Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones

  Index alphabétique

Le subjonctif

Le subjonctif dans les
subordonnées adverbiales

Le subjonctif dans les
propositions complétives

Le subjonctif dans les
propositions relatives

Le subjonctif à valeur d’impératif

Le subjonctif à valeur optative

Le subjonctif par attraction

Expressions avec le verbe savoir au subjonctif

Le sub­jonc­tif dans les sub­or­don­nées ad­ver­bia­les

Le sub­jonc­tif est abordé et étudié dans dif­fé­ren­tes pages de ce Guide, no­tam­ment en liaison avec les pro­po­si­tions sub­or­don­nées où on l’uti­li­se. Cette page présente une synthèse et un résumé (pour plus de détails, cliquer sur les liens), ainsi que des cas qui ne sont pas traités ailleurs.

Le sub­jonc­tif est utilisé dans pra­ti­que­ment tous les types des pro­po­si­tions sub­or­don­nées ad­ver­bia­les (sauf les com­pa­ra­ti­ves). Tan­tôt c’est le seul mode pos­si­ble, tan­tôt il alterne avec l’in­di­ca­tif.

Tableau-résumé des con­jonc­tions et cons­truc­tions suivies du sub­jonc­tif
(sub­or­don­nées ad­ver­bia­les)
concessionbien que, quoique, en­co­re que, quitte à ce que, quel­que … que, si … que, pour … que, qui que…, où que…, quoi que…, quel … que, quel­que … que, sans que
causenon que, soit que… soit que, ce n’est pas que
butpour que, afin que, de façon que, de ma­niè­re (à ce) que, de sorte que, de peur que, de crainte que
conséquencetrop … pour que, assez pour que, à ce point … que, tel … que
tempsjusqu’à ce que, d’ici (à ce) que, du plus loin que, avant que, en attendant que
conditionà supposer que, en supposant que, en admettant que, pourvu que, pour peu que, si tant est que, pour autant que, soit que… soit que, à condi­tion que, à moins que

a. Causales. Dans les pro­po­si­tions subordonnées causales, le mode normal est l’in­di­ca­tif. Deux con­jonc­tions, non que (et la locution ce n’est pas que qui en est la va­rian­te du fran­çais parlé) et soit que sont ha­bi­tu­el­le­ment suivies du sub­jonc­tif, mais on uti­li­se aus­si fré­quem­ment l’in­di­ca­tif après soit que :

J’évite gé­né­ra­le­ment de les critiquer di­rec­te­ment, non que je me méprenne sur leurs intentions, mais ils ont tou­jours été si serviables. Soit qu’il ait mal compris nos ins­truc­tions, soit qu’il l’ait fait exprès, il est arrivé avec une demi-journée de retard.

b. Finales. Le sub­jonc­tif est le mode normal dans les pro­po­si­tions finales, in­tro­duites par les con­jonc­tions afin que, pour que, de peur que, de façon que, de (telle) sorte que… :

Comportez-vous de telle sorte que vos amis puissent prendre votre défense, mais sans jamais avoir à le faire. Afin que l’épreuve d’anglais des baccalauréats pro­fes­sion­nels puisse se dérouler de façon iden­ti­que dans tous les établissements, voici le rappel de quel­ques consignes.

On uti­li­se aus­si le sub­jonc­tif après la con­jonc­tion que qui in­tro­duit une pro­po­si­tion ex­pri­mant le but après un impératif ou une injonction (kehotus) :

Viens donc là, que je te remette ton bonnet com­me il faut ! Essayez de revenir une au­tre fois, qu’on puisse de nouveau passer une bonne soirée ensemble !

c. Consécutives. Le mode normal dans les subordonnées ex­pri­mant la con­sé­quen­ce est l’in­di­ca­tif, mais le sub­jonc­tif s’uti­li­se après assez… pour que, trop … pour que :

Il pleut bien trop pour que nous puissions partir faire un pique-nique.  La com­mune a débloqué assez d’argent pour que les travaux de la nouvelle crèche puis­sent enfin com­mencer. Le projet n’avait pas recueilli assez de soutien pour qu’il soit rationnel de le poursuivre.

