Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones

  Index alphabétique

Subordonnées
adverbiales
concessives

Variété de constructions

Conjonctions typiques demandant le subjonctif

Même si, que… ou

Si à valeur concessive

Conjonctions courantes dans le code écrit

Constructions concessives infinitives

Variantes diverses

Propositions relatives formant des ex­pres­sions concessives

Que attribut du sujet

Autres fonctions de que

Le pronom relatif ne peut pas être le pronom sujet qui

N’importe qui, n’importe quoi, n’importe quel(les)

Savoir interpréter les formes erronées

Variété de constructions

Les con­jonc­tions de subordination à valeur concessive sont net­te­ment plus nom­breu­ses en fran­çais qu’en fin­nois. Les subordonnées ad­ver­bia­les con­ces­sives s’em­ploient indiffé­rem­ment an­té­po­sées ou post­po­sées à la pro­po­si­tion prin­cipale (cer­taines s’em­ploient pré­fé­ra­ble­ment post­po­sées). La con­ces­sive post­po­sée ex­pri­me sou­vent un com­men­tai­re qui nuance l’idée de la prin­ci­pa­le. Cet em­ploi est si fré­quent que mê­me des con­jonc­tions typiques du code écrit com­me quoique s’uti­li­sent cou­ram­ment dans le fran­çais parlé com­me des ad­ver­bes à valeur con­ces­sive.

On uti­li­se aus­si cou­ram­ment des con­struc­tions in­fi­ni­tives par­ti­cu­lières, qui ont cer­tains équi­va­lents en fin­nois. Com­me les con­struc­tions in­fi­ni­tives en gé­né­ral, la plupart d’entre elles sont utilisées plutôt dans le code écrit.

La troisième for­me cou­ran­te d’ex­pres­sion de la concession, ce sont les con­struc­tions re­la­ti­ves à sens concessif (quel que soit…, quoi que vous fassiez…). Elles s’uti­li­sent assez sou­vent dans le fran­çais parlé aus­si. Elles ont des corres­pon­dants très pro­ches en fin­nois et, mal­gré quel­ques petites dif­fé­ren­ces, elles sont assez faciles à uti­li­ser par les fin­no­pho­nes et sont donc pré­sen­tées assez brièvement. Pour les fran­co­pho­nes, en revanche et peut-être pour des ap­pre­nants d’au­tres langues, elles sont sources d’incertitudes et d’er­reurs fré­quentes, et l’étudiant fin­no­pho­ne doit sa­voir re­con­nai­tre et interpréter les for­mes erronées.

Le ver­be de la sub­or­don­née con­ces­sive est sou­vent au sub­jonc­tif, mais il y a aus­si de nom­breuses con­jonc­tions demandant l’in­di­ca­tif :

Con­jonc­tions/constructions con­ces­sives et mode de la sub­or­don­née
SUBJONCTIFINDICATIF
bien que vaikka mê­me si vaikka(kin)
quoique vaikka(kin),joskinquand bien mê­me vaikka (kuinka)
en­co­re que vaikka(kin),joskinalors que vaikka, kun tosiasiassa
quitte à ce que silläkin uhallatandis que kun taas
mal­gré (le fait) que siitä huolimatta ettäsi vaikka(kin)
en dépit du fait que siitä huolimatta ettänonobstant le fait que…
siitä huolimatta että
que… ou oli… tai

Con­jonc­tions typiques demandant le sub­jonc­tif

Bien que, quoique, en­co­re que

Toutes ces trois con­jonc­tions sont sui­vies du sub­jonc­tif (mais on rencontre des ex­em­ples de bien que suivi du con­di­tion­nel) :

Bien qu’ils aient de l’argent et pas d’enfants, ils ne partent jamais en voyage. La situa­tion de l’em­ploi s’améliore, quoiqu’on ne puisse pas en­co­re être trop op­ti­miste.   Encore que je ne sois pas convaincu de vos chances de réussite, je ferai de mon mieux pour vous aider. Le pro­blè­me, ça risque d’être le budget, en­co­re qu’en étant raisonnable, ça de­vrait aller. 

Ces con­jonc­tions peu­vent sou­vent égale­ment in­tro­duire une pro­po­si­­tion dont le ver­be est au par­ti­ci­pe (présent ou passé com­posé), ou mê­me une pro­po­si­tion con­te­nant un ad­jectif ou un par­ti­ci­pe sans ver­be con­ju­gué (le ver­be être est alors sous-entendu) :

Bien que très jeune, Sophie sait déjà lire. Encore que très riche, il vit très sim­ple­ment. Bien que n’étant jamais allée en Angleterre, elle parle un excellent anglais. Nous avons trouvé une solu­tion élégante, quoique couteuse. Bien que partis tard, nous sommes arrivés avant la nuit. Je pense que nous avons quel­ques possibilités, en­co­re que très limitées, de con­clure un ac­cor­d. Quoique fréquem­ment uti­li­sée, cette ex­pres­sion est sou­vent mal com­prise. Bien que bon­nes pour la san­té, les lé­gu­mi­neu­ses ne sont pas très digestes.

Dif­fé­ren­ces entre bien que, quoique et en­co­re que

Ces trois conjonctions ont exac­te­ment le mê­me sens. Leur emploi dépend es­sen­tiel­le­ment du style ou du type de texte. On peut mentionner par ex­em­ple les dif­fé­ren­ces sui­vantes (qui sont seu­le­ment indicatives et forcément subjectives)  :

Cepen­dant, dans la langue cou­rante, il est fré­quent qu’on uti­li­se tou­tes les trois con­jonc­tions con­ces­sives en­co­re que, bien que et quoique com­me des sortes d’ad­ver­bes ad­ver­sa­tifs.

Recommandation  : en cas de doute, pour traduire vaikka, dans l’ex­pres­sion écrite, l’é­tu­diant fin­no­pho­ne de niveau B2 peut se contenter d’uti­li­ser bien que et n’a pas be­soin de choisir entre bien que et quoique/en­co­re que, qui n’apportent absolu­ment au­cu­ne in­for­ma­tion ou nuance de sens supplémentaires par rap­port à bien que. Mê­me au niveau C1, il vaut mieux être prudent et ne pas uti­li­ser par ex­em­ple quoique uni­que­ment pour « en­jo­li­ver » le style.

Malgré le fait que, en dépit du fait que, mal­gré que

Les locutions mal­gré le fait que, en dépit du fait que et mal­gré que corres­pon­dent au fin­nois siitä huo­li­mat­ta, että. Ce sont à propre­ment parler des grou­pes pré­po­si­tion­nels in­tro­duisant une com­plétive (c’est égale­ment le cas en fin­nois), mais elles sont de­ve­nues quasi­ment figées et on peut les con­si­dé­rer com­me des lo­cu­tions con­jonc­tion­nelles con­ces­si­ves.

Malgré le fait que est d’usage cou­rant dans le code écrit et le fran­çais parlé, tandis que en dépit du fait que est utilisé es­sen­ti­el­le­ment dans le code écrit. Les deux con­jonc­tions de­man­dent nor­ma­le­ment le sub­jonc­tif, mais en dépit du fait que est fréquem­ment utilisé avec un in­di­ca­tif, notam­ment dans une ad­ver­bia­le post­po­sée. Il règne un cer­tain flotte­ment à cet égard. Dans le doute, il vaut mieux uti­li­ser mal­gré le fait que (ou bien que) sui­vi du sub­jonc­tif :

Malgré le fait que leur prix d’achat soit plus élevé que celui du convecteur, les ra­dia­teurs radiants ont l’avantage de produire une chaleur unifor­me. Les pro­duc­teurs de cacao ont sou­vent du mal à ga­gner leur vie en dépit du fait qu’ils soient la source d’un produit haute­ment prisé. « Avocate », « chirurgienne », « écrivaine », en dépit du fait que ces ap­pel­la­tions soient cou­ram­ment em­ployées depuis plu­sieurs années pour dé­si­gner la déclinaison fé­mi­nine d’une profession, ces termes n’é­taient, jusqu’au 28 février dernier, tou­jours pas reconnus officielle­ment par l’Aca­démie fran­çaise. [slashmedia.ch, 10.3.2019]

La va­rian­te mal­gré que a le mê­me sens que bien que (ou mal­gré le fait que) et elle est d’em­ploi fré­quent dans le fran­çais cou­rant :

Car mal­gré que ce soit notre pays, il y a beau­coup de régions que nous ne con­nais­sons pas forcé­ment et notre riche patrimoine mérite d’être connu. Malgré que je ne sois pas tou­jours d’ac­cor­d avec vos idées, je trouve que vous venez de dire des choses sensées. Malgré que ce soit le week­end de la Coupe Icare à St-Hilaire, ici, sous le soleil provençal, nous avons pas mal de monde. En fait, on doit dire « bien que » et surtout pas « mal­gré que » (mal­gré que ce soit une faute très cou­ran­te). [sur un forum de discussion]

Malgré que et les puristes

Dans une cer­tai­ne tradi­tion scolaire (qui survit dans de nom­breuses gram­maires fran­çai­ses et manuels de FLE et chez les puristes amateurs), mal­gré que est condamné com­me impropre. On l’uti­li­se pourtant fréquem­ment dans le fran­çais parlé et on en trouve des exem­ples chez de nom­breux écrivains, mê­me des plus prestigieux. Cette ex­pres­sion est en réalité parfaite­ment intégrée au système gram­ma­tical du fran­çai­s (GMF p. 861). Malgré cela, si l’ap­pre­nant de fran­çais lan­gue étran­gè­re ne veut pas chagriner (ou se faire critiquer par) les puristes ou les enseignants de FLE mal in­for­més, il a intérêt à uti­li­ser plutôt bien que.

