Guide de grammaire française
pour étudiants finnophones
Pronom. On définit habituellement le pronom comme un mot qui peut « remplacer » (korvata) ou plus généralement se substituer à (toimia jnak, edustaa) un autre mot ou groupe de mots :
nom
J’ai oublié ma tablette dans la voiture, je vais la chercher.
adjectif
Toi tu es content, moi je le suis moins.
verbe
N’oublie pas de téléphoner → Je le ferai.
proposition
Les élèves ne sont pas habitués à ce qu’on leur fasse des critiques. → Ils n’y sont pas habitués.
phrase / idée
Nos jeunes voisins nous ont annoncé qu’ils allaient déménager. → C’est vraiment dommage, parce qu’ils sont vraiment sympathiques.
Remarque : en finnois, le terme de pronomini peut aussi désigner un déterminant.
Antécédent. L’antécédent, en finnois korrelaatti, est l’élément que le pronom remplace. Dans les exemples ci-dessus, ce sont les mots ou groupes de mots ma tablette, content, de téléphoner, à ce qu’on leur fasse des critiques, Nos jeunes voisins si sympathiques ont décidé de déménager.
Anaphore. L’anaphore, en finnois anafora, « viittaaminen », est le fait qu’un mot renvoie à (viittaa) ou remplace un élément mentionné dans l’énoncé ou le texte. Dans la phrase suivante, le pronom celle-ci renvoie à sa voisine et a une valeur anaphorique :
Quand elle était dans le jardin, Alice a discuté avec sa voisine Celle-ci lui a annoncé qu’elle allait vendre sa maison.
Pronoms nominaux et pronoms représentants. De nombreux mots considérés comme des pronoms ne « remplacent » rien (ils ne sont pas anaphoriques et n’ont pas d’antécédent) : quelqu’un, chacun, on, personne, tout le monde, je, tu etc. Ils se comportent comme des noms et on appelle certains de ces pronoms des pronoms nominaux. Les pronoms qui se substituent à un antécédent identifiable sont des pronoms représentants.
On utilise dans ce Guide de grammaire la terminologie suivante, qui reprend en partie la répartition traditionnelle des catégories de pronoms. Certains pronoms sont dans deux ou plusieurs catégories différentes, qui peuvent se recouper (olla päällekkäinen), voir le recyclage grammatical.
NB. Ceci est une liste des termes utilisés dans ce Guide et non une analyse linguistique de la catégorie des pronoms. Les exemples ne sont pas donnés exhaustivement.
Types de pronoms | |
---|---|
pronoms personnels | je, me, moi, tu, te, toi, on, se, nous, vous |
pronoms employés de façon réfléchie | me, te, se, nous, vous |
pronom IL | il, ils, elle, elles, lui, eux, le, la, l’, les, y, en, lui, leur, celui-ci, celle-ci, ceux-ci, celles-ci, celui-là, celle-là, ceux-là, celles-là ; celui, celle, ceux, celles |
pronom ÇA | ça, cela, ce, c’, ç’, le, la, les, y, en, là, la-dessus |
pronoms démonstratifs |
celui-ci, ceux-ci, celle(s)-ci, celui-là, ceux-là, celle(s)-là, ceci, cela, ça |
pronoms possessifs |
le mien, les leurs, la sienne etc. |
pronoms indéfinis |
chacun, tout, personne, quelqu’un etc. |
pronoms interrogatifs |
qui, que, quoi, laquelle etc. |
pronoms conjugateurs |
il, ce, cela, ça, c’, ç’ |
Malgré leur nom, les pronoms personnels ne renvoient pas seulement à une personne. Ils ont plusieurs fonctions :
Les pronoms indéfinis sont une catégorie hétérogène dans laquelle on range les pronoms qui ne sont ni personnels, ni démonstratifs, ni possessifs, ni interrogatifs.
Les pronoms conjugateurs sont les les pronoms il, ce, cela, ça qui correspondent au « sujet apparent » de la terminologie habituelle.
Voir aussi Un problème de didactique du FLE : IL et ÇA.
Le pronom qui se substitue par exemple à un groupe nominal (GN) n’a pas forcément la même fonction grammaticale que le GN qui est son antécédent. Dans une phrase comme
Regarde ce petit chien, il est tout excité.
le pronom il est en fonction de sujet (du verbe est) et renvoie au GN ce petit chien, qui est complément du verbe regarde. Pour déterminer la forme du pronom, il faut imaginer une phrase intermédiaire (välilause) :
Regarde ce petit chien. [Ce petit chien est tout excité]. → Il est tout excité.
Dans cet exemple, le pronom il se substitue (korvaa) au groupe nominal ce petit chien. Cette opération de substitution (korvaaminen) est celle qu’on fait fréquemment dans les exercices de grammaire. Dans la réalité, la phrase intermédiaire est évidemment rarement exprimée. Mais elle permet de comprendre le mécanisme de la substitution et de la référence anaphorique: parfois, pour choisir la forme du pronom, il faut restituer mentalement (palauttaa, kuvitella mielessään) le déterminant du nom auquel le pronom se substitue.
La substitution concerne aussi le pronom ça. Dans le cas de ça, l’antécédent n’est pas un GN, mais souvent une phrase ou une idée :
Arrête de chantonner. Ça m’agace. ÇA = Le fait que quelqu’un chantonne quand je travaille ou Le chantonnement en général etc.
Il existe aussi des groupes nominaux qui ne peuvent pas être remplacés par un pronom :
1. Quand le groupe nominal forme avec le verbe une expression lexicalisée (notamment dans des expressions avec un article zéro) :
Tu as pris rendez-vous? Oui, j’ai pris rendez-vous. [pronominalisation de rendez-vous impossible]
Tu as eu peur ? Oui, j’ai eu peur. [pronominalisation de peur impossible]
Cependant, si on développe l’expression en y ajoutant par exemple un adjectif, le groupe nominal peut être repris par un pronom :
J’ai pris un nouveau rendez-vous. → J’en ai pris un nouveau.