Dans le style soutenu, on uti­li­se aus­si le sub­jonc­tif dans la pro­po­si­tion subor­don­née consécutive quand elle dépend d’une pro­po­si­tion prin­ci­pa­le dont le ver­be est à la for­me né­ga­ti­ve ou à la for­me inter­rogative avec in­ver­sion du su­jet :

Avez-vous tant de soucis que vous en perdiez le sommeil ? Cette décision était-elle tellement im­por­tan­te qu’elle imposât la réunion de tout le conseil d’ad­mi­nis­tra­tion ? Il n’avait pas montré une telle compétence qu’il faille d’office le nom­mer chef du per­son­nel.

On uti­li­se éga­le­ment le sub­jonc­tif après les con­jonc­tions de sorte que, de ma­niè­re (à ce) que quand elles ont une valeur non pas de conséquence mais de but :

Vos avant-bras doivent for­mer un angle droit avec vos bras, le clavier doit être dis­posé de telle sorte qu’il soit au niveau de vos doigts. On conçoit l’instrument de ma­niè­re qu’on puisse déduire le poids spécifique du liquide d’après la profondeur où il y plonge.

d. Concessives. Le ver­be se met au sub­jonc­tif dans les pro­po­si­tions in­tro­duites par les con­jonc­tions concessives bien que, quoique, en­co­re que, quitte à ce que. Le sub­jonc­tif s’uti­li­se aus­si régulièrement dans les pro­po­si­tions re­la­ti­ves formant des ex­pres­sions con­ces­sives :

Vous savez mieux que moi, quels que soient nos efforts, / Que l’argent est la clef de tous les grands ressorts [Molière]. La vérité de ces deux analogies, quel­que com­pli­quées qu’elles fussent, fut pleinement établie par les observations de Cassini. Personne ne peut, quelles que soient ses convictions, uti­li­ser des arguments qui hu­milient des êtres humains. Seulement voilà, tout spécialiste qu’il soit, l’expert parfois se trompe. Bien qu’ils aient tous deux la qualité d’ex­ploi­tant agricole, le propriétaire d’un domaine viticole et le métayer ex­ploi­tant ce domaine ne peuvent être regardés com­me des associés.

Le sub­jonc­tif est aus­si uti­li­sé com­me une sorte de « con­di­tion­nel présent 2e for­me » dans les ex­pres­sions à valeur concessive dussè-je, ne fût-ce.

e. Temporelles. Le mode ha­bi­tu­el dans les pro­po­si­tions subordonnées tem­po­rel­les est l’in­di­ca­tif, mais le ver­be se met au sub­jonc­tif dans les pro­po­si­tions in­tro­dui­tes par avant que, jusqu’à ce que, en atten­dant que, le temps que, d’ici que :

Mélangez le tout avec une cuillère en bois jusqu’à ce que vous obteniez une pâte ho­mo­gène. Une per­son­ne dé­si­gnée par un membre de la Commission pour le re­pré­sen­ter peut, en attendant que le Conseil ait confirmé sa dé­si­gnation, par­ti­ci­per aux travaux de la Commission avec les mê­mes droits que les au­tres re­pré­sentants. 

f. Conditionnelles. Le ver­be est au sub­jonc­tif dans les pro­po­si­tions in­tro­duites par les con­jonc­tions à condi­tion que, à moins que, à sup­poser que, en admettant que, si tant est que, pour peu que :

La réserva­tion est très rapide, à condi­tion que tou­tes les données aient été entrées en bonne et due for­me. Même à supposer que le juge de police eût commis une er­reur dans l’évalua­tion des faits, il ne serait pas acceptable d’en faire supporter les con­sé­quen­ces par la requérante.

Quand une sub­or­don­née con­di­tion­nel­le est coordonnée à la pré­cé­dente par et que, le ver­be se met au sub­jonc­tif, sauf s’il s’agit d’un éven­tu­el :

Si vous êtes malade [éven­tu­el] et que vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à m’ap­pe­ler. S’il venait à Paris et qu’il se sente un peu perdu, dites-lui de venir chez moi. Si je te le disais et que tu ailles le raconter à d’au­tres, ce serait terrible.

Le sub­jonc­tif après la con­jonc­tion que peut ex­pri­mer la condition:

Que l’un de ces ad­ver­bes disparaisse, et la phrase n’a plus de sens. 