Malgré que j’en aie

L’ex­pres­sion lit­té­rai­re mal­gré que j’en aie ou mal­gré qu’on en ait est le seul cas où, d’après les puristes, on puisse em­ploy­er mal­gré que. Cette ex­pres­sion pourrait se paraphraser mot à mot en fin­nois niin paha mieli kuin minulle siitä aiheutuukin, au­tre­ment dit vaikka se minua harmittaakin. C’est une cons­truc­­tion figée, qui s’in­ter­prè­te ainsi : « [si] mau­vais gré que j’en aie » ; le mot gré (tahto, mieli) est le com­plé­ment direct du ver­be avoir. Cet em­ploi limité à l’origine au ver­be avoir s’est ensuite étendu par analogie à d’au­tres ver­bes, et a donné naissance à la locu­tion con­jonc­tionelle mal­gré que (et à la pré­po­si­­tion mal­gré). En 2021, le sens exact de la locu­tion archaïsante mal­gré que j’en aie/qu’on en ait est devenu com­plète­ment obscur pour la grande majorité des usagers fran­co­pho­nes.

Même si, que… ou

La locu­tion con­jonc­tionnelle mê­me si est à cheval sur la con­ces­sion et la condition. For­mel­le­ment, il s’agit d’une con­jonc­tion à sens con­di­tion­nel, mais dans la pra­ti­que, le sens est plutôt con­ces­sif, ce qu’illustre bien le fait qu’en fin­nois mê­me si se traduit aus­si par vaikka. C’est précisé­ment pour cette raison, et à cause des con­fu­sions qu’entraine pour les fin­no­pho­nes l’opposi­tion vaikka ~ bien que et vaikka ~ mê­me si, que la lo­cu­­tion mê­me si est pré­sen­tée ici avec les ad­ver­bia­les con­ces­sives.

Pour en éclairer le sens par rap­port au fin­nois, on peut analyser la locu­tion mê­me si en fonc­tion de ses dif­fé­ren­tes valeurs :

Éventualité, hypothèse

Même si présente une éventualité ou une hypothèse (un éven­tu­el, un irréel du pré­sent ou du passé), un fait qui n’exis­te pas en­co­re, tandis que bien que présente un fait com­me une réalité :

Bien qu’il soit riche [=  Il est riche.], il mène une vie effacée. ~ Même s’il était riche [= Il n’est pas riche.], il mènerait une vie effacée. Bien qu’il fasse des efforts [= Il fait des efforts.], il ne réussit pas.  ~ Même s’il fait [=présent à valeur de futur] des efforts [= Il ne fait pas (en­co­re) d’efforts. ], il ne réussira pas. Je suis sûr que mê­me si les gens votaient en masse pour ce parti, ils seraient au final contre les idées qu’il re­pré­sente. Même si le ministère avait décidé de débloquer des crédits sup­plé­men­taires, la por­tion d’autoroute n’aurait jamais été ter­mi­née à temps pour sou­la­ger le trafic dans la ville.

Dif­fé­ren­ce morphosyntaxique qui est la conséquence de cette dif­fé­ren­ce de sens : dans les ad­ver­bia­les essentielles (gé­né­rale­ment an­té­po­sées), le fin­nois vaikka sui­vi du kon­di­tio­naali corres­pon­d à mê­me si, tandis que vaikka sui­vi de l’in­di­ka­tii­vi corres­pon­d à bien que :

Vaikka hän on ahkera… → Bien qu’il soit travailleur… 
Vaikka hän olisi ahkera… → Même s’il était travailleur… 

Remar­que : en fran­çai­s, il est en principe impos­si­ble d’uti­li­ser le con­di­tion­nel après si à valeur con­di­tion­nel­le, et cette règle est valable aus­si pour mê­me si. Cepen­dant, on rencontre des cas d’uti­li­sa­tion du con­di­tionnel après mê­me si.

Fait réel

Même si peut in­tro­duire une pro­po­si­tion avec un ver­be à l’in­di­ca­tif présentant un fait qui exis­te, et dans ce cas il est synonyme de mê­me s’il est vrai que ou mê­me si on peut dire que. Cet em­ploi corres­pon­d à vaikka + indikatiivi en fin­nois (avec éven­tu­el­le­ment la par­ti­cu­le ‑kin dans la phra­se) ou à joskin. Dans ce cas, mê­me si est en gé­né­ral sui­vi du présent ou du passé com­posé :

Même si ces mouvements nationalistes ont sou­vent été tenus en lisière, voire com­battus, ils ont con­tri­bué à rendre la politique plus violente. Même si les équi­pes de Google ont visible­ment du mal à rentabiliser cette platefor­me, ils con­tinuent à la faire évoluer lente­ment mais surement.

Dans l’exem­ple (1) ci-dessous, l’im­par­fait ex­pri­me un présent du passé, et non pas un con­di­tion­nel (irréel) ; de mê­me pour le plus-que-parfait dans l’ex­em­ple (2), qui en est la for­me com­posée :

(1) Même si les salaires étaient maintenus pen­dant deux ans, les em­ployés se fai­saient des soucis pour l’ave­nir.  Vaikka palkkataso olikin sovittu kahdeksi vuodeksi eteen­päin, työntekijät olivat huolissaan tule­vai­suu­des­ta. 

(2) Mes collègues, mê­me s’ils avaient trouvé étrange que j’aille en va­can­ces à Ver­dun, avaient demandé à voir mes photos.  Vaikka kollegani olivatkin pitäneet kum­mal­lisena sitä, että vietin lomani Verdunissa, he halusivat silti saada nähdä valokuviani.

Valeur de com­men­tai­re

Dans une ad­ver­bia­le post­po­sée, mê­me si peut in­tro­duire un com­men­tai­re. La locu­tion qui ex­pri­me le mieux cette valeur en fin­nois est jos kohta (ou joskin), qui est ce­pen­dant moins fréquem­ment em­ployé que vaikka :

Les fibres sont bonnes pour la santé, mê­me si elles ne sont pas très digestes. Je suis frai­che­ment ins­crite et j’aurais besoin de vos lumières, mê­me si je crois qu’il est déjà trop tard ! Deux pro­jets de re­cher­che n’ont pas atteint l’exigence de qualité néces­saire et les étu­diants con­cernés n’ont pas été diplô­més, mê­me s’ils avaient obtenu l’ensemble des modules académiques de pre­miè­re année.

Dans ce cas-là, il n’y a pas vrai­ment de dif­fé­ren­ce de sens entre bien que et mê­me si, et on peut dire que mê­me si est plus fré­quent dans le fran­çais parlé :

Je dois reconnaitre que cet homme politique a un grand talent d’orateur, mê­me si je ne suis pas du tout d’ac­cor­d avec ses opinions. Selon l’entraineur, le stage a été bénéfique sur tous les plans mê­me si les résultats n’étaient pas au rendez-vous lors des matches amicaux disputés en Tunisie.

Vaikka vs bien que/mê­me si
con­jonc­tionvaleurfin­nois
bien que + sub­jonc­tiffait réelvaikka + indikatiivi
mê­me si + éven­tu­eléventualitévaikka + indikatiivi
mê­me si + irréelhypothèsevaikka + konditionaali
mê­me si + présent/p. Com­posé« il est vrai que »vaikka + indikatiivi (-kin), joskin
mê­me sien ad­ver­bia­le post­po­sée com­me com­men­tai­rejos kohta, joskin
Que… ou

La con­jonc­­tion que en tête de pro­po­si­­tion et relayée par ou est une sorte va­rian­te de mê­me si qui présente une al­ter­native. Com­me si, cette construc­tion ex­pri­me à la fois la con­ces­sion et la condition. En fin­nois, la mê­me idée est rendue par un ver­be au prétérit (im­per­fek­ti), avec su­jet inversé, sui­vi de tai :

Que cela lui plaise ou non, il devra partir avec nous. Halusi tai ei, hänen on tultava meidän mukaan. Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, le match aura lieu. Satoi tai paistoi, ottelu järjestetään. Que ce soit l’été ou l’hiver, il pleut sou­vent en An­gle­ter­re. Oli kesä tai talvi, Englannissa sataa usein.

Quand l’al­ter­native ex­pri­mée après ou est né­ga­ti­ve, à l’écrit, on uti­li­se non ; à l’oral, on préfère pas :

que vous soyez d’ac­cor­d ou non [code écrit strict] / que tu sois d’ac­cor­d ou pas [code écrit cou­rant, fran­çais parlé] que vous ayez raison ou non [code écrit strict] / que vous ayez raison ou pas [code écrit cou­rant, fran­çais parlé] que cela vous plaise ou non [code écrit strict] / que ça te plaise ou pas [code écrit cou­rant, fran­çais parlé]

Si à valeur con­ces­sive

Sens et em­ploi

La con­jonc­­tion si est assez cou­ram­ment uti­li­sée dans un sens con­ces­sif, pra­ti­que­ment ex­clu­si­ve­ment à l’écrit et, dans ce sens, uni­que­ment en posi­tion an­té­po­sée. Il faut éviter de confondre ce si avec son équi­va­lent con­di­tion­nel. Le fin­nois joskin rap­pelle par son sens et sa for­me (jos = si) un peu cet em­ploi par­ti­cu­lier de la con­jonc­tion con­di­tion­nelle si.

Si con­ces­sif se traduit gé­né­rale­ment par vaikka en fin­nois. Le sens con­ces­sif de si est pres­que tou­jours souligné ou explicité par un ad­ver­be ad­ver­sa­tif dans la prin­ci­pa­le, com­me néanmoins, pourtant, en­co­re, ou la construc­tion n’en… pas moins (ci-des­sous) :

Si Quignard est moins connu en Finlande que d’au­tres auteurs fran­çais, c’est quand mê­me l’un des grands écrivains du XXe siècle. S’il a beau­coup voyagé, c’est en­co­re dans les livres qu’il a le plus appris. Cette théorie, si elle a été bien des fois contestée, a pourtant prouvé sa validité dans un grand nombre de cas.

