­nus.

Langue cou­rante

L’in­ver­sion du su­jet après les ad­ver­bes mentionné ci-dessus n’est ce­pen­dant pas obli­ga­toi­re. Dans la langue cou­rante, mais aus­si dans le code écrit strict, on peut uti­li­ser l’ordre des mots normal après ces ad­ver­bes en tête de phra­se. Dans ce cas-là, à l’écrit l’ad­ver­be est éven­tu­el­le­ment suivi d’une virgule, qui s’ entend à l’oral par une pause suspensive dans l’in­to­nation :

Dans notre chalet, il n’y a pas l’électricité. Ainsi, nous n’avons pas besoin de re­gar­der la télévision. L’égoïste n’aime que lui, aus­si, tout le monde l’abandonne.

Peut-être que

Dans le fran­çais parlé, la ma­niè­re la plus cou­rante d’uti­li­ser l’ad­ver­be peut-être en tête de phra­se est de le faire suivre de que. Le grou­pe peut-être que for­me une locu­tion in­va­ria­ble suivie de l’in­di­ca­tif :

Peut-être que vous avez raison. Peut-être que cette fois l’avion sera à l’heure. Quand je serai grande, peut-être que je deviendrai astrophysicienne. Si j’ai le temps, peut-être que je viendrai.

Cet em­ploi est re­la­ti­ve­ment fré­quen­t dans le code écrit aus­si. Cepen­dant, dans le code écrit strict, on préfère uti­li­ser l’in­ver­sion du su­jet ou la cons­truc­tion avec pronom conjugateur il se peut que avec un ver­be au sub­jonc­tif : Il se peut que vous ayez raison etc.

Adver­bes à éviter en tête de phra­se

Sous l’influence des cons­truc­tions pré­sen­tées ci-dessus et aus­si sous l’influence du fin­nois, où l’ad­ver­be peut se placer très librement (en fonc­tion du mot sur lequel on veut le faire porter), de nom­breux ap­pre­nants de fran­çais lan­gue étran­gè­re fin­no­pho­nes, débutants ou avancés, uti­li­sent de façon erronée un cer­tain nombre d’ad­ver­bes en tête de phra­se : alors, aus­si, quand mê­me etc.

Les er­reurs sont dues à deux raisons : soit ces ad­ver­bes ne peuvent pas ou peuvent dif­fi­ci­le­ment être utilisés en tête de phra­se (par exem­ple éga­le­ment), soit ils peu­vent se trouver à cette place mais ont alors un sens net­te­ment dif­fé­rent de celui que les fin­no­pho­nes leur attribuent. Par exem­ple seu­le­ment en tête de phra­se a un sens adversatif (« ce­pen­dant ») et ne traduit pas du tout l’ad­ver­be fin­nois vain. Voir les ad­ver­bes à éviter en tête de phra­se.

Inversion après cer­tains ver­bes

Dans le cas de cer­tains ver­bes ex­pri­mant un mouvement ou un état, com­me venir, survenir, arriver, suivre, res­ter, on peut inverser le su­jet quand celui-ci est un GN ou un pro­nom au­tre qu’un pro­nom faible. Le ver­be se place en début de phra­se :

Suivit un long silence. Les visiteurs partis, ne restèrent avec nous que mon frère et sa femme. Viendra le temps où le port du casque sera obli­ga­toi­re pour les cyclistes.

Les indications scéniques dans les œuvres dramatiques sont en gé­né­ral données de cette façon :

Entrent deux jeunes filles.

Bien que cet em­ploi relève surtout du code écrit, on en trouve éga­le­ment des ex­em­ples dans le fran­çais parlé, surtout avec les ver­bes arriver et entrer (par une sor­te d’imita­tion du langage théâtral) :

Et alors à ce moment-là, arrive mon père.

Cette cons­truc­­tion avec ver­be en début de phra­se peut paraitre surprenante à l’ap­pre­nant de fran­çais lan­gue étran­gè­re, mais elle est fré­quen­te à l’écrit :

Viennent ensuite divers types de ver­bes irréguliers. À cela s’ajoutent de nom­breux cas qui n’ont pu être confirmés. Restent en­co­re à résoudre deux pro­blè­mes.