Le sub­jonc­tif dans les pro­po­si­tions com­plé­tives

Dans les pro­po­si­tions com­plé­tives, le sub­jonc­tif est le mode employé gé­né­ri­que­ment, mê­me si l’in­di­ca­tif s’em­ploie assez fré­quem­ment en concurrence avec celui-ci. Les règles, assez complexes, sont exposées dans les diverses pages consacrées aux subordonnées com­plé­tives, et elles sont résumées ci-dessous.

Com­plétive com­plé­ment du ver­be

Quand la com­plé­tive est com­plé­ment direct du ver­be de la pro­po­si­tion prin­ci­pa­le, le ver­be de la com­plé­tive se met au sub­jonc­tif dans les cas sui­vants :

a. le ver­be de la prin­ci­pa­le ex­pri­me une volonté, un effort, une interdiction, une crain­te :

vouloir que, interdire que, approuver que, demander que, craindre que, re­com­man­der que etc.

b. le ver­be de la prin­ci­pa­le ex­pri­me un sentiment, un état d’esprit :

déplorer que, s’étonner que, se féliciter que, regretter que etc.

c. dans le cas de cer­tains ver­bes, le ver­be de com­plé­tive peut se met­tre au sub­jonc­tif ou non, en fonc­tion du sens du ver­be de la prin­ci­pa­le :

entendre que + in­di­ca­tif kuulla, entendre que + sub­jonc­tif edellyttää, vaatia

d. dans le style soutenu, quand la com­plé­tive est com­plé­ment de cer­tains ver­bes d’opi­nion à la for­me né­ga­ti­ve, mais uni­que­ment quand l’in­ter­ro­ga­tion se fait par in­ver­sion du su­jet, pas avec la for­me est-ce que :

Nous ne pensons pas que ce soit réalisable. Croyez-vous qu’il y ait des chances de retrouver des survivants ?

Com­plétive com­plé­ment d’ad­jec­tif

Quand la com­plé­tive est com­plé­ment d’un ad­jec­tif, le ver­be de celle-ci se met au sub­jonc­tif :

Je suis étonné que tu sois venu. Nos amis sont très contents que nous venions leur rendre visite.

Com­plétive su­jet du ver­be

Le ver­be d’une pro­po­si­tion subordonnée com­plé­tive se met nor­ma­le­ment au sub­jonc­tif quand la com­plé­tive est le su­jet du ver­be de la pro­po­si­tion prin­cipale. Il y a deux cas principaux :

a) ordre des mots  normal, quand la com­plé­tive est su­jet du ver­be de la prin­ci­pa­le, devant le ver­be :

Qu’ils vous aient répondu de cette ma­niè­re ne m’étonne guère.

b)  su­jet inversé, quand la com­plé­tive est su­jet du ver­be de la prin­ci­pa­le et post­po­sée à ce ver­be (et on em­ploie ha­bi­tu­el­le­ment le pro­nom conjugateur il/ça/ce devant le ver­be), dans des cons­truc­tions de types variés :

Il faut que vous répondiez le plus vite pos­si­ble. Il est exclu que l’octroi de cette subven­tion soit remis en ques­tion.  C’est une grande chance qu’on ait découvert la fuite de gaz à temps. Peu importe qu’ils ne soient pas d’accord, on le fera quand mê­me  Il n’est pas normal que cette demande n’ait pas en­co­re été exa­mi­née.

Les cons­truc­tions où la com­plé­tive est su­jet post­po­sé sont très fré­quentes en fran­çais et elles com­por­tent de nom­breuses va­rian­tes, dans lesquelles l’in­di­ca­tif est parfois pos­si­ble éga­le­ment. Mais dans l’en­sem­ble, on peut dire que quand la com­plé­tive est su­jet du ver­be, le mode normal et majoritaire est le sub­jonc­tif.