Dans cet emploi, on trouve parfois si suivi du conditionnel, par ellipse de l’idée « il est vrai que » : Si les églises du pays devraient être dans l’ensemble peu fré­quentées pour le dimanche de Pâ­ques, des pasteurs zélés ou en quête de notoriété s’appliquent à défier les règles. [Le Monde, avril 2020]. Cet emploi est ce­pen­dant d’une recevabilité douteuse et il vaudrait mieux dire par ex­em­ple : Les églises du pays devraient… mais des pasteurs zélés…

N’en… pas moins

La locu­tion n’en… pas moins a le mê­me sens que l’ad­ver­be néanmoins. Elle se place « au­tour » du ver­be :

Si le politicien a été chanceux de survivre à l’attentat, sa vie et celle de ses proches n’en ont pas moins été bouleversées. Exceptionnels, ces deux documents n’en donnent pas moins un reflet assez exact de la réalité des petites écoles au bas Moyen âge. Si ces mesures peu­vent sembler timides, elles n’en constituent pas moins une réelle nouveauté dans la culture politique ha­bi­tu­el­le.

Dans le deuxième exem­ple ci-dessus, l’ad­jec­tif Exceptionnels remplace une pro­po­si­­tion in­tro­dui­te par si con­ces­sif :

S’ils sont exceptionnels [= bien qu’ils soient exceptionnels], ces deux documents n’en donnent pas moins un reflet assez exact de la réalité etc.

L’ad­ver­be ad­versatif n’est pas néces­saire si l’idée d’opposi­tion ressort d’au­tres élé­ments de la phra­se ou du con­tex­te, com­me dans l’ex­emple sui­vant, dans lequel quel­ques s’oppose à la ma­jo­ri­té :

Si quel­ques riverains ont protesté contre la nouvelle usine d’incinéra­tion d’or­du­res, la majorité s’est déclarée favorable à son implantation.

Conjonctions cou­ran­tes dans le code écrit

Quitte à ce que, quitte à + in­fi­ni­tif

Cette locu­tion con­jonc­tionnelle est une va­rian­te de mê­me si uti­li­sée à l’écrit et dont le sens est « mê­me si [cela a pour conséquence (non souhaitée) que] », en fin­nois vaikka se tarkoittaisi että, silläkin uhalla että :

Il note tout et s’oblige à tout dire de façon exhaustive, quitte à ce que cela lui vaille de nom­breux enne­mis. Je préfère qu’on refasse la mise en page, quitte à ce que le livre ne sorte que l’an prochain. Tang Chia semble en effet vouloir met­tre tou­tes ses inspirations dans ses longs métrages, quitte à ce que le mélange soit par­fois à la limite du digeste.

Le sens exact de cette locu­tion con­jonc­tionnelle n’est pas tou­jours très clair pour tous les usagers et on la trouve sou­vent em­ployée dans le sens de « tandis que », « en attendant que » ou « d’au­tre part ». Cet em­ploi, quoique répandu, devrait être évité dans le code écrit strict :

Lors des prochaines réunions annuelles, le Conseil proposera des candidats aux postes vacants, quitte à ce que d’au­tres pro­po­si­tions viennent de l’Assemblée. Le salarié « interne » à temps par­tiel est priori­taire pour le temps de travail devenu disponible dans sa ca­té­go­rie professionnelle ; quitte à ce que, si l’em­ployeur veut engager un temps com­plet, ce soit le nouvel embauché qui devienne un temps par­tiel.

La locu­tion ad­verbiale quitte à sui­vie de l’in­fi­ni­tif est la version de la locu­tion quitte à ce que qui peut être uti­li­sée dans les cas où le su­jet de la sub­or­don­née est le mê­me que celui de la prin­ci­pa­le (co­ré­fé­ren­ce du su­jet) :

Avec cette tempête de neige, nous prendrons la route seule­ment demain, quitte à perdre une journée de location. Tout le monde rit de quel­qu’un dont on voit se moquer, quitte à le vénérer dix ans plus tard. Si le planning est très serré, on ad­aptera en conséquence la nature et le nombre de ces points de contrôle, quitte à en supprimer quel­ques-uns.

Dans ce cas, la transforma­tion in­fi­ni­tive est facultative, et on peut uti­li­ser aus­si la for­me quitte à ce que :

Avec cette tempête de neige, nous prendrons la route seule­ment demain, quitte à ce que nous perdions une journée de location.

Com­me dans le cas de quitte à ce que, le sens de cette cons­truc­­tion n’est pas tou­jours très clair pour les usagers de la langue. Dans l’exem­ple sui­vant, elle est uti­li­sée dans le sens de « puis­que (de tou­te façon) », « du mo­ment que » :

Je suis contre la pub sur Internet, mais quitte à en avoir, autant qu’elle me pré­sen­te des choses qui m’intéressent.

Quand bien mê­me, quand

Les trois mots quand, bien et mê­me for­ment ensemble une locu­tion con­jonc­tionnelle dont le sens, mal­gré les apparences, n’est pas tem­po­rel, mais bien con­ces­sif. Il faut donc bien savoir identifier ce grou­pe (il ne signifie pas silloin hyvin jopa). Cette con­jonc­tion est une va­rian­te de mê­me si uti­li­sée dans le style sou­te­nu (lit­té­rai­re, ad­ministratif etc.). Elle est uti­li­sée préféren­tiel­le­ment pour in­tro­duire une ad­ver­bia­le an­té­po­sée, mais se rencontre aus­si en po­si­tion post­po­sée. Elle est tou­jours sui­vie du con­di­tion­nel (présent, passé 1e for­me ou passé 2e for­me) :

Quand bien mê­me il recom­mencerait sa thèse à zéro, le su­jet resterait trop dif­fi­ci­le pour lui. Quand bien mê­me il eût été infor­mé [con­di­tion­nel passé 2e for­me passif d’infor­mer] de votre venue, il eût été trop com­pliqué pour lui de vous attendre. Ce principe de souveraineté des jurys ne peut être mis en cause, quand bien mê­me les notes délivrées apparaitraient très dif­fé­ren­tes des résultats obtenus par le candidat au cours de sa scolarité ou de sa formation.

On trouve éga­le­ment, es­sen­ti­el­le­ment dans le style sou­te­nu, le mot quand uti­li­sé seul dans le mê­me sens que quand bien mê­me :

Quand ils seraient au-dessus de Titus, de Trajan, de Marc-Aurèle, les princes ne peu­vent ni tout voir ni tout faire par eux-mê­mes. Mais, répliqua d’Artagnan, quand vous l’eus­siez vu et mê­me connu, il n’y aurait point de mal à cela ; c’est un fort brave homme que M. Fouquet.

Dans la langue cou­rante, on uti­li­serait mê­me si (com­pa­rer avec les ex­em­ples ci-des­sus) :

Même s’il recom­mençait sa thèse à zéro, le su­jet resterait trop dif­fi­ci­le pour lui. Même s’il avait été infor­mé de votre venue, il aurait été trop com­pliqué pour lui de vous attendre. Ce principe de souveraineté des jurys ne peut être mis en cause, mê­me si les notes délivrées apparaissent très dif­fé­ren­tes des résultats obtenus par le candidat au cours de sa scolarité ou de sa formation. Même s’ils étaient au-dessus de Titus, de Trajan, de Marc-Aurèle, les princes ne peu­vent ni tout voir ni tout faire par eux-mê­mes. Mais mê­me si vous l’aviez vu et mê­me connu, il n’y aurait pas de mal à cela.

Constructions con­ces­sives in­fi­ni­tives

Pour + in­fi­ni­tif

La pré­po­si­­tion pour peut in­tro­duire une in­fi­ni­tive con­ces­sive. Il s’agit en quel­que sorte de l’équi­va­lent de si con­ces­sif et les conditions d’uti­li­sa­tion sont les mê­mes : la con­ces­sive in­tro­duite par pour s’uti­li­se uni­que­ment en posi­tion an­té­po­sée à la pro­po­si­tion prin­ci­pale. Il ne faut pas confondre ce pour avec son équi­va­lent de sens final (jotta) ou causal (voir les sens par­ti­cu­liers de la pré­po­si­tion pour). Le plus sou­vent, cette cons­truc­tion est em­ployée avec le ver­be être. En fin­nois, il y une cons­truc­­tion similaire avec des in­fi­ni­tifs du gen­re  ollakseen…  silti… com­me dans le cas de si con­ces­sif.

Le sens con­ces­sif de pour est pra­ti­que­ment tou­jours souligné ou explicité dans la prin­ci­pa­le par néanmoins ou la cons­truc­­tion n’en… pas moins etc. On em­ploie aus­si, un peu moins sou­vent, des ad­ver­bes com­me pourtant, en­co­re :

Pour être douée, elle n’en est pas moins très paresseuse. Pour être lent dans son travail, il est néanmoins efficace. Pour avoir été sou­vent négligée, cette cause ne se trouve pas moins au fond de beau­coup de conflits internationaux [= Bien qu’elle ait sou­vent été négligée…]. Colbert, sou­te­nu par l’opinion, fit, dans des circonstances nouvelles et très avantageuses, une opéra­tion qui, pour avoir été cri­tiquée, n’en mérite pas moins des éloges sans restriction.

Avoir beau + in­fi­ni­tif

La cons­truc­­tion avoir beau sui­vie de l’in­fi­ni­tif peut s’em­ploy­er quand le su­jet de la sub­or­don­née est le mê­me que celui de la prin­ci­pa­le (co­ré­fé­ren­ce du su­jet). Elle a deux valeurs :

1)  Elle ex­pri­me une opposi­tion ré­pé­tée et inutile, com­me en fin­nois vaik­ka kuinka :

Il a beau faire des efforts, il a tou­jours des pro­blè­mes avec les maths. Nous eû­mes beau lui répéter que c’était risquer inutile­ment sa vie, il décida de partir.

Dans cer­tai­nes ex­pres­sions figées (avoir beau dire, avoir beau faire, avoir beau croire), le ver­be à l’in­fi­ni­tif est em­ployé ab­so­lu­ment (sans com­plément) :

On a beau dire [= quoi qu’on dise], l’hiver finlandais a ses bons côtés. Tu as beau faire [= quoi que tu fasses, mal­gré tous tes efforts], ce tournevis ne convient pas pour ce gen­re de vis. On a beau croire, fabriquer son calendrier de l’Avent coute plus cher que d’en acheter un.