As-tu déjà éprouvé cette peur ? → Oui, je l’ai déjà éprouvée.
2. Quand le groupe nominal équivaut à un adverbe (comme lentement, beaucoup, etc.). Comparer :
Il va à Paris. → Il y va.
Il va à toute vitesse. [Pronominalisation du groupe à toute vitesse impossible]
Tu dois reprendre des forces. → Tu dois en reprendre.
Il tirait de toutes ses forces. [Pronominalisation du groupe de toutes ses forces impossible].
En finnois, les pronoms personnels minä sinä hän me te he et le pronom démonstratif-anaphorique se/ne ont une déclinaison régulière et une seule forme par cas (sijamuoto) de la déclinaison. Le système est simple et régulier. Il n’y a aucune opposition entre des formes « toniques/atones », « pleines/faibles » (voir ci-dessous).
En français, les formes des pronoms je tu il elle nous vous ils elles cela ça celui-ci celle-là peuvent varier selon la position du pronom par rapport au verbe. On peut distinguer :
1. des formes pleines qu’on peut utiliser seules (détachées) ou après préposition :
moi, toi, lui, elle, eux, elles, nous, vous, soi
ça, cela
celui-ci, celle-ci, ceux-ci, celles-ci
celui-là, celle-là, ceux-là, celles-là
quoi (pronom interrogatif et relatif).
Qui a parlé ? Moi. ■ C’est lui qui a pensé à eux d’abord. ■ Qui a dit ça ? Eux. ■ Avec qui tu vas partir ? ■ Moi ? Avec toi, bien sûr ! ■ Qui parle l’espagnol ? Lui. ■ Je préfère celle-là. ■ Celui-ci me plait bien. ■ Ça ne fait rien. ■ J’ai appris une bonne nouvelle. – Ah bon, quoi ? ■ C’est celles-là qui me plaisent le plus. ■ De ceux-là, je n’ai entendu dire que du bien.
2. des formes faibles qu’on ne peut pas utiliser seules, mais seulement appuyées à un autre élément qui les « soutient » (tukee) ou les complète, en général un verbe ou une proposition :
je, tu, il, on
me, te, se, le, la, les, leur, en, y
ce, celui, celle, ceux, celles
que (pronom interrogatif et relatif)
Cette alternance entre formes pleines et formes faibles concerne les pronoms personnels et le pronom réfléchi se, les pronoms anaphoriques, le pronom conjugateur et le pronom interrogatif quoi/que. Les autres pronoms (démonstratifs, possessifs, indéfinis et autres interrogatifs) n’ont qu’une seule forme.
Les règles d’utilisation des formes faibles sont expliquées pour chaque pronom (IL, ÇA, celui, que). La différence essentielle avec le finnois et une règle à retenir par les finnophones est que les formes faibles ne peuvent pas s’employer seules ou après préposition. Cette règle générale très simple permet d’éviter de nombreuses erreurs typiques. Les phrases suivantes avec des pronoms faibles sont complètement agrammaticales (comparer avec les exemples ci-dessus) :
Qui a parlé ? *Je. ■ C’est *il qui a pensé à *leur d’abord. ■ Qui a dit *ce ? *Ils ? ■ Avec qui tu vas partir ? *Je ? Avec *te, bien sûr ! ■ Qui parle l’espagnol ? *Il ! ■ Je préfère *celle. ■ *Celui me plait bien. ■ *Ce ne fait rien. ■ J’ai appris une bonne nouvelle. – Ah bon, *que ?
Rem. Les formes erronées ci-dessus se rencontrent fréquemment chez les appenants de français langue étrangère finnophones débutants mais aussi chez des apprenants de nombreux autres horizons linguistiques.
Certains pronoms ont une seule forme possible (nous, vous) qui sert à tous les emplois possibles. D’autres ont une forme qui peut s’employer comme forme pleine ou forme faible (lui, elle). Dans certains cas très limités, le pronom faible ce peut être utilisé seul .
Le pronom on s’utilise uniquement comme forme faible devant le verbe (comparable à je, voir ci-dessous). La forme pleine correspondante est nous, ou bien quelqu’un, chacun, tout le monde etc.
On utilise les formes pleines dans les cas suivants :
Voir d’autres exemples illustrant les formes pleines en fin de page.
Dans certains cas, le groupe préposition + forme pleine (à moi, de lui, de cela etc.) peut être remplacé par une forme unique (me, lui, en), qu’on appelle une forme syncrétique. Ces formes syncrétiques sont toujours des formes faibles (sauf la forme là-dessus).
La forme syncrétique regroupe en un seul élément à la fois le pronom et la préposition qui le précède. Autrement dit, la forme désigne en même l’antécédent (par exemple « je ») et la fonction grammaticale du pronom (par exemple complément prépositionnel, à) :
me = à + je | Le garçon me parle. |
en = de + il/ça | Je m’en souviens. |
là-dessus = sur + ça | Nous reviendrons là-dessus |
En finnois, toutes les formes de pronoms sont syncrétiques (même celles qui sont utilisées avec une adposition) puisqu’elles contiennent dans un seul mot l’antécédent et la fonction grammaticale avec la désinence (sijapääte) : sinä, minulle, siihen, hänestä, meidän.
Les formes syncrétiques ne s’utilisent que dans certains cas, et de façon non symétrique et non systématique. Les règles d’utilisation des formes faibles sont expliquées pour chaque pronom (IL, ÇA, celui). La majorité des pronoms n’ont pas de forme syncrétique particulière et il faut exprimer la préposition devant un pronom à la forme pleine : contre lui, contre moi, contre cela, avec moi, vers toi, sur moi, derrière nous etc.