Ces ex­pres­sions avec su­jet inversé après les ver­bes venir ou s’ajouter sont parfois très pra­ti­ques et utiles pour rendre le fin­nois Sen lisäksi en tête de phra­se dans la rédaction écrite. Autres exem­ples avec in­ver­sion du su­jet :

Suivait une liste de pro­po­si­tions. Viennent ensuite les chapitres consacrés à l’his­toi­re des religions. Y sont éga­le­ment inclus les dif­fé­ren­tes options pour le mas­ter de biologie. Le prix prin­ci­pa­l du concours Best of Swiss Web 2019 re­vient à Ergon informatik. S’y ajoutent éga­le­ment d’au­tres distinctions im­por­tan­tes dans les ca­té­go­ries innovation, qua­li­té et secteur public. Sont aus­si de la culture au sens large du terme les élé­ments qui concernent la vie quotidienne. Nous avons sélectionné les meilleures pizzas de St Germain des prés et des trat­to­rias de l’Ouest parisien. Figurent aus­si dans notre palmarès quel­ques électrons libres re­com­man­dés par de fins pizzavores. [Le Figaro]

Inversion après un ad­jec­tif at­tri­but

Dans le code écrit, l’ad­jec­tif at­tri­but peut se placer en tête de phra­se. Ceci n’est pos­si­ble qu’avec un nombre limité d’ad­jec­tifs :

Grande fut ma surprise ! Heureux sont ceux qui peuvent prendre leurs vacances quand ça leur chante ! Impénétrables sont les décisions de l’administra­tion et impraticable reste la route qui mène au terrain de golf. [relevé dans un blog] Telle est la pro­po­si­tion que nous soumet le conseil d’adminis­tra­tion.

Inversion dans les pro­po­si­tions
incises, exclamatives ou ad­ver­bia­les

Propositions incises

Une pro­po­si­tion incise est une pro­po­si­tion gé­né­ra­le­ment très courte, constituée d’un ver­be sans com­plé­ment et d’un su­jet, qu’on insère dans une au­tre pro­po­si­tion pour donner des indications sur la per­son­ne qui parle ou préciser le propos d’une ma­niè­re quelconque. Le plus sou­vent, l’ordre des mots est inversé, bien qu’on trou­ve quel­ques cas avec l’ordre SVC :

a. La pro­po­si­tion incise sert sou­vent à ajouter un com­mentaire sur le con­te­nu de la phra­se, par lequel le lo­cu­teur prend une cer­tai­ne distance par rapport au con­te­nu :

Les syndicats sont, parait-il, disposés à accepter des négociations par secteur. Après analyse des résultats, il reste, semble-t-il, très peu d’indices permettant d’incriminer le virus H1N1. On parle beau­coup de taxer davantage les riches, ces temps-ci. Ce serait, dit-on, la solution magique à tous nos pro­blè­mes.

b. Dans le code écrit, dans un récit, on uti­li­se sou­vent des pro­po­si­tions en incise ou en fin de phra­se pour in­di­quer qui parle ou com­ment on dit quel­que chose (dire, crier, hurler, ajouter etc.). Dans ces in­di­ca­tions de dialogue, le su­jet est ré­gu­liè­re­ment placé après le ver­be :

Arrêtez-vous, hurla le gendarme en pointant son arme. Qu’allons-nous faire, demanda-t-il ? – Rien ! répondirent-ils. Tu vois, Gil Blas, ajouta-t-il, que je te dé­cou­vre mon cœur. Creusez, au lieu de rêvasser ! aboya le sergent.