2)  Elle ex­pri­me la con­ces­sion sans idée d’effort inutile, notam­ment si le signifié du su­jet est inanimé. Les équi­va­lents fin­nois sont variés : vaik­ka kuin­ka…, siitä huolimatta että, niin… kuin… etc. :

(a) Elle a beau être intelligente, elle n’aura pas son bac si elle ne travaille pas un peu plus.
(b) Montréal a beau être à la mê­me latitude que Bordeaux, il y fait nette­ment plus froid en hiver.

La valeur d’effort inutile peut parfois rester sensible dans l’ex­pres­sion avoir beau. Dans l’ex­em­ple (a) ci-dessus, cette valeur est absente, car on ne peut pas se forcer ou s’entrainer à être intelligent ; de mê­me, en (b), le su­jet est inanimé et ne peut pas être interprété com­me participant active­ment à sa posi­tion géogra­phi­que. Mais dans l’ex­em­ple sui­vant (tiré d’un livre d’exercices) :

J’ai beau avoir seule­ment parcouru votre livre, je sais déjà qu’il me passionnera.

il semble y avoir une sorte de contradic­tion : la per­son­ne disant cette phra­se a fait exprès de seule­ment parcourir le livre (au­tre­ment dit, fait l’effort de ne pas faire d’effort), pour pouvoir affirmer que celui-ci lui a fait une impression favorable. Cet effet indésirable peut être ressenti plus ou moins forte­ment selon le ver­be ou le con­tex­te (ou le lo­cu­teur), en fonc­tion de la valeur pragmatique de l’é­non­cé.

Forme né­ga­ti­ve

Dans une phra­se né­ga­ti­ve, la locu­tion ver­bale avoir beau reste à la for­me affirmative, et c’est l’in­fi­ni­tif qui se met à la for­me né­ga­ti­ve et se place après avoir beau :

L’énergie éolienne a beau ne pas être polluante, elle soulèvera cer­tai­ne­ment des protestations à mesure qu’augmentera le nombre de tours. Pete avait beau ne pas avoir de talent, il avait quand mê­me réussi à réparer une crevaison sur son vé­lo en plein milieu d’un sentier. Le ministre de l’économie a beau ne pas oc­cuper les premiers rangs dans la hiérarchie du gouverne­ment fran­çai­s, il jouera dans les prochaines semaines un rôle central.

Temps du ver­be utilisé avec la locu­tion avoir beau.

Au passé, la locu­tion avoir beau peut se met­tre au passé com­posé, au plus-que-parfait ou au con­di­tion­nel passé (avoir beau ne s’em­ploie pas à d’au­tres temps com­posés : passé antérieur, futur antérieur, passé surcom­po­sé etc.) Cepen­dant, avoir beau peut être senti com­me une ex­pres­sion figée dont le temps ver­bal ne varie pas. Ainsi, c’est tantôt avoir beau qui prend la for­me du passé, et l’in­fi­ni­tif reste au pré­sent, tantôt c’est l’inverse, avoir beau est au pré­sent, et l’in­fi­ni­tif au passé. L’usage est re­la­ti­ve­ment flottant à ce su­jet, mais on peut donner quel­ques ten­dan­ces gé­né­rales pour éclairer l’ap­pre­nant de fran­çais lan­gue étran­gè­re :

Passé com­posé

Au passé com­posé, la par­tie de l’ex­pres­sion qui se met au passé dépend de l’aspect du ver­be :

  1. 1) quand le passé com­posé a une valeur tem­po­rel­le (imperfekti fin­nois) et que le reste de la phra­se est aus­si au passé, c’est le ver­be avoir beau qui se met au passé com­posé (a-d) ;
  2. 2) quand le passé com­posé a une valeur d’achevé (perfekti fin­nois) et que le reste de la phra­se est au présent, c’est l’in­fi­ni­tif qui se met au passé (e-f) :

(a) J’ai eu beau lui répéter que c’était inutile, il a voulu essayer quand mê­me. Vaikka kuinka sanoin hänelle, että siitä ei ole mitään hyötyä, hän halusi silti yrittää.
(b) Nous avons eu beau essayer, il nous a été impos­si­ble de fermer l’œil de la nuit.
(c) J’ai eu beau chercher sur le Net, au­cu­ne webcam n’était en­co­re braquée sur le Sacré-Cœur de Montmartre.
(d) Cette politique a beau ne pas avoir été com­muniquée officielle­ment et sans équivoque, cer­tains chiffres sont révélateurs. 
(e) J’ai beau lui avoir dit que c’est inutile, il s’entête à continuer. Vaikka olen hänelle sanonut, että siitä ei ole mitään hyötyä, hän vain jatkaa ja jatkaa.
(f) Pascal Obispo a beau ne pas avoir fait par­tie des nominés aux 17e Victoires de la musique, la presse se fait un plaisir, com­me chaque année, de le descendre.

L’usage étant un peu flottant à ce su­jet, dans le doute il vaut mieux em­ploy­er d’au­tres cons­tructions con­ces­sives.

Plus-que-parfait et con­di­tion­nel passé

Dans le cas du plus-que-parfait et du con­di­tion­nel passé, c’est tou­jours la locu­tion avoir beau qui prend la mar­que de passé, parce que l’in­fi­ni­tif passé ne peut pas mar­quer à lui seul l’idée d’antériorité (il n’y a pas d’in­fi­ni­tif passé plus-que-parfait) :

Il avait eu beau crier son inquiétude, elle n’en devenait que plus grande. J’aurais eu beau nier, affirmer, per­son­ne ne m’eût cru. La révolu­tion de 1789 avait eu beau enlever aux nobles le droit de porter l’épée, à V… ils prouvaient que s’ils ne la portaient plus, ils pouvaient tou­jours s’en servir. Le dictionnaire de 1539 avait eu beau être fait pour les latinistes, son effet fut tout au­tre. Il avait eu beau met­tre tou­te son énergie à chercher, c’est à peine s’il avait réussi à dénicher de quoi soulager sa propre faim. La peur me nouait le ventre et la gorge, car j’aurais eu beau ouvrir la bouche, j’aurais bien été incapable de for­mu­lerle moindre son.

Variantes diverses

Encore que, bien que et quoique utilisés com­me ad­ver­bes

Dans la langue cou­rante, dans les ad­ver­bia­les post­po­sées (en for­me de com­men­taire), il est fré­quen­t qu’on uti­li­se les con­jonc­tions con­ces­sives en­co­re que, bien que et quoique com­me des sortes d’ad­ver­bes ad­versatifs. Dans ce cas-là, à l’oral on mar­que une (légère) pause dans l’intona­tion et il y a un net change­ment de ligne mé­lo­di­que. À l’écrit, on peut com­mencer une nouvelle phra­se in­tro­duite par la con­jonc­tion uti­li­sée com­me ad­ver­be. Dans ce cas, en­co­re que, bien que et quoique sont le plus sou­vent sui­vis de l’in­di­ca­tif. La locu­tion en­co­re que est très utilisée dans ce sens, no­tam­ment pour ex­pri­mer un com­mentaire ou un avis après la pro­po­si­­tion prin­ci­pa­le :

Oh, si j’avais eu plus d’argent, j’aurais peut-être acheté une voiture plus grande, en­co­re que, celle-là est bien suffisante pour moi. Nous n’avons jamais rencontré de pro­blè­mes avec cette procédure, jusqu’à la panne d’aujourd’hui. Encore que rien n’in­di­que qu’elle en soit la cause.

Remar­que : la con­jonc­­tion mê­me si est aus­si sou­vent utilisée com­me « ad­ver­be ».

Bien que sui­vi du con­di­tion­nel

D’une ma­niè­re gé­né­rale, l’em­ploi du con­di­tion­nel n’est pas ad­mis dans les con­ces­sives in­tro­dui­tes par bien que, alors qu’il est fré­quen­t en fin­nois après vaikka. On entend ou on trouve dans la presse assez fréquem­ment des phra­ses avec bien que sui­vi du con­di­tion­nel, mais c’est en principe con­si­dé­ré com­me in­cor­rect (beau­coup d’usagers l’ignorent) :

Ils ont sans doute eu raison de rentrer, bien que ça aurait été intéressant de passer un an à l’étranger. La direc­tion de l’axe magnétique dans l’espace change donc constam­ment et rapidement, mais n’est jamais orientée vers le soleil bien que ce serait briève­ment pos­si­ble à d’au­tres points de l’orbite de la planète [extrait d’un traité d’astronomie].

Si on veut absolu­ment ex­pri­mer le con­di­tion­nel dans un con­tex­te con­ces­sif, on peut couper la phra­se et uti­li­ser une cons­truc­­tion paratactique avec ad­ver­be :

Ils ont sans doute eu raison de rentrer. Ça aurait pourtant été intéressant de ­ un an à l’étranger. La direc­tion de l’axe magnétique dans l’espace change donc constam­ment et rapidement, mais n’est jamais orientée vers le soleil ; ce serait ce­pen­dant briève­ment pos­si­ble à d’au­tres points de l’orbite de la planète.

À l’écrit, on uti­li­se le sub­jonc­tif, qui contient l’idée de futur/éven­tu­el/irréel :

Ils ont sans doute eu raison de rentrer, en­co­re que / quoique à mon avis il eût été intéressant de passer un an à l’étranger. La direc­tion de l’axe magnétique dans l’espace change donc constam­ment et rapidement, mais n’est jamais orientée vers le soleil bien que cela soit briève­ment pos­si­ble à d’au­tres points de l’orbite de la planète.