Le sub­jonc­tif dans les pro­po­si­tions re­la­ti­ves

Nuance de but

Dans les pro­po­si­tions re­la­ti­ves, l’uti­li­sa­tion du sub­jonc­tif in­tro­duit une nuance de but. Il est uti­li­sé dans une re­la­ti­ve dont l’an­té­cé­dent est dé­ter­mi­né par un dé­ter­mi­nant in­dé­fi­ni ou est un pro­nom in­dé­fi­ni (quel­qu’un, quel­que chose, rien etc.). En fin­nois, on uti­li­se des constructions très similaires, où la mê­me nuance de but est ren­due par le konditionaali :

Il nous faut une voiture dans laquelle on puisse voyager confortablement à cinq. Je voudrais un appartement qui me per­met­te d’héberger des amis plus fa­ci­le­ment. Je cherche un appartement, mais je n’ai en­co­re rien trouvé qui me plai­se. Il n’y a per­son­ne qui soit capable de me l’expliquer  Je cherche quel­qu’un qui veuille garder des enfants le mercredi.

S’il n’y a pas de nuance de but, on uti­li­se l’in­di­ca­tif :

Je connais quel­qu’un qui veut garder des enfants le mercredi. J’ai trouvé un ap­par­tement qui me per­met de recevoir plus de monde. 

Il faut donc penser à uti­li­ser le mode approprié quand on passe du fin­nois au fran­çais : le kon­di­tio­naali dans une re­la­ti­ve en fin­nois cor­res­pond très sou­vent à un sub­jonc­tif en fran­çais. Dans d’au­tres cas, le kon­di­tionaali dans la re­la­ti­ve corres­pond à un vrai con­di­tion­nel, qui ex­pri­me une hypothèse :

J’ai trouvé un ar­ti­cle qui pourrait t’intéresser.

Com­plément de su­per­la­tif

Dans une pro­po­si­tion re­la­ti­ve com­plé­ment d’un su­per­la­tif, on uti­li­se en gé­né­ral le sub­jonc­tif dans les phrases dé­pen­dant des cons­truc­tions c’est le plus ad­jec­tif que/ qui…. Les ad­jec­tifs seul, unique, premier et dernier sont assimilables à des su­per­la­tifs et entrainent éga­le­ment l’utilisa­tion du sub­jonc­tif dans la pro­posi­tion re­la­ti­ve:

C’est le plus beau tableau que j’aie jamais vu. C’était la plus merveilleuse mu­si­que qu’il nous ait été donné d’entendre.  C’est le témoignage le plus sérieux que nous ayons recueilli. C’est l’hôtel le moins cher que vous puissiez trouver ici. C’est la seule solu­tion qu’on puisse envisager. La première per­son­ne que nous ayons vue était un Finlandais !

Dans ces cas, l’in­di­ca­tif reste ce­pen­dant pos­si­ble aus­si.

Le sub­jonc­tif à valeur d’impératif

Bien que le sub­jonc­tif soit fondamentalement le mode de la subordination, il est employé dans cer­tains cas dans des pro­po­si­tions indépen­dantes (ou des pro­po­si­tions prin­ci­pa­les suivies d’une sub­or­don­née). Certains de ces em­plois sont des sur­vi­van­ces de cons­truc­tions anciennes qui ne sont plus pro­duc­tives.

Contrairement au fin­nois, l’impératif en fran­çais ne compte à proprement parler que trois for­mes, celles des per­son­nes 2, 4 et 5. L’équi­va­lent de la per­son­ne 3/6 de l’impératif en fin­nois se for­me en fran­çais avec un sub­jonc­tif in­tro­duit par la con­jonc­tion que (le chiffre in­di­que la per­son­ne) :

1   —
2   Parle ! Réfléchis ! Pars !
3   Qu’elle parle !Qu’il réfléchisse ! Qu’il parte !
4   Parlons ! Réfléchissons ! Partons !
5   Parlez ! Réfléchissez ! Partez !
6   Qu’elles parlent ! Qu’ils Réfléchissent ! Qu’elles partent !

Que chacun reste chez soi  Que vos enfants apprennent à se tenir ! Qu’il aille au diable !  Painukoon suolle! Qu’il attende jusqu’à ce que je lui téléphone.