En finnois, on peut utiliser des adpositions avec un pronom : häntä vastaan, sen takia, teitä varten, ennen sinua etc., mais le pronom lui-même (häntä, se, teitä, sinua) est toujours une forme syncrétique. En français, au contraire, on ne peut pas utiliser une forme syncrétique après une préposition. On ne peut pas dire par exemple *contre me, *il a parlé d’en etc.
Comme presque tous les éléments du discours, on peut thématiser le pronom personnel en le détachant en prolepse ou en rappel :
PROLEPSE : Moi, je pars demain, toi, tu restes. ■ Lui, je l’ai jamais vu. ■ Toi, on t’a pas demandé ton avis. ■ Ça, je n’en sais rien. ■ Regarde, celui-là, tu le reconnais ?
RAPPEL : Mais j’ai pas envie d’y aller, moi ! ■ Je le connais pas, lui ! ■ On ne peut jamais lui demander un service, à lui. ■ J’ai oublié mes clés. Tu les as, les tiennes ?
La forme détachée du pronom est habituellement la forme pleine, et il n’y a donc pas de différence entre les formes pleines et les formes détachées, sauf certaines formes du pronom IL complément prépositionnel : quand le pronom détaché renvoie à un animé, on utilise la forme pleine habituelle lui elle eux elles ; si le pronom renvoie à un non animé, on utilise les formes celui-là, celle(s)-là, ceux-là.
Les pronoms personnels correspondant aux personnes verbales 1,2,4,5 sont je tu on nous vous. Dans le code écrit et le français parlé, le pronom on désigne nous + un nombre indéterminé de personnes et correspond au passiivi finnois. Dans le français parlé, on sert aussi de pronom personnel qui remplace nous et correspond au passiivi finnois avec le sujet me (me tultiin).
formes faibles | formes pleines | |
---|---|---|
forme sujet | forme complément | |
je | me | moi |
tu | te | toi |
on | nous | nous |
nous | ||
vous |
Les pronoms nous et vous n’ont qu’une seule et même forme dans toutes les séries (faible sujet, faible complément, pleine).
Ils ne nous ont pas vus. ■ Elles nous avaint posé la question. ■ Ils habitent près de chez nous. ■ Je vous téléphone. ■ Elle vous amènera à la gare. ■ Nous rentrerons avec vous.
L’e de je, me, te s’élide devant voyelle, mais pas devant h disjonctif :
J’examine le texte qu’elle m’a envoyé. ■ Pour commencer, je hache les légumes finement. ■ Je vous téléphone. ■ On m’attend. ■ Elle t’aime. ■ Il m’a écrit. ■ Je t’emmène. ■ Elle vous écrira. ■ Son père n’arrête pas de le houspiller. ■ Ils vous ont posé la question. ■ Ça me hérisse !
Remarque : le pronom tu s’élide également dans le français parlé : T’es content ? / T’as de beaux yeux. / T’entends ce que je dis ? Ceci concerne uniquement tu et uniquement son emploi dans le français parlé! Le pronom te (CVD ou CVP) s’élide toujours, dans le français parlé et dans le code écrit. Ne pas confondre : T’écoutes ? [t’ = tu, uniquement français parlé] et Il t’écoute [t’ = te, code écrit strict + codé écrit courant + français parlé].
Les formes habituellement utilisées comme sujet du verbe sont les formes faibles je tu on et nous vous (qui peuvent aussi servir de forme pleine). Quand on veut focaliser (korostaa) le pronom, on utilise la forme pleine, mais elle ne peut pas s’utiliser seule et elle doit être reprise par la forme faible :
(a) Moi, je pars demain matin. (*Moi pars demain matin = agrammatical)
(b) Toi, tu restes encore deux jours. (*Toi restes encore deux jours = agrammatical)
(c) Nous, on part dans une semaine. (Nous part dans une semaine = agrammatical)
(d) Nous, nous venons d’arriver.
(e) Vous, vous êtes là depuis longtemps.
Quand le pronom focalisé est nous et vous, on utilise donc deux fois la même forme (l’une comme forme pleine, l’autre comme forme faible). On pourrait formuler les phrases (d) et (e) en utilisant un seul pronom sans que cela soit agrammatical, mais dans ce cas, il n’y aurait pas focalisation :
(d) Nous, nous venons d’arriver. Me olemme juuri tulleet.
(d’) Nous venons d’arriver. Olemme juuri tulleet.
(e) Vous, vous êtes là depuis longtemps. Te olette jo pitkään ollut täällä.
(e) Vous êtes là depuis longtemps. Olette jo pitkään ollut täällä.
Mais avec les pronoms je tu on, ce n’est pas possible, et il faut toujours utiliser à la fois la forme pleine et la forme faible, voir phrases (a)-(c).
La forme pleine du pronom IL peut aussi être utilisée seule : Lui n’est jamais d’accord.. Voir le pronom IL.
Les pronoms personnels je tu on nous vous ont deux traits communs :
CVD | CVP |
Nos amis nous suivent. | Nos amis nous écrivent souvent. |
Je vous contacte demain. | Je vous téléphone demain. |
Ils te conseilleront sur ce point. | Ils te recommandent cette solution. |
Vous me préviendrez à temps. | Vous me communiquerez ça. |
Par ces caractéristiques, ils se distinguent nettement du pronom IL, qui varie en genre et en nombre (il elle ils elles) et dont la forme dépend de la fonction (le, la, leur, lui etc.). Du point de vue des apprenants finnophones, cette « trop grande » simplicité peut également être source d’incertitudes, puisqu’en finnois tous les pronoms personnels se déclinent (taipuvat) sur un seul et même modèle.