Même si sui­vi du con­di­tion­nel

Com­me bien que, quoique et en­co­re que, la con­jonc­­tion mê­me si est fré­quem­ment utilisée com­me un ad­ver­be ad­versatif in­tro­duisant un com­mentaire. À l’oral, on mar­que alors une légère pause, et la pro­po­si­­tion est pro­non­cée sur une intona­tion dif­fé­ren­te. Dans ce cas-là, mê­me si peut être sui­vi par exem­ple d’un con­di­tion­nel, ce qui n’est nor­ma­le­ment pas admis dans le code écrit strict s’il s’agit d’une véritable con­jonc­tion. On a relevé ain­si les exem­ples sui­vants (parmi de très nom­breux au­tres), dans lesquels on voit que le con­di­tion­nel est amené par le besoin d’ex­pri­mer le potentiel de façon plus nette (l’im­par­fait/plus-que-parfait ex­pri­merait un irréel ou la con­cordance des temps) :

J’ai bien aimé retrouver les personnages et apprendre à les connaitre un peu plus mê­me si, à mon avis, ça aurait pu être traité plus en profondeur. La France fera ainsi moins bien que cette an­née, où le produit intérieur brut (PIB) est attendu en hausse de 1,4%, mê­me si elle de­vrait mieux résister que ses voisins. (Ouest-France 26.9.2019). Laisser le gazon se dessécher, ou le remplacer par des herbes hautes, par ex­em­ple, ne risque pas de plaire aux Vancou­vérois, croit Nick Page, mê­me si cela pourrait éloigner les grands oi­seaux. (Radio-Canada en ligne, 20.7.2019)

Si on veut respecter la norme du code écrit et éviter d’uti­li­ser le con­di­tion­nel, il faut uti­li­ser des constructions dif­fé­ren­tes  :

La France fera ainsi moins bien que cette année, où le produit intérieur brut (PIB) est attendu en hausse de 1,4%, mê­me si on prévoit qu’elle devrait mieux résister que ses voisins. Laisser le gazon se dessécher, ou le remplacer par des herbes hautes, par ex­em­ple, ne risque pas de plaire aux Vancou­vérois, croit Nick Page, bien que ce soit un pro­cé­dé permettant éven­tu­el­le­ment d’éloigner les grands oi­seaux.

Pro­po­si­tions re­la­ti­ves formant des ex­pres­sions con­ces­sives

Structure et fonctionnement

La con­ces­sion peut être ex­pri­mée par une pro­po­si­­tion sub­or­don­née re­la­ti­ve cons­truite sur une structure similaire à celle des phrases cli­vées : un élé­ment est extrait de la pro­po­si­tion et placé en tête de celle-ci. Il est sou­vent pré­cé­dé d’un mot qui « annonce » la rela­tion de con­ces­sion (déter­minant quel­que, ad­ver­be si/quel­que etc.) et qui est « développé » par la re­la­ti­ve. Com­parer :

Bien que ces constructions paraissent assez compliquées, elles sont fré­quentes. =
Si compliquéesque ces constructions paraissent, elles sont fré­quentes.

Vous pouvez poser la ques­tion à n’im­por­te quelle per­son­ne, el­le vous répondra la mê­me chose. = À quel­que per­son­ne que vous posiez la ques­tion, elle vous répondra la mê­me chose.

La construc­tion re­la­ti­ve présente un argu­ment qui s’oppose à celui de la pro­po­si­­tion prin­ci­pa­le et il y a une très forte corréla­tion entre les deux pro­po­si­tions. Le verbe de la proposition adverbiale est (presque) toujours au subjonctif. En fin­nois, il exis­te des constructions re­la­ti­ves de sens con­ces­sif très similaires, où cette cor­ré­la­tion est in­di­quée par des mots con­ces­sifs divers, par l’ordre des mots et par un ad­ver­be com­me tahansa ou hyvänsä, qui correspond en quel­que sorte à que , assez sou­vent ren­forcé par l’enclitique -kin (qui ex­pri­me d’une cer­tai­ne ma­niè­re la valeur du sub­jonc­tif en fran­çais) :

Mitätahansahänsanoo(kin),häntä tullaan arvostelemaan.
Quoiqu’ildise,il sera critiqué.
Les re­la­ti­ves à sens con­ces­sif en fin­nois et en fran­çai­s
FINNOISfran­çais
Oli substantiivi millainen tahansaquel(les) que soi(en)t nom
Mikä substantiivi tahansa ver­be quel­que(s) nom que ver­be
Oli substantiivi kuinka adjektiivi tahansa
Niin adjektiivi kuin substantiivi on(kin)
quel­que ad­jec­tif que soit nom
si ad­jec­tif que soit nom
nom avoir beau être ad­jec­tif
Mitä tahansa substantiivi verbi[kin] quoi que nom ver­be
Kuka tahansa substantiivi on[kin] qui que nom être
Missä tahansa substantiivi on[kin] où que nom être
Variantes plus simples

Il y a donc un parallélisme assez net entre le fin­nois et le fran­çai­s concernant les pro­po­si­tions re­la­ti­ves à sens con­ces­sif, qui sont assez faciles à com­pren­dre pour les fin­no­pho­nes. Cepen­dant, mal­gré les ressemblances entre le finnois et le fran­çais, ces constructions peuvent être difficiles à uti­li­ser. Dans l’ex­pres­sion écrite cou­ran­te, on peut les remplacer par des constructions plus simples avec bien que, ou par des adver­bes. Ci-dessous quelques suggestions de paraphrases :

Si intéressante que cette question puisse être, nous ne la traiterons pas ici. = Bien que cette question soit très intéressante, nous ne la traiterons pas ici. Quelle que soit la cause de cette situation, il faut y remédier rapidement. = La cause de cette situation n’est pas connue, mais il faut y remédier rapidement. Quoi que les grammaires affirment gé­né­ra­le­ment, il n’y a pas d’ar­ti­cle par­ti­tif en fran­çais. = Malgré ce que les grammaires affirment gé­né­ra­le­ment, il n’y a pas d’ar­ti­cle par­ti­tif en fran­çais. Dans quelque manuel que nous ayons cherché, nous n’avons pas retrouvé cette règle. = Nous avons cherché dans de nom­breux manuels, mais mal­gré cela nous n’avons retrouvé cette règle dans aucun d’entre eux.

Les fran­co­pho­nes ont beau­coup plus de mal à interpréter ces constructions. L’ho­mo­pho­nie quel­que/quel que oc­ca­sion­ne de nom­breuses « fautes d’ortho­gra­phe », qui tradui­sent le fait que de nom­breux usagers ne com­prennent pas réelle­ment le sens de la structure gram­ma­ticale. Les for­mes erronées, très fré­quen­tes, ne sont pas une simple « curiosité » : elles posent un pro­blè­me d’inter­pré­ta­tion par l’ap­pre­nant de fran­çais lan­gue étran­gè­re des productions écrites des fran­co­pho­nes.

Que at­tri­but du su­jet

On peut distinguer trois types de constructions, dans lesquelles que peut être un vé­ri­ta­ble pro­nom relatif en fonc­tion d’at­tri­but du su­jet, de complé­ment direct du ver­be (CVD) ou de su­jet post­po­sé, ou bien représenter une sorte de sub­or­don­nant pas­se­par­tout, qui sert de support à la construc­tion con­ces­sive (com­me dans le cas des phra­ses cli­vées). En revanche, contraire­ment au fin­nois, le pro­nom relatif de la cons­truc­tion con­ces­sive ne peut pas être le su­jet du ver­be (qui).

Remar­que : dans tou­tes ces constructions, le ver­be de la pro­po­si­­tion re­la­ti­ve est le sub­jonc­tif, sauf dans le cas de la construc­tion tout ad­jec­tif que….

Le cas le plus fré­quen­t est celui où le ver­be de la re­la­ti­ve est le ver­be être ou un au­tre ver­be d’état com­me devenir, paraitre, sembler. Dans ce cas, que et l’an­té­cé­dent qui y est lié représentent l’at­tri­but du su­jet. Le mot ex­pri­mant la con­ces­sion varie selon la nature de l’an­té­cé­dent. L’ordre des mots dans la re­la­ti­ve peut varier (su­jet inversé ou non). Le tableau sui­vant résume le fonctionne­ment (expliqué ci-dessous en détail pour chaque possibilité) :

 GROUPE ATTRIBUT ANTÉCÉDENTrelatif
a)qui / quoiquesu­jetêtre
b)quel(les)queêtresu­jet
c)quel­que(s)  nomquesu­jetêtre
d)si/aus­si/pour/quel­que/tout  ad­jec­tifquesu­jetêtre

Le grou­pe at­tri­but antécédent du pro­nom que peut donc être :

À l’intérieur de chaque grou­pe, il peut y avoir des variations con­cernant l’ordre des mots, la for­me du mot con­ces­sif (tout, par ex­em­ple, peut s’ac­cor­der en gen­re et en nombre), ou des restrictions con­cernant l’em­ploi de cer­tai­nes for­mes dans cer­tains cas, mais le fonctionne­ment d’ensemble est le mê­me.

At­tri­but pro­nom qui / quoi

Le pro­nom qui peut l’antécédent du pro­nom que, lequel est l’at­tri­but du su­jet (signalé en italiques) :

Qui que vous soyez, vous devez vous inscrire com­me tout le monde. Kuka tahansa olettekin, teidän täytyy ilmoittautua kuten muutkin. Elle n’avait absolu­ment pas à se justifier à qui que cela puisse être. L’enfant pris en charge a une histoire et les per­son­nes responsables de sa prise en charge, qui qu’elles soient, doivent met­tre en valeur et respecter tous les élé­ments qui la com­posent.

Ces for­mes ne sont ce­pen­dant pas très fré­quen­tes. En gé­né­ral on uti­li­se des for­mes com­me quelle que soit (la per­son­ne) qui. De mê­me, on uti­li­se assez rare­ment le pro­nom quoi com­me at­tri­but (par ex­em­ple quoi que cela soit), à cause de l’homophonie de quoi que et de la con­jonc­­tion quoique. Dans ce cas éga­le­ment, on uti­li­se plutôt quel(le) … que, sauf quand le con­tex­te ou la structure de la phra­se in­di­quent suffisam­ment claire­ment qu’il s’agit d’un pro­nom :

Quoi qu’elle ait pu être, quoi qu’elle ait pu faire, elle ne méritait pas d’être traitée ainsi.  Quoi qu’il ait fait, quoi qu’il ait été, il ne méritait ni la peine de mort, ni les Assises, mais au pire la Correctionnelle, le sursis ou la cellule. Les candidats malheureux suppliaient les organisateurs d’obtenir une deuxième chance pour don­ner la bonne ré­pon­se, quoi qu’elle ait pu être.