Il ne s’agit ce­pen­dant pas du mê­me type d’in­ver­sion que dans le cas des in­ter­ro­ga­tives : on n’ajoute pas de pro­nom il/elle après le ver­be si le su­jet est un mot au­tre qu’un pro­nom faible (Ton fils fait-il du foot ?). Il s’agit d’une véritable in­ver­sion simple.

c. Dans le fran­çais parlé, ces indications dialogiques s’uti­li­sent parfois aus­si, mais on y uti­li­se l’ordre normal SVC, et on les in­tro­duit sou­vent (mais pas tou­jours) par la con­jonc­tion que :

Je veux partir seul, qu’il a dit, alors on l’a laissé partir seul. C’est pas croyable, ils ont dit, on vient vous aider, et vous, vous nous foutez dehors. Je suis crevé, je suis crevé, qu’il répétait, et tout le monde se marrait.

d. C’est ce mê­me gen­re d’incises que représentent les ex­pres­sions de remplissage voy­ez-vous (katsos, näet), parait-t-il (kuulemma), dirait-on (näköjään) utilisées dans la lan­gue cou­ran­te (parait-il est plutôt du style familier) :

Nous avons perdu du temps pour trouver un endroit où manger. Ma femme, voyez-vous, veut absolument déjeuner dans des petits restaurants typiques. La Commission a, parait-il, lancé une étude il y a un cer­tain temps. J’avais trouvé le tout nouveau Samsung mais il ne sortira jamais en France, dirait-on. Ça devient urgent vu que mon téléphone com­mence à rendre l’âme. La réunion mondiale pour la sécurité aura lieu, dirait-on.

Remar­que : dans le fran­çais parlé, ces incises avec in­ver­sion sont sou­vent rétablies à la for­me SVC suivie de la con­jonc­­tion que (em­ploi similaire à peut-être que), no­tam­ment les for­mes semble-t-il que et parait-il que, suivies de l’in­di­ca­tif. Mais ces for­mes sont à éviter dans le code écrit strict.

Phrases exclamatives

Dans les exclamations, on uti­li­se sou­vent l’in­ver­sion :

Suis-je bête ! Combien de candidats avons-nous dû refuser !

L’in­ver­sion n’est ce­pen­dant jamais obli­ga­toi­re dans les tournures exclamatives, car on peut uti­li­ser des mots introducteurs com­me que ou com­me, après lesquels on uti­li­se l’ordre normal SVC :

Que je suis bête !  Combien de candidats nous avons dû refuser !

Subordonnées ad­ver­bia­les

On uti­li­se éga­le­ment l’in­ver­sion dans cer­tai­nes pro­po­si­tions ad­ver­bia­les con­di­tion­nel­les ou concessives et dans des pro­po­si­tions ad­ver­bia­les tem­po­rel­les :

L’eût-il voulu, il n’eût pas pu faire au­tre­ment. Hän ei olisi voinut tehdä eri tavoin, vaikka olisi halunnut. L’in­ver­sion, si fré­quen­te soit-elle, relève du code écrit. À peine étais-je arrivé dans mon bureau que le téléphone se mit à sonner.

Dans le code écrit cou­rant et le fran­çais parlé, on uti­li­se plutôt l’ordre normal :

Il l’aurait voulu, il n’aurait pas pu faire au­tre­ment. L’in­ver­sion, si fré­quen­te qu’el­le soit, relève du code écrit. À peine j’étais arrivée dans mon bureau que mon téléphone s’est mis à sonner.

Dans l’in­ter­ro­ga­tion directe

En plus des cas mentionnés ici, l’in­ver­sion du su­jet est uti­li­sée en fran­çais com­me pro­cé­dé de forma­tion de l’in­ter­ro­ga­tion di­rec­te.

La focalisa­tion plate

Bien que le fin­nois puisse varier l’ordre des mots plus librement que le fran­çais et user de ce pro­cé­dé pour déplacer le focus, ce n’est pas tou­jours le cas, et il y a cer­tai­nes dif­fé­ren­ces im­por­tan­tes entre le fin­nois et le fran­çais.

Différences entre le fran­çais et le fin­nois

Le fin­nois uti­li­se couramment ce qu’on pourrait appeler un ordre des mots « plat » (par opposi­tion avec la mise en relief), dans lequel le focus peut ou doit se déduire du seul con­tex­te. Ainsi, ce titre d’ar­ti­cle très ca­rac­té­ris­ti­que relevé dans un quo­ti­dien [Hel­sin­gin Sanomat, 22.8.2009] à propos d’un accident dans une centrale hy­dro­élec­tri­que en Si­bé­rie :

Venäjä: Terroristit eivät aiheuttaneet Siperian voimalaturmaa.