Cet impératif s’est maintenu éga­le­ment dans des ex­pres­sions figées dans lesquelles le su­jet (non animé) n’est pas ex­pri­mé et dont la structure de départ s’est obscurcie pour l’usager moyen :

coute que coute hinnalla millä hyvänsä vaille que vaille jotenkuten

Le sub­jonc­tif à valeur optative

Que + sub­jonc­tif

L’impératif ne peut s’uti­li­ser que pour donner une injonc­tion (käsky, kehotus) à un être animé. Quand on « donne un ordre » à la per­sonne 3/6 en ren­voy­ant à un su­jet non animé, on parle d’un em­ploi optatif, mot qui signifie « à valeur de souhait ». Com­pa­rer :

Qu’il vienne le plus vite pos­si­ble ! [ordre auquel une per­son­ne doit obéir] Que cet­te rencontre soit le signe du renouveau des relations entre nos deux pays ! [c’est un souhait : la rencontre n’est pas une per­son­ne et ne peut pas « exécuter un ordre »]

Formellement, l’optatif est construit sur le mo­dè­le de l’impératif à la per­son­ne 3/6, avec un ver­be au sub­jonctif in­tro­duit par que :

Que cela lui serve de leçon ! Que cette visite soit le symbole des bonnes relations de nos deux pays ! Que l’ouverture de ce musée per­met­te aux habitants de la région de mieux découvrir le glorieux passé de celle-ci !

Optatif ex­pri­mé avec le ver­be pouvoir

On peut aus­si ex­pri­mer l’optatif avec le sub­jonc­tif puis­se(nt) (du ver­be pouvoir) em­ploy­é aux per­son­nes 3/6 :

Puisse cette visite être le symbole des bonnes relations de nos deux pays ! Puisse cette nouvelle année t’apporter sagesse et modération ! Puisse le paysan en chan­ter quel­ques passages derrière sa charrue, puisse le tisserand en fredonner quel­que chose à son métier, puisse le voyageur s’alléger ! [Érasme] Puissent mes vœux être exaucés ! Puis­sent tes craintes, tes inquiétudes et tes tristesses s’ef­fon­drer !

Contrairement à l’optatif ex­pri­mé avec que, cette construc­tion avec pouvoir per­met aus­si d’ex­pri­mer un souhait concernant les per­son­nes 2, 4, 5, et c’est pos­si­ble mê­me à la per­son­ne 1 (ce qui n’est pas le cas à l’impératif). En fin­nois, dans ce cas, on uti­li­se la con­jonc­tion kunpa :

Puisses-tu réussir ! Kunpa onnistuisit! Puissè-je au moins avoir un dernier en­tre­tien avec lui ! Kunpa voisin puhua vielä viimeisen kerran hänen kanssaan! Puissiez-vous les convaincre ! Kunpa saisitte heidät vakuuttuneiksi! Puissent-ils changer d’avis ! Kunpa he muuttaisivat mielensä!

Sur la for­me puissè-je, voir l’in­ver­sion du pro­nom à la per­son­ne 1.

L’uti­li­sa­tion de puisse relève plutôt du style soutenu. Dans la langue cou­rante, on peut uti­li­ser par ex­em­ple l’ex­pres­sion si seu­le­ment + con­di­tion­nel (qui cor­res­pond assez exac­te­ment à kunpa en fin­nois) :

Puissent-ils changer d’avis ! = Si seu­le­ment ils changeaient d’avis ! Puisses-tu réussir ! = Si seu­le­ment tu pouvais réussir !

Optatif ex­pri­mé avec un simple sub­jonc­tif sans que

L’optatif peut aus­si s’ex­pri­mer avec un sub­jonc­tif non in­tro­duit par que, dans un cer­tain nombre de constructions en nombre limité :

Le ciel vous entende ! Dieu vous entende ! Le diable emporte ces imbéciles ! La peste soit des astrologues ! Fasse le ciel que cela réussisse ! [avec in­ver­sion du su­jet]

C’est cette cons­truc­tion, avec su­jet inversé, qu’on trouve dans l’ex­pres­sion vive…, qui est donc un em­ploi optatif du sub­jonc­tif de vivre (et cor­res­pond exac­te­ment au fin­nois eläköön) :

Vive le roi ! Vive la République ! Vivent les vacances ! / Vive les vacances ! Vivent les sapeurs-pompiers ! Vive le Québec libre !

Nor­ma­lement, le ver­be vive s’ac­cor­de en nombre avec le su­jet, puis­que le mot qui le suit en est le su­jet post­po­sé : Vivent les vacances ! Cepen­dant, le mot vive a connu un processus de gram­ma­ti­calisa­tion qui en fait une sorte de pré­po­si­tion in­va­ria­ble (com­me l’ad­jec­tif sauf devenu in­va­ria­ble quand il est employé com­me pré­po­si­tion) et il est fré­quent de le rencontrer au sin­gu­lier avec un su­jet pluriel.