Les em­plois les plus fré­quen­ts des pro­noms qui et quoi dans une re­la­ti­ve à sens con­ces­sif sont les constructions qui que ce soit, quoi que ce soit, quoi qu’il en soit. Elles sont utiles à connaitre, car elles ont parfois une valeur idiomatique par­ti­cu­lière :

a.  qui que ce soit (kuka tahansa) et quoi que ce soit (mikä tahansa) s’em­ploient couram­ment pour ex­pri­mer une sorte de condi­tion exclusive ; dans une phrase né­ga­ti­ve, quoi que ce soit est synonyme de « absolu­ment rien », et qui que ce soit est synonyme de quiconque :

Si quel­qu’un téléphone, qui que ce soit, il ne faudra pas lui répondre. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’ hésite pas à m’ appeler. Le Premier ministre a ré­af­fir­mé que le gouverne­ment n’avait « au­cu­ne volonté de cacher quoi que ce soit » sur le projet de réfor­me. S’il y a quoi que ce soit qui ne fonctionne pas com­me prévu, n’hésitez pas à nous contacter. S’il y a quoi que ce soit com­me pro­blè­me, envoie-moi un message. Pendant les vacances, je n’ai pas fait quoi que ce soit. Elle est telle­ment susceptible qu’il sera bientôt impos­si­ble de lui dire quoi que ce soit !

b. Quoi qu’il en soit est une construc­tion con­ces­sive for­mée avec la locu­tion ver­bale en être [de qch], utilisée notam­ment dans les tournures qu’en est-il ? miten on asian laita?, il est difficile de savoir ce qu’il en on vaikea sanoa, miten on asian laita. L’ex­pres­sion quoi qu’il en soit signifie pro­pre­ment « oli asian laita mitä tahansa » et elle s’est lexicalisée dans le sens d’une ex­pres­sion ad­verbiale équi­va­lente à de tou­te façon (langue cou­rante), en tout état de cause (code écrit strict/sou­te­nu). Quoi qu’il en soit équivaut pour le sens au fin­nois oli miten oli, mais est plus neu­tre que la version fin­noise et s’uti­li­se couram­ment dans un dis­cours de type argumentatif, scientifique etc.

At­tri­but ad­jectif in­dé­fi­ni quel(le) 

Dans cette construction, l’ad­jec­tif in­dé­fi­ni quel est l’at­tri­but (relayé par que) du su­jet du ver­be. Il s’ac­cor­de donc en gen­re et en nombre avec ce su­jet. Il dé­si­gne un con­tenu sé­man­ti­que in­dé­fi­ni et variable : quelle que soit la solution équivaut à la solu­tion peut être n’im­por­te quoi/n’im­por­te com­ment (c’est d’ailleurs ainsi qu’on pourrait ex­pri­mer la mê­me idée dans la langue cou­rante) :

Quels que soient le jour ou l’heure, tu peux m’appeler si tu as besoin de moi. Quelle que soit la per­son­ne qui t’a dit cela, je te garantis que c’est faux. Quelles qu’aient été les circonstances, ils n’ont au­cu­ne excuse. Quels que puissent être les pro­blè­mes qu’il éprouve, il doit réussir. Jean-Paul Sartre l’écrit dans Les Temps modernes : « Toute la pensée fran­çai­se […], qu’elle le voulût ou non, quelles que fussent par ailleurs ses au­tres coordonnées, devait se dé­fi­nir aus­si par rap­port à Gide ».

Cette cons­truc­­tion corres­pon­d plus ou moins au fin­nois oli(vat)… millainen (millaisia) tahansa (les équi­va­lents fin­nois varient légère­ment selon le type de phra­se).

Ordre des mots : quand l’at­tri­but du ver­be en prolepse est l’ad­jec­tif quel, on fait tou­jours l’in­ver­sion du su­jet, au­tre­ment dit le ver­be (gé­né­rale­ment être) suit tou­jours le pro­nom que ; on peut ce­pen­dant éven­tu­el­le­ment placer le pro­nom en devant le ver­be :

Nous savions que, quels que seraient les obstacles, nous étions obligés de réussir. Quelles qu’en soient les raisons, son com­porte­ment était inacceptable. Les bâ­ti­ments, quelle que puisse être leur destination, qui seront élevés à l’avenir dans le Grand-Duché, ne pourront recevoir qu’une couverture en ardoises. Et quels qu’au­raient été les locataires, les conséquences auraient été les mê­mes.

At­tri­but grou­pe no­mi­nal avec déter­minant quel­que 

Dans cette cons­truc­tion, l’at­tri­but du su­jet est un grou­pe no­mi­nal for­mé d’un nom pré­cé­dé du dé­ter­minant in­dé­fi­ni quel­que, qui s’ac­cor­de en nombre. Le fin­nois pos­sè­de, dans ce cas aus­si, une cons­truc­tion équi­va­lente, mikä tahansa nom + ver­be :

Quel­que décision qu’il prenne, il sera critiqué.  Minkä tahansa päätöksen hän tekeekin, häntä tullaan arvostelemaan. Quel­ques pro­blè­mes que cela puisse entrainer, nous irons jusqu’au bout. Viemme asian päätökseen, mitä tahansa ongelmia se aiheuttaakin. Quel­ques efforts qu’il fasse, il n’arrive pas à pro­non­cer les r roulés. Vaikka kuinka hän yrittää, hän ei pysty ääntämään suomalaista r:ää.

La cons­truc­­tion quel­que + nom est surtout uti­li­sée à l’écrit. Dans la langue cou­rante, on uti­li­sera plus fréquem­ment par exem­ple quel… que soit :

Quelle que soit la décision qu’il prendra, il sera critiqué. Quels que soient les pro­blè­mes que cela pour­ra entrainer, nous irons jusqu’au bout. Quels que soient les efforts qu’il fait, il n’arrive pas à rouler les r.

Remar­que : en fin­nois, on uti­li­se donc une seule et mê­me for­me, millainen, com­me ad­jectif in­dé­fi­ni et com­me déter­minant in­dé­fi­ni, là où le fran­çai­s uti­li­se deux mots dif­fé­rents (le mot en gras est le pro­nom relatif que) :

Oli hänen päätöksensä millainen tahansa… Quelle que soit sa décision…
Millaisen päätöksen hän tekeekin… quel­que décision qu’il prenne…

At­tri­but ad­jectif qualificatif
modifié par si, aus­si, pour, quel­que, tout

Dans ces cons­truc­tions, l’at­tri­but du su­jet est un ad­jectif modifié par un des ad­ver­bes si, aus­si, pour, quel­que, tout, qui ont tous un sens équivalent (finnois niin). Ces cons­truc­tions cor­res­pondent assez exacte­ment au fin­nois niin adjektiivi kuin onkin/ tun­tuu­kin etc.

fran­çai­s si, aus­si, quel­que, pour, tout ad­jec­tif que être (ou paraitre etc.)
fin­nois niin ad­jec­tif kuin ver­be kin

L’ad­ver­be qui modifie l’ad­jec­tif est gé­né­rale­ment si/aus­si ou tout dans la langue cou­rante ; dans le code écrit, on uti­li­se égale­ment quel­que ou pour. Le mot quel­que est ici en fonc­tion d’ad­ver­be, com­me dans l’ex­pres­sion quel­que peu (hieman, hiukan) et il est donc in­va­ria­ble. Il ne faut pas le confondre avec quel­que déter­minant em­ployé avec un sens con­ces­sif (voir ci-des­sus). De mê­me, l’élé­ment pour doit être correcte­ment in­ter­pré­té dans un sens con­ces­sif et non final. Le fait que ces mots sont sui­vis d’un ad­jectif doit permet­tre de bien interpréter la cons­truc­tion.

Si / aus­si / quel­que / tout sont utilisables en tête de pro­po­si­tion ad­ver­bia­le an­té­po­sée ou post­po­sée ; pour s’uti­li­se le plus sou­vent dans une ad­ver­bia­le an­té­po­sée. Le ver­be de la re­la­ti­ve est au sub­jonc­tif, sauf dans les re­la­ti­ves in­tro­duites par tout, où il est gé­né­rale­ment à l’in­di­ca­tif :

Ces cons­truc­tions, si com­pliquées/aus­si com­pliquées/quel­que com­pliquées/pour com­pliquées qu’elles paraissent, sont assez fré­quen­tes. Quel­que curieux / Si curieux/ Pour curieux que cela puisse sembler, c’est tout à fait cou­rant. Aussi incompréhensible que cela puisse paraitre, le Conseil fédéral recommande de rejeter cette motion. Tout cela, pour amusant que cela puisse être quand on n’a rien de mieux à faire, est d’une grande banalité. Si drôle qu’elle ait d’abord pu paraitre, sa chute eut des conséquences dramatiques. Tout perfectionniste qu’il est, il reste des incohérences dans son texte. Aussi scandaleux que cela puisse paraitre, c’est l’État qui a « porté »l’endette­ment bancaire à sa place. Cette réac­tion aurait vrai­ment mérité qu’on s’y arrête un instant, si inattendue qu’elle ait pu paraitre sur l’instant. Il n’est au­cu­ne ques­tion à laquelle je ne veuille répondre, quel­que désagréable que cela puisse être. L’image faussée de peur, de repli, que cer­tains des candidats diffusent ne corres­pon­d pas, pour surprenant que ce soit, à la réalité du terrain.

L’« ad­ver­be » tout

Com­me les au­tres mots de la série (si, aus­si, pour, quel­que), tout est ici en fonc­tion d’ad­ver­be, mais il « s’ac­cor­de » en gen­re et en nombre avec l’ad­jec­tif ou le nom qu’il précède (voir les règles con­cer­nant l’ac­cor­d de tout). De plus, il peut aus­si déter­miner un nom, mais ce nom ren­voie tou­jours à un ré­fé­rent humain et ex­pri­me un statut (profession, rôle social etc.) : com­me dans le cas des noms de profession, ce « nom » est en réalité en fonc­tion d’ad­jec­tif (on trouve des em­plois similaires avec un nom en fin­nois : Niin mestari kuin piirtäjä onkin…) :

Toute sportive qu’elle est, elle a eu une crise cardiaque à 40 ans. Ils ont été bat­tus par une équipe d’amateurs, tous champions de France qu’ils sont. Toute mi­nis­tre qu’elle est, elle n’a au­cun pouvoir réel.  Tout professeur d’histoire qu’il est, il n’a pas su répondre à ma question. Nous avons besoin de continuer à faire confiance aux experts en gardant à l’esprit que tous experts qu’ils sont, ils restent humains, et donc peu­vent se tromper.