Traduite en fran­çais en respectant le mê­me ordre des mots, la phra­se serait :

Moscou : Les terroristes n’ont pas pro­vo­qué l’accident de la centrale en Sibérie.

Telle quelle, la phra­se parait étrange en fran­çais, car le thème étant les terroristes, le focus semble être sur l’un ou l’au­tre élé­ment qui se trouve à la fin de l’é­non­cé :

Les terroristes n’ont pas pro­vo­qué l’accident de la centrale en Sibérie. [mais ail­leurs, dans le Caucase, par exem­ple]
Les terroristes n’ont pas pro­vo­qué l’accident de la centrale en Sibérie. [mais au­tre cho­se, par exem­ple un sabotage d’oléoduc]
Les terroristes n’ont pas pro­vo­qué l’accident de la centrale en Sibérie. [mais ils l’ont bien commandité]

Le focus pourrait donc être respectivement sur le com­plé­ment de phra­se, sur le com­plé­ment du ver­be, ou mê­me sur le ver­be, alors que d’après le con­tex­te, il est cen­sé porter sur le su­jet de la phra­se, les terroristes.

Autrement dit, tous les élé­ments de l’é­non­cé semblent sur un pied d’égalité (tasa­ver­tai­sia), et il y a une sorte d’absence de relief (de « platitude », latteus) qui dé­ran­ge­rait beau­coup en fran­çais, langue qui a une ten­dan­ce net­te­ment plus mar­quée que le fin­nois à focaliser l’élé­ment im­por­tant. Le titre en fran­çais serait vrai­sem­bla­ble­ment une phra­se au passif :

Moscou : L’accident de la centrale en Sibérie n’a pas été pro­vo­qué par des ter­ro­ris­tes.

Le passif serait sans doute préféré ici, car si on utilisait une phra­se cli­vée, qui se­rait pos­si­ble éga­le­ment :

Moscou : Ce ne sont pas des terroristes qui ont pro­vo­qué l’accident de la centrale en Sibérie.

cela suggèrerait que l’on sait qui ou ce qui est à l’origine de l’accident, mais qu’on ne veut pas le dire. Le passif a pour effet de masquer cet aspect. Ce type de focalisa­tion « plat » est tout à fait cou­rant en fin­nois, net­te­ment moins naturel en fran­çais (sauf par exem­ple dans des textes législatifs ou juridiques ou au­tres). Les disparités entre les deux langues sur ce point se manifestent éga­le­ment en ce qui concerne le su­per­la­tif.

Place du com­plé­ment de phra­se

Cette ten­dan­ce à égaliser les élé­ments focalisables de l’é­non­cé concerne aus­si la place du com­plé­ment de phra­se. Cet avis placardé sur un arrêt de bi­blio­bus :

Kirjastoauto ei pysähdy tällä pysäkillä 2.5-17.5 tietöiden takia.

se traduit mot à mot :

Le bibliobus ne s’arrêtera pas à cet arrêt du 2.5 au 17.5 en raison de travaux.

Le focus étant placé par défaut sur le dernier élé­ment de la phra­se, c’est l’élé­ment en raison de travaux qui se trouve ainsi souligné, ce qui est compréhensible, car il est la cause première du fait que le bi­blio­bus ne s’arrête pas pen­dant la période con­cer­née, et en quel­que sorte le motif de cet écriteau. Le fin­nois, habitué au style de focalisa­tion « plat », permet ce moyen de présenter les faits. Cepen­dant, en fran­çais, le com­plé­ment de phra­se en raison de travaux acquiert dans cette posi­tion une trop grande « visibilité » (saillance), et on a envie de poursuivre la phra­se : Le bibliobus ne s’arrêtera pas à cet arrêt du 2.5 au 17.5 en raison de travaux : mais pour quelle raison, alors ? Cette ambigüité disparait, si on place le com­plé­ment de phra­se en début de phra­se et on lui donne son rôle de thème (il y a des tra­vaux : quelles sont les con­sé­quen­ces ?) :

En raison de travaux, le bibliobus ne s’arrêtera pas à cet arrêt du 2.5 au 17.5.