La forme faible syncrétique CVP me te nous vous s’utilise uniquement pour les CVP de verbes se construisant avec la préposition à. Avec toutes les autres prépositions, on utilise obligatoirement la forme pleine précédée de la préposition :
donner à qqn → il me donne. ■ obéir à qqn → il vous obéit. MAIS : rêver de qqn → il rêve de vous ■ compter sur qqn → je compte sur toi ■ avoir confiance en → ils ont confiance en toi
Le fait qu’il n’y ait qu’une seule forme pour le CVD et le CVP provoque des incertitudes chez les débutants (et même les non débutants), surtout si la construction du verbe diffère en finnois et français, comme dans le cas de suivre qqn vs succéder à qqn :
Il m’a suivi. Hän seurasi minua. me = CVD.
Il m’a succédé. Hän seurasi minua. me = CVP
Ni la forme du pronom en français (me) ni la traduction en finnois ne montrent qu’il s’agit de deux pronoms différents : me CVD (suivre quelqu’un) et me CVP (succéder à quelqu’un). Pour comprendre la différence, Il faut connaitre la construction du verbe, ce qui est souvent plus un problème de lexique que de grammaire, c’est-à-dire de vocabulaire à apprendre par cœur.
Le pronom nous s’utilise pour remplacer je comme « nous de majesté » (autrefois le roi parlait de lui-même en disant nous) et, dans l’usage moderne, comme « nous de modestie », pour effacer le je senti comme trop direct dans un écrit scientifique. Ce nous est un singulier et le participe passé s’accorde au singulier :
Nous allons maintenant aborder la question des pronoms. Siirrymme nyt käsittelemään pronominien aihetta. ■ Nous étant intéressée de plus près à cette problématique, nous sommes convaincue qu’elle est fondamentale. ■ Nous sommes persuadée qu’une approche quantitative aurait été plus adaptée. Uskomme, että kvantitatiivinen lähestymistapa olisi ollut toimivampi. ■ Pourquoi nous a-t-on critiquée pour cette analyse ? Ne nous y sommes-nous pas consacrée avec toute la rigueur nécessaire ?
Il existe aussi un « nous de sympathie », qui marque la personne 2 ou 5 (tu, vous), et a une valeur soit affectueuse soit ironique. En finnois, on utilise dans ce cas le passiivi :
Alors, nous sommes fâchée ? Vai sitä ollaan pahalla tuulella?. ■ Alors comme ça, nous n’avons pas d’argent ? Vai sitä ollaan Matti kukkarossa?
Dans cet usage, on est fréquent aussi :
Eh bien, on n’est pas contente ? ■ Ah mais je vois qu’on a faim !
Le pronom vous s’utilise à la place de tu pour s’adresser à une personne qu’on ne connait pas ou pour marquer une distance respectueuse. On appelle cet emploi le vouvoiement. Il existe aussi en finnois, mais en français il est nettement plus fréquent. Quand vous désigne une seule personne, il est de nombre singulier, comme en finnois :
Vous voudrez bien avoir l’obligeance de répondre dans les meilleurs délais. ■ Vous avez été inquiet de son absence ? ■ Je comprends que vous soyez surprise.
Dans la langue familière, on peut utiliser une forme faible de pronom complément prépositionnel comme pour impliquer (ottaa mukaan) dans l’action la personne à qui on parle. On définit ce pronom comme un datif éthique. Dans la phrase :
Je vais te lui dire ce que j’en pense.
le pronom te signifie en quelque sorte : tu vas voir comment je vais lui dire ce que j’en pense. De même dans Regarde-moi ça, le pronom moi invite la personne à qui on parle à s’intéresser à l’action. On pourrait paraphraser cette phrase ainsi : Regarde ! tu vois toi aussi ce que je vois ?
Dans le français parlé, on trouve également un datif éthique (qui est courant en espagnol dans de nombreuses expressions verbales) sous forme de pronom à valeur réfléchie :
Bon, on se le boit, ce rosé ou pas ? ■ Au fait, le lapin en chocolat, je me le suis mangé tout seul.
L’étudiant de français langue étrangère n’a pas besoin de savoir utiliser le datif éthique (il n’y a pas de règles précises à ce sujet), mais il faut savoir le reconnaitre et l’interpréter.
En français, on utilise toujours un pronom devant le verbe (sauf à l’impératif) pour indiquer la personne grammaticale (persoona) du verbe, sauf, évidemment, si le verbe a déjà un sujet (groupe nominal, autre pronom, verbe, ou un autre élément). En finnois, aux personnes 1,2,4,5, le pronom personnel minä sinä me te n’est pas obligatoire, mais à la personne 3/6, on utilise normalement un pronom, hän/he/se/ne.
Cependant, il y a des cas en finnois où on n’utilise pas de pronom sujet à la personne 3 :
On yllättävää, että kauppatieteiden opiskelijat ja alasta kiinnostuneet eivät sijoita. ■ Häntä kiusasi ja ärsytti, että oli maailma, josta hän ei pysty kirjoittamaan.
En français, dans ces cas-là, même s’il n’y a pas d’actant identifiable, un pronom est nécessaire pour indiquer que le verbe se conjugue à la personne 3. En effet, de nombreuses formes verbales se prononcent de la même manière ; par exemple la forme /aʁiv/
du verbe arriver peut avoir de nombreux sujets différents : j’, tu, il, elle, ils, elles, on, ça.
Il faut donc indiquer la personne grammaticale avec un pronom, qui sert en quelque sorte à conjuguer le verbe. On appelle souvent ce pronom « sujet apparent », mais il n’est pas apparent : il est formellement le sujet qui sert à indiquer la personne 3, et c’est pourquoi on l’appelle ici pronom « conjugateur ». Le verbe utilisé avec un pronom conjugateur est au singulier (puisque c’est la personne 3) :
Il reste de nombreux problèmes. ■ Il tombait de gros flocons.
Le pronom conjugateur utilisé devant le verbe quand le sujet du verbe est postposé peut être il, ça ce, cela. En revanche, Le pronom conjugateur utilisé devant les verbes impersonnels sans actant identifiable est toujours à la forme il.