L’au­tre ca­rac­té­ris­ti­que con­cernant tout con­ces­sif est que le mode de la con­ces­sive est le plus sou­vent, dans l’usage moderne, l’in­di­ca­tif (voir les exemples ci-dessus). Il règne ce­pen­dant un cer­tain flotte­ment à ce su­jet et on trouve aus­si le sub­jonc­tif :

Par ailleurs, ces idées de développe­ment auto-centré et endogène, tou­tes sym­pa­thi­ques qu’elles soient, n’ont pas produit les résultats escomptés. Toute députée qu’elle fût, lorsqu’elle quitta l’Algérie pour faire entendre la cause de ses con­ci­toy­en­nes, Salima ne s’embarrassa pas de diplomatie.

Ordre des mots

Quand le ver­be être est em­ployé seul, c’est-à-dire non modifié par ex­em­ple par pouvoir ou devoir et que le su­jet est un grou­pe no­mi­nal, il est fré­quen­t qu’on fasse l’in­ver­sion du su­jet, surtout si le grou­pe no­mi­nal est long ou développé par ex­em­ple par une pro­po­si­­tion re­la­ti­ve :

Pour séduisante que soit cette théorie, il apparaitrait que la ques­tion soit en réa­li­té plus com­plexe. On donne ce qu’on veut par Paypal, et quel­que étrange que paraisse ce mo­dè­le économique, il permet sans au­cun doute une meilleure ré­mu­né­ra­tion des artistes. Les expulsions étaient quand mê­me fré­quen­tes, si bas que fussent les loyers de cer­tains taudis. (Zola) Si puissants qu’aient été les hommes, si violentes qu’aient été les passions, si subtils qu’aient été les ressorts cachés qu’il fallait mouvoir, Metternich a suffi à la tâche. (A. Sorel)

Si le su­jet est un pro­nom, on ne peut pas faire l’in­ver­sion, sauf dans le cas sui­vant :

Variante avec in­ver­sion du su­jet sans que

La con­ces­sive in­tro­duite par si ou aus­si peut être utilisée en posi­tion post­po­sée, mais aus­si assez fré­quem­ment en incise. Dans ce cas-là, si le ver­be est être, on peut uti­li­ser une simple in­ver­sion, sans la con­jonc­­tion que. La valeur con­ces­sive est en quel­que sorte mar­quée à la fois par l’in­ver­sion et la posi­tion de la pro­po­si­tion.

Cette va­rian­te n’est pos­si­ble qu’avec si et aus­si et le ver­be être, et nor­ma­le­ment seu­le­ment en posi­tion postposée (donc en incise ou en fin de phra­se). Dans les au­tres cas, quand l’ad­ver­be est pour ou quel­que ou que le ver­be est sembler, paraitre etc., on ne peut pas uti­li­ser l’in­ver­sion seule. De plus, le ver­be être avec son su­jet inversé doit se trouver à la fin de la pro­po­si­­tion (… soit-elle, … fussent-ils, etc.) et ne doit pas être sui­vi par un au­tre élé­ment (ad­ver­be, com­plé­ment etc.). Com­pa­rer :

Forme nor­ma­le :
Si utile que l’automobile soit aujourd’hui, elle est de plus en plus critiquée sur fond de réchauffe­ment climatique.

Forme nor­ma­le avec in­ver­sion du su­jet :
Si utile que soit l’automobile aujourd’hui, elle est de plus en plus critiquée sur fond de réchauffe­ment climatique.

Forme nor­ma­le avec pro­nom :
L’automobile, si utile qu’elle soit aujourd’hui, est de plus en plus critiquée sur fond de réchauffe­ment clima­ti­que.

Variante avec in­ver­sion sans que :
L’automobile, si utile soit-elle, est de plus en plus critiquée sur fond de réchauffe­ment cli­ma­ti­que. [si utile soit-elle aujourd’hui serait assez maladroit.]

Autres ex­em­ples :

Mais que faire de son avertissement, si précieux soit-il ? Mais ce com­pliment, aus­si étrange­ment tourné soit-il, lui faisait vrai­ment plaisir. Dans cette pers­pec­ti­ve les pro­blè­mes économiques, si con­si­dé­ra­bles soient-ils, n’occupent qu’une place secondaire. Le plus important, c’est ce qu’on se ra­con­te sur cette situation, aus­si alambiquée ou com­pliquée soit-elle. Toute copie, si parfaite soit-elle, aura une valeur dif­fé­ren­te de celle de l’original. Com­ment supporter ces offenses, aus­si ad­roite­ment déguisées soient-elles ?

On trouve ce­pen­dant des occurrences où être n’est pas en fin de pro­po­si­tion :

Pour les aider, il faudrait positiviser les quel­ques com­pétences qui leur per­met­traient, si entamées soient-elles par leurs défaillances du moment, de surmonter la crise. Son pro­blè­me, elle ne pouvait le partager : elle devrait le régler seule, aus­si dif­fi­ci­le fût-il à supporter.

Ce gen­re de construc­tion semble assez maladroit, mais il est re­la­ti­ve­ment malaisé de se pro­non­cer de façon péremptoire sur l’acceptabilité de telles va­rian­tes, car un cer­tain flotte­ment règne chez les usagers à ce su­jet. Parmi les au­tres va­rian­tes non standard (et qui, de préférence, ne doivent pas être imitées), on trouve par ex­em­ple ces constructions em­ployées en posi­tion de ad­ver­bia­le an­té­po­sée (a) et (b), ou bien avec un au­tre ver­be que le ver­be être (c) :

(a) Mais le traducteur, c’est un peu com­me un rédacteur de dis­cours : si précieux soit-il, il reste dans l’ombre.
(b) Si dif­fi­ci­le soit-il, il est tou­tefois clair que des progrès con­crets sont réalisés.
(c) Les intérêts, si con­si­dé­ra­bles soient-ils, les idéaux si élevés paraissent-ils, ne peu­vent justifier les hécatombes humaines.

Les (nom­breux au­tres) ex­em­ples de la construc­tion si dif­fi­ci­le soit-il relevés sur internet semblent in­di­quer qu’elle est assez sou­vent com­prise de façon erronée dans le sens de « aus­si dif­fi­ci­le que cela soit » (pour ainsi dire com­me une sorte de locu­tion ad­verbiale en figement, similaire à mal­gré tout). C’est le cas de l’ex­em­ple (b) ci-dessus, où le pro­nom il ne ren­voie à au­cun ré­fé­rent identifiable dans le con­tex­te (non cité). Ceci laisse à penser que l’inter­pré­ta­­tion exacte de ces constructions devient pro­gres­si­ve­ment et au moins par­tiel­le­ment obscure pour une par­tie des usagers, ce dont l’étu­diant de FLE éclairé doit savoir tenir com­pte.

Autres fonctions de que

Le pro­nom que peut égale­ment être utilisé en fonc­tion de com­plé­ment direct du ver­be (CVD) ou dans des constructions pré­po­si­tionnelles.

a. si que a pour an­té­cé­dent le pro­nom in­dé­fi­ni qui ou quoi, il peut être utilisé com­me CVD :

Je pense qu’au fond, qui que vous questionniez, s’il répond sincèrement, sa ré­pon­se reviendra à celle que je viens de faire. Qui que j’aie consulté à ce su­jet, la ré­pon­se a été la mê­me. Quoi que tu dises, tu ne me convaincras pas. Mitä tahansa sanot­kin, et saa minua vakuuttuneeksi. Et les électeurs s’y reconnaissent de moins en moins, quoi que vous affirmiez. Quoi qu’on en dise, si la publicité n’existait pas, nous n’aurions pas de télévision.

L’ex­pres­sion quoi qu’on (en) dise a pris un sens un peu par­ti­cu­lier, « mal­gré tout ce qu’on en dit géné­ra­le­ment [de né­ga­ti­f] », mot à mot en fin­nois « vaikka mitä siitä sanotaankin » (= kai­kes­ta huo­li­mat­ta) ; elle est liée à une asser­tion qui souligne le côté positif :

Quoi qu’on en dise, l’hiver finlandais a ses bons côtés. Quoi qu’on dise, cette championne a eu raison d’arrêter la com­pétition. Les actions restent, quoi qu’on en dise, le meilleur place­ment du moment.

Remar­que : ne pas confondre quoi que tu dises (mitä tahansa sanotkin) et quoique tu dises… (vaikka sanot…) : le fin­nois, qui corres­pon­d pra­ti­que­ment mot à mot à l’équi­va­lent fran­çai­s, permet de com­pren­dre facile­ment la dif­fé­ren­ce entre les deux cons­truc­tions, mais pour les fran­co­pho­nes, l’ho­mo­pho­nie /kwakɶ/ est source de con­fu­sions fré­quen­tes (*quoique tu dises, tu ne me convaincras pas).

b)  le plus sou­vent, que a pour antécédent un grou­pe no­mi­nal for­mé d’un nom et du déter­minant in­dé­fi­ni quel­que. Dans ce cas, on peut uti­li­ser tou­te sorte de com­plé­ments et dif­fé­ren­tes pré­po­si­tions devant l’antécédent :

Quel­que per­son­ne que j’aie consulté à ce su­jet, la ré­pon­se a été la mê­me. Dans quel­que région de France que vous alliez, le pain est dif­fé­rent. À quel­que per­son­ne que j’aie posé la question, la ré­pon­se a été la mê­me.  Tu reviendras ici dans la soirée, et tu m’attendras, à quel­que heure de la nuit que je puisse rentrer. N’hésitez pas à com­menter ce point après un cours si vous pensez que j’ai manqué de clarté sur quel­que point que ce soit. En transitant par Moscou, il fallait repasser le contrôle de sécurité, de quel­que pays que l’on arrive.