Ce sont ainsi les deux informations essentielles, (1) le bibliobus ne viendra pas, (2) pen­dant quelle période, qui sont fo­ca­li­sées, et dans l’ordre né­ces­sai­re. L’in­for­ma­tion essentielle est en effet la date à laquelle cette absence de bibliobus a lieu et son ca­rac­tère temporaire.

Polysémie du dé­ter­mi­nant fin­nois se

La focalisa­tion plate du fin­nois fait aus­si sentir ses effets dans l’interpréta­tion du mot se, dé­ter­mi­nant ou pro­nom. En effet, devant un GN, le mot se s’interprète d’abord com­me un dé­ter­mi­nant. Dans la phra­se sui­vante, on trouve une cons­truc­­tion at­tri­butive suivie d’une re­la­ti­ve :

Hän on se mies, joka aloitti suomalaisen hiihdon nousun sodan jälkeisinä pulavuosina.
(a) C’est lui l’homme qui est à l’origine de l’essor du ski finlandais après les années de disette de l’après-guerre.

Le mot se est ici un dé­ter­mi­nant dé­mons­tra­tif à valeur cataphorique, qui cor­res­pond en fran­çais à l’ar­ti­cle dé­fi­ni. Mais la phra­se pourrait s’interpréter éga­le­ment com­me l’équi­va­lent d’une phrase cli­vée en fran­çais :

(b) C’est cet homme qui est à l’origine de l’essor du ski finlandais après les années de disette de l’après-guerre.

Dans la phra­se (a), on pourrait remplacer la re­la­ti­ve par exem­ple par en question : c’est lui l’homme en question. Dans la phra­se cli­vée (b), c’est plus dif­fi­ci­le : ??C’est cet homme en question. C’est justement là la ca­rac­té­ris­ti­que de la phra­se cli­vée (« coupée ») : l’élé­ment mis en relief à l’aide de c’est est un élé­ment obli­ga­toi­re de l’ensemble, qui, avec la re­la­ti­ve, for­me en réalité une seule pro­po­si­tion. De mê­me, sortie de son con­tex­te, la phra­se

Se on se rakenne joka määrää.

s’interprète d’abord ainsi :

C’est cette structure qui est dé­ter­mi­nante.

et non pas com­me une phra­se cli­vée qui serait :

C’est la structure qui est dé­ter­mi­nante. [et non pas le con­te­nu] (En fin­nois : Rakenne määrää ensisijaisesti.)

Dans le con­tex­te où la phra­se a été trouvée, elle avait ce­pen­dant le sens d’une phra­se cli­vée, mais cette va­leur n’était évidente que parce qu’on avait dit pré­cé­dem­ment dans le texte :

Tutkijoiden mukaan indoeurooppalaisessa heetin-kielessä vain 20% tunnetuista sa­nois­ta oli alkuperältään indoeurooppalaisia, mutta kieli pysyy silti IE-perheessä. Se on se ra­ken­ne joka määrää.

D’après les chercheurs, 20 % seu­le­ment du vocabulaire connu du hittite était d’o­ri­gine in­do-européenne, mais la langue reste classée parmi les langues IE. C’est la structure qui est dé­ter­mi­nante.

Autrement dit, l’interpréta­tion correcte du mot se (se on se rakenne joka) comme dé­mons­tra­tif ou comme cataphorique dépend du contexte. En fran­çais, ce n’est pas le cas, parce qu’on uti­li­se deux dé­ter­mi­nants dif­fé­rents :

démonstratif : c’est cette structure qui est déterminante
cataphorique : c’est la struc­ture qui est dé­ter­mi­nante.

ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 9. Ordre des mots et focalisation. Dernière mise à jour : 8.8.2021
Mises à jour après le 15.8.2022