Remarque les jeunes enfants mettent parfois du temps à comprendre ou apprendre cette règle et utilisent ça avec des verbes sans actant : ça pleut, ça neige. Les adultes utilisent aussi cette forme par plaisanterie : Ça pleut fort ! (comme Ça tape = il fait très chaud).
Les formes du pronom conjugateur utilisé devant un verbe dont le sujet est postposé varient selon les critères suivants :
Verbe | pronom conjugateur | |||
---|---|---|---|---|
Verbe intransitif | code écrit / français parlé | il | Il importe que vous soyez tous actifs. Il faut que tu viennes. | |
Verbe d’état (être) | Attribut adjectif | code écrit | il | Il est normal d’hésiter. Il est normal que tu hésites. |
français parlé | ce | C’est normal d’hésiter. C’est normal que tu hésites. | ||
Attribut GN | code écrit / français parlé | ce | C’est une chance que tu sois là. C’est une grande chance de faire ce voyage. | |
Verbe transitif direct | code écrit | cela | Cela me désole de ne pas pouvoir venir. Cela me désole que tu ne sois pas venu. | |
français parlé | ça | Ça l’ennuie de devoir rentrer si tard. Ça m’énerve qu’il soit toujours en retard. |
position | style | forme | exemples | |
---|---|---|---|---|
1 | devant forme de être commençant par e/é , devant sont et le pronom en |
code écrit | c’, ce | c’est, c’était, ce sont, c’étaient, c’eût été, c’en sont, c’est égal, c’en est un, ce sont des cas, c’étaient des amis, c’en sont de grands |
langue courante | ||||
français parlé | ||||
2 | devant forme de être commençant par d’autres lettres et devant ne |
code écrit | ce, ç’ | ce sera, ce serait, ce fut, ç’aurait été, ce soit, ç’ait été, ç’a été, ç’avait été, ce n’est pas, ce ne serait pas, ce n’aurait pas été, ça eût été |
langue courante | ||||
français parlé | ça | ça sera, ça serait, ça aurait été, ça n’est pas, ça sera, ça aura été, ça soit, ça ait été, ça a été, ça avait été, ça n’est pas | ||
3 | devant pronom |
code écrit | cela | cela te sera utile, cela m’est égal, cela me parait opportun |
code écrit, devant le | ce | ce l’est, ce le sera, ce l’a été, ce l’eût été | ||
langue courante | ça | ça l’est, ça te sera utile, ça m’est égal, ça me parait bien | ||
français parlé | ||||
4 | devant auxiliaire modal |
Code écrit | cela | cela doit être lui, cela pourrait être une solution |
Code écrit soutenu | ce | ce doit être lui, ce pourrait être une solution, ce ne peut être lui | ||
Langue courante | ça | ça doit être lui, ça pourrait être une solution | ||
français parlé |
Comme on le constate, dans le français parlé et le code écrit courant, on peut donc utiliser ça comme sujet du verbe dans de très nombreux cas. La forme ce/c’ est obligatoire seulement devant les formes de être qui commencent par e/é et devant sont dans le code écrit. En cas de doute, dans le français parlé et le code écrit courant, on peut donc se raccrocher à la bouée de sauvetage (pelastusrengas) suivante :
Forme sujet obligatoire devant est, étai(en)t, sont | c’, ce | |
Forme sujet possible devant toutes les autres formes de personne 3 d’être et devant toutes les formes de personne 3 de tous les autres verbes | ça |
Les formes du pronom conjugateur peuvent être il (qui n’a qu’une seule forme) ou ÇA (qui a plusieurs allomorphes).
On utilise le pronom conjugateur dans deux cas principaux :
1) quand le verbe n’a pas d’actant (subjekti, tekijä) identifiable. Dans ce cas-là, le pronom conjugateur peut être il ou ça (voir ci-dessous) :
Il pleut. ■ Il fait nuit. ■ Il est dix heures. ■ Fais attention, ça glisse! Varo, täällä on liukasta. ■ Comment ça va ?
2) quand le sujet sémantique du verbe est postposé au verbe (le sujet est signalé en caractères fins dans les exemples ci-dessous) ; dans ce cas-là, on utilise il ou différentes formes de ÇA :
Il arrive sans cesse de nouveaux visiteurs. Koko ajan tulee uusia vieraita. ■ Il est normal que vous soyez étonnés. On luonnollista, että olette yllättyneitä. ■ Ça m’énerve qu’il ne réponde jamais au téléphone ! Minua ärsyttää, että hän ei koskaan vastaa puhelimeen. ■ Comment se peut-il que vous n’ayez pas encore obtenu votre diplôme ? ■ Comment ça se fait que vous n’ayez pas encore obtenu votre diplôme ? ■ Au restaurant, il se consomme des quantités considérables de champagne.
En finnois comme en français, il y a des verbes qui décrivent un processus ou un état de fait (asiaintila) qui ne sont pas produits par un actant (tekijä) identifiable. En finnois, ces verbes sont alors sans sujet, et en français aussi, mais la différence est qu’en français il faut utiliser un pronom conjugateur, le verbe ne peut pas commencer directement la phrase ou la proposition sans sujet sauf certains verbes dans le français parlé, voir ci-dessous (et à l’impératif, bien sûr) :
Comment ça va ? ■ Tu es prêt ? – Ça y est. Tullaan! ■ Ça suffit ! Riittää! / Riittää jo!
Verbes météorologiques :
Il y a du vent. Il vente. Il neige. Il fait beau. ■ Il tonne. Ukkonen jylisee. ■ Il grêle. Sataa rakeita.
Expressions de temps
■ Il est tard.Il fait jour. ■ Il est temps de partir ■ Il est trop tôt pour téléphoner.