Si le com­plé­ment ex­pri­me un lieu in­dé­fi­ni, on peut aus­si uti­li­ser le pro­nom  :

Je le retrouverai, où qu’il soit. Où que vous alliez en France, le pain est dif­fé­rent. D’où que vous veniez et où que vous alliez, vous ne pourrez pas entrer dans la ville ni en sortir sans rester coincé dans d’incroyables embouteillages. Où que j’aille, qui que je voie, à cause de mon accent on me demande tou­jours d’où je viens. En transitant par Moscou, d’où qu’on arrive, il fallait repasser le contrôle de sécurité.

Le pro­nom relatif ne peut pas être le pro­nom su­jet qui

Malgré les ressemblances gé­né­rales, il y a une dif­fé­ren­ce nette avec le fin­nois sur un point : con­trai­re­ment au fin­nois kuka tahansa tuleekin / Mikä tahansa häntä vaivaakin, en fran­çai­s le pro­nom relatif ne peut pas être le su­jet de la re­la­ti­ve, au­tre­ment dit on ne peut pas uti­li­ser le pro­nom qui. Les suites **qui qui + ver­be ou **quoi qui + ver­be sont agram­maticales. Pour cette raison, on évite gé­né­ra­le­ment aus­si les suites qui qu’il(s) (qui qu’il voie, qui qu’ils connaissent), bien que dans ce cas-là qu’ représente bien un CVD.

Pour uti­li­ser un pro­nom in­dé­fi­ni en fonc­tion de su­jet dans les pro­po­si­tions re­la­ti­ves à sens con­ces­sif, il faut recourir à la cons­truc­­tion avec quel(les) que + être :

Quelle que soit la per­son­ne qui viendra, il ne faudra en au­cun cas lui ouvrir. [*Qui qui viendra serait agram­matical.]  Quel que soit le pro­blè­me qui l’affecte, il doit rester optimiste. [*Quoi qui l’affecte serait agram­matical.] On est tou­jours seul dans la vie, quelles que soient les per­son­nes qui nous entourent. [*Qui qui nous entoure serait agram­matical.] Quelle qu’eût été la per­son­ne qui le lui annoncerait, il était inévitable que cette nouvelle le choquerait profondément.[*Qui qui le lui eût annoncé serait agram­matical.] Quelles que soient les choses qui vous intéressent, Reyk­ja­vík a tou­jours quel­que chose à vous offrir ! [*Quoi qui vous intéresse serait gram­matical.]

On peut ce­pen­dant uti­li­ser quoi en fonc­tion de su­jet post­po­sé dans les cons­truc­tions avec un ver­be intransitif dont le su­jet gram­matical est il (pro­nom con­ju­ga­teur). En effet, dans ces constructions, le pro­nom relatif qu’ se com­porte com­me s’il était com­plé­ment de ver­be direct :

Quoi qu’il arrive, ma confiance vous est acquise. Il sera dif­fi­ci­le de la faire chan­ger d’opinion, quoi qu’il ad­vienne. Quoi qu’il se raconte à son su­jet, ce four­nis­seur nous a tou­jours donné entière satisfaction.

N’importe qui, n’im­por­te quoi, n’im­por­te quel(les)

Les cons­truc­tions avec ad­ver­be con­ces­sif sont parfois d’un em­ploi délicat. Elles peu­vent être remplacées par des cons­truc­tions équi­va­lentes :

Ces cons­truc­tions, si/quel­que/pour com­pliquées qu’elles paraissent, sont fré­quen­tes. →
Ces cons­truc­tions ont beau être com­pliquées, elles sont assez fré­quen­tes. ou
Même si elles paraissent com­pliquées, ces cons­truc­tions sont assez fré­quen­tes.

Si soigneuse qu’elle est, elle a oublié de traduire une phra­se. →
Elle a beau être soigneuse, elle a oublié de traduire une phra­se. ou
Bien qu’elle soit si soigneuse, elle a oublié de traduire une phra­se.

Pour rendre les constructions qui que vous soyez, quoi que tu fasses, on peut uti­li­ser les tournures sui­vantes :

Qui que vous soyez… → Vous pouvez être n’im­por­te qui… / Peu importe qui vous êtes… Quoi que tu dises… → Tu peux dire n’im­por­te quoi / tu peux dire ce que tu veux… Où qu’elle aille, elle sera tou­jours dans mes pensées. → Elle peut aller n’im­por­te où / Elle peut aller où elle veut, elle sera tou­jours dans mes pensées.

Cepen­dant, on ne peut pas uti­li­ser n’im­por­te (qui, quoi, , quel, quand, com­ment etc.) au début d’une pro­po­si­­tion re­la­ti­ve formant une ex­pres­sion con­ces­si­ve. Ex­em­ples de constructions fautives :

Je poursuivrai ce chemin *n’im­por­te où qu’il me mène. Et dans *n’im­por­te quoi que tu entreprends… il faut que tu com­mences à prendre tes responsabilités. Un message public sur un mur peut être lu par *n’im­por­te qui qui a accès à votre page du profil. N’importe l’institution d’enseignement, l’enseignant exerce cer­tai­nement plu­sieurs fonctions dif­fé­ren­tes qui peu­vent varier selon la situation.

Les fin­no­pho­nes sont sou­vent tentés d’uti­li­ser n’im­por­te qui/quoi en tête de phra­se, parce que kuka tahansa ou mikä/mitä tahansa/hyvänsä, etc. se traduisent juste­ment n’im­por­te qui / n’im­por­te quoi. Il y a effective­ment une ressemblance trompeuse entre Et voit ostaa mitä tahansa (Tu ne peux pas acheter n’im­por­te quoi) et Mitä tahansa ostatkin… (Quoi que tu achètes…), mais ce sont deux struc­tures très dif­fé­ren­tes :

Et voit ostaa mitä tahansa.
mitä tahansa est un élé­ment d’une phra­se com­plète et in­dé­pen­dante.

Mitä tahansa ostatkin, maksat arvonlisäveroa.
Maksat arvonlisäveroa, Mitä tahansa ostatkin.
Mitä tahansa doit obli­ga­toi­re­ment être relayé par une pro­po­si­­tion prin­ci­pa­le (qui vient gé­né­rale­ment après la sub­or­don­née re­la­ti­ve, mais qui peut aus­si la pré­cé­der).

Les fin­no­pho­nes doivent donc faire atten­tion à ne pas uti­li­ser la locu­tion n’im­por­te dans les re­la­ti­ves à sens con­ces­sif. Précisons ce­pen­dant que les constructions fau­tives men­tion­nés ci-dessus trou­vées sur Internet ont été produites par des… fran­co­pho­nes, qui sem­blent donc éprouver les mê­mes pro­blè­mes que les fin­no­pho­nes. Ces cons­truc­tions sont ce­pen­dant senties com­me nette­ment déviantes de la norme du fran­çai­s standard.

Les re­la­ti­ves à sens con­ces­sif en fin­nois et en fran­çai­s
FINNOISfran­çais
Oli substantiivi millainen tahansaquel(les) que soi(en)t nom
Mikä substantiivi tahansa ver­be quel­que(s) nom que ver­be
Oli substantiivi kuinka adjektiivi tahansa
Niin adjektiivi kuin substantiivi on(kin)
quel­que ad­jec­tif que soit nom
si ad­jec­tif que soit nom
nom avoir beau être ad­jec­tif
Mitä tahansa substantiivi verbi[kin] quoi que nom ver­be
Kuka tahansa substantiivi on[kin] qui que nom être
Missä tahansa substantiivi on[kin] où que nom être

Savoir interpréter les for­mes erronées

Il y a au total trois cons­truc­tions con­ces­sives dif­fé­ren­tes qui se pro­non­cent /kɛlk/ ou /kɛlkɶ/ :

La superposi­tion des cons­truc­tions en fran­çai­s et en fin­nois fait ressortir les si­mi­li­tu­des et per­met d’interpréter les dif­fé­ren­ces aisément :

quellesquesoientles circonstances…
millaisiatahansaoliolosuhteet… (= oli olosuhteet millaisia tahansa…)
quel­quesdif­fi­cul­tésque tu aies 
millaisiavaikeuksiasinulla onkin(= vaikka kuinka vaikeaa sinulla on)
quel­quebizarrequecela paraisse…
niinoudoltakuinse tuntuukin

Mais chez les fran­co­pho­nes, l’homophonie de quel que ~ quel­que pro­vo­que de nom­breuses con­fu­sions. L’étu­diant de FLE ne doit pas s’étonner de trouver des « va­rian­tes » de tou­te sorte dans tout type d’écrit. En consultant Internet par exem­ple, ou en lisant la presse écrite, on récolte facile­ment des centaines d’exem­ples de pro­duc­tions erronées qui mon­trent claire­ment à quel point ces cons­truc­tions sont dif­fi­ci­les à com­pren­dre pour les fran­co­pho­nes. On a ainsi relevé sur Internet (mai 2021) les séquences sui­vantes (plusieurs centaines d’occurrences pour chaque cas) :

*quel­que soient les…
Forme attendue : quels que soient les / quelles que soient les…

*quel­qu’ils soient…
Forme attendue : quels qu’ils soient…

*quel­qu’elles soient…
Forme attendue : quelles qu’elles soient…

*quelle que ad­jec­tif que…
Forme attendue : quel­que ad­jec­tif que…

On a mê­me trouvé plu­sieurs dizaines d’occurrences des séquences

*quel­que qu’il soit / *quel­que qu’elle soit ou
*quel­ques qu’ils soient /*quel­ques qu’elles soient

où la for­me erronée *quelque que ne peut mê­me pas être imputée à l’homophonie /kɛlk(ɶ)/, puis­qu’il s’agit d’une for­me hybride /kɛlkɶkɛl/ ou /kɛlkɶkil/ (un cas ca­rac­té­ris­tique d’hy­per­cor­rec­tis­me).

ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 60. Adverbiales con­ces­sives. Dernière mise à jour : 6.8.2022
Mises à jour après le 15.8.2022