Expressions figées

Dans cer­tains cas, le su­jet imper­son­nel cela du ver­be au sub­jonc­tif employé avec valeur optative est sous-entendu. Ces ex­pres­sions sont plus ou moins figées :

Grand bien lui fasse ! [= que cela lui fasse grand bien] Kaiken mokomin! [mot à mot : paljon hyvää siitä hänelle koittakoon!] Si tu ne veux pas partir avec nous à Bali, qu’à cela ne tienne, le voyage reviendra moins cher ! Ce qu’à Dieu ne plaise ! À Dieu ne plaise !

L’ex­pres­sion qu’à cela ne tienne ! (re­la­ti­ve­ment fré­quente dans la langue cou­rante éga­le­ment) s’in­ter­prè­te ainsi : le su­jet imper­son­nel du ver­be est un pro­nom cela non ex­pri­mé ; le pro­nom cela ex­pri­mé (à cela) est le com­plé­ment pré­po­si­tion­nel du ver­be tenir à (olla kiinni jostakin, riippua jostakin) :

« que [cela] ne tienne pas à cela ». Mot à mot : se [asia] älköön olko kiinni siitä [seikasta] = se [seikka] ei haittaa, se [seikka] ei vaikuta asiaan.

Le sub­jonc­tif par attraction

Sou­vent, le sub­jonc­tif ne serait pas de règle dans la cons­truc­­tion où il est uti­li­sé, mais il est amené par attrac­tion (vetovoima, vaikutus) d’un ver­be antérieur au sub­jonc­tif, no­tam­ment après bien que ou il faut que :

Bien que Furetière prétende que l’année 1629 ait été l’année des longues per­ru­ques…  [for­me attendue : a été l’année] Bien que moi je pense qu’il ait raison… [for­me attendue : qu’il a raison]. Bien qu’il soit évident que le fran­çais moderne n’ait pas de déclinaisons…  [for­me attendue : n’a pas de déclinaison] Pensez-vous que je ne sache pas ce qu’il veuille dire ? [for­me attendue : ce qu’il veut dire].

Il règne un assez grand flottement chez les usagers quant à l’acceptabilité de ces sub­jonc­tifs par attraction. Ils devraient en principe être évités dans le code écrit soigné, mais dans bien des cas le sub­jonc­tif parait presque « inévitable » et n’est pas perçu com­me fautif.

En revanche, quand le ver­be être est au sub­jonc­tif dans les phrases cli­vées c’est… qui/ c’est… que, il entraine quasi automatiquement un sub­jonc­tif par attrac­tion dans la pro­po­si­tion in­tro­duite par le relatif, et dans ce cas le sub­jonc­tif par attrac­tion est con­si­dé­ré com­me normal: 

Il se peut que ce soit nous qui partions. Il faut que ce soit vous qui le lui disiez. Nous ne sommes mê­me plus très sûrs que ce soit vous qui ayez com­mencé.

Parfois on trouve un sub­jonc­tif par attrac­tion dans les com­plé­tives. Le mode at­ten­du est l’in­di­ca­tif, mais un élé­ment de la phrase entraine un sub­jonc­tif par ana­logie avec des cons­truc­tions similaires :

J’aimerais faire part de ma satisfac­tion devant le fait que la pro­po­si­tion ait été mo­di­fiée par la commission des transports [satisfaction = je suis satisfaite que, d’où le sub­jonc­tif]. Haluaisin lausua tyytyväisyyteni siitä, että ehdotus on muutettu liikennevaliokunnassa. Avez-vous quel­que chose contre le fait que nous procédions d’abord à cer­tai­nes vé­ri­fi­ca­tions ? [avoir quel­que chose contre = être opposé à ce que, d’où le sub­jonc­tif]. Onko teillä jotakin sitä vastaan, että teemme ensin tiettyjä tarkistuksia?