Verbes indiquant un état de choses (asiaintila)
Ça sent mauvais (ça pue/ fam. ça chlingue) ici. Täällä haisee. ■ Ça cogne. On hirveän kuumaa. ■ Ça caille. Täällä jäätyy. ■ Ça chauffe ici. Täällä huhkitaan. ■ Ça me chatouille. Kutittaa. ■ Ça me gratte. Kutittaa/Hiertää. ■ Ça va barder. Kohta räjähtää. ■ Ça monte. On ylämäki. ■ Ça grimpe. On ylämäki. ■ Ça descend sec. On jyrkkä alamäki. ■ Ça décoiffe ! Rajua!
Par analogie, dans la langue familière, on utilise cette forme avec des verbes dont le sujet est un animé :
Ça travaille grave, en ce moment, à ce que je vois ! ■ Alors, comment avance ton mémoire ? – Ça bosse, ça bosse. ■ Ça travaille dur à la permanence. ■ Regarde ces cyclistes, ça pédale ferme !
Les jeunes enfants étendent par analogie cet emploi aux verbes météorologiques et utilisent par erreur le pronom ça : ça pleut. On utilise aussi parfois cette tournure par plaisanterie dans la langue familière (même chez les adultes) : ça pleut fort !
En finnois et en français (et d’autres langues), on peut rejeter le sujet de certains verbes en position postposée en plaçant le verbe en tête de phrase. Le sujet peut être un groupe nominal ou une proposition. Dans ce cas, à, la place du sujet qui a été déplacé après le verbe, en français il faut utiliser un pronom conjugateur devant le verbe (sauf certains verbes dans le français parlé, voir ci-dessous). Ce pronom n’est pas nécessaire en finnois, comme le montrent ces exemples :
Ça me parait bizarre qu’elle n’ait rien dit. Tuntuu oudolta, että hän ei sanonut mitään.
Il est difficile d’accepter un tel comportement. On vaikea hyväksyä tällainen käytös.
Il viendra beaucoup de visiteurs. Tulee paljon vieraita.
Ça ne m’amuse pas du tout de devoir recommencer. Minua ei huvita ollenkaan aloittaa alusta.
Il est inquiétant que nous n’ayons pas encore eu de nouvelles de lui. On huolestuttavaa, että emme ole vielä kuulleet hänestä.
Dans ces phrases, en français le verbe commençant la phrase est précédé d’un pronom conjugateur (il, ça), mais en finnois il n’y a pas de pronom. Les parties de phrases en italiques sont le sujet (postposé) des verbes arrive, est, parait, viendra, m’amuse. Autres exemples variés:
Il reste encore du fromage ? ■ C’est normal d’être fatigué après une si longue marche. ■ Ça me semblait impossible de tout accepter sans mot dire. ■ Il faudrait un autre collaborateur. ■ Il est étonnant qu’il ait accepté. ■ Il aurait été scandaleux d’accepter. ■ Il est recommandé de se faire vacciner. ■ Il est interdit de fumer dans les lieux publics. Ce (ça) serait sympa de sortir avec toi. ■ Ce (Ça) serait fantastique de faire ce voyage. ■ Ça te dirait d’aller faire un tour ? ■
Dans les grammaires françaises, on appelle généralement ce pronom « sujet réel », mais ce terme est inutile. Il vaut mieux dire simplement « sujet postposé ». En effet, quand le sujet est à sa place normale (« antéposé »), on n’a pas besoin de pronom conjugateur :
Il manque encore mille euros pour payer le voyage.
Mille euros manquent encore pour payer le voyage.
Il s’est produit un fait nouveau.
Un fait nouveau s’est produit.
Il se passe des choses bizarres ces derniers temps.
Des choses bizarres se passent ces derniers temps.
Il viendra beaucoup de visiteurs.
Beaucoup de visiteurs viendront.
Dans ce pays d’Afrique, il survit encore des coutumes étonnantes.
Dans ce pays d’Afrique, des coutumes étonnantes survivent encore.
Il est normal d’hésiter ■ Il est normal que tu hésites.
Hésiter est normal. ■ Que tu hésites est normal.
Comme marque de personne (pronom conjugateur) d’un verbe, on peut donc trouver trois variantes :
(1) Il sera difficile de prouver que c’est lui le coupable.
(2) Ce sera difficile de prouver que c’est lui le coupable.
(3) Ça sera difficile de prouver que c’est lui le coupable.
Explications :
(1) forme normale du code écrit.
(2) variante de (1) dans la langue courante, ce est l’allomorphe de ça devant les formes simples d’être
(3) variante de (2), la forme ça s’utilise dans le français parlé à la place de ce devant les formes simples du verbe être commençant par une consonne.
Les règles selon lesquelles ces pronoms varient sont expliquées aux pages concernées : pronom IL, pronom ÇA, propositions complétives.
Les cas exposés au point précédent sont des cas où le verbe avec sujet postposé est un verbe d’état ou un verbe transitif (= qui peut avoir un complément direct ou prépositionnel). Dans ces cas, la forme du pronom peut varier. Mais quand le sujet postposé est sujet d’un verbe intransitif (qui ne peut pas recevoir de complément), le pronom conjugateur est habituellement le pronom il :
Il convient de s’informer avant de prendre cette décision. ■ Il vaudrait mieux demander une subvention. ■ Il importe que tout le monde participe. ■ Il fallait réagir aussitôt. ■ Il faut que je lui écrive bientôt. ■ Il importe que vous soyez tous actifs. Il suffit que vous ajoutiez un s et la phrase est juste. ■ Se peut-il qu’il ait agi aussi lâchement ? ■ Il se peut que nous arrivions en retard. ■ Il s’agit que vous vous dépêchiez un peu. Teidän pitäisi nyt kiirehtiä hieman. ■ Il advenait parfois que les samouraïs ne fussent pas en guerre. ■ Il arrive que la neige fonde déjà fin mars. ■ Comment se fait-il que ce rapport ne soit pas encore prêt ? ■ Il dépendra de nous seuls que cela réussisse. Riippuu vain meistä, että se onnistuu.
Cependant, devant les verbes il se peut, il arrive, on peut utiliser ça dans le français parlé :
Ça se peut qu’on arrive en retard. ■ Ça arrive que la neige fonde déjà fin mars. ■ Ça m’arrive parfois d’y repenser.
On peut aussi utiliser il pronom conjugateur dans les constructions à pronom réfléchi ou passives :
Il se trouvera certainement des gens pour critiquer le projet. Hankkeen epäilijöitä löytyy varmasti. ■ Il se fait tard. Alkaa olla myöhä. ■ Il se passe des choses étranges. Tapahtuu kummia. ■ Il s’est dit tellement de choses à ce sujet ! Tästä asiasta on esitetty niin monta mielipidettä! ■ Il a été décidé de suspendre la séance. Istunto päätettiin keskeyttää.
Ces constructions s’emploient essentiellement dans le code écrit, et pour cette raison on utilise toujours le pronom conjugateur il et il n’y pas de variante avec ça. Le pronom il devient inutile quand le sujet se trouve devant le verbe :
Des choses étranges se passent. ■ Tellement de choses se sont dites à ce sujet !
Pour des raisons sémantiques et morphosyntaxiques, toutes les constructions avec sujet impersonnel ne peuvent pas se rétablir dans l’ordre normal SVC (c’est aussi le cas en finnois) : Il a été décidé de suspendre la séance. [→ ??suspendre la séance a été décidé, finnois ? Istunnon keskeyttäminen päätettiin.] (lire…).
L’utilisation d’un pronom conjugateur ne concerne que les cas où ces verbes sont employés avec un sujet postposé. On peut évidemment utiliser ÇA devant certains de ces verbes quand ce pronom est un véritable sujet :
Que ce soit le référent, le concept, le comportement ou l’usage qui corresponde au sens, cela importe peu ; le vrai problème ne se pose pas dans ces termes. ■ Vous pouvez prendre votre congé la semaine prochaine, cela nous convient parfaitement. ■ Si tu n’écris que deux pages, ça ne suffira pas pour faire un exposé digne de ce nom.
Comparer aussi :
Il vaut mieux réserver un mois à l’avance.
Réserve au moins un mois à l’avance, ça vaut mieux.
Il n’y a donc pas de construction « figée » il vaut mieux qu’on emploie « mécaniquement ». Il y a un verbe valoir mieux, qu’on peut utiliser de différentes façons, avec sujet antéposé ou postposé, en fonction du sens.
Il faut se rappeler aussi que certains de ces verbes ne sont pas très utilisés dans le code courant (français parlé, ou style familier) ; ci-dessous quelques suggestions d’équivalents fréquents dans la langue courante (liste non exhaustive et non limitative) :
il semble que… → on dirait que…, il semblerait que…
il advient que → ça arrive que…, il y a des cas où…
il convient de infinitif → il y a intérêt à infinitif…
il convient que → il y a intérêt à ce que…
il importe que → ce qu’il faut, c’est que…
il suffit de infinitif → il n’y à qu’à infinitif…
il suffit que → tout ce qu’il faut, c’est que…
Dans le français parlé familier, on supprime couramment le pronom conjugateur il devant certains verbes :
■ devant le présent de l’indicatif de faire dans les expressions météorologiques:
Fait nuit tôt en cette saison. ■ Fait pas chaud, dites donc ! ■ Fait beau aujourd’hui, hein ?
■ devant les temps simples de falloir:
Hé, faut que je te dise un truc ! ■ Faut que tu lui téléphones ce soir ! ■ Bon, maintenant, faut que j’y aille ! ■ Faudra pas mal de temps pour ranger tout ça. ■ Faudrait un tout petit plus de sel. ■ Fallait pas leur dire ! ■ Pour rater un truc pareil, faut vraiment pas être doué ! ■ Fallait y penser plus tôt ! ■ Faudrait se dépêcher, sinon on va rater le début du film. ■ Se tromper deux fois de direction, quand on est en retard, faut le faire !
Mais le pronom conjugateur il est obligatoire aux temps composés :
Il a fallu pas mal de temps pour ranger tout ça. ■ Il aurait pas fallu leur dire !
■ Dans l’expression il parait que, le pronom il est souvent supprimé:
Parait qu’il va y avoir de l’orage ce soir. ■ Parait qu’ils vont construire une autoroute à côté d’ici.
■ Dans la construction il y a, le pronom conjugateur est couramment supprimé et il y a se prononce /ja/
:
Quand j’essaye de me connecter sur internet, y a l’ordi qui crashe systématiquement. ■ Y a des gens qui sont jamais contents. ■ Y en à qui tout réussit. ■ Alors là, y a un problème. ■ Y en a pour qui l’alcool est un poison. ■ Y a qu’en France qu’on trouve de la bonne baguette. ■ On a pris pas mal de photos, y en a que je trouve vraiment top. ■ Y a pas que toi qui aies des problèmes !
En finnois, en italien ou en espagnol, le verbe n’a généralement pas besoin d’être précédé d’un pronom indiquant la personne (sauf à la personne 3 en finnois). Dans ces langues, quand le verbe est employé impersonnellement (quand il n’a pas d’actant (tekijä) identifiable, comme dans il pleut), on n’utilise jamais de pronom sujet.