Dans la phrase sui­vante [relevée dans un rapport parlementaire], le sub­jonc­tif est en principe à la limite de la gram­ma­ti­calité, mais l’usage est re­la­ti­ve­ment flottant dans ce domaine :

Cela se voit no­tam­ment dans le fait que des sommes énormes soient restées inuti­li­sés [on attendrait plutôt l’in­di­ca­tif sont restées]. Se näkyy mm. siitä, että valtavia summia on jäänyt käyttämättä.

On trouve éga­le­ment de nom­breux cas de sub­jonc­tif par attrac­tion (ou par ana­lo­gie) dans les com­plé­tives dépen­dant d’un ver­be à la for­me né­ga­ti­ve ou de sens né­ga­tif.

Expressions avec le ver­be savoir au sub­jonc­tif

Je ne sache pas que

La cons­truc­­tion je ne sache pas que s’em­ploie sou­vent par litote (et ironiquement) à la place de autant que je sache ou à ma connaissance, en fin­nois tietääkseni + né­ga­tion :

Je ne sache pas qu’il ait jamais été en Espagne. Je ne sache pas que la stratégie du parti face aux ravages du capitalisme ait donné des résultats significatifs.

Dans la langue mo­der­ne, cette construc­tion est limitée à la per­son­ne 1. De mê­me, dans la langue moderne, elle est tou­jours suivie de la con­jonc­tion que (an­cien­ne­ment on pouvait aus­si uti­li­ser un com­plé­ment de ver­be no­mi­nal). Cette cons­truc­­tion peut aus­si peut s’insérer dans une re­la­ti­ve explicative (style soutenu et assez peu fré­quent) :

Une règle cer­tai­ne, à laquelle je ne sache pas qu’un seul bon écrivain ait échappé. [in Le bon usage §895]

Que je sache

L’ex­pres­sion que je sache est une va­rian­te de la cons­truc­tion pré­cé­dente, qui s’uti­li­se après une phrase né­ga­ti­ve com­me com­men­tai­re sous for­me de phrase détachée ; elle est net­te­ment plus fré­quente et de style net­te­ment moins soutenu que la cons­truc­­tion je ne sache pas que :

Il n’a jamais été en Espagne, que je sache. La stratégie du parti face aux ravages du capitalisme n’a pas donné des résultats significatifs, que je sache. Pourquoi ne fait-il plus de natation ? Il n’est pas malade, que je sache.

La cons­truc­tion que je sache cor­res­pond par le sens exac­te­ment au fin­nois in­fi­ni­tifksi + suffixe possessif : tietääkseni, muistaakseni, käsittääksemme etc. Mais con­trai­re­ment au fin­nois (et à l’espagnol que yo sepa, que yo recuerde), en fran­çais elle n’est pos­si­ble qu’avec le ver­be savoir. Avec d’au­tres ver­bes, la cons­truc­tion ha­bi­tu­el­le per­met­tant de ren­dre l’idée de muistaakseni, tietääkseni etc. est (pour) autant que + sub­jonc­tif :

J’ai, pour autant que je m’en souvienne, tou­jours voulu être chercheur. C’était en­co­re la campagne, et pour autant que je m’en souvienne, per­son­ne ne s’en plai­gnait. La seule ques­tion est donc de savoir si ces principes de traduc­tion sont respectés ; pour autant que nous ayons pu le vérifier, ils le sont effectivement.

On pourrait for­mu­ler cer­tains des ex­em­ples ci-dessus de la ma­niè­re sui­vante :

Pour autant que je sache, il n’a jamais été en Espagne. Pourquoi ne fait-il plus de na­ta­tion ? Pour autant que je sache, il n’est pas malade. Pour autant que je sa­che, la stratégie du parti face aux ravages du capitalisme n’a pas donné des ré­sul­tats si­gni­ficatifs. 

Pas que je sache

Pas que je sache est une locu­tion figée qui s’uti­li­se dans le fran­çais parlé en ré­pon­se à une ques­tion, com­me va­rian­te de l’ex­pres­sion pas à ma connaissance « ei tie­tääk­seni ». Elle est d’un em­ploi tout à fait cou­rant, mais d’un registre très légèrement fa­mi­li­er :

Le courrier est déjà arrivé ? – Pas que je sache. Est-ce que vous avez déjà eu des réactions allergiques à ce médicament ? – Pas que je sache.

ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 44. Le sub­jonc­tif. Dernière mise à jour : 21.12.2021
Mises à jour après le 15.8.2022