En français, en revanche, le pronom est nécessaire, à toutes les personnes, et aussi à la personne 3, même quand le verbe est employé de façon impersonnelle. Dans la forme il pleut, le pronom il ne désigne aucun sujet. Il sert uniquement à conjuguer le verbe et signifie « cette forme est une forme de personne 3 ». C’est également le cas dans d’autres langues, comme l’anglais, l’allemand, le suédois etc. Comparer :
finnois | On myöhää. | Sataa. | ||
italien | È tardi. | Piove. | ||
espagnol | Es tarde. | Llueve. | ||
français | Il | est tard. | Il | pleut. |
anglais | It | is late. | It | is raining. |
suédois | Det | är sent. | Det | regnar. |
allemand | Es | ist spät. | Es | regnet. |
On voit qu’en finnois, italien et espagnol, la position devant le verbe est vide. En français, en anglais, en suédois et en allemand, elle est occupée par un pronom, dont la fonction est d’indiquer la personne 3. Mais dans ces langues-là également, l’actant (tekijä) du verbe est impossible à identifier, le verbe est impersonnel, et le pronom il/it/det/es n’est pas le sujet du verbe, celui qui « exerce l’action ».
Voir aussi La conjonction devant infinitif : comparaison avec d’autres langues
Les variations de forme des pronoms en français constituent un système difficile à déchiffrer et à maitriser. En partie pour cette raison, on a choisi des termes plus parlants, qui sont à mettre en perspective avec les représentations de la grammaire française des apprenants finnophones et leurs besoins spécifiques.
a. On n’utilise pas la distinction forme atone/forme tonique parce que
b. On n’utilise pas la distinction forme conjointe / forme disjointe parce que
En revanche, le terme concret et banal de « forme faible » suggère clairement que la forme en question doit s’appuyer sur un autre élément et ne peut pas être employée seule. C’est en quelque sorte une description par défaut. Le terme « forme pleine » (plutôt que forme forte, qui pourrait de nouveau évoquer la prosodie) indique que la forme « tient en place » toute seule, et le mot plein évoque le finnois täysvaltainen « à part entière ».
On utilise les formes pleines dans les cas suivants :
1. après une préposition:
Est-ce qu’il se souvient d’eux ? ■ Je viens avec lui. ■ Il habite près de chez eux. ■ Il pense à nous. ■ Tu rentreras sans lui. ■ Parle pour toi ! Quant à moi, je refuse. ■ Vous pouvez compter sur elles. Voitte luottaa heihin. ■ À quoi penses-tu? – À elle. ■ Ce portable n’est pas à lui. ■ Nous sommes très contents de lui. ■ Cette série a été conçue spécialement pour eux. ■ L’observation de la Lune à la pleine lune, ou à une phase près de celle-ci, présente des caractéristiques spéciales. ■ Ce module propose une version condensée du module A « Biologie ». Il est donc incompatible avec celui-ci. ■ Les pathogènes qui étaient des fléaux hier le sont encore aujourd’hui et la lutte contre ceux-ci rencontre généralement l’indifférence des pays du Nord. ■ Toute personne inscrite au site et jouant sur celui-ci adhère au règlement.
2. après une conjonction (et, comme etc. ):
Tes amis et toi êtes invités à la fête. ■ Un accord a été signé entre les vendeurs et eux. ■ La situation est encore bien plus grave que cela. ■ Fais comme moi. ■ C’était pas plus difficile que ça. ■ On a eu encore plus peur qu’eux. Elle est plus rapide que lui. ■ Tout le contenu du site Web de CSI appartient à CSI, aux membres du même groupe que celui-ci ou à des tiers fournisseurs. ■ Les journaux communautaires sont lus ne serait-ce que pour les annonces publicitaires, mais normalement pour beaucoup plus que celles-ci.Yhteisölehtiä luetaan jo pelkästään mainosten ja ilmoitusten takia, mutta tavallisesti paljon tärkeimmistäkin syistä.
3. quand le pronom est attribut du sujet:
Le premier utilisateur dans la liste sera vous. ■ Je serai toi, tu seras moi. ■ Qui a essayé de me téléphoner ce matin ? – C’est moi ! ■ C’est toi qui avais raison. ■ C’est nous qui en avons pris la décision. ■ Qui a fait ça ? ■ C’est pas moi ! (français parlé). ■ Nos meilleurs alliés dans cette crise, ce sont eux. ■ La seule solution, c’est ça ! ■ Les seules gagnantes sont elles, pas vos alliés.
4. quand le pronom est utilisé seul, par ellipse (dans une réponse), dans des exclamations ou des apostrophes :
Qui est-ce que tu préfères? – Lui. ■ Qui a dit ça ? – Nous ! ■ Qui est-ce qu’on a élu directeur ? – Toi ! ■ Je ne crois pas que quelqu’un soit intéressé par cet article. – Si, moi. ■ Qu’est-ce qui te dérange dans cette explication ? – Ça, justement ! ■ Quoi ? Eux, ici ? Qu’ils disparaissent ! ■ Moi, renoncer ? Jamais ! ■ Toi, viens ici, j’ai deux mots à te dire. ■ Les Rézeau viendront. Et vous ? ■ Qui veut encore du café ? – Pas moi. ■ Il a beaucoup d’argent, mais moi non.
5. comme complément prépositionnel de certains verbes. Après ces verbes, on utilise uniquement la forme pleine après préposition :
a) tous les verbes à pronom réfléchi :
s’habituer à qqn → Nous nous sommes habitués à eux. ■ s’attacher à qqn → Je me suis attaché à lui. ■ se fier à qqn → Ne vous fiez pas trop à elle. ■ Tu t’habitueras à moi. ■ Vous pouvez vous fier à nous. ■ Le producteur s’intéresse à toi pour ce rôle.
b) certains verbes construits avec à, comme penser à, rêver à:
Cet avocat nous a bien aidés, nous avons eu recours à lui pour faire l’inventaire de succession. Se asianajaja auttoi meitä paljon, käytimme häntä, kun teimme perunkirjoituksen. ■ Ma fille aime bien sa maitresse et pense souvent à elle.
ISBN 978-951-39-8092-4 © Jyväskylän yliopisto 2020-2022
Page 30. Les pronom. Dernière mise à jour : 3.6.2022
Mises à jour après le 15.8.2022